Étoile [Séléné et Nocera si tu le souhaites]

[utilisation de la capacité scintillant : une fois par topic, on l’écoute.]

C’est par une nuit constellée qu’il s’était éveillé, bien avant les autres, bien avant sa compagne dont le souffle n’était encore que murmure à ses oreilles. Le sommeil avait déjà été difficile à trouver, mais il n’avait tenu que quelques heures, vint alors la mélancolie et la lassitude d’un monde endormi au sein duquel, il ne parvenait à retrouver le repos. Prenant garde de ne pas éveiller sa compagne, il s’extirpa de l’habitation. S’éclipsant sans bruit, il traversa les champs jusqu’au sanctuaire, il s’était perdu à errer silencieusement entre les couloirs, où tous semblaient paisiblement endormi. Jusqu’à s’arrêter près d’une alcôve, ils dormaient tous, Tous sauf elle.


Depuis combien de temps était-elle là, au chevet de sa fille ? Depuis combien de temps vivait telle accroché à ce mince espoir, sans même se permettre de fermer les yeux. Frappé par sa mine épouvantable, il se surprit à s’inquiéter pour son état, bien plus que pour le sien lorsque il eut abusé de ses capacités. Ses oreilles tressaillirent alors qu’il s’approchait silencieusement. Portant jugement sur son visage d’habitude si peu expressif. Puis lorsqu’il fut à sa portée, il brisa le silence installé depuis bien trop longtemps.

« Tu devrais prendre un peu l’air, … Je veillerai sur elle. Nous nous sommes promis que vous veillerions l’un sur l’autre, alors fais-moi, confiance et laisses-moi te soulager un peu. » Les oreilles s’étaient tendu vers l’avant. Puis, une pointe d’humour maladroite dans ce genre de situation, mais il était connu pour ne pas être le plus bavard et le plus à l’aise lorsqu’il fallait faire preuve de compassion et de compréhension.

« Qu’est-ce que je ferai si je perdais ma précieuse conseillère ? Tu ne vas quand même pas m’obliger à aller expliquer à Mido, comment et pourquoi je n’arrive pas à maintenir du bon sens parmi les nôtres. » Un peu d’autodérision, cela ne faisait pas de mal. Une patte tendue, une épaule sur laquelle on pouvait s’appuyer, c’est à peu près tout ce qu’il avait à offrir, tout ce qu’il pouvait donner aujourd’hui, il était peut-être un soignant correct et un excellent herboriste, il n’en restait pas moins qu’un mortel .

« Au moindre problème, je t’enverrais un message. Tu peux partir tranquille, il ne m’étonnerai pas qu’il y ait une pluie d’étoile filante cette nuit, le ciel est particulièrement dégagé, tu verras les étoiles sont magnifiques. »

Il est vrai. Qu’il appréciait aussi cette vue, qui le rendait des plus mélancoliques et troublé parfois, mais cela, c’était un secret bien gardé qu’il ne partageait qu’avec Kerguelen.

« Allez, files, ne m’oblige pas à me servir de mes nouveaux droits pour t’obliger à prendre soin de toi. » Un léger sourire se voulant rassurant s’afficha sur ses babines sombres, ne dévoilant que la pointe de ses crocs.  Il patienta, attendant que la louve s’éloigne, la suivant du regard jusqu’à ce qu’elle eu disparu dans l’ouverture. Puis soupire, relâchant un peu de son inquiétude au prix du silence qui régnait ici.

Ce n’est sans laisser échapper un soupire,qu’elle plie à sa demande. Il s’était attendu à un peu plus de résistance de la part de Nocera, mais fut soulagé tout de même que son discours eut l’effet escompté. Les deux oreilles tendues, la tête basses, il l’observa, d’abord, se lever, le saluer, la louve se détacha dans l’entrée où il pu la voir disparaître, puis il porta attention au son, il attendit ensuite, écoutant le bruit de pas s’éloigner progressivement jusqu’à s’éteindre. Seuls, Ne restait que deux respirations discrètes dans la pièce sombre. Il soupire à son tour, regagna sa mine mélancolique habituelle qu’il avait bien plus de facilité à maintenir qu’un simple sourire rassurant. Puis il pivota entièrement se plaçant dos à l’entrée. Curieux, il observa le corps immobile, paisible, restant à bonne distance, sujet aux questions qui par le plus grand des hasards pouvaient affluer dans son esprit -comme cela était souvent le cas.

