Il n'avait plus compté les jours depuis son réveil. Il n'avait pas regarder, les lunes et les soleils se lever. Et pourquoi faire? A part se dire que le temps qu'il prend à se remettre, c'était du temps perdu. Le mâle soupire, même pensé à tout ça, il ne pouvait pas, car tout simplement il préférait oublier tout ce monde qui l'entoure le temps d'un instant. Le temps d'une balade quoi, c'était pas la mort..
Le mâle, aussi doué qu'un manchot, avance sur la plage, la tête totalement dans les fesses. Ce qu'il faisait froid d'ailleurs, depuis qu'il était remonté, ce qu'il se les gelait putain. La saison froide était déjà là.. Un frisson parcourt son dos, redressant sa crête sur son dos qui lui donne douleur à la colonne. Un temps le prit, ou il dû se concentrer pour rabaisser, et tenter d'apaiser le tout. Bordel...
Le temps qu'il grimaçait comme un con, un bruit fait tourner sa tête vers des rochers, des rochers qu'il connaissait si bien... et qui, d'un coup, lui rappelait quelque chose. Chimaera redresse la tête, en essayant d'oublier sa douleur, un sourire fend sa gueule dans un sourire franc et heureux. Son bateau chéri, son amour, son ami, son compagnon. Aussi vite qu'il le pouvait, il se ruait vers les rochers ou il entendait la voile se dresser et se baisser.
Petite Crevette fantôme se retirait de sa cachette pour venir accoster à la plage. Quel bonheur de le retrouver toujours là, intact. Enfin, presque. Le temps avait rendu le tout un peu gris, fort heureusement, il n'était en rien cassé, ni même écorché. Juste, un bon nettoyage.
Le mâle se rue, impatient de monter dedans, impatient de partir. Jusqu'à ça.
Un cri.
Le mâle s'approche, lentement, les crocs à découvert. Sa tête se penche au-dessus, pour fixer le tas de rejets de la mer. Algues, poissons, crustacés, tout ça bien entendu morts, à l'odeur répugnante. Mais le pire, c'était les mouvements, rendant le pirate curieux, mais aussi furieux..
Le loup grimpe sur le bord du bateau, lançant des injures par la douleur et se mit à trifouiller sous le tas de plantes marines. Puis, une tête se montre, une petite gueule à crocs qui s'ouvre pour se refermer sur la patte du pirate qui, par réflexe, la retire. Putain, mais c'est quoi ce truc?
Le capitaine contourne le bateau, pataugeant dans la mer en revenant à la charge. La petite bête, le fixe, du moins, de son œil encore valide visiblement... Et le mâle ne pouvait pas, ne pas remarquer cet air ridiculement apeuré.
"-Cesse de montrer les crocs machin! En deux deux, je te fais voir les fonds marins!" Il soupire. La bête semblait vénère, l'approcher risquait une morsure. Et pourtant, il devait dégager de son bateau. C'était SON bateau.
Alors il s'assit, et réfléchit. Puis s'en va.
Quelque heures plus tard, il revint avec une sorte de vieille couverture pliée sur le dos (volée à son père sans doute), il avait avec lui un os taillé coupant entre les crocs. Machin était encore là, à crier son désespoir. Encore et toujours ce regard furax sur la gueule.
Chima pose le couteau dans le bateau, et la couverture sur le bord. En premier lieu, il fallait dégager ces ordures de son embarcation. Alors, avec les pattes, il retire le plus possible. Carcasses, vases. L'objet, ou plutôt, l'animal central, était enfin plus clair. Chima attrapait la couverture, et, après un dernier coup d'œil, la balançait sur la gueule de la loutre. Celle-ci se débat, crie, le mâle grimpe sur son bateau, et pose ses pattes antérieures sur lui, le temps qu'il se calme, le bloquant..
Après de longues minutes, la loutre ralentit, jusqu'à immobiliser totalement. Épuisée. Il enlève la couverture, et avec précaution, prend l'os coupant et sectionnait les algues serrer, petit à petit en gardant un œil à la bête.
