Nuits d'Arabie (ft. Feather)

Samaël

Lorsque les montagnes en hiver devenaient trop grande souffrance, lorsque la neige et la pluie n'étaient plus supportables, lorsque ses pattes n'en pouvaient plus des gelures, il y avait heureusement dans ces territoires barbares une lieu de répit qui lui rappelait grandement d'où il venait. Le sable chaud qui brûlait les coussinets, le soleil de plomb sur des dunes à pertes de vue qui aurait rendu fou plus d'un loup mais ces magnifiques paysages arides, ces couchés de soleil sur un fond de ciel de sang... Aah, c'était comme si rien que pour lui, rien que pour l'aider à rendre cette vie plus facile, on avait placé un petit morceau de sa vie d'avant ici, les palais luxueux et les jolis filles en moins -les guerres aussi.
Samaël avait un peu traîné et l'idée même de rentrer au Castel dans la nuit gelée lui plaisait guère, arrivé à ce qui semblait être un oasis termina de le convaincre de dormir sur place. Tant pis, il se lèverait plus tôt demain pour rejoindre la patrouille matinale aux frontières des Rougelandes. Même le froid nocturne, bien qu’atteignant les même températures qu'en montagne, était plus agréable, beaucoup moins chargé en humidité, son pelage y était parfaitement adapté.

Une odeur féminine vint toucher sa truffe. N'est-ce pas là un petit cadeau du destin qui avait enfin pitié de lui ? C'était l'occasion de passer une soirée agréable avec une potentielle bonne compagnie. Réajustant coiffures et parures, repeignant d'un geste rapide son pelage, Samaël se dirigea d'un pas leste vers l'origine de l'odeur, la queue haute et légère, jusqu'à apercevoir une silhouette se dessiner devant lui.

« Bonsoir gente dame. »

Il s'inclina dans le respect d'une politesse princière avant de relever les yeux vers la femelle et...
Ah !
Certes !
Elle était, disons... Assez éloignée de ce qu'il espérait.
Dans ce paysage qui lui rappelait son pays d'origine, il avait oublié quelques instants que les femelles d'ici étaient bien différentes de celles qu'il avait connu. Rares étaient ces louves aux pattes fines et aux pelages oscillant entre les ocres et les marrons chauds. Lointaines étaient désormais ces louves au museau fin et aux yeux d'amandes, ces parfums d'encens se mélangeant aux couleurs des riches tissus.
Le pelage gris blanc de la demoiselle en face de lui était un brutal retour à la réalité, comme un rappel de la neige dans laquelle il allait devoir retourner demain.

Restons tout de même poli et souriant, jeu de façade, Samaël restait à cheval sur les apparences.

Samaël

La femelle se roula sur le dos et son attitude rappela quelques instants à Samaël, le harem qu'il entretenait durant ses années adolescentes. Les louves étaient souvent d'humeur joueuse, se prélassant dans le luxe de la famille royale, profitant d'avoir été choisies. C'était une époque maintenant aussi regrettée que lointaine.
Samaël ne chercherait pas à charmer la demoiselle ici présente, déjà parce qu'elle n'était... disons qu'elle n'entrait pas dans ses préférences, mais en plus qu'il n'y avait rien pour lui donner supplémentaire. Elle était quoi ? Solitaire ? De toute façon, elle ne faisait pas partie du clan choisi. Samaël ne profiterait de cette soirée et de cette femelle que pour un échange de quelques mots bien plus léger que toutes ceux fait ces derniers jours. Le mâle brun avait parfois lui aussi besoin de souffler un peu.
Il s'assit dans le sable, à proximité sans être proche non plus, laissant à la femelle l'occasion d'être tranquille si la rencontre devenait importune.

« Vous êtes une habituée du désert ? »

De celui-ci Samaël ne l'était pas, mais il avait le physique adapté pour ce milieu, la femelle, moins.

Samaël

Samaël s'en serait douter, absolument tout chez la femelle hurlait qu'elle n'était pas de ces milieux arides. Le mâle brun lui avait la tendance inverse.

« Surtout à ceux d'un ailleurs, celui-ci un peu moins. »

Et celui de son ailleurs lui manquait terriblement.

« Vous devriez vous montrer prudente, les déserts sont des lieux traîtres. »

Il serait plus que déconseiller qu'il y soit encore, ainsi équipée, lorsque le soleil se lèverait. Rapidement la chaleur grimperait et ces dunes de sables, si jolies et attirantes soient-elles deviendrait un piège mortel et insoupçonné, troublant le chemin, l'orientation et la vision.

Samaël

« Vous m'en voyez ravi. »

Léger sourire, pour la forme et le mâle brun détourna son regard pour aller le perdre vers le ciel étoilé. Même lui, qu'on aurait pu croire impossible à changer, était différent de celui qu'il avait pu voir dans son pas natale, rappelant encore et encore à quel point Samaël était loin de là où il venait. Vraiment loin.
Ça ne servait à rien de ressasser des si regrettés souvenir, de se leurrer en s'enfuyant derrière un minuscule désert coincé entre deux montagnes avec pour seule compagnie une femelle moche bien qu'elle ne semblait pas de caractère désagréable.
Il soupira avant d'offrir un révérence à la louve.

« Je crains devoir vous laisser chère Dame, quelques obligations m'incitent à ne pas m'éterniser ici. Bonne soirée. »

Samaël laissa la louve à l'Oasis et ces quelques inutiles faux-semblants.

[Je précipite un peu la fin, j'ai un peu de mal avec ce rp, désolée :/ Hésites pas si tu veux en redemander un autre!]