La mort du renne - Khamunrah

C’était bien la première fois qu’Hollyhock apercevait tel animal aussi loin des terres censées être siennes.
Bien loin de songer à la magie de Noël et que, peut-être, ce noble animal était venu en ces lieux pour apporter quelques présents aux enfants sage, la louve bleue se lécha les babines : Il ferait un repas copieux et apprécié par les Etelkrus.

S’abaissant, elle progressa à pas lent vers le grand herbivore, sans le lâcher des yeux. Celui ci broutait paisiblement et, une aubaine pour elle, ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Voilà qui devrait donc lui faciliter les choses.
Une fois rendue à une distance raisonnable, elle replia davantage ses pattes arrière pour, d’un bond puissant, s’élancer sur sa proie et le blesser entre les épaules.

Surpris, il se cabra et l’envoya au sol avant qu’elle ne puisse l’éviter.
Elle gronda, un peu sonnée par le choc, mais se redressa bien vite et, sans lui laisser le temps de réagir, qu’il veuille fuir ou répliquer davantage, l’Alpha se jeta contre l’animal affolé. Tant et si bien qu’il tomba sur le sol, en voulant la repousser, et qu’elle n’eut qu’à refermer ses crocs sur sa carotide.

Le combat avait duré un bien bref instant et elle ne souffrait que de quelques égratignures. Sa technique de chasse rôdée lui avait permise de ne pas infliger trop de souffrances inutiles à sa proie : C’était ce qu’elle cherchait et était bien satisfaite de ce résultat.
Les choses n’auraient pas pu se dérouler d’une meilleure façon.

Maintenant, il allait falloir trouver comment...-

- Je te le précise dès maintenant : Tu te débrouilles pour le ramener au Castel.

La louve bleue eut un sourire amusé.

- Tu ne m’aiderais pas contre un morceau ?
- Sans façon. Je n’ai guère besoin de ton espèce pour me nourrir.

Azymondias était toujours si aima…-

- Je te précise également que j’ai accès à tes pensées.

Soit, la bête éclipsante se faisait d’humeur capricieuse, aujourd’hui, et elle ne pouvait lui en tenir rigueur : A bien d’autres occasions, il lui était venu en aide et, comme il se plaisait à le lui rappeler, il n’était point son esclave.

- Enfin, j’imagine que tu ne parviendras pas à l’emporter seule, louve. Dans ma grande bonté, je consens finalement à t’aider.

Il ne lui avait pas fallu longtemps, avant de se faire mousser.

- Je te remercie grandement, Azymondias. Que ferais-je sans toi ?

L’expression amusée, elle le laissa partir, si rapidement, avec la proie, pour mieux lui revenir, sans elle.

Si Te Hari, venue la rejoindre, ne laissait pas transparaître d’émotion particulière, ce ne fut pas le cas d’Hollyhock.
Elle sourit, bien sincèrement, à cette apprentie qu’elle croisait bien peu. Hollyhock n’avait, par ailleurs, pas oublié les inquiétudes, toutes les inquiétudes que cela suscitait chez son père.
Et maintenant qu’elle était, elle-même, maman, elle se demandait à quel point las parents pouvaient s’immiscer dans la vie de leur progéniture sans paraître intrusif. C’était toujours délicat, de ne pas les infantiliser tout en continuant de veiller sur eux.

- Bonjour, Te Hari ! Ca fait plaisir de te voir. Je vais bien, et toi ?

Puisqu’elles étaient deux louves Etelkru, et qu’Hollyhock était Alpha, elle n’était pas sans savoir que Te Hari avait recueilli, il y’a peu, une adorable louvette.
Voilà qui ne la rajeunirait pas, si même ses apprenties devenaient mamans… Mais elle était ravie pour elle et lui espérait autant de bonheur que celui que lui procurait sa propre progéniture.

A la mention de l'enfant, le sourire d'Hollyhock s'élargit.
Il y avait, dans le regard de Te Hari, la même belle lumière qui venait illuminer le sien, de regard, lorsqu'elle songeait à ses trois enfants.

- Je peux t'aider, si tu veux. Tout se passe bien, avec ta fille ? Elle ne te donne pas trop de fil à retordre ?

Holly était, il lui semblait, bien placée pour savoir que les enfants... n'étaient pas toujours faciles.

- Il se pourrait que l'un de mes amis soit une bête éclipsante. C'est Azymondias, qui l'a emmenée au Castel.

Un ami devenu proche, depuis toutes ces années. Ca faisait quoi... Quatre ans, qu'il était à ses côtés ?

La louve bleue pencha la tête sur le côté.

- Ah ?

C'était bien, de voir que des jeunes savaient déjà vers quels Dieux ils se tourneraient. Ce n'était pas le cas pour son propre fils, visiblement, et c'était quelque chose que l'Alpha déplorait quelque peu.
Mais cette pensée n'effaça pas son sourire, celui d'une mère comblée.

- Ils vont bien ! Ils commencent à prendre leur indépendance... Je dois me faire à l'idée qu'ils ne sont plus vraiment des bébés.

Elle rit, heureuse, et profita, enjouée, de cet instant paisible en compagnie de celle qui fut son apprentie.