La guerre est déclarée - Iris et Nirvana

Iberis avait été de mauvaise humeur, quelques heures.
Puis il s'était occupé autrement et avait tâché de ne plus penser à Iris : Elle était bête et ne méritait, de ce fait, pas son attention.
Mais déjà le soir tombait sur les terres et il savait ce que cela signifiait. Il ne pouvait se permettre de passer la nuit à la belle étoile juste par ce qu'il n'avait pas envie -toujours pas- de voir sa petite soeur. Et, surtout, il refusait de s'incliner face à elle.
Si elle n'était pas contente de le voir, elle n'aurait qu'à changer de tanière. Lui, comptait bien dormir avec Maman et Nirvana.

Cette idée en tête, il était rentré et, sourire aux babines, salua poliment sa mère, déjà présente.
Iris n'était pas encore rentrée : Tant mieux.
Le jeune mâle prit place sur son couchage et plongea son museau dans le ventre d'un lapin encore chaud, attrapé sur le chemin de la maison.
Holly s'installa à ses côtés.

- Tu as passé une bonne journée ?

Il ne mentait jamais.
Seulement par omission.

- J'en ai connu des meilleures. Mais ça va, dans l'ensemble.
- Rien de grave, j'espère ?

L'adolescent secoua la tête.

- Non, rien qui ne mérite d'être abordé. Ne t'inquiètes pas.
- D'accord. Tu sais que tu je suis là si tu as besoin.
- Oui, merci Maman.

L'Alpha sourit tendrement à son fils et se redressa pour faire quelques pas vers l'entrée de leur tanière. Elle s'y assit.

- Tes sœurs ne devraient plus tarder.

Nirvana sentait la mer. Bien que ses cheveux aient plus ou moins séchés, l’odeur lui collait aux poils… et certaines écailles refusaient de disparaitre, elles étaient plus nombreuses qu’il y a quelques mois… Faisant un arrêt par la tanière des panseurs pour prendre une infusion nauséabonde (contre les rhumes dont-elle était si souvent sujet), la sirène rejoint les siens. Y’avait déjà sa mère et Puceron.
Et le deuxième affichait une drôle d’expression… en espérant que leur mère n’ait pas voulu ramasser une énième bestiole perdue…

« — Qu’est-ce qui t’arrives encore Puceron, t’as voulu marcher et lever les yeux au ciel en même temps ? »

Une lueur malicieuse dans le regard de Nirvana qui s’installe pour boire son infusion, après avoir touché la joue de sa mère du museau.
Ne manquait plus que Moustique à l’appel…

Mère et fils adressèrent un sourire à la première arrivante : Nirvana.
Un sourire qui se mua en une moue amusée, pour Iberis.

- Nooon ! Ce n'est rien de grave.

Il n'avait pas spécialement envie de s'étaler sur le sujet, et que Maman soit donc au courant pour ses petites excursions.
Voilà que la source de ses ennuis arrivait, d'ailleurs, par ce qu'elle n'avait visiblement pas pu oublier de revenir à la maison, pour une fois, histoire de lui foutre la paix.
Iberis ne lui adressa pas le moindre regard.

Holly rendit à Nirvana sa marque d'affection, le museau contre sa joue, avant de la laisser s'installer avec son infusion. Son ainée semblait être de bonne humeur... et elle était sûrement la seule.
Ses petits derniers, eux, semblaient être particulièrement maussades.

- Ca ne va pas, ma puce ?

Iberis roula des yeux.

Et quand Iris se pointa, ce fut sûr que quelque chose clochait. Entre Puceron et Moustique visiblement. Une histoire entre petites bêtes.
Et quand leur mère choisit de s’en mêler, Nirvana se contenta de siroter sa boisson tout en observant la scène. Y’avait de l’eau dans le gaz entre son frère et sa soeur, restait à savoir pourquoi…

Oh non.
Ils s'étaient encore disputés.

C'était chose assez courante, chez ses enfants : tous les trois possédaient des caractères affirmés et, surtout, peinaient souvent à se comprendre.
Et elle se retrouvait entre eux, à essayer de ne prendre parti, ni pour l'un, ni pour l'autre. Avec Nirvana qui, cette fois, ne semblait pas impliquée, pour une fois.

La louve bleue soupira.

- Vous vous êtes encore disputés, n'est-ce pas, Iberis et toi ?

Le dénommé se retourna sur son couchage.

- Vous devriez en discuter afin de crever l'abcès une bonne fois pour toute. Ca ne vous amènera pas à grand chose, de bouder chacun de votre côté.

Et ça les empêcherait de passer une bonne soirée en famille. Il fallait communiquer, c'était quelque chose qu'elle peinait, elle-même, à faire, mais une lacune qu'elle souhaitait combler.
Y compris chez ses enfants.

- J'en ai marre d'elle.

Ca, c'était dit.

La louvette observa sa mère qui cherchait à apaiser les tentions… ce n’était pas la meilleure des solutions aux yeux de Nirvana. Visiblement les deux ne semblaient plus se supporter…

« — Je ne pense pas que tu doives leur forcer la patte, maman. »

Ça risquait de finir en règlement de comptes… et causer quelques blessures.
Les yeux de Nirvana se posèrent tour à tour sur son frère et sa soeur.

« — C’est entre Puceron et Moustique. »

Qu’ils parlent s’ils le souhaitent.

En réponse à sa soeur, Iberis montra les crocs, lui aussi.
Mais, face à la menace évidente de la louve et par ce qu’il n’avait pas spécialement envie de se donner en spectacle devant Maman et Nirvana, il ne dit rien et se contenta de tourner le dos à celle qui l’importunait tant.
Il ne voulait plus la voir.

- Laisse tomber Maman. Nini à raison.

C’était une histoire qui les concernait eux, et eux seuls. Ils n’étaient plus des bébés et n’avaient besoin de personne pour gérer leurs conflits.

La louve bleue soupira.

- D’accord…

Ça allait être une merveilleuse soirée passée en famille (non).
Mais soit, ce n’était pas la première fois que des tensions étaient présentes au sein de la fratrie. Ça passerait, elle en était persuadée.