Il aurait aimé être capable de plus. Chercher des solutions à tous les problèmes rencontrés par les siens, mais dans certains cas, il se sentait impuissant, c’était un de ceux là. Que pouvait-il bien faire pour aider Nocera et Yersine? Il leur devait bien ça, pour tout ce qu’ils s’évertuait toujours à faire pour lui, aujourd’hui ou par le passé. Un souvenir fugace. Lui vint une idée alors, un regard bref sur la lueur verte qui l’accompagnait, mais dont il n’osait user sans état d’âme. La tentation fut grandissante pourtant. Mentalement, il pesa le pour et le contre, il nia les risques éventuels et calcula brièvement les minces chances de réussite. L’échec plus que probable en aurait rebuté plus d’un, mais la simple curiosité scientifique qui était sienne, le simple vide dans sa connaissance qu’il se voulait combler, fit pencher la balance. Il s’autorisa une tentative qu’il puisse orchestrer, mise en œuvre sans risque.

Et contre toute attente, la connexion s’établit et fut des plus immédiate. Il l’interrompit aussi tôt. La lueur mourus instantanément, il n’y eut pour seul effet que celui d’un flash discret.

Surpris, Ses paupières s’ouvre légèrement laissant voir ses pupilles maintenant déformée par le cauchemar.Découverte intéressante, il eut un doute cependant. À juste titre, il lui avait toujours semblé que son pouvoir trouvait ses limites au-delà de la pleine conscience, jamais, il n’avait partagé un monde oniriques avec qui que ce soit, sauf cette fois, le reste du temps, cela semblait impossible. Il n’attendait de sa tentative que l’échec, trouvant à ce résultat toute autre conclusion qui eut pour effet de concentrer tout son intérêt sur celle-ci. En silence, il patiente.

Il n’eut pas à chercher longtemps la réponse qu’elle vint à lui d’elle-même. Si le doute pesait jusqu’alors, la certitude s’installe maintenant et le remplace complètement. La louve se tourne légère, l’observe et Lui, recule d’un pas pour ne pas s’imposer, un reflexe qui demeurait à peine conscient.

Lorsqu’une voix vint briser le silence, un sourire discret s’étala sur ses babines, bien plus par attrait de la découverte, que par les flatteries dont il n’avait l’habitude. Nocera sera tout à fait heureuse de l’apprendre. Mais se garda d’établir toute connexion. Il s’approcha d’avantage de la jeune louve, voulant s’assurer que ce n’était pas son esprit qui lui jouait un tour, alors que les dernières bribes de scintillement disparurent presque de sa fourrure grise.

D’une voix douce, il interroge, omet les interrogations qui demeureront chez elle en suspens encore un instant, pour éclaircir d’autres zones d’ombres qui lui étaient propre.

« Cela fait combien de temps que tu es réveillée ? Tu comptes laisser ta mère se faire des cheveux blancs ?»

Ses yeux se firent plus fin encore. L’invitant à partager ses informations avant que lui-même ne partage celles qui étaient siennes.


« Je suis Oracle de Mido, mais appelles-moi Lestat. »

Il n’avait pas prétention à se hisser bien au dessus des autres et n’avait pas changer malgré les responsabilités qu’il s’était vu confié, bien au contraire, s’était-il senti obligé de s’adoucir et sociabiliser d’avantages avec ses protégés. Tout ceci resterai dans l’échange, une information contre une autre. Il n’était des plus bavards.

Son pelage n’était pas destiné à briller. Tout comme son pouvoir ne l’encourageait pas à rêver. Devant toutes les évidences énoncées, il ne pouvait nier. La plus jeune connaissait bien mieux sa mère qu’il n’aurait osé prétendre la comprendre. Mais pourtant, il avait partagé cette intuition qu’elle n’aurait eu ce moment de recul sans cette mascarade qui voudrait de courte durée de toute façon. Un instant de repos dont le temps était compté, car elle ne tarderai à accourir de nouveau au chevet de sa fille.

« Il est vrai. » dit-il tout en ponctuant l’exclamation par un léger mouvement de tête suivit d’un sourire discret entre ses babines. Ce n’était pas gentil de se moquer, mais la boutade semblait raviver la louve et la faire briller d’avantage encore. Alors que le logicien lui s’assombrit lorsqu’elle évoqua les changements constatés parmi les siens.


« c’est exact. La meute évolue, les choses changent, elles ne peuvent rester telle qu’elles étaient avant. »

Cela faisait si longtemps que la jeune louve étoilée n’avait eu de relation avec la meute, tout ses changements devait lui être encore inconnus. L’oracle n’imaginait certainement à quelle point elle pouvait trouver cette meute changée par rapport à celle qu’elle avait quitté. Lui, il avait accepté tout ces changements, les voyant comme nécessaire au bon fonctionnement et à la survie de celle-ci.

