Vie solitaire [Libre]

FEATHER, EMILITIA => En vivant parmi les solitaires, Emilitia fait partie des individus qui ont le plus souvent un contact direct avec la liberté. Elle n'est cependant pas totale pour autant, n'est-ce pas ? Entre les frontières invisibles qu'il faut néanmoins parfois respecter par sécurité, les contraintes de la vie dont il faut s'occuper par soi-même plutôt que de pouvoir se reposer sur d'autres... Arrive-t-il à la louve de se demander si elle n'aurait pas préféré, si le cours des choses avait été tout autre, rester au sein des Raeders pour troquer sa liberté d'appartenance et de mouvements pour un autre type d'affranchissement ? Peut-être est-ce cette réflexion qui mènera ses pas au Gouffre aux Rapaces dans l'optique de voir de ses propres yeux ce Refuge dont elle a entendu parler et y voir une façon encore différente d'aborder la liberté des solitaires : celle de s'entraider, aussi, sans contrainte aucune. Ne serait-ce pas l'occasion de rencontrer l'un des réguliers du Refuge pour se montrer curieuse sur leur mode de vie ? (600 mots minimum)

Emilitia

« Drippir, est-ce que parfois ta nuée te manque ? ...Oh, c'est peut-être une question que j'ai déjà posé. »
« C'est même une question que tu poses régulièrement. »

Le démon avait raison, Emilitia le concevait et pourtant, même si elle connaissait la réponse, elle continuait à la poser encore et encore, parce que ce n'était pas tant à l'insecte qu'à la louve qu'elle s'adressait sans doute en réalité.
Est-ce que la présence de tes semblables te manque Drippir ? Oui, tu l'as déjà dit tant de fois. Et à elle, est-ce que ça lui manquait ? Il y avait pourtant toute ces rencontres faites jusqu'ici. C'était bien différent pourtant, la quasi totalité n'avaient été qu'un enchaînement d'instants éphémères.

Parfois, elle s'arrêtait quelques instants, se laissant distraire par cet océan par delà les montagnes que l’horizon avalait. Ses pensées n'allaient pas tant vers un désir de voyage, de volonté de partir loin d'ici, cette liberté Emilitia l'avait déjà tout comme elle l'avait déjà expérimenté. Sans sa mère, elle n'avait plus eu aucune attache sur ces terres que celle des souvenirs. Parfois la louve imaginait une tournure différente des choses, de sa vie. Que serait-elle devenue si la louve blanche n'avait pas si vite disparue ? Serait-elle restée Raeders ? Pour elle peut-être... mais Emilitia n'avait jamais développé d'affection pour eux, déjà solitaire à l'âge de l'enfance au milieu d'une meute, faute à la tendance surprotectrice de sa mère. Elle avait si peu interagi avec eux, son souvenir ayant sans doute disparu avec celle qui avait pourtant été considérée comme Capitaine. Quand à l'Océan... Emilitia n'avait jamais eu grande affinité avec lui ou aux histoires racontées à ce sujet, appartenant déjà à un autre monde. Il était assez aisé et amusant de constater à quel point la demi-démon n'aurait jamais pu, même avec un autre scénario, devenir Raeders alors même qu'elle était née d'une louve si attachée à ce groupe.
Ce n'était pourtant pas une soif intense de vie sans frontières et contraintes des autres qui poussait la louve noire à demeurer solitaire. Elle demeurait louve, à demi, la moitié démon ne semblait pas non plus s'opposer à la présence d'autres.

Est-ce qu'elle lui manquait, cette présence ?
Parfois oui, il fallait sans doute l'avouer.

Il y avait bien la Demoiselle Rose, à la nature si semblable à la sienne, amie presque sœur si appréciée. Suffisamment différente pourtant pour ne pas être démon et par conséquence, sensible à la nécrose. La vie était si fragile, celle de la Demoiselle Rose était trop précieuse pour risquer de l'affecter, la demi démon gardait en mémoire l'aspect mort et stérile des alentours de cette faille devenue foyer. L'influence néfaste de son être était ce qui la poussait à ne pas rejoindre de façon permanente quelconque groupe auquel s'attacher.

