Ouvrir ses chakras [Vash']

-Violette-

La neige tombait en gros flocons aujourd'hui, et Violette était sensé partir l'après-midi pour une "ronde" autour des champs mystiques. Il faisait un froid de canard, et le crêteux n'avait à vrai dire pas hâte de partir. Malgré sa cape chaude faite pour le grand Nord, c'était ses petites pattes qui pêchaient, humides en permanence et surtout très froides. A ce stade, il aurait encore préféré la glace du plateau du Soleil plutôt que cette neige qui fondait si facilement sous ses griffes.

Mais il n'allait pas s'en plaindre : c'était une belle journée ! Le soleil timide osait enfin se montrer, et il aimait les champs mystiques. Cependant, il y avait bien quelque chose qu'il n'aimait pas, et c'était de faire ces rondes. il avait déjà du refouler plusieurs solitaires aux frontières, certains parfois avides de chaleur et d'un peu de repos. D'autres fois, il en avait aidé, les accompagnant à travers leurs terres pour ne pas leur faire perdre trop de temps. Mais le tout l'embêtait quand même un peu, et surtout, cela devenait long.

Il s'était dit alors qu'il parlerait à Dame Kerguelen. Il avait même une autre idée, pour compenser les frontières, une idée qu'il avait eu tout seul, dans la nuit d'hier. Il la cherchait du regard, fredonnant un petit air où se plaçait naturellement des mots, un conte des temps anciens appris aux enfants nakhus. Une histoire de colombe, qui s'envolait aux premières neiges pour aller trouver Yurai et aider les nakhus à se protéger du froid. Un conte chanté devenait une contine, et c'était bien à propos pour la louve blanche qui, de ce que Violette avait entendu, avait eu finalement ses petits.

Alors qu'il remonte vaguement une piste de son odeur -vieille de plusieurs jours, à vu de truffe- il s'efforce de s'en souvenir, de cette contine. Un sourire sur les babines, il se dit que peut-être, il aura l'occasion de la chanter aux enfants de la colombe et de son mentor, qui seront sans aucun doutes beaux et en pleine santé. Il avait confiance en l'avenir, Vio' ! Alors, il continue à fredonner, complètement faux (mais c'est l'intention qui compte) en traversant le Dédale.

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Le Dédale était un très bon terrain d'entrainement pour les petits. C'était plat pour leurs minuscules pattes. Ils pouvaient faire leurs premiers pas sans trop trébucher. Même si ils n'avaient pas besoin de caillou pour çà. A les voir s'emmêler leurs pattounes tout seuls, Kerguelen émit un rire attendri. Leurs enfants grandissaient vite. Leur maladresse et premières fois resteraient de doux souvenirs gravés dans sa mémoire. Alors, elle profitait à fond de ce tendre moment.

Vint alors la mélodie. Impossible de savoir son origine. Elle n'était pas très gracieuse, il faut l'avouer. Mais quelqu'un qui avait le coeur à chanter était forcément heureux. Donc, c'était super ! Elle était prête à subir n'importe quel chant faux. Elle aimait voir de la joie autour d'elle notre Colombe. Encore plus quand elle venait de l'un de ses amis. N'était-ce pas Violette qui venait d'apparaitre du virage là-bas ? Elle se redressa, soudainement aux aguets. Prête à aller saluer gaiement l'un des Siens. Et ce n'était pas l'énergie qui lui manquait.

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-Violette-

Le chant s'arrête un instant, remplacé par une truffe levée pour humer l'air : l'odeur de Dame Kerguelen est proche. Il suffit au mâle de se retourner pour, enfin, la voir. Un sourire plus grand que sa face vient se percher jusqu'à ses oreilles, et il s'avance en marchant. Elle est toujours aussi belle, la Colombe, et avoir des enfants semble l'avoir réussi : elle resplendit. Ou bien, avait-elle toujours été aussi lumineuse ? Sûrement ! Vio' s'arrête avant de s'asseoir devant elle, et la salue, la gueule ouverte sur une langue rose et brillante :

Il lui fait un clin d'oeil malicieux. La nouvelle de sa mise bas a fini par faire le tour du clan, mais Vio' n'a jamais rencontré ses petits monstres. Il n'a aucune doutes quant à leur futur : ils seront aussi beaux et intelligents qu'leurs parents ! Ce n'est pas pour ça qu'il est venu ici, mais le mâle se laisse guider par son instinct et dévier par sa bonne humeur.

