Le bras de mer [PV Samaël]

Samaël

Samaël avait été chargé de se rendre sur l'île abysse avec Iris afin d'y faire une ronde et veiller à ce que les quelques monstres y vivant en son sein soient bien rester au fond de leur trou. Il n'y avait pas grand chose sur le papier qui plaisait véritablement au loup brun, rien que l'idée première de se rendre sur une île et donc de traverser un bras de mer lui faisait hérissé le poil. Il fallait bien que ça arrive, Samaël était parvenu à éviter jusque là cette fameuse île et surtout, cet affreux marais plein de boue où se terrait une des divinités locale.
Aller chasser du monstre n'était pas plus enthousiasmant, contrastant avec la majorité des etelkrus dont il entendait souvent de loin le récit d'un combat fièrement mener contre telle ou telle créature. La seule bonne note, c'était la fameuse Iris. En soit, à elle seule, elle n'intéressait pas beaucoup le mâle brun, trop jeune, son pelage lui faisant penser à une nuit de brume à la pleine lune. Rien qu'à cette pensée, Samaël sentait le froid de l'hiver remonté le long de ses pattes jusque dans son dos. Son frère lui, ça aurait pu passé, s'il avait été une femelle... et s'il avait eu quelques années en plus. Les deux partageaient cependant la qualité d'enfant alpha et c'était l'unique raison qui faisait que la présence de la jeune rendait la journée à venir moins détestable.

Elle l'attendait déjà lorsque Samaël arriva dans son dos.

« Mademoiselle Iris. » Inclinaison respectueuse. S'il n'y avait pas véritablement ce genre de titre ici, elle était tout de même une sorte de princesse. « Allons-y »

Samaël

Samaël se retrouva à la tête de leur duo, sans doute parce qu'il était le plus âgé et que même s'il avait encore quelques lacunes sur le terrain précis du territoire etelkru, au moins il avait une expérience générale plus élevé via ces années passées. Il avait aussi vécu une guerre après tout, échapper à deux exécutions également, une officielle, une autre l'étant moins.
Ça faisait quelque chose tout de même de retrouver un semblant de place offrant la possibilité d'être meneur et non suiveur. Oh pas qu'il était du genre dominant de base mais ça donnait de la valeur, une impression d'importance qui avait terriblement manquer au mâle brun. Il avançait d'un pas leste, le buste tenu droit avec une certaine fierté, la queue à l’horizontale se balançant au gré des mouvements de la marche. Samaël garda une cadence relativement rapide, notamment du à un poids léger jusqu'à cette barrière aquatique qui faisait de l'Île Abysse... une île.

Il s'arrêta face à l'eau, évitant le ressac de venir lui mouiller le bout des pattes, reconnaissant sans mal le point privilégié des Etelkrus pour démarrer la traverser, redressa les oreilles puis tourna la tête vers la louve à sa question.

« Hé bien.. » Qu'une petite embarcation rendrait le tout beaucoup plus agréable. « Les autres ont l'air d'avoir pris l'habitude de partir d'ici, la distance est certainement plus courte. »

Et il allait falloir se lancer. Un frisson parcouru l'échine de Samaël lorsqu'il entra ses pattes dans l'eau glacée de l'océan. Oh qu'il n'allait pas aimé ça, mais puisqu'il y avait la demoiselle, princesse fille d'alpha, qui pourrait juger de tout son soul et aller prévenir maman derrière lui, il s'élança en râlant intérieurement seulement.
Samaël haïssait la mer, l'océan. Avec ces eaux froides, trop salées qui vous rentrait dans la truffe à la moindre vague, vraiment, il n'était pas friand. Loin d'être un excellent nageur, il fut bien moins rapide que lorsque le duo parcourait le chemin à pied sur la terre ferme, ça ne l'empêcha pas d'atteindre les plages de l'île, quittant rapidement tout contact avec l'eau pour aller s'ébrouer plus loin.  

Samaël

Bien sûr, comme précédemment, la louve l’invita à reprendre tête et initiative de leur duo. Si Samaël avait attendu ça et constaté avec surprise et satisfaction qu’on lui accordait enfin ce genre de responsabilités, il fallait dire qu’il aurait préféré que ce soit sur un terrain qu’il connaissait, le mâle brun évitant soigneusement en général cette île pour sa nature d’île et... les marais. Quelle meute censée avait un marais dans son territoire ? Celle-ci visiblement.
Rapidement, Samaël sentit les doigts glacée de l’hiver le saisir à cause de son pelage humide, s’ébrouant à nouveau mais pour se réchauffer cette fois, il reprit rapidement la marche, suivant soigneusement la piste marquée par des passages précédents, se contentant de simplement les renforcer plutôt que d’innover.
Excusez-moi Princesse Iris, cette journée ne risque pas d’être bien passionnante. Samaël l’emmènerait chasser un peu à la fin du tour d’île afin d’égayer un peu la patrouille.

