Elle est merveilleuse - Iris

C'était pour ça, alors, ces sentiments qu'il pouvait parfois saisir chez sa soeur.
C'était pour ça, peut-être. Avec le temps, ils étaient presque devenu des inconnus et il ne pouvait plus être certain de rien. Par principe, et par ce qu'il la savait imprévisible, en plus d'être proche de Maman -plus qu'il ne l'était-, Iberis préférait se méfier d'elle.
C'était pour ça, aussi, qu'il ne s'était jamais confié sur ce qu'il éprouvait pour Miraj, lorsque Nirvana avait connaissance de sa liaison avec une solitaire.

Mais soit, les choses étaient différentes désormais et Iris savait.
Curieusement, Iberis s'était inquiété de ne pas la voir exploser. Ce n'était pas elle... Il lui semblait.
Et maintenant, il n'avait pas plus confiance.

C'était pour ça, qu'il venait la trouver, l'expression sérieuse.

- Bonjour Iris. Je ne passerai pas par quatre chemins : Je sais que tu sais, que je suis marié.

A la plus charmante des femmes.

Iris pouvait bien porter le plus parfait des masques d'indifférence, elle ne pourrait cacher ce qu'elle ressentait à celui qui avait toujours eu le pouvoir de saisir ces choses là.
Il fut un peu plus inquiet pour sa Miraj, et rassuré en même temps par ce que sa soeur lui... promettait ?
Il soupira.

- Sois en remerciée. Elle l'apprendra, bientôt, lorsque je serai prêt. Car cette nouvelle ne lui plaira pas plus qu'à toi, je le sais.

Cette situation le rendait triste, un peu, et lui donnait davantage le sentiment de ne pas être à sa place, chez les Etelkrus. Oh, il aurait pu travailler sur cela, se brider, dans ses envies, pour se conformer à ce que l'on souhaitait faire de lui mais... Mais c'était si frustrant et c'était, surtout, se passer de bien belles choses que l'on découvrait au delà des frontières.

- Elle est merveilleuse, tu sais ? J'aime chaque instant passé en sa compagnie. Il me tarde de découvrir l'instant où je pourrai marcher à ses côtés sans que cela ne suscite la moindre réaction négative.

Il soupira, encore, impacté par l’amertume et tous les autres sentiments qu’il pouvait sentir chez sa soeur et, évidemment, peiné par son rejet.
Il s’était peut-être attendu à quelque chose de bien mieux, que ce secret les rapproche, qu’elle comprenne à quel point Miraj pouvait être importante pour lui et qu’elle le soutienne. Il l’avait espéré, au moins : Mais la vérité était tout autre et, justement, peut-être qu’Iris ne valait pas mieux que les autres.
Le dialogue était rompu… Il n’avait même jamais eu lieu.

Iberis se redressa.

- Fort bien. Ce n’était pas seulement une question d’intimité. Mais soit : Nous ne sommes visiblement pas faits pour nous entendre, toi et moi. Tu n’as qu’à rejoindre tes si précieux amis, et m’oublier.

Il haussa les épaules.

- Je vais rejoindre ma femme durant quelques temps, ou peut-être pour toujours, qui sait ? Au moins, elle, fait preuve de compassion.

Vexé et déçu, il tourna les talons.

Se souciait-on enfin de sa personne, autrement que pour le réprimander ?
La lueur d'espoir fut ravivée, un peu, et Iberis daigna s'arrêter afin de laisser sa sœur le rejoindre, et écouta ses paroles.

Qu'elle était sotte, Iris...
De penser qu'il la détestait.

- Je ne t'en veux pas d'avoir des amis, je ne les apprécie pas, voilà tout. Tout comme tu n'apprécies pas celle que j'aime, je le crains et le regrette. C'est ainsi.
Pour ce qui est de la tranquillité, je n'aimais pas lorsque tu m'attendais au retour de mes promenades pour me demander ce qu'il en était, je me suis senti... Pris dans un étau. Il y a une grande différence, entre me surveiller et m'ignorer.

Les deux ne lui plaisaient pas, mais l'entre deux ne pourrait que lui convenir.

- Je ne t'ai jamais détestée. Il est vrai que certains moments ont été plus conflictuels, mais je ne t'ai jamais détestée. Par ailleurs, je ne suis pas venu ici pour te menacer de quitter le clan ! Il me plairait de ne pas avoir à en arriver à ce point. Il me fallait m'assurer que Miraj n'aura pas à souffrir de notre relation. Je l'aime vraiment et serais bien malheureux si ce devait être le cas.
Je n'ai jamais essayé de te manipuler, ni de te traiter comme une enfant. Je dois reconnaître que tu es bien plus forte que je ne le suis.

Il pointa de la patte ce glowstick rouge, flamboyant, qu'elle arborait fièrement... Lorsque l'on ne pouvait admirer, chez lui, la moindre lueur flatteuse.

Il s'était peut-être tompé.
Elle n'était peut-être pas si forte que ça, Iris, malgré son glowstick rouge. Elle savait se battre mais, ce qu'il se passait dans sa tête, dans son cœur, demeurait si fragile. Il le ressentait et Maman les avait sûrement remarquées aussi, toutes ces peurs et toutes ces incertitudes.
C'était pour cela, qu'elle la protégeait.

Mais lui ne pouvait pas comprendre cette peur, toujours présente, de le voir disparaitre.

- Elle ne m'enlèvera pas, voyons.

Elle ne devait pas faire la moitié de son poids, sa frêle petite femme : Alors comment pourrait-elle l'emmener, hein ?
Laissant cette plaisanterie (sûrement d'un bien mauvais goût) dans un coin de sa tête, Iberis s'approcha de sa sœur.

- Elle est ma femme et je l'aime sincèrement. Mais tu es ma soeur et, même si tout n'a pas été facile jusqu'à présent, j'ai envie que l'on prenne un meilleur départ, toi et moi. Je t'aime, Iris, je n'ai pas envie de te laisser derrière.