I Am Shit (ft. Astrid)

"What are your intentions? I'm ashamed by mine
When I'm thinking too much I realise I'm unkind
Pretend that I'm nicer than I'll ever be
I'm selfish and deluded, enjoy my hypocrisy"

Depuis leur célébration, organisée par Paquot voire pas l'océan lui-même, Susie était restée sceptique. Le discours du nouveau roi avait rendu clair qu'Astrid et sa sœur pourraient prétendre à participer à la prochaine cérémonie de la Pleine Nuit. Toutefois, la grande louve n'était pas tout à fait sûre de vouloir suivre cette voie, qui semblait bien trop belle pour être vraie.
En effet, les pirates avaient, pendant longtemps, étaient privés de toute bénédiction - à son sens, porter des médaillons pour se libérer d'une malédiction n'en était pas une. Et voilà que, soudainement, on lui offrait bien plus que ce qu'elle ne pouvait espérer sur un plateau. Non seulement, un pouvoir bien à elle, mais en plus, l'opportunité de recouvrir une apparence complètement différente en contact avec l'eau et - surtout - de s'y sentir comme un véritable poisson.
N'y avait-il pas anguille sous roche ? Elle ne pouvait s'empêcher de flairer le coup fourré, la louve qui songeait encore, il y a peu, à braver les frontières Etelkrus pour aller rencontrer le Dieu de la Force en personne.

Astrid était plus intelligente qu'elle. Et, puisqu'elle s'était vu faire la même offre, il semblait plus que pertinente de s'en entretenir avec elle.
Suivant sa piste, c'était finalement dans la Carcasse Marine que la louve à la patte mécanique avait enfin pu discerner la silhouette de sa sœur.
- Ahoy Astrid ! Qu'est-ce que tu fous ici ?
Toujours le mot pour plaire.

Codage par Libella

Une certaine forme de satisfaction se saisit de Susie lorsqu'elle perçu le sursaut de sa sœur, pourtant, elle s'efforça de la réprimer. Se faisant, elle mordit sa babine, pinçant une vieille blessure, et cessa sous le coup de la douleur. Elle l'avait entretenue pendant longtemps, l'ignorant au moins autant qu'elle s'en satisfaisait. Pourtant, maintenant, elle connaissait l'effet d'un trop plein, et essayait davantage de s'en détourner.
Comme il est dur de se défaire des vieilles habitudes.

Visiblement, c'était aussi difficile pour Astrid.

La large louve ne releva pas, que ce soit concernant les passe-temps d'intellectuelle ni concernant ses propres passe-temps. Elle se contenta de s'assoir en scannant sa sœur d'un imperturbable regard.
Il était étonnant de constater comme leur dernière bataille avait impacté les deux quintuplettes. Cela rappelait à Susie qu'au-delà de leurs différences de caractère, il y avait des tas de choses qu'elles partageaient : leur historique familial, leur jeunesse, leur contexte social... leur besoin de changement.
Comme si, après avoir été confrontées à la mort, elles ne pouvaient que vivre une renaissance.

- Leur histoire d'épreuve, de cérémonie... T'en penses quoi ?

Codage par Libella

Susie pivota suffisamment pour conserver sa sœur dans son champ de vision, sans chercher à se rapprocher d'elle. Certes, Astrid avait créé de la distance, mais cela convenait à la Brute. Après tout, elle préférait largement ça que de la voir collée à elle, comme elle avait pu l'être dans le cauchemar vécu pendant son court coma.
Peut-être était-ce ça, que son esprit avait cherché à lui faire réaliser ? Qu'elle devait rendre sa liberté à sa sœur ?
Va, je te la rends, pour peu que tu ne m'abandonnes pas.
Susie initia un mouvement pour se mordre la babine, mais s'arrêta de justesse.
C'était sans doute plus vite pensé que fait, parce-que ça, ça demandait de faire confiance à sa sœur, de la croire quand elle disait qu'elle lui reviendrait. Ça demandait aussi un lâcher-prise. Ça demandait, tout simplement, de renoncer à son emprise sur sa quintuplée, un mécanisme de défense instauré depuis leur naissance face aux angoisses qu'elle tentait, tant bien que mal, de contrôler.

Au même instant, Susie remarqua la posture de sa sœur. Le portée de tête d'Astrid la décontenançait : bien que leurs postures respectives lui assurait l'ascendant, elle avait pourtant l'impression d'être regardée de haut. Dans un mouvement pataud, la Brute se releva, se grandissant autant qu'elle le pouvait.
Je peux accepter que tu t'estimes, je ne peux accepter que tu me domines.

