Invisible comme l'air | ft. Iris

Invisible comme l'air

Iris x Zen

Désiré grandissait si vite ! A tel point que Zen pouvait déjà le laisser dans la tanière, le petit était si sage, si calme, il savait s'occuper tout seul ; Sinon les sorties étaient autorisées à condition qu'il reste dans la tanière, ou avec un adulte responsable. Le gris en était tout ému.

Son baluchon en peau de renard entre les crocs, le soleil devenant orange, le voilà descendu du Castel pour récupérer un peu de bois, qui lui serviront à entretenir les tanières, créer des objets, pourquoi pas exploiter un feu au passage ? Puis d'autres trucs : il fallait profiter de l'automne, les feuilles, les aliments, le climat, et plein d'autres choses.

Il se faufilait aussi agilement que possible entre les arbres et les rochers. Après quelques heures de cavale, Zen s'accorda une pause proche du ruisseau qui coulait le long de la montagne. Il souffla, inspirant un bon bol d'air frais, laissant le soleil glisser sur son pelage de soie. Il était conquis.

Mais pas le temps de trainer, il devait faire demi-tour, son fils devait l'attendre avec impatience. Mais sans courir, il avait pris pas mal d'avance. Au détour d'un bosquet, il aperçu une ombre bleutée. Il reconnu sans mal la fille d'Holly.

- Iris !

Il s'en approcha, posa son sac, et s'arrêta à une distance acceptable pour lui laisser sa bulle de confort.

- Que fais-tu, seule ici ? Il va bientôt faire nuit, et il fait froid. Attraper des rhumes pour éviter quelque chose, c'est dépassé depuis bien longtemps.

La jeune louve ne savait pas quoi faire de son propre corps. Ces foutues chaleurs qui la mettaient mal n'étaient pas prêtes de s'arrêter, et maintenant, elle avait découvert un autre problème : elle détestait ce à quoi elle ressemblait. Sa pauvre tentative de faire une couronne s'était soldée par un cuisant échec qui l'avait laissé en pleurs dans la tanière de maman, lorsque personne d'autre n'était là. Elle détestait ce qui lui arrivait, détestait son corps pour lui faire subir ça, et surtout, se détestait de ne pas pouvoir continuer à faire comme de rien n'était comme les autres.

Ce soir là, Iris ne pouvait pas dormir. La douleur de son ventre lui faisait crisser des crocs, et sa journée passait et repassait dans sa tête. Elle avait du mal à se concentrer sur autre chose que ses problèmes, ces derniers temps, n'avait même pas revu Maps, et pour une fois, ne pouvait pas s'en foutre plus de son frère et de sa soeur. Après un temps indéfiniment long, elle finit par se relever et s'éclipser sans rien dire de la tanière familiale. L'air frai lui fait du bien, la marche la revigore et aide à oublier la douleur. Ses pas se dirigent sans qu'elle n'y pense vraiment vers les dents de Roc, et la solitude lui fait également un bien fou. Elle se sent enfin apte à réfléchir un peu, à oublier ses problèmes et à être un peu elle-même.

Solitude vite brisée par une voix : un adulte est là. Un mâle, en plus. Immédiatement, Iris se mets sur la défensive, avant de reconnaître un loup qu'elle a déjà vu sans avoir réussi à mettre son nom dessus. Il a l'air plutôt gentil, se demandant uniquement ce qu'Iris fait là. Mais la fille d'Holly est de mauvaise humeur, de s'être faite voler son temps de solitude. Elle prend une mine boudeuse, la queue fouettant l'air derrière elle :


Elle lui jette un regard défiant.

Invisible comme l'air

Iris x Zen

Lui habituellement si enthousiaste à l'idée de parler avec de nouvelles têtes, surtout avec les enfants qu'il voyait grandir et devenir plus matures, devenir des adultes, il se sentit insulté et eut même un mouvement de recul face à l'agressivité de la petite louve bleue.

Il la toisa, un air plus maussade, prenant une attitude plus dominante, son rictus habituel s'était effacé. L'air renvoyé par l'agacement d'Iris remonta jusqu'à lui. Ah. Il secoua sa tête pour dissiper au mieux l'odeur autour de lui. Il avait oublié cette partie-là de la puberté, et bien qu'il y soit passé, il n'avait pas souvenir d'avoir été aussi désagréable.

- Du calme, du calme, je ne voulais pas te surprendre ...

