Étoile de mer | Naïade

Naïade sentait ses pattes la faire souffrir, et l’envie de l’eau lui dévorer la gorge. Elle avait passé la barre des quatre ans, elle se dirigeait vers une lente transformation vers l’océan. Elle secouait souvent frénétiquement ses pattes qui voulaient le liquide marin. Mais elle n’était toujours pas plus attirée par l’alcool, par contre elle en adorait le parfum. Mais le parfum qu’elle chérissait le plus était celui d’Abysse bien sûr. Elle savait, dans quelques semaines, elle serait maman, de ses propres enfants. Elle verrait ses petits courir partout sur le pont et embêter Creek, ou salir le beau cirage qu’elle aurait posé juste avant. Elle réfléchissait souvent à des prénoms pour ses petits, se demandant si ça serait des mâles, ou des femelles, elle avait déjà noté 6 petits prénoms pour des filles, elle était sûre qu’elle en aurait au moins une. Puis elle avait fait le même exercice pour les mâles mais elle ramait un peu plus sur le sujet.

La tempête qui avait résonné ne l’avait pas inquiété plus que ça hier. Elle était habituée aux jeux de la mer qui décidait clairement de l’avenir des Readers. Quand l’océan voudra noyer l’île, rien ne pourra l’arrêter, et elle ne bronchera pas, au contraire, elle sera là pour admirer la vague qui les submergera.

Elle était tellement contente, fredonnant un air que Skavelden avait dans la bouche assez souvent. Une langue qu’elle ne connaissait pas mais que le petit connaissait très bien. Il était étrange son protéger. C’était un fils de la mer, il était venu grâce à elle, et il aimait s’y noyer, s’y perdre. Ça lui faisait un peu peur parfois parce qu’elle voyait dans ses beaux yeux clair un amour mystique pour une entité noire. La louve secoua la tête avant d’entendre des goélands, qu’avaient-ils encore ces fichus oiseaux ?! Elle vit un attroupement de ces oiseaux marins et s’approcha d’une petite foulée, les voyant s’envoler aussitôt sur son passage, par peur de se faire chopper à coup de crocs. Elle pencha la tête en fixant la boule de poils, un louveteau ? Elle s’approcha et tendit la truffe avant de humer l’animal, oui c’était un loup, sa couleur brune et rousse lui avait fait croire à un potentiel renard. Elle ramena la petite boule de poils contre elle pour la réchauffer et la rassurer, petite louve trempée par le vêtement gorgée d’eau.

Elle inspecta la plage du regard, gardant la jeune louve contre elle. Les débris de bateau, la mer ramenait des choses vraiment mystérieuses parfois. Elle prit la petite par la peau du cou, la déposant sur son dos pour s’approcher de l’océan, appréciant de sentir ses pattes dans le liquide salée, elle inspecta les débris, ne trouvant rien. Mais il devait bien y avoir des corps d’autres loups dans le coin, peut être plus loin ? Elle dressa les oreilles en entendant un couinement, retournant rapidement sur le sable sec pour y déposer la petite. Elle se coucha en sphinx, l’entourant de ses pattes, et commença à la laver avec une douceur toute maternelle.

Naïade ne comptait pas relâcher cette enfant dans la nature, le laisser à son sort serait criminel à ses yeux, et son cœur en souffrirait. La louve continua sa besogne de nettoyer son poil, avant de l’entendre couiner. Un sourire effleura ses babines. C’était le signe qu’elle sortait de sa transe, qu’elle allait vivre, et elle serait aimé, par Naïade du moins. Abysse, comment le prendrait-il ? Elle ne savait pas, mais elle ne doutait pas de la tendresse que son amour pouvait apporter à ce petit, même si il n’était pas des leurs. La louve reptilienne elle, l’aimait déjà, cette boule de poil brune aux teintes qui lui rappelait celle de Thalion.

Elle reprit le travail à coup de langue, avant de l’entendre couiner de nouveau. Couine petite louve, hurle lui dans les oreilles si tu le désires. Naïade était prête à tout pour ses enfants, et elle avait décrété que cette petite ferait partie de ses enfants ! Elle sera la grande sœur de ceux qui arriveront sous peu ! Et comme pour les autres, elle la couvrira d’amour. Peut être un peu trop, Naïade craignait fort d’être une mère envahissante et un peu lourde à la longue. Elle remua les oreilles avant de voir la boule de poils ouvrir les yeux, de beau yeux bleus, comme Skavelden ! Elle devra présenté sa nouvelle petite sœur au jeune loup. Même si Skavelde n’avait jamais admit qu’il était son fils. Elle le voyait comme tel, mais il était tellement turbulent et… Skavelden quoi… rien ne pouvait le définir, il était lui-même, sorti d’on ne savait où, et Naïade craignait qu’un jour il disparaisse comme il était arrivé.

La voix du petit être la sortie de ses songes, et elle reposa sur elle un regard tendre et doux. Son cœur battant fort dans sa poitrine à ce simple mot. Maman… Elle avait tellement hâte, de l’entendre d’autres petites gueules qu’elle aurait mise au monde. La louve se sentait émue par cette attention, mais secoua doucement la tête.

« Pas tout à fait trésor »

Elle lui caressa doucement les cheveux, lui renvoyant ses jolies mèches colorées vers l’arrière pour croiser son superbe regard bleu.

« Mais tant que tu le désireras, alors oui. »

Naïade savait qu’un jour la petite se poserait des questions, qu’elle se demanderait pourquoi elle n’a pas la queue des reptiliens, ou les marques vertes comme elle. Peut être qu’un jour le bébé la renierait et s’éloignerait, érigeant un mur qu’elle ne pourrait franchir. Mais tant que la petite le voudrait, alors Naïade sera sa mère. Et elle espérait que ce soit à jamais le cas.