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C'était bien lui ! Impossible de ne pas reconnaitre sa silhouette si familière. Elle le laissa approcher avant de combler joyeusement la distance. Elle bondit autour de lui, faisant un tour. Comme un chiot, à l'image de ses propres petits. Oui, elle était trop pleine d'énergie. Et si heureuse de revoir ses amis après sa grossesse qui l'avait isolée.

"Coucou Violette ! Cela me fait toujours plaisir de te voir !"

Elle finit sa ronde en lui offrant un coup de museau affectueux. Qu'il était bon d'enfin pouvoir voir des visages chéris. L'isolement n'était pas du tout fait pour elle. Maintenant, elle pouvait revivre un peu.

"Ils apprennent à marcher ! Bientôt, tu me verras leur courir après à travers les champs ! Ah ah ah !"

Oui, ses enfants adorés grandissaient vite. C'était une bonne chose. Elle avait craint longtemps qu'en plus de leur surdité, ils aient un développement différent. Elle culpabilisait suffisamment de leur handicap.

"Et toi, qui est libre comme l'air, quelles merveilleuses aventures as-tu vécues ?"

Ses yeux brillèrent d'attention, toujours avide de récits en tout genre. Elle en avait encore plus besoin avant sa situation qui l'empêchait d'aller là où elle le souhaitait.

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-Violette-

Dame Kerguelen est toujours aussi heureuse, et lui aussi, avec elle. Il sourit, lui rendant son coup de museau avec affection avant de s'assoir. Il avait hâte de les voir, ses deux petits, courir à travers champ et faire des bêtises ! Qui sait, il pourra même leur apprendre quelques bêtises, fin si la colombe le voulait .... Ou si elle ne les voyait pas. Il découvre ses crocs, truffe en l'air, queue qui gigote dans son dos, et rit :


Vio' était un grand adepte de la marche, raison de son corps de rêve après tout (non). Finalement, il s'assoit, car ce qu'il va dire a besoin d'un peu de concentration. Lui de son côté ... Oh, la vie a été complexe, mais il n'y a rien eu de vraiment très marquant. Pas de bataille épique contre des dinosaures, pas de courses contre les démons cauchemardesques ou de mystérieux yeux-tourbillons pour le gêner. Non, lui n'avait fait qu'explorer, se battre, rencontrer des loups de tous les horizons. Aider au refuge aussi, pas mal, car le sort des solitaires finalement l'importait assez. Il réfléchit, alors, pour trouver la plus belle peut-être :


Il rit, repense à la rencontre qu'il avait fait là-bas. Puis, redevient sérieux un instant. Il secoue un peu la tête, avant de continuer :


Il regarde la louve blanche, attentif. Il n'avait pas le cœur de lui avouer qu'il était extrêmement nul à garder leurs frontières, même si c'était pour leur sécurité. Il avait déjà laissé passé plusieurs solitaires, en les surveillant, parfois en oubliant, d'autre simplement en trouvant ça plus simple de les laisser passer, de les aider. On leur avait appris à aider, depuis toujours, et maintenant .... Il ne comprenait plus vraiment. Mais Dame Kerguelen et les autres devaient avoir une raison, et lui avait des idées pour la protection, autre que ces frontières qui l'enquiquinaient.

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Elle eut un grand sourire, aux anges de savoir son ami aussi impatient qu'elle. Elle aimait se savoir entourée pour son aventure un peu nébuleuse dans le rôle d'une mère. Elle n'avait aucun doute que les Nakhus considéreraient ses enfants comme des membres de leur Famille. Nul ne verrait cette naissance d'un mauvais œil. Oui, tous devaient être contents pour elle. Et elle était heureuse de pouvoir partager sa joie.

"J'espère que tu pourras leur transmettre un peu de ton courage !"

Elle accompagna sa phrase d'un clin d'oeil. Elle connaissait bien le caractère du loup violet. La bravoure ne manquait pas dans son cœur. C'était une belle personne.