Emilitia n'était pas spécialement attachée à l'idée de liberté pure comme pouvaient peut-être le fantasmer certains loups de meute au sujet de la vie des solitaires, cette vie. Cette vie, elle la connaissait bien, savait ses défauts. Débrouillarde pourtant, chanceuse sans doute également, la louve noire n'avait jamais souffert de ce quotidien sans aide apportée, Drippir n'en étant définitivement pas une. Ce mode de vie ne lui déplaisait pas non plus, elle s'en satisfaisait grandement.
Mais toujours il y avait des manques ici et là, l'ennui s'installait. C'était le plus grand désavantage, celui qui poussait à être curieuse, celui qui demandait à taquiner quelques interdits.
Lui même qui rappelait lors de ces journées trop vide, ce lieu évoqué lors de conversation. Un refuge pour si un jour elle avait besoin d'aide ou un toit, ce n'était pas vraiment le cas, Emilitia avait surtout besoin d'un tue-l'ennui. Alors la solitaire noire était descendu de ses montagnes en cette journée nuageuse de printemps pour traverser ces plaines connues mais relativement peu fréquentée  jusqu'à quelques falaises isolées jamais explorées. Rapidement, l'odeur mélangée de plusieurs loups lui parvint sans pour autant déceler de véritables frontières comme aux abords du territoire Etelkru ou celui Nakhus. C'est peut-être ce qui rendit Emilitia plus prudente mais ne l'empêcha d'avancer, pas léger et nez en l'air vers l'ombre des falaises et sans doute, ce fameux refuge.

(693 mots)

Emilitia

Emilitia ralentit à l'approche d'une louve, finissant par s'arrêter pour se laisser rejoindre, oreilles pointées vers elle avec la naissance de la curiosité d'une nouvelle rencontre. Avant toute réflexions, la louve noire estima que la présence d'un merle sur l'épaule de l'inconnue n'était pas une bonne chose pour Drippir qui bien qu'il soit un démon, avait toute de même l'apparence d'un met appétissant pour tout potentiels oiseaux. Emilitia l'attrapa donc entre ses pattes pour venir déposer le démon entre ses épaisses mèches noires.

« Bonjour ! »

Dans sa voix, enthousiasme partagé mais de courte durée. Elle ressentit Emilitia, cette sensation désagréable d'opposition, de contrariété de son être même qui lui fit hérisser malgré elle les poils de son échine. Une impression de dérangement instinctif déjà ressenti lors d'une autre rencontre. Derrière les yeux du masque, observant l'inconnue, Emilitia fit le rapprochement. Si cette louve était beaucoup beaucoup plus petite – elle l'aurait presque confondu avec un enfant – que l'autre, les cornes minérales et le pelage brun était une similitude évidente.

« Oh ! Vous êtes comme une autre de mes rencontres. »
Malgré l'impression extérieure, aucune hostilité dans sa voix.
« Qu'était-elle déjà … … »
« Une licorne. »
« Oh oui ! C'est vrai ! »

Emilitia

Emilitia se rapprocha de quelques pas supplémentaires, ça ne calma pas son agitation, elle s'en serait douter. Si sa moitié démon réagissait mal au probable sang d'être pur qui composait l'inconnue, la moitié louve elle n'aurait pas voulu que la rencontre tourne à l'hostilité. Son pelage ne dégonflait pas pour autant même si sa voix gardait un certain enthousiasme. Au moins la petite louve brune ne semblait pas mal le prendre, ça aurait été chose fâcheuse.

« Oh peut-être ! Ce n'était pas ici mais dans les montagnes, je dois avouer que c'est la première fois que je visite cette partie des terres. »

Elle ne venait que rarement dans cette zone malgré qu'elle soit libérée de toute présence de meute.

« Je reconnais cette impression similaire, vous possédez un sang de licorne n'est-ce pas ? Celle que j'ai rencontré a dévoilé avoir sœurs et mère partageant même nature mais pas la même aversion pour les divinités. »

Celle-ci portait une lueur bleue, ce monde plus que petit était minuscule.

Emilitia

« Sans doute. »

Aucun nom n'avait été échangé lors de cette rencontre si proche de son antre, Emilitia ne pouvait que faire confiance aux hypothèses conclues par la petite louve aux informations données. Et cette idée semblait ravir l'inconnue dont la queue exprima sa bonne humeur.
Emilitia ce fut surtout cette rencontre nouvelle avec une louve spéciale à demi qui l'enthousiasmait bien que demeurait cette part d'elle même qui s'en serait bien passé.

« Oh ce n'est pas un don, un instinct plutôt je dirais. C'est comme lors d'une rencontre avec un ours ou un lynx par exemple, bien que cette rencontre peut rester courtoise, il a cette voix en chacun qui rappelle que nos natures profondes sont opposées. Pour ma part, c'est démon dont je suis à demi. »

Et la louve noire s'approcha encore malgré son pelage qui gonfle un peu plus à chaque au fur et à mesure que la distance entre elles diminue. Elle veut bousculer les choses Emilitia, par curiosité.

« C'est rare que ça soit cette part qui s'agite de la sorte, elle se sent si supérieur aux autres êtres habituellement. »
« Les démons ont cette tendance à l'orgueil. »
« Je sais, même les plus petits »