Un sourcil haussé, pourtant, lorsqu'Astrid se recouvrit de sa cape. Était-ce parce qu'elle avait froid, ou était-ce pour cacher son corps ? Se pourrait-il, qu'elle aussi, ait des failles ?
Bien sûr, connasse. Et grâce à qui ?
Susie soupira. Jouer la dure, c'était plus facile. Elle n'avait, alors, pas à conscientiser autant de choses. À vouloir évoluer, elle se voyait réfléchir le moindre petit geste. Pendant longtemps, elle s'était contenté de se protéger, en s'offrant le luxe de ne pas y penser.
Mais est-ce vraiment se protéger que d'emprisonner ses émotions sans jamais leur accorder son attention ?

La grande louve chassa ses pensées pour prêter son attention à Astrid.
Elle était venue demander conseil, et elle l'assumait. Le premier pas d'une longue marche, lui semblait-il.

Alors, les oreilles bien droite, le regard rivé dans celui de sa sœur, Susie est tout ouïe. Et il lui semble que sa sœur ne peut imaginer à quel point ses mots résonnent en elle.
Si son air restait sérieux, inconsciemment, elle imita le sourire de sa sœur.
Quelque-part, elle reprenait espoir mais aussi, peut-être, confiance.

Lorsqu'Astrid eut fini, Susie opina.
- Tu as sans doute raison.
Des mots qu'elle s'était trop longtemps refusé à prononcer. Elle déglutit. Quelque part, elle appréhendait la réaction de sa sœur face à sa tentative de changement. Mais, n'était-ce pas là, aussi, ce qu'Astrid avait tenté de lui dire ? Qu'il fallait affronter ses peurs, même lorsqu'elles résidaient dans le regard des gens qu'on aime ?
Susie initia un pas, puis deux, s'approchant doucement de sa sœur. Elle inspira profondément, cherchant le courage de se montrer honnête. Sans fioriture, sans arrière-pensées, laissant la manipulation au placard, se mettant à nue et s'offrant dans sa vulnérabilité.
- C'est si étrange qu'on nous offre une telle opportunité sans nous demander quoi que ce soit en retour, que j'ai l'impression que l'offre est trop belle pour être vraie. Et je me dis que si Paquot, ou l'Océan, ou je ne sais qui est capable de nous offrir de tels pouvoirs, il est sans doute aussi capable, non seulement de tout reprendre, mais aussi de nous infliger bien plus de mal par la suite.
Elle soupira.
- J'ai du mal à faire confiance, Astrid.
Sans doute que sa sœur le savait déjà. La mâchoire de Susie se crispa, de peur de se faire traiter d'idiote pour avoir souligné l'évidence.
Elle s'approcha un peu plus.
- Mais tu me donnes envie d'y croire. Je pense demander à passer l'épreuve, lors de la prochaine cérémonie.
Sa sœur allait-elle lui faire payer les souffrances endurées ? Comme Susie rendait les armes, c'était aussi là l'occasion pour Astrid de s'en saisir et de la poignarder en plein cœur.

Seuls deux pas les séparaient.

Codage par Libella

Cette fois, Susie ne pu se retenir de se mordiller la babine dans son inquiétude, et elle couina de surprise sous l'effet de la douleur.
Elle ne s'était jamais vue en héroïne. Elle n'avait jamais cherché à l'être, parce qu'elle avait l'impression de ne pas être assez bonne pour y prétendre. Finalement, si elle se contentait du rôle de l'antagoniste, c'était sans doute parce qu'elle avait tous les atouts pour l'incarner.
Même dans cette victoire, elle ne se sentait pas légitime. Et pourtant, on lui offrait récompense.
Les larmes lui montèrent aux yeux. Ne pouvant plus se cacher sous sa chevelure, elle détourna tout d'abord le regard, puis pivota complètement son corps, tournant le dos à l'autre louve sombre.
Elle se voulait plus sincère, mais ne pouvait encore accepter de se dévoiler entièrement. Elle en avait déjà fait beaucoup, pour aujourd'hui, estimait-elle.
Quand Astrid évoqua les divinités continentales, Susie souffla par la truffe. Dire qu'aveuglée par l'envie et son aspiration au pouvoir, elle avait envisagé de solliciter un Dieu clanique… Elle estima qu'il ne fallait pas en parler à sa sœur. Elle n'osait imaginer ce qu'elle pourrait répondre face à une idée aussi farfelue.

Quand Astrid évoqua son désir de passer l'épreuve ensemble, la grande louve s'efforça de se ressaisir pour revenir faire face à sa quintuplée. Il lui fut tout difficile de trouver les mots, à tel point qu'elle ne su traduire son approbation que par un mouvement de tête.
Ce serait rassurant, que d'avoir Astrid à ses cotés dans un moment aussi charnière.

Codage par Libella

Aux questions de sa sœur, Susie se voulut sourire d'un sourire sincère. Pourtant, c'était comme si elle n'avait que trop peu pratiqué, comme si elle ne savait pas le faire, et elle ne put que dévoiler ses incisives en une grimace affichée, retroussant les babines. Devant cet échec, elle abandonna bien vite, décrispant sa gueule dans une moue.
- Tu m'as déjà beaucoup aidé, Astrid.
La grande louve eut une hésitation, le regard en biais. Finalement, dans un mouvement brusque et maladroit, elle fondit sur sa sœur pour un câlin éclair, se retenant de la menacer pour la convaincre au silence à propos de cet acte d'amour sororale.