Puis, vint le récit du mâle. Rempli de champignons. Çà ne lui disait rien comme çà. Çà faisait un moment qu'elle n'avait pas pris le temps de faire une descente dans le Sud. Ses projets l'avait cantonnée à trainer dans le Nord. Il faudra qu'elle change çà. Et puis, l'Autre ne l'avait-il pas invitée à se rendre sur l'Atoll ? Elle devait simplement avoir trouvé quelques protections et plans magiques avant de s'y rendre.

"Tu as trouvé un sacré coin à champignons ! De quoi se faire de belles omelettes !"

Elle saurait vers qui se tourner en cas d'envie subite tiens. Il faudra qu'elle partage cette information à Sobieski et aux autres amateurs de cuisine.

La discussion prit doucement une tournure moins légère. Une question fut posée. Une question que beaucoup devaient se poser d'ailleurs. Mais seul Violette avait eu le courage de franchir le pas. Alors, la Colombe lui donna une réponse sincère.

"Si la décision ne tenait qu'à moi, elles seraient déjà rouvertes."

Le temps du deuil était terminé. Il était temps d'avancer, d'affronter leur avenir. Patte dans la patte.

Parce qu'elle avait confiance en son ami, elle n'hésita pas à se confier un peu. A faire part de son ressenti personnel sur une situation qui les touchait tous.

"Tu sais, j'aimerai que Lucian et Stendhal grandissent dans la même tolérance et ouverture d'esprit que nous. Pour cela, ils ont besoin de voir des loups et des mœurs différents des nôtres. Et je crains surtout que notre Famille ne finisse par se complaire dans cette situation d'isolement et oublie nos valeurs. Parce que c'est facile de vivre en petit groupe restreint et avec ses petites habitudes. Ce quotidien est trop lisse. Pas assez mouvementé. Il ne demande pas assez d'efforts pour vivre en suivant nos valeurs."

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-Violette-

Le loup rit : il ne se faisait pas confiance pour ramener les bons champignons pour en faire une omelette. Le connaissant, il finirait par empoisonner tout le clan ! Mais il pouvait toujours en ramener aux panseurs, qui eux sauraient décider des plus utiles. La suite de la conversation devient plus sérieuse, et le mâle écoute attentivement, les oreilles pointées en avant. Dame Kerguelen était du même avis que lui, il était temps de réouvrir les frontières. Les solitaires en avaient besoin, même si le refuge fonctionnait bien, ils avaient besoin d'une terre d'accueil où se reposer, être soigné et apprendre, découvrir, s'ouvrir aux autres. Solitaires ne voulait pas dire seuls, et le refuge était différent de leur clan. Et puis ... Eux aussi en avaient besoin. Lui avait besoin de revoir Onyx sur ses terres, de lui montrer les nouvelles choes d'ici, et il était sûr de ne pas être seul dans ce cas.


Il hoche la tpete. Il ne disait pas que l'incendie avait été bien, seulement que rendre tout sans danger, c'était sacrément ennuyant. Et Dame Kerguelen avait raison, ses enfants aussi devaient recontrer, se confronter au monde ! C'était important. il se penche un peu, le regard brillant.


Il se recule, attentif aux réactions de Kerguelen. Il savait qu'il n'avait pas forcément les mêmes idées que d'autres dans le clan, mais cela ne coûtait rien de le proposer. Ils étaient soudés, l'avaient montrés dans l'incendie, mais avoir un moyen de se défendre pour maintenir la paix, c'était quand même nécessaire selon lui. Ou bien, trouver autre chose : mais Violette ne connaissait pas tout, et n'avait certainement pas assez d'imagination.

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Une idée fut proposée. Une idée qu'elle écouta avec une grande attention, mêlée à de la curiosité. Qu'avait donc créé l'esprit de son téméraire ami ?

"Oh je vois ! Mais rien n'empêche Mages, Sortceliers et Pèlerins de former des groupes pour combiner leurs forces et combler leurs faiblesses. En réalité, ce que tu proposes se fait déjà naturellement. En fonction des affinités de chacun et des problématiques, les nôtres s'unissent et s'élancent dans diverses aventures. Comme pour l'exploration du Manoir."

