[Pv.Nirvana] A propos des espadassins

   

Seul, il sortit de l'eau.

Reconnaissable habillé de son bracelet d'un fil de toile et d'une perle, il trottinait énergiquement le long de la plage. En bien meilleur état et réveillé que lors de son départ, il fallait croire. À retourner le sable, il tapota du rostre ce qui ressemblait à un coquillage et tenta de le grignoter. Mais puis-ce qu'il était vide, il le lâcha avec un petit regard mouillé.

La patte effleure les pans de murs de la grotte, redressant un coquillage qui n’était plus droit ou tout simplement pour nettoyer les perles. Nirvana s’efforçait à chaque visite d’apporter le plus coquillage qu’elle trouvait lors de ses marches ou les perles dénichées au cours de ses plongées.
Rien n’était assez beau pour sa déesse.
Rien ne le serait autant que la Renarde.
En fredonnant doucement, Nirvana observa la lumière orange se reflétait sur les murs, sa queue courte remuant doucement.
Et quand elle jugea en avoir fini, elle quitta le temple, pour se diriger vers la plage.

Le regard se pose directement sur le poisson loup, avant d’étudier les alentours, pour vérifier si il était seul.
Et l’attention se porte de nouveau sur l’hybride.
S’attardant sur le bracelet à sa patte.
Nirvana s’approcha avec des gestes lents, même si ce poisson-loup était bien moins craintif que ses comparses. Avisant le coquillage vide, la louvette chercha dans le sable humide un petit trou, venant poser une patte juste à côté pour en faire ressortir un peu d’eau. Oui, il y avait bien quelque chose.

« — Cherches les trous dans le sable, puis… »

Nirvana creusa, enfonçant ses petites griffes au plus profond dans le sable, jusqu’à sentir comme une entité pierre entre ses coussinets. Elle leva au niveau des yeux de la créature une palourde avant de la tapoter sur le rostre.

« — …Essayes de l’ouvrir. »

La disciple de Dairo se recula d’un pas après avoir laissé aux pattes du poisson loup le coquillage, observant son comportement.
Ayant toujours besoin de s’occuper, ses griffes dessinaient des motifs dans le sable, son regard toujours rivé sur la créature.

   

La présence de la louve fit réagir l'espadassin, qui se mit à faire des petits bonds sur place. Il accourut presque, et observa attentivement ses gestes pour attraper le coquillage dans le sable. Les yeux brillants et alertes, il se dressa pour l'attraper dans sa bouche sans dents. L'être usa de quelques pas de courses vers une pierre pour tenter de lancer vigoureusement la palourde dessus.

Face à l'échec cuisant il se retourna vers Nirvana et le bruit qu'il sortit cette fois, plaintif, sonna comme un...

« Ouin. »

Qui s'accompagna d'un retour sur la scène du petit regard mouillé.

Nirvana stoppa ses dessins dans le sable en voyant le poisson-loup tenté d’ouvrier de manière un peu brutale le coquillage. Hum… ce n’était clairement pas la meilleure des méthodes, enfin pas si on voulait éviter de se retrouver avec plein de morceaux de coquillages.
La disciple de Dairo récupéra le coquillage pour l’ouvrir à la place de la créature quand elle entendit le son qu’il laissa échapper.
Un froncement de sourcil.

« — C’est la première fois que vous faites ce bruit. »

Un bruit de gamin en train de chouiner. Peut-être que cela avait une autre signification dans leur langue…
L’Etelkrus s’approcha du rostre du poisson-loup pour d’un mouvement vif y glisser la palourde afin de sectionner les muscles qui en empêchaient l’ouverture. Elle la reposa aux pattes de l’espadin.

« — Là tu peux la manger. »

Au moins il saurait pour les prochaines fois que son rostre pouvait être utile.
Nirvana s’approcha de l’eau, laissant ses pattes se recouvrir doucement d’écailles. Le museau se tourne vers le poisson-loup.

« — Montres moi comment tu nages. »

Et elle effectue un bond pour s’immerger, ne laissant que sa tête dépasser. Déjà son corps a adopté l’apparence aquatique qu’elle s’efforçait de cacher aux siens.
Mais avec les poissons-loups, elle n’avait rien à cacher.

   

Lorsque Nirvana ouvrit le coquillage, la joie revint à l'espadassin. Qui d'un bruit, sembla s'exclamer :

« Miam ! Manger. »

Il dévora bien sûr, le coquillage en deux mouvements. Il suivit des yeux où sa nourricière se rendit, à la fois l'air curieux et déçu. Mais ce ne fut pas une expression qui dura, il semblait changer d'humeur comme de chemise, s'il eut été possible pour lui d'en porter une.

« Nager ! »

Il accourut cette fois pour de bon, planté dans l'eau à la vitesse de l'éclair.
Pour s'enfoncer dans les profondeurs et ressortir à une vitesse phénoménale juste après. Il était, de toute évidence, très à l'aise et très rapide. Il tapota même Nirvana du bout du rostre.

« Ouin. »

Il n'était pas triste à ce son, pourtant.

Celui-ci parlait.
Nirvana ne put cacher un certain étonnement, mélangé à de la curiosité. Parce que depuis le temps qu’elle s’intéressait à eux, jamais encore mot ne fut prononcé de leur part. Le poisson-loup s’exprimait par des mots simples, détaillant chaque action qu’ils effectuaient.
Comme un enfant.
La disciple de Dairo réfléchissait à comment parler sans que ce ne soit trop complexe, un peu comme avec le solitaire géant. Déjà dans l’eau, le poisson-loup très enthousiaste à l’idée de nager. Elle fut surprise de sa vitesse. Même en étant à l’aise et avec une apparence semi-aquatique, elle ne se montrait pas aussi rapide. Le son du début est émis une nouvelle fois, mais l’intonation est différente.

« — Ouin ? »

Le ton est curieux.
L’Etelkrus tapota sa patte sur son buste.

« — Nirvana. »

Doucement, elle vint toucher le poisson-loup.

« — Toi ? »

La sirène l’observa attendant sa réponse.
Plongeant à son tour, elle étudia le corps de l’espadin dans le milieu aquatique. Une chose qu’elle n’avait pu faire jusque-là.

   

Il sembla patienter, mais à la question, retourna chercher à toute vitesse un coquillage qu'il apporta à Nirvana.

« Ouin. »

Regard entre le coquillage, puis la louve.
Coquillage.
Louve.
Ainsi de suite.

La seconde question le laissa sans vocabulaire, juste un air bête.
Celle d'une créature qui n'avait pas compris.

Nirvana se saisit du coquillage, l’examinant brièvement. Un bulot. Rien d’exceptionnel. Le vocabulaire semblait cruellement manquant à cette espèce. Peut-être étaient-ils dénués d’esprit ?
Certains diront qu’ils ne sont bons qu’à manger.
Ils ne sont simplement pas doués pour communiquer.
La disciple de Dairo conserva le coquillage, avant de plonger un peu plus profond, peut-être que le poisson-loup serait meilleur chasseur. Essayant de faire comprendre son intention, Nirvana fit claquer sa mâchoire à proximité d’un petit poisson trop curieux. Sa truffe s’approcha des récifs à la recherche de crustacés. Un crabe pouvait faire l’affaire.

Observant le trou avant d'y plonger sa patte, Nirvana essaya d'attraper une pince du crabe pour le faire sortir.