Les saisons, le temps, les vies, tout prenait fin pour s’éveiller sur un jour différent. La meute se devait d’évoluer ou de disparaître, c’est un fait.

Après un instant silencieux, sans qu’aucune expression ne vienne obscurcir son visage, il reprit.

« Ta mère n’a pas tort, Mido n’est pas comparable à Yurai. La relation que Mido entretient avec ses disciples est bien différente de celle à laquelle on peut prétendre en choisissant Yurai pour divinité. Mido veille sur ses disciples, mais il est plus distant, il guide parfois, mais ce qu’il donne n’est que l’impulsion, il nous laissez nous, ses disciples trouver solution à nos problèmes au travers de ses valeurs que nous représentons. Et gare à ceux qui les transgresserons, car ce que Mido donne, il peut le reprendre.»

De vert, il fait crépiter l’air, étincelles et braises qui faiblissent et meurt juste après l’explication terminée. Intransigeant était le dieu vert.

C’était ce qui lui avait plus chez lui en plus de défendre les valeurs de logique et d’intelligence. Lui qui ne cherchait trop grande proximité avec le divin, lui qui préférai s’y soumettre plutôt que d’être chaperonné par eux, une forme de liberté en somme qui avait toujours voulu posséder même lorsqu’il cherchait reconnaissance dans le regard divin. Mieux valait l’effort à ce qui était simplement offert, C’est là où se trouvait le mérite selon lui. Espérant secrètement en demeurer digne malgré les années, forcé à en accepter les décisions jusqu’à s’abandonner. Il avoua toute fois.

« J’ai moi-même été  surpris que Mido décide de nous apporter sa bénédiction et ses valeurs, même si j’en comprend les raisons. toute fois, il ne nous est pas exclusif, son territoire ainsi que l’accès à sa fontaine reste libre à ceux qui veulent se mesurer à son épreuve. Et donc, nous ne sommes pas les seuls à pouvoir prétendre être digne de porter ses couleurs »  

Il se réjouissait de tel décision, la logique ne devait trouver de frontière comme cela était le cas des meutes. Mais il se devait de justifier de tel changement toute fois.

« Il y a eu un incident pendant ton absence. Un individu connu de la meute nous à tous trahi. Il a mis le feu à la bibliothèque et certain d’entre nous ont bien failli brûler vif. Kerguelen et moi étions au centre de l’incendie, d’autres ont été également menacés par celui. Par la cohésion et sans l’aide de Yurai, nous avons lutté contre l’incendie et défendu le savoir contenu dans la bibliothèque. Nos actions conjointes ont conduit Mido à changer d’avis à notre sujet. À nous maintenant de lui prouver qu’il n’a pas eu tort de nous faire confiance. »

Viens alors le temps d’évoquer, les changements qui fâchent plus que tout autre et qui ne faisait pas l’unanimité parmi leur rang.

«Certains d’entre-nous ont été particulièrement secoué par l’incident, nous avons dont décidé de fermer nos frontières aux étrangers à la meute. Nous avions au moins besoin de cela pour retrouver sérénité. Peut-être que le temps de nouveau changement est venu. Qu’en penses-tu ? »

Il ne saurait mentir ou divulguer des informations erronées concernant Mido, jamais, il ne se le permettrait. On ne plaisante pas avec les dieux, jamais. On ne leur manque pas de respect non plus. Il termine ses explications, l’observe toujours posément car c’était ainsi qu’il avait l’habitude d’agir. Toujours froid se voulant parfois exprimer autre chose, comme la colère, mais c’était une autre histoire.

« Tu n’as pas à t’inquiéter de cette personne, Mido l’a déjà condamnée à l’errance. » lança-t-il sans prendre aucune pincette. Cette question ne nous appartient plus, le sort en est jeté. Un sort pire que la mort à ses yeux, damné des Dieux. Celui ci ne reverra plus aucune lumière, ne connaîtra la véritable magie que par le pardon. Il ne lui souhaitait rien. Ni repos, ni pardon. Pas après ce qu’il avait causé au savoir. Il divague un peu, perdu dans ses pensées.

Puis, le sujet change. Ses oreilles se dressent, il porte d’avantage attention à ses mots. Nul surprise cependant, il savait tout cela.il savait que la situation n’avait que trop durée, que les blessures semblaient n’être plus que mauvais souvenir à l’esprit des siens et que la bibliothèque resterai sous bonne garde.