Ou la découverte du Monde Perdu. Ou la recherche de leur nouveau foyer. Ou encore pour la lutte contre l'Autre. Chaque quête voyait naitre une équipe. De part leur côté soudé, jamais un Nakhu ne s'était retrouvé esseulé face à une difficulté. Ils savaient répondre présents les uns pour les autres.

"Je ne pense pas que créer un rôle aussi spécifique soit nécessaire. Laissons la liberté aux nôtre de choisir leur propre combat. Leur manière personnelle de prendre part à notre mission de maintenir la paix dans ce monde."

Elle ne voulait pas non plus que ce furent toujours les mêmes qui partaient en intervention. Ils étaient nombreux à aimer l'aventure. Tous devaient avoir ce choix, ce libre arbitre. Et puis, ils avaient déjà du mal à remplir leurs rangs. Ils restaient une petite communauté, sans réelle hiérarchie.

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-Violette-

Les paroles de la louve blanche viennent nuancer son idée, la changer un peu. Ses yeux s'agrandissent alors qu'il comprend ce qu'elle veut dire, et surtout qu'il a une deuxième idée, plus nuancée. C'est vrai que les rôles était un coup à s'enfermer dans un seul truc à faire, alors que c'qui était beau c'était la diversité ! Il secoue un peu sa patte, légèrement fébrile, en réfléchissant à toute allure -enfin, il en a l'impression.

Il en avait entendu parler, et ça l'avait fasciné. Mais le pauvre loup avait raté la première initiation, et n'avait jamais pu réapprendre depuis. Pourtant, une unité d'élite formée au contrôle des CHAKRAS c'était quand même vachement classe !


La queue bat l'air, et les yeux cherchent l'approbation.

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"Bien sûr, Violette ! Chacun est libre de choisir et d'expérimenter la voie qui lui plait ! Tu es libre, comme nous tous."

Elle rit, amusée par la réaction de son ami. Tant d'énergie émanait de lui. Une vraie petite tempête ! Çà faisait plaisir à voir.

"L'accupressure ! Il est vrai qu'une petite minorité n'a pas encore assimilé ce savoir si important. Je suis tout à fait partante pour refaire un atelier. Je suis d'avis que tous doivent le maitriser."

En réalité, elle pensait que cet art s'était déjà transmis. Car il s'agissait de la principale méthode d’immobilisation des Nakhus. Une défense efficace en cas de combat au corps à corps. Çà faisait parti de leur mode de vie et de leur identité. Elle-même avait déjà prévu de l'apprendre à ses enfants.

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-Violette-

La queue du mâle aux cicatrice bat dans son dos tellement il est content. Il était libre, oui, de faire ce qu'il voulait : alors il demanderait ptet à des amis, si ils pouvaient s'entraîner ensemble. A commencer par Dame Kerguelen, bien sûr, qui acceptait de refaire un atelier sur l'acupressure ! Lui avait raté le premier (comme un couillon qu'il était, il avait pensé que c'était trop intellectuel pour lui) et à présent n'était pas certain de savoir qui pouvait le lui apprendre. Il hoche la tête vigoureusement : c'était le style de combat de choix des nakhus, l'acupressure. Pouvoir maîtriser l'adversaire sans le blesser ? C'était le truc parfait ! Il s'approche pour toucher la louve au poitrail de son museau, laissant son odeur l'envelopper, juste un instant :


Il s'écarte pour la saluer, avant de faire demi-tour, tout heureux. Ses projets pouvaient se réaliser !

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Elle était heureuse de ce petit échange avec Violette. Son sourire ne pouvait pas être plus grand. Qu'il était doux de pouvoir offrir de la joie autour de soi. Vivement qu'elle put à nouveau s'occuper des siens comme avant. Avant, elle devait profiter de ses petits et de leur insouciance.

Elle salua gaiement son ami, le regardant s'éloigner. Ravie de constater que rien n'avait changé entre eux. A son tour, elle fit un demi-tour. Elle trotta, le cœur léger, rejoindre son compagnon. Pour s'émerveiller des premiers pas de Stendhal et Lucian.

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