« Je ne pense pas, l’île est plutôt éloignée des territoires solitaires, il faudra forcément passer par un des nôtres pour s’y rendre. Si c’est le cas... les Etelkrus devront sincèrement s’inquiéter au sujet de la sécurité, car nous aurions une véritable lacune à ce sujet si un intrus arrivait jusqu’ici sans se faire prendre avant. »

Le mâle brun s’arrêta, vérifia une marque, la renforça en grattant un tronc -quel comportement primitif, ça pour le coup, il n’y avait aucun remords à le penser.

« Mais ça devrait bien se passer, vous n’avez pas à vous inquiéter »

Samaël

La question le détourna de sa tâche, l’œil ambré de Samaël se posant sur la louve. Comment dire... le mâle brun était originaire d’une cité de plusieurs milliers d’habitant, régit par des grandes familles dont les plus importantes pouvaient avoir des milices de quelques centaines d’individus. Lui même lorsqu’il avait monté sa propre armée rebelle atteignaient ces chiffres grâce aux alliés de son sang. Ce clan n’était qu’une poignée de loups égalant à peine quelques clans de bandits de chez lui. Ce n’était qu’une tribu encore primitive contrastant bien trop avec ce qu’il avait connu pour comparer, ils les auraient écrasés si facilement.
Samaël détourna finalement le regard pour se concentrer sur les tâches de la patrouille.

« Je suppose qu’il fait l’affaire à son échelle »

Il n’y avait que des petits clans dans le coin, des petites meutes insignifiantes qui se roulaient encore dans la boue.

« Moins soudé que dans mon souvenir cependant, il avait bien meilleur mine à mon premier séjour » C’est ce qui l’avait incité à revenir ici après son bannissement. « Il reste cependant assez de rigueur pour que ça tienne encore. »

On était encore loin de la guerre civile, cependant il ne pouvait nier qu’il reconnaissait quelques fragilités. Un instant ça l’inquiéta, si son pays lui manquait terriblement, il n’était pas près pour de nouvelles guerre de position, pour une nouvelle nuit de sang... Avaient ils la fourberie nécessaire pour ce genre de chose les loups d’ici? Son regard revint à nouveau sur la princesse, suspicieux.

« Des doutes à ce sujet Mademoiselle Iris? »

Crains-tu la trahison de certain? Il fallait la tuer dans l’œuf si c’était le cas, avant de se retrouver une lame au dessus du cou.

Samaël

Si la jeune louve perdit un regard contrarié vers la flore, celui du dernier œil vivant de Samaël resta sur elle, dur, intense. Le mâle brun n’avait pas pris la peine de prendre la température chez les Etelkrus avant de demander à revenir, il avait voulu retrouver rapidement la stabilité d’un peuple et mettre fin à sa condition d’exil solitaire, il n’avait pas imaginé à quel point tout avait changé en quelques années. Sans qu’il le remarque, son attitude se fit plus tendue, plus nerveuse, ses griffes s’enfonçant dans le sol, sa queue ayant des petits mouvements secs au fur et à mesure des paroles de la femelle, à mesure que les souvenirs remontaient.

« Vaguement, je sais qu’il est dans le coma »

Samaël passait souvent chez les panseurs à cause de sa faiblesse face au climat local. Aux paroles d’Iris, le mâle brun comprit qu’il y avait une histoire un peu plus compliqué derrière le nom de ce loup.
Il s’avança d’un pas vers elle, toujours aussi tendu, comme un général en fin de carrière en temps de guerre.

“Si vous pensez qu’il y a des risques de trahison, si vous avez noms et preuves, vous devez prévenir les alphas. Les coups les plus dangereux sont ceux qui viennent de proches, tout comme il suffit d’une nuit pour faire tomber une dynastie.
Ce clan est petit, quelques pommes pourries peuvent rapidement le mener à sa fin.”

Samaël pouvait encore sentir les lames alliées frôlées sa chair, tout comme l’odeur du bain de sang qui avait marqué son enfance.

Samaël

Samaël releva un sourcil aux explications d’Iris sur ce fameux sushi.

