Raeder et Etel (Iris)

-Iris-

L'atmosphère était toujours lourde, à la maison. Iris ne savait pas trop quoi faire de ses journées : elle n'avait pas d'amis avec qui jouer, Nirvana était occupée et Ibéris ... Était occupé lui aussi. Occupé à ne plus vouloir la voir. Alors, Iris explorait, seule. A défaut de vraiment s'habituer à être toute seule, elle s'y faisait pour la journée, continuait à essayer de chasser comme maman et Sakura le lui avait appris il y a longtemps. Elle n'était pas si mauvaise que ça, lorsqu'elle se concentrait. Et pour le moment, la concentration était difficile.

Ses pas l'amenèrent, sans qu'elle ne s'en rende compte, vers la frontière. De plus en plus ces derniers jours, l'envie de la traverser la prenait. L'envie de voir ce qu'il y avait derrière, ce que son frère y trouvait de mieux que dans leur clan. Mais l'angoisse l'en empêchait : et si elle se blessait hein ? Elle n'était pas aussi bête qu'Ibéris ! Alors, elle se contentait de la longer, morose. C'est en marchant vers la plage qu'elle aperçut une silhouette noire, proche de leur frontière. De l'autre côté. Le vent lui porta une odeur inconnue, et son cœur s'accéléra soudain : une solitaire. Son sang ne fait qu'un tour, et soudain la voilà qui se met à trotter, une foule de pensées dans la tête. Elle allait enfin en rencontrer un, de solitaire, et elle avait peur. Peur qu'il ne l'attaque, bien sûr, et ne la blesse. Peur de faire des erreurs, peur de mourir. Mais aussi peur de comprendre pourquoi Ibéris partait, peur de se sentir inférieur face à ces être qu'elle avait tant mystifiés. Et en un instant, elle se dresse face à la louve toute noire. Elle a une gueule bizarre, cette solitaire : des trucs durs sur le dos, des yeux brillants sans pupilles. Elle a l'air malade. Iris découvre ses crocs et crache :

-Iris-

La louve noire fila dans la rivière -qui n'était pas chez eux- avant de s'y cacher, visiblement effrayée. Enfin, c'est ce qu'Iris espérait, car avec ces yeux sans pupilles c'était difficile de le savoir. Mais elle baisse les oreilles, et Iris se gonfle en réponse, levant la queue en un geste dominant. Elle n'avait pas intérêt à franchir la frontière, ou bien, ou bien ... Ou bien quoi ? Elle se battrait ? Elle qui n'était pas capable d'abattre un pauvre lynx ? Elle serre les crocs, le coeur tambourinant dans sa poitrine. Elle ne peut pas perdre, pas après tout ce qui s'est passé avec Béris.

Mais la louve noire ne veut pas se battre : elle se met à parler. Et avec ses mots, Iris se fige. Un ami ? Ici ? Un frisson froid la parcours, comme un mauvais pressentiment : non, il n'y a aucune chance pour que son frère ... Une reader en plus ? Sa gueule se déforme en un faux-sourire crispé, mais sa position de change pas, claire sur ses intentions de défendre son territoire. Sa voix grondante sort de sa gorge, un peu moins agressive :


C'était elle qui posait les questions.

-Iris-

La louve noire n'est pas impressionnée, mais reste dans l'eau froide de la rivière. Elle lui sourit, et Iris ne put s'empêcher de penser qu'elle avait l'air gentille. Après tout, Tata Anita lui avait dit, il y a bien longtemps : ceux qui n'attaquaient pas n'étaient pas forcément méchants. Alors, elle se détend, juste un peu, tout en restant sur ses gardes. Mais si la reader avait voulu l'attaquer, il aurait fallut qu'elle bondisse rapidemment hors de l'eau, ce qui était compliqué avec la berge. Alors, le danger n'était pas si grand. Iris resta silencieuse alors qu'elle écoutait l'autre louve, mais un mot la fit se tendre immédiatement : Ibéris. Elle avait rencontré son frère, c'était même son ami ! Ce sale traitre, se lier d'amitié avec ces loups-poissons voleurs d'enfants, il aurait pu être enlevé, il aurait pu ...