Une fois qu'elle fut libérée, celle-ci eut un mouvement vif, prête à fuir dans la mer, mais, épuisée, elle ne pouvait même pas sauter. Retombant sur le sol du bateau. Chimaera lui, restait debout, à la regarder, blasé.
De longues minutes, elle ne bouge pas. De longues minutes ou elle lui jette des regards si étranges. Le sang sur sa gueule, signe d'une défense, montrait sa souffrance.. Chima reste sans bouger, jusqu'à souffler.
Finalement il mit la couverture sur le bateau pour faire toit, laissant la bête seule, à l'abri des oiseaux et quittait le bateau.
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Le lendemain, il revint, elle était toujours là. Dans la même position, mais encore plus fatiguée. Son poil était terne, un peu dégarni, sa blessure, toujours suintante. Allait-elle abandonner la vie? Pas ici... il espère. Pas devant lui, il n’aimait pas les lâches.
Chimaera prit la journée, pour l'observer. Peut-être qu'elle aurait un regain d'énergie, une étoile de survie brutale. Et il attend, encore et encore, mais rien, elle ne bouge toujours pas, juste parfois ou elle renifle le bois blanc.. Sans doute signe qu’elle cherchait à manger? Boire? Mais quand il tente une approche, elle claque des mâchoires, menaçante. Finalement, il prend congé…
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Le jour d’après, cette fois, il revint, décidé à tenter une autre approche. Dans sa gueule, des poissons frais, choper à son père, encore une fois. Ce n’était pas ça qui manquait dans la tanière du vieux de toute façon. Pendant de sa gueule, une corde, qui au bout tenait un petit tonneau plein d’eau potable. En fin de matinée, ou le soleil tapait un peu plus, il enlevait la couverture de protection pour offrir à la bête de la chaleur, et glissait les poissons frais dans le bateau. Ne manquant pas de remarquer par la même occasion, que son bateau était toujours autant répugnant. Un frisson le prend, il fallait réellement qu’il le nettoie..
Un mouvement attire cependant son regard. La loutre se redresse lentement, reniflant la nourriture pour en tirer un peu par la queue. Elle grignote, surveillant le loup. Lentement, il pose le tonneau d’eau, se retirant. Elle va boire. Finalement, de l’espoir elle en avait encore tien.
Chimaera laisse la bête manger en paix, la laissant boire, et puis, elle va se recoucher. Le mâle prit congé encore une fois, refermant la couverture pour cacher des prédateurs. Pendant plusieurs jours il revenait avec de la nourriture et de l’eau, une pointe de joie de voir la loutre reprendre des forces chaque jour. Et quand il sentit que ce serait le bon moment, tentait de se rapprocher.
La bête se laissait faire, même si un peu méfiante. Il pouvait enfin la toucher, sans qu’elle ne morde. Satisfait, il en profitait pour aller faire des soins de premiers secours à l’oeil de la bête, même si cela laissait une grosse cicatrice. Elle semblait si soulagée, un peu endormie par les graines écrasées dans le ventre d’un des poissons.
Étrangement, Chimaera voyait en cette squatteuse, une image de lui. Blessée par un plus gros que soit, obligée d’avancer par l’aide d’un autre, reprendre vie, avancer. Faire confiance.
Cela avait été long, cela avait été dur, mais finalement, le travail était fait. Il pu même à un moment la prendre dans sa gueule pour la mettre un peu dans la mer et la laisser barboter le temps que lui, nettoie son bateau.
Finalement, elle revint, une fois que tout était propre. Connasse de loutre.. Elle ne se cachait même plus, et venait jusqu’à gratter aux pattes du loup de la bouffe. Les jours suivants, elle avait même quitté le bateau, pour le suivre jusqu’à la plage. Chimaera, ne s’occupait pas d’elle. Enfin, jusqu’à retrouver un vieux tissu de raeder rouge, abimé, qu'il prit soin de mettre à la loutre pour le fun. Lui allait si bien, il lui laisse.
Finalement, bouffonne, profiteuse, casse-couille, elle méritait bien le foulard… Une vraie Raeder maintenant.
"Voici Tête de Couille"
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