[Dans la TL, se situe le lendemain du retour d'Umaïma chez les Nakhus
EDIT: Uma est enceinte dans ce topic, mais l'ignore]

La croque-mort ne pouvait plus repousser l’inévitable.

Elle usa, peut-être pour la dernière fois, de son maquillage magique devant son miroir doré, tentant de recréer sa plus belle œuvre à ce jour. Entre les cils allongés à la perfection, son coutour de joues brillant et ses ongles à présent argentés, elle se devait d’être d’une apparence parfaite au détail prêt.

Loin d’être satisfaite - car Uma était toujours aussi dure envers elle-même, elle se devait d’en finir avec sa transformation avant que le soleil ne se couche. Elle soupira, posa un tissu sur son miroir afin de dissimuler son reflet qui la hantait. Elle devait y aller, car elle ne pouvait plus ignorer l’appel de sa déesse, de plus que la lueur de son glowstick semblait briller d’un lueur particulière aujourd’hui, à moins que la femelle se fasse des idées et qu’elle devenait de plus en plus parano…

Le cœur gros, laissant ses pas la guider comme si elle était en plein rêve, elle était partie en plein milieu de journée, un seul objectif en tête pour aujourd’hui, celui de mettre les choses au clair avec sa déesse.

Entre sa résidence inattendue chez les Nakhus et l’intense réunion de son clan avec les pirates et les Etelkrus, Uma avait jugé qu’elle se devait d’attendre une journée plus calme pour passer à la Roseraie, afin d’être à cent pour cent présente pour sa divinité… encore une excuse pour remettre son rendez-vous à plus tard. Il était fortement probable que Moiro n’appréciait pas être mise de côté, après tous les jours à présent écoulés… ce qui expliquait avec raison pourquoi l’anxiété de la blanche augmentait de plus en plus. Autant qu’Uma avait hâte de reposer ses yeux sur la plus belle créature sur terre qu’il lui avait été de voir, elle avait aussi peur des répercussions que cela allait entraîner pour elle. Allait-elle être grondée, rejetée… tuée ? Elle ignorait les limites que les dieux détenaient vis-à-vis des mortels… mais quelque chose lui disait qu’elle n’était qu’un pauvre moustique face à la rose et qu’elle allait devoir se plier à toutes éventualités.

Elle repensa à la protection que lui avait conféré Earle, doutant à présent que cela allait faire une quelconque différence, autre que d’agacer Moiro profondément… avait-elle raison de penser cela ?

« … Je, je suis de retour. », dit-elle dans un souffle.

C’était une introduction merdique, mais elle avait au moins enfin brisé la glace. Elle regarda les environs, prête au moindre signe de changement dans l’environnement.

« Je voudrais seulement dire av-avant tout, que je n’ai pas oublié ce que vous m’avez dit le jour de mon épreuve, et-et que je vous respecte énormément… le fait d’avoir été bénie par votre magie… est la meilleure chose qui m’a été de recevoir. J’espère que malgré mes actions qui peuvent avoir été perçus comme… révoltantes…  j’ai pu… vous rendre fière, d’une certaine façon… par mon… intervention ? »

Elle pensa à la serrure qui était la même exacte teinte que celle dont elle arborait, cela n’avait pas été un signe ? Un signe que seuel l’intervention de Moiro pouvait résoudre le problème et d’ainsi enfermer une immonde créature pour l’éternité ?

« Je ne pourrais vous mentir en disant que je regrette ce que j’ai fait, car je ne me suis jamais senti aussi… puissante, alors que le danger arrivait derrière nous et que mes pattes se sont mises à bouger et à créer. »

Uma cessa de parler, la peur au ventre. Elle se pencha, offrant sa révérence, offrant son âme et sa reconnaissance à la déesse.

Il ne lui restait plus qu’à attendre le verdict.

Le vent se mit à rugir, tandis que le vent devint violent… tout cela, en quelques secondes.

Uma retient son souffle, alors que son poil blanc se redresse et son rythme cardiaque est de plus en plus rapide. La déesse n’a encore rien dit, elle n’est même pas encore présente, que la louve sait déjà que cela annonce rien de bon. Finira-t-elle entre les dents du tigre ?

Puis, la voix de Moiro retentit dans le temple, venimeuse. Elle ne mâcha pas ses mots, et chaque syllabe retentissait dans les oreilles de la croque-mort comme des coups de marteau.

« Je ne puis tolérer cela. »

Umaïma osa enfin relever le regard, afin de faire face à sa déesse. Si elle se faisait punir, autant l’assumer jusqu’au bout... et comme si Moiro avait lu dans ses pensées, elle vint tout près d’elle, tenant sa tête fermement par sa large patte rose. Elle sentit le museau de la femelle près de son canal auditif : il n’y avait aucune chance qu’elle ne puisse pas entendre le reste de son monologue.

Sa sentence : elle était devenu maudite, une moins que rien aux yeux des autres. Plus aucuns sons qui allaient sortir de sa bouche allait être perçu comme des paroles véritables.

La réalisation de cette malédiction a à peine le temps de se rendre à sa cervelle qu’elle ressent une brûlure profonde sur son œil.

Allait-elle perdre la vue en plus ?!

La silhouette rose s'éloigne, mais elle ne semblait pas encore avoir fini de parler, bien qu'Uma n'en pouvait déjà plus... La terreur de Ceto semblait tellement bénigne face à ce qu'elle vivait en ce moment, surtout qu'elle en était particulièrement la cible dans ce cas-ci.

« Tu viens de maudire cette vie insignifiante qui se développe en ton ventre. »

Uma hoqueta, l'envie de vomir lui monta dans la gorge. Comment avait-elle été aussi stupide, de montrer ainsi son nez ici, alors qu'elle n'était pas la seule en jeu dans cette histoire ? Comment... ne s'en était-elle même pas rendu compte avant maintenant ?!

La bonne nouvelle avait été salie par les évènements, par la peur de mourir et le dégoût que lui partageait la déesse. Uma n'avait pas le temps de réagir plus que cela à cette annonce, car son futur ne tient plus qu'à un fil à présent. Moiro lui signale de déguerpir avant de disparaitre, ce que la nakhu fait sans hésitation. Le rugissement du tigre la fait crier d'horreur, alors que ses muscles la propulse la plus rapidement possible hors de l'île. Alors qu'elle court, son bijou rose se détériore.

Elle ne regarde pas derrière elle, n'osant pas jouer avec son destin encore une fois. Elle se devait de protéger ce qu'il lui restait, la vie qui grandissait en elle.

La vision humide de larmes, la louve plonge dans l'eau, devenant qu'un petit point insignifiant dans l'horizon.