Rêvasser · Libre

De retour sur les abords du lac azuré.

Artémis aimait beaucoup cet endroit, elle n’aurait pas su dire exactement pourquoi. C’était un lieu frais, riche et agréable. Elle était d’ailleurs sortie de leur bivouac pour récolter des plantes.

Une besace accrochée autour de l’encolure, la chasseresse avançait de son pas tranquille et élégant tout en douceur, mais aussi terriblement concentrée. Elle ne marchait pas très vite, car elle se penchait toutes les cinq minutes pour récolter les fleurs de fenouil, brins de sauges, romarin, feuilles et fleurs de bouillon-blanc et Armoise.

L’armoise était une de ses plantes préférées. Elle avait un parfum agréable, mais était également utile dans de nombreuses préparations médicinales et ou rituelles. Absorbée par son travail, elle continuait de remplir sa besace tout en avançant.

Elle dénicha également des plants de lavande. Ce serait parfait pour préparer de quoi se protéger ou plutôt soulager les piqûres, mais aussi pour soulager d’éventuelles brûlures. Et l’odeur de la lavande avait toujours quelque chose de magique enfin pour elle. Cela lui rappelait beaucoup les cours de botaniques avec sa mère ? Et puis elle en portait toujours une branche dans les cheveux.

Son regard se perdit un instant dans le lointain, se faisant nostalgique avant de reprendre la cueillette.

Après quelque temps, la brune décida de faire une pause.

Redressant la tête elle s’aperçoit qu’elle n’est pas loin du lac. Parfait ! Elle va pouvoir se désaltérer. Elle entama un petit trot pour rejoindre le point d’eau mais à son approche une odeur inconnue la fit ralentir.

Sur sa gauche, une silhouette blanche et bleutée se découpe. Ce n’est pas le petit requin qu’elle à croisé le requin, il était beaucoup plus petit. Silencieuse, elle s’approche davantage et note qu’il s’agit d’une femelle. Elle ne souhaitait pas la déranger et encore moins l’effrayer, aussi, s’annonce-t-elle simplement.

« Bonjour ! »

Elle dépasse l’inconnue, et s’arrête sur la berge avant de s’abreuver de quelques gorgées d’eau fraîche.

Artémis finit d’étancher sa soif tandis que l’inconnu la dévisage sans retenue. Ça ne la dérange pas, elle a tendance à faire pareil. Elle relève ensuite la tête et s’essuie le menton d’un rapide mouvement de la patte avant de se parer d’un fin sourire et d’à son tour détailler son homologue.

Son pelage ressemble en partie à un ciel étoilé, c’est si prenant qu’on pourra se perdre dedans. Le reste est paré de blanc et surmonté d’une chevelure ondulée mêlant le bleu et le blanc. Tout à fait adorable. Ses bijoux sont fins et très élégants et ses yeux d’un bleu azuré profond. -Elle est belle- pense-t-elle automatiquement. Observation évidente, mais qui fait plaisir aux yeux, c’est indéniable.

La question de la bleue lui fait pencher la tête, puis le regard sur sa besace. Les herbes aquatiques ? Cela fait maintenant quelques jours que cela lui traverse l’esprit à chaque fois. Il faudrait qu’elle approfondisse ses connaissances à ce sujet. Elle avait eu vent de l’existence d’une bibliothèque, elle faudrait qu’elle voie comment s’y rendre… Et qu’elle en parle aussi à Al, ça l’intéresserait, c’était certain.

« À vrai dire, je m’y connais un peu en plante, mais les plantes aquatiques sont ma bête noire… Il faudrait que je m’y penche davantage, ça pourrait être utile. »

Elle fait une pause, penche la tête en regardant les algues danser dans le cours d’eau. Elle laisse passer un petit haussement d’épaule et se décide à poser la question. Après tout qui y a-t-il à perdre à poser des questions ? Rien…

« Vous vous y connaissez vous ? J’ai entendu dire qu’il y avait une bibliothèque par ici, peut-être savez vous comment vous y rendre ? J’irai m’y renseigner, je pense ».

Sa lourde queue se déplace en faisant rouler quelques cailloux au passage avant de s’immobiliser à nouveau. Une brise légère vient caresser alors leurs doux pelages.

Le visage d’Artémis s’éclaire lorsque l’inconnue lui dis qu’elle sait comment se rendre à la bibliothèque. Même sa lourde queue esquisse une légère ondulation de contentement et d’excitation. Elle la fixe maintenant avec intensité de ses deux prunelles péridot, en attente de plus de détail.

« Effectivement, il faut croire que je suis bien tombé. »

Lâche-t-elle avec un enthousiasme sincère. Elle ne peut que répondre au sourire de la douce louve en lui en retournant un, un poil plus timide cependant. Elle la laisse à approcher sans même relever la démarche oscillante de son vis-à-vis. Même si elle l’a remarqué, il n’est pas très poli d’en faire la remarque. Si elle souhaite lui en parler à un moment, elle lui en parlerait. Elle la suit du regard en restant assise pour le moment. Elle ne veut pas que sa taille haute et fine la rende intimidante. En-tout-cas, pas cette fois.

Curieuse, elle penche la tête sur le côté lorsque la louve lui propose un échange. Elle reprend un air plus neutre, mais son sourire réapparait bien vite lorsqu’elle entend les deux conditions à ce service qu’elle lui propose, et qu'elle comprend le pouffement de la bleue.

