Un kg de plume, un kg de plomb [Libre]

-Ted-

Le lendemain de l'arrivée de Lùgh et de leur trajet à la rivière qui s'était soldé par un échec, Ted s'était retrouvé seul avec assez de pensées pour tenir plusieurs nuits sans dormir. Il n'avait pas pour habitude d'être inquiet pour les autres : élevé libre, il avait plutôt tendance à compter sur l'indépendance des autres plutôt qu'à chercher à tout prix à être dans leur vie. Du moins, c'était le cas avec sa famille : chacun avaient ses occupations, et il ne s'inquiétait pas de ne plus voir ses sœurs ou son père pendant quelques jours, semaines ou même parfois mois. Chaque rencontre lui faisait plaisir, mais l'absence n'était pas difficile. Ted était lui-même indépendant, et ses prohets lui prenaient beaucoup de temps. Mais depuis qu'il avait quitté Lùgh, il n'arrivait pas à se sortir cette inquiétude de la tête. L'idée que la malédiction poursuive celui qu'il considérait à présent comme un ami, et le mette en danger lui était difficile. Mais que pouvait-il faire ?

Pas grand-chose, à vrai dire, à part s'occuper pour oublier, et se rappeler de faire confiance à ses amis. Pour ça, il savait précisément quoi faire : s'occuper de sa recherche de plumes. Son projet de cape était bien avancé, mais il fallait un nombre de plume commensurable pour bien la rembourrer. Ted avait commencé à chercher tant bien que mal, et en avait trouvé un certain nombre notamment à la plage où les mouettes pullulaient. Mais il était bien loin du compte : alors, aujourd'hui, pour se changer les idées, il irait chercher des plumes.

Pour ça, pas besoin d'aller très loin. Le gouffre aux rapaces portaient bien son nom, et ils étaient en pleine période de nidification. Les oiseaux étaient nombreux, et les plumes le seraient d'autant plus. Mais Ted ne voulait pas déranger les volatiles, alors comment faire ? D'abord, il se rendit à l'endroit où avec son père ils avaient installés les petites maisonnettes pour oiseaux. Il peut constater en arrivant qu'elles sont bien habitées, et beaucoup servent comme nid. Ted ne veut pas les déranger, alors il s'écarte un peu et réfléchi. Comment faire pour recueillir le plus de plumes possible sans déranger les oiseaux ?

Il a d'abord l'idée de les nourrir. Il s'en va chercher des graines un peu plus loin, cherchant des blés sauvages, des baies et des insectes. Puis, il vient poser son butin devant les nids, et très vite, les oiseaux viennent se servir. Là, quelques plumes sont récoltées, mais il est encore loin du compte. Alors, il décide d'aller voir un peu plus loin que le refuge, au niveau des falaises. C'était là que devaient nicher les grands rapaces, ceux avec les plumes les plus grandes. Peut-être qu'en les attirant à un endroit avec de la nourriture, il aurait plus de succès ? Il s'y rend sous le soleil qui se faisait de plus en plus chaud.

Là était l'endroit qui donnait son nom au gouffre. Les parois étaient abruptes, montant vers le ciel pour se transformer en ravin un peu plus loin. Sur la roche nichait les rapaces : un regard suffisait à voir la vie qui y pullulait. Il y avait des nids, des dejections un peu partout, et surtout des oiseaux qui volaient en cercle dans le ciel, d'autre venant nourrir leurs petits. Ted sourit : il aimait voir que leur présence n'avait pas dérangé les nids. Il fallait à tout prix préserver cette paix. En silence, il continue au fond de la gorge, passant devant une multitude de petites caves. Les plumes sur le sol sont nombreuses, et il les ramasse une par une tout en réfléchissant : comment en trouver plus ? Devait-il déranger les rapaces, les nourrir, construire une sorte de grattoir pour oiseaux ou de depose-minute pour leurs plumes ? Il laisse échapper un rire face à ses propres idées. Et avec tout ça, ne se rend même pas compte qu'il en a oublié tous ses petits soucis de ce matin.