Il soupira, restant planté sur ses pattes. Il roula des yeux, cherchant ses mots sans pour autant paraitre si hésitant que ça. Sa queue était alignée à son dos, encore un peu ébouriffée par le retour qu'il avait eu.

- Je veux juste m'assurer que tout va bien pour toi.

Il peinait à deviner le mal que subissait l'enfant. Il savait que ce n'était pas une partie de plaisir, surtout pour les dames, et il prenait soin d'y être attentif autant que possible lorsque cette période frappait les terres. D'autant que Désiré l'avait prévenu, en quelque sorte. Il espérait au fond qu'elle n'avait pas été aussi méchante qu'avec lui.

- C'est tout ce qui compte.

-Iris-

Le mâle en face prend une expression outrée, froissée. La louve relève légèrement le menton, ne déviant pas son regard : elle n'en a rien à faire, qu'il soit froissé. Elle fait ce qu'elle veut, elle dit ce qu'elle veut, et elle a pas de comptes à rendre. Mais finalement, il n'a pas l'air si en colère que ça, l'autre. Peut-être qu'elle aurait préféré qu'il le soit, en colère. Parce qu'alors, elle aurait pu l'être aussi, et tout était plus facile lorsqu'elle était en colère : elle avait juste à recracher ce qui l'habitait, à blesser l'autre. Elle soupire également, haussant les sourcils en regardant à droite.

Il voulait savoir si elle allait bien. Elle souffle, n'arrivant pas vraiment à cacher sa frustration. Non, rien allait dans sa vie, mais elle ne voyait pas vraiment ce que ce mec pouvait y faire. Elle tourne un regard un peu blasé en sa direction avant que son expression ne change : elle ... Elle l'avait déjà vu oui, avec Désiré ! Elle penche légèrement la tête, oubliant momentanément ce qui la tracassait :

Invisible comme l'air

Iris x Zen

Il ne se laissa pas impressionner, fidèle à lui-même, ni totalement dominant, ni totalement dominé face à la louve en pleine crise. Et elle eut un sursaut, ce qui destabilisa Zen. Evidemment que c'était lui, le papa d'une si belle merveille ! Son torse se gonfla de fierté.

- Oui ! Désiré m'a parlé de toi récemment !

Et oubliés les tracas, la nonchalance. Il lui sourit de nouveau, sa queue remontée en panache remuant légèrement.

- C'est principalement pour cela que je me suis permis de t'interpeler.

Le gris devinait le mal-être d'Iris, bien qu'il ne savait pas réellement ce que ça impliquait d'un point de vu physique. Il se sentait chanceux de ne pas être une femelle, il aurait été aussi imbuvable, compte tenu la propension qu'il avait à dramatiser les choses, que certaines louves qui le vivaient moins bien que d'autres. Il s'assit calmement et se mis à hauteur d'Iris.

- Je me disais ... Si tu as besoin de parler, d'essayer de penser à autre chose, avec Dési', nous serions ravis de t'aider. Nous nous baladons souvent, notamment en soirée en ce moment, l'air frais et de la bonne compagnie te fera le plus grand bien.

Il était convaincu qu'il était sympa, et son fils marchait sur ses pas dans ce sens-là aussi.

- Et tu peux me dire "tu", nous sommes de la même grande famille !

Clin d'œil.

-Iris-

Immédiatement, les yeux de Zen se mettent à briller, et Iris a sa réponse : il a les mêmes expressions que Désiré, les même paillettes dans le regard. Il est si fier qu'elle aurait presque pu en rire, mais elle pense à maman : elle aussi était fière d'eux, elle en était sûre. Enfin, peut-être un peu plus d'Ibéris, ou de Nirvana que d'elle, mais ... C'était déjà ça. Est-ce qu'elle aussi parlait aux autres d'eux avec les même étoiles dans les yeux ? Et comme Désiré, il a la même manière de parler directe, de proposer de parler de ses problèmes. Immédiatement, Iris se referme : comment pourrait-il comprendre, lui qui avait le service trois pièce plutôt que le sang et les douleurs ? Elle se renfrogne, mais la proposition attire son attention.


Un regard en coin, intéressé. Après tout, si elle pouvait partir un peu plus loin que là où elle allait d'habitude ... En terres solitaires, par exemple. Accompagnée d'un adulte en plus, maman pourra même l'apprendre, Ibéris aussi, tout le monde en fait, sans que personne ne lui fasse de remontrance. Et puis, Désiré était quand même sympa, même s un peu énervant ... En tout cas, elle ne partirait pas pendant ses chaleurs, ou du moins tant qu'elle avait aussi mal.