« C’est très aimable de proposer en tout cas. »

Ah oui, si ce n’est que ça. La brune papillonne de ses grands yeux de biche un peu surprise par le retournement de situation, et avec un petit sourire répond.

« Ah… Je suis Artémis, enchantée… »

Elle porte une patte à son visage l’air songeuse.

« Quant à une histoire…. Hmmm… Je peux bien te raconter mon voyage jusqu’ici ? »

Elle tourne son regard vers la belle louve étoilée, et n’attend qu’un hochement de tête avant de se lancer d’une voix calme et posée son regard se perdant dans le lointain vers ces souvenirs plutôt heureux.

« Mon frère et moi venons d’une tribu lointaine. À nos deux ans, nous avons un rite de passage qui consiste à partir par groupe de deux à l’aventure pour créer une nouvelle meute, ou au moins à survivre seuls pendant six mois. C’est donc le jour de nos deux ans qu'Alphonse et moi sommes partit. Livrés à nous-même, nous avons dû d’abord nous éloigner de notre tanière natale. On avait été préparé bien sûr, mais nous avons dû trouver un refuge, mais aussi à manger. Il y a eu des jours plus faciles que d’autre. Il est arrivé qu’on ne mange pas pendant plusieurs jours, il est arrivé qu’on traverse des forêts et des montagnes, mais aussi des déserts. Nous avons appris à nous nourrir, mais surtout à trouver l’eau dans les cactus pour survivre. Les 6 mois obligatoires sont passés, nous n’avions pas rejoint ni créé d’autre meute. Mais nous n’avons pas nous plus souhaiter rentrer chez nous. Aussi, avons-nous continué notre voyage en nous entraidant de notre mieux. Et nous avons débarqué par ici… Nous avons dû apprendre vos coutumes et vos croyances… Et nous avons décidé de rester pour en apprendre un peu plus… Nous avons même adopté vos croyances pour mieux les comprendre et avons tenté lui comme moi l’épreuve de la grande déesse avec succès. Autant te dire qu’elle ne m’a pas fait de cadeau et l’épreuve fut plus ardu que je ne le pensais, mais j’en sortis victorieuse. Nous sommes donc encore en pleine découverte de certains aspects de vos terres, mais nous continuons à nourrir nos connaissances et nos vies avec les rencontres que nous faisons ici…. Nous nous faisons notre place petit à petit.

Ce n’est qu’un début, dont la suite ne demande qu’à être écrite. »

Elle termine là son récit un léger sourire sur les babines, en retraversant toutes ces épreuves et tous ces paysages mentalement. Bon, c’était un gros résumé de leurs aventures, mais elle espérait que la petite histoire serait suffisante.

Elle retourne son regard vers la solitaire et pose la question suivante un peu gênée.

« Est-ce que mon histoire te conviens ? Je ne suis pas une grande conteuse hein ? »

Elle attend la réponse da la douceur incarnée avec tranquillité, mais s'approche de nouveau de l'eau pour se désaltérer. Elle n'a pas l'habitude de parler autant, et cela lui a donné soif.

Elle n’est pas sûre que cela suffise effectivement… Elle le sent. Elle le sait. Elle a beaucoup résumé, c’est vrai, mais en même temps… Comment lui en vouloir… L’histoire de sa vie est bien plus longue et prendrait beaucoup de temps à être racontée en détail. Mais surtout cela lui appartient et il est aussi difficile parfois de s’ouvrir autant à un inconnu. Elle devine pourtant que cela ne déplairait pas à Séléné d’avoir plu de détail. Mais c’est là ce qu’elle aura pour aujourd’hui tout du moins.

Les mots de la bleue la rassurent assurément, voire l’intimide un peu. Elle ne sait pas pourquoi elle se sent comme ça face à elle, en tout cas, elle n’est clairement pas insensible à son charme. Ce n’est pas forcément désagréable, mais un petit peu déstabilisant oui.

Elle écoute attentivement le commentaire de l’étoilé ne pouvant que hocher la tête face à sa remarque assez pertinente, et de lui offrir un fin sourire en remerciement du compliment qu’elle a pourtant du mal à accueillir. Elle n’en a pas l’habitude, même si son frère ne tarit pas d’éloge la concernant. Lorsque cela vient d’un inconnu, c’est encore différent. Elle recule légèrement face à l’approche de la bleue, mais la laisse finalement faire. Elle écoute silencieuse de nouveau, puis fronce le museau incertain.

« J’avoue que je connais encore bien mal ou en tout cas de façon bien incomplète votre mythologie. Je me dis que si mon chemin m’a mené à elle plutôt qu’à la couleur verte… Il doit y avoir une raison... En plus, il me semble qu’en tant qu’étrangère et solitaire ce soit l’une des seules divinités qui nous soit accessibles. Alphonse et moi sommes cependant ouverts et intéressés pour en découvrir l’ensemble. Je ne pourrais nier que son épreuve m’a appris des choses sur moi en tous les cas… »

Peu sûr d’elle concernant les divinités, c’est plutôt le domaine de son frère à dire vrai. Elle reprend cependant contenance face à son vis-à-vis et n’hésite pas à plonger son regard perçant dans celui azuré de l’autre femelle. Elle ne sait pas dire quoi, ou plutôt pourquoi ? Mais elle lui fait l’effet de quelqu’un d’attirant voir de magnétique. Elle se fait sûrement des idées.

Quelques minutes passent. Elle finit par tourner son minois vers l’horizon. Elle se relève enfin comme pour se mettre en route, avant de tourner son regard sur Séléné l’air de dire on y va ? Ou on marche un peu ?