Écouter était certainement la meilleure des choses à faire, alors il garda le silence. Il n’était pas sans ignorer que leur confinement pesait sur certains. Toujours, il écoutait les bruits de couloir, se saisissait de quelques pensées de ci, de là. S’assurait du bien être de chacun parce que c’était un peu sa responsabilité désormais, ne pouvant se contenter de penser à soi en tout temps.

« Nous en reparlerons tous bientôt, c’est un choix que je ne peux garder pour moi. Cette décision ne sera pas que la mienne, mais celle de toute une meute, nous devons trouver de nouvelles orientations pour que chacun y trouve la place qui est la sienne. Qu’en penses-tu ? » Il avait confiance, savait qu’aucune décision n’était mauvaise en soi et que les conséquences ne seraient de toute façon que hors de leur portée de mortels. L’avenir ne leur appartenait pas, ce n’était créature disciplinée.

S’ils se trouvaient point commun, s’ils trouvaient satisfaction dans la résolution de ce problème qu’était l’incendiaire.

Il n’aurait trouvé plus de satisfaction que dans l’exécution d’une sentence par ses propres moyens, ce garda bien de l’évoquer toute fois. Il avait accepté que la volonté des siens fusse de laissait Mido comme seul juge pour celui qui ainsi s’était attaqué à ses valeurs en plus des leurs.  

Pourquoi me demander à moi, es-tu en plein doutes ?
« Non » Nul vibrato dans sa voix, la certitude seulement qui renforçait l’affirmation tranchée. Il doute parfois, mais pas cette fois. « il n’y a aucun doute. Je t’interroge seulement. Il ne s’agit pas de moi, mais de toi, quelle est ta vision». Il prolonge l’échange, veut comprendre ce qui te traverse l’esprit sans aller piocher ces informations de lui-même, car cela serait bien trop facile.

Il observe analyse, cherche ce qui fait d’elle, un peu de Yersine et un peu de Nocera. Non par l’apparence, mais plus loin. Par l’intelligence, la logique, parce ce qui l’alimente.

Simple efficace, il n’en demandera pas plus. Il y voit pourtant tant de similitude avec ses parents. L’écoute et la bienveillance, des qualités qu’il attribuait à chacun. Sa curiosité fut satisfaite. Il la laisse cependant continuer, tend une oreille attentive à la découverte.

« Je vois. Ton talent est de distribuer conte et morale ? »

Intéressant.
Il ignore s’il s’agit de fable pour les enfants ou bien d’histoire réelle, entendue d’abord, racontée ensuite. Cependant, il les imaginait utiles, adaptées, peut-être même arrangées afin de convenir à une situation bien précise. Il lui apparaît difficile en effet de compter ses histoires sans public, sans personne nécessitant son aide. Il savait au combien le monde pouvait être vaste par delà ces frontières qu’ils s’étaient imposés. N’avait-il pas cœur solitaire, parfois même nomade sans pour autant fuir les responsabilités qui étaient siennes.

Par une cabriole, il redevint objet de conversation. Il réfléchit alors un instant.
De spécialité, il n’entrevoit pas réellement. Il aime les livres, les recherches, l’herboristerie autant que la nécromancie. Baigne dans le savoir et la magie depuis si loin que sa mémoire le porte. Toujours dans les livres, toujours plus avide de savoir que de Pouvoir.  Il n’était cependant pas seul dans cette situation du moins, il l’espérait.

« Mes talents sont multiples, certains innées. » Entre ses pattes, fait briller quelques étoiles, une petite constellation copiée des siennes sans doute, qu’il laisse suspendue entre ses coussinets un instant avant de la faire disparaître.

« D’autres acquis par la connaissance et le savoir accumulé » Ce que l’on nomme plus communément l’expérience. Celle qu’il cumulait au gré de ses découvertes et expérimentations.

« Certains ignorés, d’autres non dissimulés. » Il ne s’en vante pas toute fois. Ne peut vraiment l’expliquer, mais peut tout du moins lui en montrer une bribe. Un instant. Par le glowstick vert, par son don de télépathe par la conscience collective. Lui montrer ce monde à travers ses propres yeux, ce monde partagé entre vivant et mort, cet autre talent qui est celui de Medium. Il cesse cependant bien vite, une quinte lui rappelle qu’il n’est pas bon d’en abuser. Il se reprend toute fois, s’éclaircit la voix. Avant de s’aventurer sur un autre chemin.

« Si tu devais me compter une histoire, quelle serait-elle ? »