Invisible comme l'air

Iris x Zen

Il se passa un instant.

Oh, partout où le vent nous mène ...

Ils n'avaient jamais de circuit fermé. Chaque jour, un endroit changeant par rapport à la veille, et là était la beauté du monde. Evidemment, avec l'âge très bas de Désiré, ils n'allaient jamais bien loin.

Nos terres et leurs frontières solitaires principalement.

Il finit par poser son derrière sur le sol, toujours droit comme un "i", ses longues pattes bien ancrées dans le sol. Il se voulait amical et rassurant, après tout, sans se rabaisser de trop pour autant. Chose que son métier lui avait appris, pour éviter de se faire marcher sur les griffes. Sa tête se baissa un peu, toujours souriant.

Serais-tu tentée par une petite escapade, à l'occasion ?

-Iris-

Leurs terres, et les terres solitaires.... Maman ne les avait jamais amenés en dehors, eux. C'était peut-être à cause de ça que la fratrie y avait été si vite attirée, et qu'Iris en avait encore si peur. Les terres solitaires, inconnues mais synonymes de liberté. Voulait elle y aller avec Zen et Désiré ? Maman ne serait sûrement pas d'accord... Mais elle n'avait pas forcément à savoir.

Iris penche la tête, curieuse de savoir ce que l'adulte pourrait lui apporter. Il avait l'air de pouvoir l'emmener partout, et serait une sécurité en plus. Alors, elle demande :

J'aimerai visiter le Sud, les îles et les plages. Vous y êtes déjà allé ?

La jalousie pointe une fois encore dans son cœur, alors qu'elle pense à Désiré et à ses explorations en terres solitaires avec son père.

Libre comme l'air

Iris x Zen

Il fut plus ravis lorsque la jeune louve s'intéressa un peu plus à sa proposition. Il lui sourit, et porta une griffe à ses lèvres, cherchant tant bien que mal dans sa mémoire la carte mentale qu'il s'était faite des terres.

- Hm ... Il ne me semble pas. Les solitaires sont plus nombreux, loin des nations Etelkrus et Nakhus.

Quoi qu'apparemment plus présents du côté du clan adverse. Une raison de plus de ne pas leur rendre visite. Il haussa les épaules en reposant son regard sur l'enfant. Si il craignait déjà pour la sécurité de Désiré, il ne prendrait pas ce risque pour la fille d'Hollyhock.

- Il serait dommage de revenir avec un adolescent en moins. Nous pouvons explorer la côte Ouest du continent, si tu as des envies maritimes.

-Iris-

La jeune louve continue de jauger Zen d'un regard neutre. Il était un adulte, et surtout, il était apparemment la porte de sortie du territoire etelkru, elle qui se sentait tellement à la masse et enfermée ici. Mais la mention des solitaires -ceux-là même contre qui maman l'avait tant mise en garde- suffit à la refroidir, un peu, et à attiser ses ardeurs en même temps. Elle voulait découvrir, apprendre, observer, et peut-être prouver quelque chose à quelqu'un, aussi. Mais elle ne peut pas s'empêcher de se sentir soulagée lorsque Zen lui propose une sortie moins loin, à l'Ouest. Elle hoche la tête.
Elle fait un pas vers l'extérieur. La conversation avait assez duré pour être un peu inconfortable pour Iris, mais avant de partir, elle tend la patte pour sceller le pacte d'une poignée ferme. Elle relève ses yeux mauves, décidés, dan ceux de l'adulte.

Libre comme l'air

Iris x Zen

Deal.

Zen sourit vivement, se sentant un peu plus fier encore qu'il ne l'était déjà. Devant la patte tendue de l'adolescente, il l’attrapa délicatement, mimant un geste de haut et bas sans la quitter des yeux, un éclair très joueur dans le regard.

C'était désormais une promesse.

- Allez, j'ai à faire. Retrouve-nous au Castel à l'occasion, quand tu te sentiras prête !

Il lui lâcha la patte, et en un coup de vent, il se propulsa en s'étirant de tout son long à travers la forêt, la laissant ainsi seule. Zen était sûr qu'elle retournerait à la maison juste après. Après tout, elle n'était pas loin des grottes.