La queue d'Iris fouette l'air derrière elle, agacée. Un rictus vient déformer son visage. Elle avait du mal à y croire : son propre frère ! Elle relève un regard sombre vers la reader -Astrid, elle avait dit, mais Iris s'en fichait un peu- pour la dévisager. Pourrait-elle avoir plus d'informations sur les escapades de son frère grâce à elle ? De toute façon, elle n'avait pas l'air décidée à franchir la frontière, ni à l'attaquer. Et même si la vision de son dos hérissé de pics et de ses yeux vides dégoutait Iris, la curiosité était plus forte. Alors, elle répond, toujours agacée :


Elle détestait devoir le dire ça, le mot sœur. Les gens finissaient toujours par les comparer, et bien souvent c'était son frère qui sortait vainqueur. Mais pour la suite de son plan, il fallait bien qu'elle le dise. Elle prend une mine un peu plus calme, presque inquiète, joue la comédie un peu en calmant son envie d'être agressive.

-Iris-

Etrangement, ça semble faire plaisir à la louve poisson qu'Iris soit la sœur d'Ibéris. Elle agita sa queue, créant des remous dans l'eau qui devait être glacée. Mais surtout, cette Astrid s'engouffre dans la faille laissée par Iris. C'en est presque trop facile, de la manipuler. Un plan commence à prendre forme dans la tête de sa soeur : Ibéris ne lui fait pas confiance, à elle. Mais peut-être qu'à Astrid, il lui dira les choses, et ensuite ... Ensuite elle pourra s'arranger pour récupérer l'information, tout simplement. Pour cela, il fallait continuer de faire ami-ami avec la reader. Elle n'était pas forcément très douée pour ça, mais la noireaude avait l'air plutôt amicale et entreprenante. Alors, elle sourit, et penche la tête, ses cheveux brillants encadrant son visage.


Elle prend un air renfrogné, boudeur même. De la comédie, mais il ne faut surtout pas qu'Ibéris se braque si il sent qu'Iris le traque et cherche absolument à savoir ce qu'il fait en terres solitaires. Déjà qu'il devient ami avec des readers ... Ses yeux s'allument d'une lueur amusée, et elle s'asseoit, signant la fin de l'agressivité.

-Iris-

La promesse vient, amenant une certaine bonne humeur sur le visage mi-lupin mi-poisson de la reader. Iris sourit également : peut-être qu'elle ne devrait pas croire en la promesse d'un reader. Mais elle n'avait rien à perdre. Elle prend une mine heureux, insouciante presque, force son corps à se détendre. Elle fait un pas vers Astrid, et feint un air amical. Elle la regarde, curieuse : elle voudrait en savoir plus sur eux, sur les etels. Et puis aussi sur son frère, évidemment. Mais chaque choses en son temps, d'abord il fallait gagner la confiance de la jeune louve, qui semblait particulièrement crédule, ce qui facilitait la tâche d'Iris.
Ses yeux brillent d'une curiosité non dissimulée, qui celle-ci est honnête, contrairement à la mimique amicale. Elle veut tout savoir sur eux, et a une source d'information de choix juste à portée de patte. Elle n'a qu'à la tendre pour la cueillir, en faisant attention de ne pas tout gâcher en allant trop vite en besogne.

-Iris-

La jeune louve écoute, oreilles pointées vers l'avant, le récit de son chez-elle. La mer qui s'étend à perte de vue, le chant des oiseaux et les embruns marins ... Elle peut se l'imaginer assez facilement, se trouvant presque transportée avec elle. C'était une honte que ces terres là appartiennent à des loups comme les readers, ceux qui volaient les enfants et étaient si rustres. Elle sourit face à la louve-poisson : ça devait quand même être bien utile, de pouvoir nager sous l'eau aussi facilement sur de marcher sur la terre. Peut-être qu'il y avait un moyen pour une louve comme elle d'y arriver également, mais les eaux étaient sûrement dangereuses ... On en revenait toujours là, au danger.

