Les hautes lumières † Galatyn

Le lendemain lui est incertain. Le présent plus évident.
Miraj observe la mer et en écoute encore le chant, par le vent, les mouettes et le bruissement régulier de ces vagues venu se joindre sur la plage. Cette plage où elle marche, d’une lente allure qui se veut être

celle d’une louve jolie et gracieuse.

Elle n’a point cherché à s’en aller de l’autre côté, vers ce continent dont le tour fut presque fait
N’exagérons rien, il me manque encore tant de ses parcelles !
car aujourd’hui s’est tari le pouvoir des ombres. Elle n’est point triste de cette perte, comme elle n’a même pas cru pouvoir l’être. Hier était son dernier saut dans l’obscurité et elle en aura bien profité, elle a savourer longtemps cet instant dans ce noir profond, la façon dont il était capable de l’engloutir et de lui fournir

Une plus grande indépendance.

Ce don qu’elle pensait offert par son Oncle, cette téléportation rendue possible là où la lumière perdait toute notion d’existence, avait atteint sa toute limite et elle lui en était reconnaissante. Tant à l’Oncle qu’au don, tant à son usage fait sans moindre hésitation.
Le deuil est fait au même moment que sa mort.


Ses pas se poursuivent. Son sourire ne diminue point, étiré sur ses babines en un mélange de sérénité et de satisfaction.
Et ainsi elle lutte contre le soleil qui ne veut d’elle et fait couler ses yeux, se veut quand même de venir le charier au crépuscule. Et ainsi fait apparaître sur la plage les orbes lumineuses par ce livre d'incantation,

Celui qui fut jadis mon appartenance, un présent fait par le dieu mien

Par l’école de l’évocation, invoquait les lumières dansantes.
Elle s’en entoure et leur laisse cette forme ronde. Les trois gravitent autour d’elle et déposent sur son poil à la couleur framboise trop mûre, quelques reflets délicats et tamisés. Elle les laisse loin de sa tête pour ne guère encombrer ses yeux de larmes disgracieuses, ils tournent derrières elles en un mouvement d’une parfaite régularité.

Avec le fond de la mer, elle se fait une scène.
La voilà, fine femelle

Sans doute la plus belle !

Qui ne fait plus que marcher mais déambule d’un pas espagnol, de pattes avants levées haute pour les reposer sans bruit sur le sable humide et proche de l’eau. Elle ondule, baisse la tête avant qu’elle ne relève le buste.
Et sous les orbes, elle se révèle un peu plus à la clarté, une silhouette noire sur fond océan.
Et sous les orbes, elle se souvient et se met à danser.

Pour cette journée avec une sœur, qui pour elle avait chanté.
…Elle avait dansé autour d’elle, n’avait encore pensé à progresser. Là voilà de pas nombreux et hasardeux sur sa plage, domine de pas nouveaux son royaume et tournois pour mieux y laisser ses nombreuses traces. Elle ne demande à devenir parfaite
Se veut cependant être au niveau de celle qui, comme si la reproduction d’une scène passée aurait pu l’invoquer, lui paraît plus loin sur la plage.

« Galatyn, la lumineuse ! »

Miraj se stoppe et tangue un instant, un pan de sa cape -aujourd’hui celle d’Onyx, noire au bord violacé- venant frôler le soir. Elle repousse une mèche de cheveux et remue la queue, d’un pas avenant et d’un sourire brillant s’en vient soudain vers elle pour la saisir et lui offrir son affection débordante.