Codage par Libella

Susie ne tenta pas d'adresser un nouveau sourire à sa sœur, se satisfaisant d'un seul échec.
Elle n'avait plus de requête particulière à lui faire, et elle savait qu'en dehors de leur projet de bateau, leurs centres d'intérêts étaient bien éloignés.
- Allons nous promener.
Elles trouveraient bien un truc à faire sur la route, non ? Au pire, la simple compagnie de sa quintuplée lui suffisait.

Codage par Libella

Susie était à mille lieux d'imaginer qu'Astrid voulait être comme les autres, d'autant plus qu'elle enviait elle-même Astrid d'une façon brulante.
Astrid était jolie.
Astrid était féminine.
Astrid était intelligente.
Quand, elle, se refusait à être quoique ce soit d'autre qu'une brute, puisque c'était là l'image que les autres se faisaient d'elle.

C'était bien plus facile de vivre en conformité avec l'image qu'elle renvoyait, plutôt que de tenter de se battre contre elle. Bien plus facile d'être force pure que de chercher à briller par son intelligence ou ses compétences manuelles, bien que celles-ci existaient.

Toujours d'humeur maussade, Susie gardait la tête basse alors qu'elle écoutait sa sœur. En réponse, elle se feignit d'un rire faux.
- Ah ! Pour vivre comme moi, le secret, c'est de rien foutre !
Fallait pas se voiler la face : elle n'en branlait pas une. C'était d'ailleurs surprenant qu'elle arrive à conserver une telle musculature sans le moindre entraînement.

Codage par Libella

Quand Astrid roula gracilement sur le sable, un sourire - sincère, cette fois - fendit son visage. Susie se laissa tomber lourdement sur le côté, réactivant la douleur dans sa poitrine, ce qui fit apparaître un très bref rictus de douleur sur son visage.
Pourtant, il lui semblait être heureuse pour la toute première fois de sa vie.

Susie se prit au jeu, et se surpris à fournir des conseils sur l'art du rien foutre.
- Le secret, c'est de trouver la bonne place, pour pas avoir à bouger ! Genre, au soleil, histoire de se faire dorer la pilule et pas avoir trop froid avec le vent marin !

Codage par Libella

Astrid appliqua ses conseils à la lettre, se relevant pour venir se blottir contre elle. Susie fut quelque peu dérangée de ce contact non consenti, mais se contenta de tirer la gueule en silence - jusqu'à ce que sa sœur ne l'interroge.
- Tu soulèves un point très important : celui des besoins primaires ! Évidemment, quand on doit faire ce qu'on a à faire... D'où l'importance d'optimiser ! Tu t'arranges pour tout faire à la suite, comme ça, tu te déplaces qu'une fois ! Et puis, si t'as soif ou faim pendant que tu glandes, suffit de te trouver un bon sous fifre.

Susie scruta l'horizon, dans l'optique d'une démonstration.

Lancer de dé pour savoir si quelqu'un·e passe et accepte de servir Susie et Astrid:

Mais, ce jour là, la plage était vide. Enfin, à l'exception d'elles deux. La louve adressa alors un sourire à sa sœur.
- Tu voudrais pas aller nous chercher du rhum ?
Ça suffisait, comme exemple, non ? Et puis, si la princesse des mers daignait bouger son boule, ça arrangerait bien les bidons de Susie... Elle commençait à avoir soif, maintenant que sa quintuplée le disait...

Codage par Libella

À la réponse de sa sœur, à laquelle elle s'attendait, Susie se fendit d'un rire, comme si ce n'était qu'une blague.
- T'apprends vite. Mais qui t'as dit qu'j'comptais partager mon rhum ?
Un nouveau rire, jaune cette fois.

La question suivante fit paraître la méfiance, et ses oreilles se rabattirent sur son crâne.
- Qu'est-ce que ça peux t'foutre ?
Astrid risquait de s'énerver, mais ça ne gênait pas la grande louve. Au concours de la plus grande gueule, c'était souvent elle qui gagnait. Et puis, elle préférait largement ça au fait de devoir répondre de sa consommation à sa sœur, ou de devoir se justifier de celle-ci.

Codage par Libella

Comme Astrid prenait le pas de s'amuser de sa réponse, Susie détourna son museau, maintenant froncé. Elle préférait ne pas répondre, trop convaincue que sa sœur ne faisait que la ménager de sorte à l'amener à parler.

Et, comme sa quintuplée dérogeait à leur leçon, la brute se releva avec lenteur, comme incommodée par son propre poids.
- Attends, j't'accompagne ! cria-t-elle, au risque de ne pas se montrer suffisamment vive si Astrid ne daignait pas ralentir le pas.

Codage par Libella