La question d'Astrid la tire de ses réflexions : jouer ? Iris quitte peu à peu l'âge où elle apprécie de jouer, mais l'étincelle dans le regard de la reader l'intrigue. On dirait qu'elle a quelque chose à lui dire, et instinctivement, Iris se méfie. Elle n'en montre rien, continue à sourire, enjouée :

-Iris-

La louve noire semble étrangement embêtée. Elle cherche du regard quelques chose, et Iris la suit du regard. Elle se relève pour la suivre, en alerte, mais soudain Astrid revient. L'etelkru s'arrête, la regarde avec curiosité sans montrer la pointe d'inquiétude qui la prend : est-ce qu'elle a perdu la tête ? Ou bien elle cherchait quelque chose de particulier ? Iris eu rapidemment la réponse : elle cherchait de l'eau. Elle aurait pu le deviner, face à une reader. Elle écoute, essaye de comprendre les mots décousus que la louve lui assénait : les readers ne savaient-ils pas non plus parler ?

Mais ce qu'elle finit par comprendre l'intéressa autant que l'inquiéta : la louve en face avait un pouvoir. Un pouvoir sans glowstick. Iris n'en perd pas son sourire, mais son coeur s'accélère : face à un loup observateur, peut-être qu'elle aurait été mise à jour. Elle penche la tête, les pensées plus affolées : si les readers avaient des pouvoirs, peut-être aussi puissants que les leurs, est-ce qu'ils n'essayeraient pas de les attaquer ? Il fallait qu'elle le dise à maman. Mais avant, elle devait en apprendre plus. Elle reste amicale :

-Iris-

Iris garde son sourire. Astrid avait accepté. Elle savait où trouver de l'eau non loin mais il fallait entrer juuste un peu sur leurs terres. Elle plisse légèrement les yeux en feignant de regarder autour d'elle : prendrait-elle le risque ? Ses tripes lui disaient que le danger était presque nul, non pas qu'elle pourrait maîtriser la petite louve, mais plutôt qu'elle ne représentait aucun danger. Mais une fois dans l'eau ? Elle cille. Tant pis, elle prendrait le risque. A toujours avoir trop peur, elle en oubliait de vivre.


Elle se relève et part, un peu plus dans les terres. Sant hésitation, elle mène Astrid vers un petit point d'eau ou affleure une source. L'eau est claire, entoourée de buissons et d'arbres : elles seront à l'abris des regards. Là, Iris s'assoit, et penche la tête en souriant :

-Iris-

La noireaude semble insécure, sur les terres Etelkrus. Sans le montrer, Iris savoure son anxiété : il était vrai qu'il lui suffisait d'hurler … Elle n'avait jamais inspiré la peur, Iris. Pourtant, elle aimai bien ça, contrôler l'autre grâce à ses émotions. Mais elle doit se réfréner : elle-même est trop facilement manipulable, l'araignée en a été la preuve. Elle se renfrogne. Peut-être qu'elle est, désormais, l'incarnation de l'entité sur ce monde : elle doit en être digne. Elle étouffe un rire à cette idée saugrenue. Elle n'a pas de comptes à rendre à un cauchemar.

Une fois arrivés, la reader est au comble de son stress. Iris la rassure, d'un signe de tête : de toute manière, elle ne doit pas rester. Alors, elle observe son pouvoir s'activer, créant de petits animaux dans l'eau. Elle ouvre légèrement les yeux : c'était beau. Et parfaitement inutile.


Elle le pensait. Mais d'un côté, était rassurée. A moins qu'Astrid ne puisse invoquer également des monstres ? Dans tous les cas, cela restai confiné à l'eau. Iris se redresse avant de poser une patte sur l'épaule de la louve-poisson (beurk).


Elle ouvre de nouveau la marche. C'était bien assez pour aujourd'hui : il ne faut pas tendre de trop la corde, au risque qu'Astrid ne veuille plus la voir du tout. Et ça …. serait fort dommage. Une fois de nouveau en terre solitaires, Iris ralentit avant de s'arrêter. Elle sourit à la reader :