“Les Raeders ne sont-ils pas qu’une bande de brigands?” Au même titre que ces errants du désert, pauvre ères vengeurs qui jamais n’ont fait le poids. “Je comprends cependant que cette désertion puisse inquiéter, ce que je comprends un peu moins cependant c’est pourquoi s’échiner à le maintenir en vie plutôt que de l’avoir exécuté, surtout si vous craignez ses actes et alors même que v... les penseurs ont des moyens limités à leur disposition.”

Quand la princesse aborda le sujet de ce qu’il avait lui même vécu, Samaël s’esquiva un peu, reprenant marche et inspection, toujours sous centre certaine tension qui l’habitait maintenant. Il répondit pourtant.

“La première fois ce fut mon père qu’on a trahi. Une nuit, un ancien allié a fait entrer un groupe d’assassin dans le palais afin de supprimer notre dynastie. La seconde fois ce fut lors d’une bataille décisive, mon nom avait rassemblé beaucoup de fidèles mais ce n’était pas vraiment moi que mes généraux voulait voir sur le trône.”

Une bataille était une excuse parfaite pour faire mourir un souverain gênant. Mais à cause de cette blessure interne, ils avaient été défaits, Samaël avait gardé la vie certes mais avait perdu tout le reste.

Samaël

« Si les alphas réfléchissent encore aux décisions à prendre vis à vis de cet individu traître, il n'est pas nécessaire de les accabler d’avantages avec du commérage et autres bruits de couloir. »

Si Samaël était parfaitement au courant que ce genre d'histoire croustillante était ce qui animait un peu le quotidien des castes inférieur, pour avoir fait parti autrefois de celles supérieurs, le mâle brun ne se prêtait pas à ce genre d'activités. Il craignait cependant cette ambiance d'union brisée qui planait sur le  clan, un bouillon si propice aux trahisons et conflits internes. Il garda un regard dur sur la princesse, restant tendu à ce sujet à cause des traumatismes d'une vie.

« Vous n'avez pas à être désolée d'une chose qui ne vous concernera jamais, mais soyez vigilante sur les faits où c'est le cas. Votre mère préférera entendre les inquiétude de sa propre fille plutôt que de recevoir un coup de poignard dans le dos. »

Et lui, prince déchu, ne voulait pas que son histoire se répète jusque sur les terres où il se retrouvait exiler.
Samaël brisa le contact visuel, reprenant l'avant du duo et se concentrant à nouveau pleinement sur la patrouille lorsque la femelle changea de sujet.

« Pas vraiment. »

N'étant pas très île, il se voulait efficace et rapide, accéléra d'ailleurs le pas pour rattraper le léger retard prit avec la conversation passée.

Samaël

S'il continue la patrouille, Samaël n'oublia pas la présence de la louve pour autant, gardant la moitié de son attention sur elle bien qu'il ne préserva pas de contact visuel direct. Un marquage par-ci, une odeur par là. Hum, passage d'une bête à l'odeur de charogne, les traces n'étaient pas bien grosse, certainement un prédateur concurrent de passage, le mâle brun nota que c'était chose à surveiller, préviendrait en rentrant si le duo ne tombait pas dessus.
Une oreille pivota vers la louve cependant lorsqu'elle reprit la parole, s'il l'écouta, Samaël ne s'arrêta pas pour autant. Il craignit au début que la princesse ne veuille s'offrir quelques frissons en allant à ce fameux puits.

« Ce n'est pas la partie du territoire que je fréquente le plus. »

Il en avait peut-être vaguement entendu parler, ne s'y était jamais intéressé. Samaël ne comptait pas la confrontation avec d'autres créatures dans ses loisirs personnels. La louve enchaîna cependant sur une question autour de ses origines.

« Le passage vers une autre dimension je ne sais pas mais dans le Désert Blanc, celui qui entoure la cité, il y a ce qu'on appelle les errants. Des âmes condamnées au désert, des loups rendus fous à cause de la chaleur et la soif, incapable de mourir et qui n'ont plus qu'un seul désir, voir tomber la cité. »

C'était le sort auquel il avait été initialement condamné.

Samaël

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Une sentence qui sied bien aux traitres.
Si, par ses rangs passés, par la tenue acquise via ce rang social perdu et si regretté, Samaël sut se contenir suffisamment pour dissimuler le frisson qui parcourut son échine, une de ses oreilles, traîtresse, tressaillit. C'était... un peu plus compliqué que ça. Il n'avait pas trahi lui, il... il avait été un symbole d'une armée rebelle, celui d'une dynastie déchue... avant de devenir ce prince maudit dont on ne devait prononcer le nom si on ne voulait pas appeler sur la cité son fantôme vengeur.
Mais avant, sans doute, que la princesse n'aperçoive cet instant de faiblesse dans le regard miel, sa voix dans l'écho d'une grotte à proximité provoqua la fureur d'une nuée de chauve-souris. Alerte, Samaël n'eut cependant que le temps de tourner la tête vers le fond de l'antre, oreilles redressées qu'un déferlement d'ailes noires submergea le duo.

