Autonomie · Prudence

Jamais encore on l’avait qualifié de chevaleresque. Ça l’amuse Prudence.

« — Oh la plus chevaleresque ? Voilà qui me plaît ! »

Entre ses griffes elle saisit une mèche blanche souillée de brun.

« — Je crois bien ne pas pouvoir rivaliser avec ta chevelure… quoique maintenant qu’il y a un peu de boue dessus… »

La Licorne s’éloigna d’un pas, observant un instant les alentours avant de ne rapporter son attention sur Séléné.

« — Est-ce qu’on poursuit la balade ou son altesse souhaite rentrer pour un brin de toilette ? »

Toutes les options lui convenait à Prudy.

Il est vrai que Prudence possédait une sacré crinière en comparaison… C’est parti pour une reprise de la progression dans ce cas !

« — Poursuivons alors ! »

Pour le moment rien de plus que l’odeur des fleurs.
Et une flaque.
La Licorne fléchit ses pattes pour laper doucement la surface. Faut dire que marcher autant ça assoiffait pas mal !

Un frisson qui parcoure le corps de la Licorne en voyant le crâne. À la question, elle gonfle son buste avec une certaine fierté.

« — Oui ! Je me suis absentée plusieurs mois par-delà les monts célestes pour explorer et observer quelques spécimens. C’était très enrichissant. »

Une nouvelle excursion ça l’intéresserait. Un nouveau lieu où l'on trouverait mieux que quelques pauvres flaques... parce que visiblement c'était tout ce que les champs mystiques voulait leur offrir.

Criminel ? Voyez-vous ça. C’était un voyage qu’elle avait effectué assez jeune, pour se créer des souvenirs et découvrir à quoi ressemblait le monde par-delà les frontières connues. Cela lui semblait bien loin à présent. L’envie de créer de nouveaux souvenirs d’une aventure quelconque la séduisait de plus en plus.
Un sourire mystérieux vint étirer ses babines.

« — Il y a avait un clan qui vivait dans des marécages, dans des sortes de petits cabanons construits juste au-dessus de l’eau. Je ne me suis pas trop attardée auprès d’eux, je passais juste pour échanger quelques cristaux à un marchand contre des objets et parfois quelques vivres… ils mangeaient principalement des poissons et même des serpents, tu te rends compte ? »

La Licorne se pencha à l’oreille de son amie.

« — J’en ai vu plusieurs s’intéresser de très près à Peter… »

À deux griffes de passer à la casserole le reptile…
Les yeux mauves suivirent le papillon de brume des yeux et un frisson parcourut tout le corps de Prudence. Par réflexe, elle eut un léger mouvement de recul.

« — Mieux vaut laisser les papillons tranquilles… »

Pour leur sécurité.
Bon est-ce qu’elle pouvait trouver quelque chose de mieux qu’un papillon fantôme ? Oh visiblement non. Inclinant l'avant de son corps sur le sol, la cornue observa l'insecte.

« — On est à côté d'un nid si ça se trouve... »

Ce sont des questions intéressantes, même si Prudence n’a pas vraiment de réponse. Faut dire que si il n’y a pas de bestioles, pas grand chose ne l’intéresse… encore moins l’architecture.
Prudence se montre pensive un instant.

« — Je ne me suis pas vraiment intéressée à ça… mais certaines habitations étaient un peu plus hautes que d’autres, peut-être qu’ils se réfugient dans celles-ci quand le niveau de l’eau devient trop important ? »

Ils semblaient assez débrouillards.
Prudence suivit la louve étoilée, mais peut-être qu’aller plus loin n’était pas la meilleure des idées au final… Sa gueule s’ouvre en un « o » admiratif fasse à la créature. C’était encore quelque chose d’inconnue à son bestiaire. Une panthère avec six pattes, en voilà quelque chose d’inédit ! La queue nattée balaie doucement le sol, alors que la Licorne s’apprête à sortir son carnet pour esquisser un croquis… avant de voir la réaction de son amie.
Oh. Prudy avait tendance à oublier que certains n’étaient pas forcément à l’aise face aux prédateurs. C’est donc presque à regret que…

« — … viens on s’en va. »

(lancé de dé)