Par dessus le fracas des ailes et des cris des chauve-souris, le mâle brun put entendre le glapissement de la louve. Il ne pouvait pas la laisser à la merci de la nuée, elle était fille d'alpha, princesse et même tout simplement jeune demoiselle en détresse. Samaël n'était pas spécialement galant mais il aurait été malvenu de la laisser prendre des coups. Parce qu'ils discutaient initialement, ils n'étaient pas si éloignés et le mâle brun put rejoindre la louve, se positionnant au dessus d'elle pour faire barrage. Il posa une patte sur l'encolure de la princesse pour l'inciter à garder la position adoptée.

« Gardez la tête baissée. »

Sa gueule n'est pas loin de son oreille, lui aussi courbé, la femelle sous son ventre, afin de subir le moins possible l'affolement dangereux de la nuée.
Il serra les crocs alors qu'il put sentir partout sur son corps l'impact des chauves-souris, le sang coulant le long de ses membres pour venir s'écraser par goutte au sol ou sur le pelage marbré de la princesse. Et malgré la volonté, il souffla bruyamment par la truffe pour contenir la douleur, pour supporter l'assaut, le passage de la nuée.

Samaël

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Haletant pour évacuer douleur et pression accumulée lors de l'incident, Samaël se dégagea tout de même lorsqu'il sentit le pelage d'Iris le chatouiller sous son agitation, libérant la louve. Il resta raide cependant, bien loin du guerrier au cuir épais, Samaël avait la peau fine et les chauve-souris ne l'avaient pas loupé. Chacune de ses griffures et coupures le laissait plein d'appréhension pour le voyage de retour, de toute évidence, il allait devoir passer chez les soigneurs une fois au camp. Il releva regard et oreilles vers Iris à son constat.

« Il semblerait. »

S'il lui répondit d'un ton neutre, bien que les crocs un peu serrés, la situation agaçait le mâle brun. C'était une erreur stupide, ils n'auraient pas du passer si proche des grottes à cette heure de la journée quant à Iris... elle avait au moins appris qu'on ne hurlait pas à l'entrée d'une grotte. Ceci dit, Samaël n'était pas vraiment en colère non plus. Il accepta volontiers son aide proposée alors qu'il passa en position assise non sans une grimace.

« Je vous remercie. »

Le mâle brun tiqua un peu au comportement nouveau de la louve, aurait pu s'attarder dans une autre situation à cette naissance de timidité adolescente mais à cet instant, son esprit était bien plus centré sur le sang coulant de sa peau déchirée.

Spoiler:

Samaël

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Samaël profita de l'absence d'Iris pour constater de lui même les dégâts. Ce n'était pas des blessures graves, ça n'aurait pas peu l'être véritablement avec de simples chauve-souris mais elles étaient nombreuses et c'était ce qui était le plus problématique. Tout un tas de petites déchirure avaient ensanglanté son pelage brun et étaient tout un tas de petites raisons qui justifiaient une visite obligatoire chez les soigneurs en rentrant. Il soupira, en plus de la traversée retour du bras de mer qui séparait l'île du continent, les prochaines nuits également risquaient d'être fort peu agréables.

Iris finit par revenir, avec des feuilles. Évidemment, des feuilles. La petite bande de lin que gardait le mâle risquait de faire, il allait devoir accepter de se voir nettoyer les blessures avec un bout de flore sauvage.

« Merci. »

C'était rudimentaire – il n'y avait pas d'autres mots – mais avec ce qu'ils avaient, c'est ce qu'ils auraient de mieux. Samaël se laissa faire, laissant la louve effectuée les premiers soins. Il put sentir un certain savoir faire, la princesse avait déjà été formée à ce genre d'exercice, au moins elle ne lui fera pas plus de mal que ce que le mâle brun avait déjà subi dans la journée. Il nota cependant une certaine timidité muée en un inconfort chez la louve, lui faisant relevé un sourcil.
Il  quitta la position assise à sa question.

« Oui rentrons, si les blessures ne sont pas graves en soit, elles sont nombreuses. »

Samaël ne  risquait pas sa vie, loin de là mais son endurance subissait sa propre résistance à la douleur. Il commença à prendre le chemin du retour.

« Si vous ne vous sentiez pas à l'aise à vous occuper de mes blessures, vous auriez pu me laisser le faire moi même. »