Une faiblesse intolérable [Violette]

 ⱷ Une faiblesse intolérable

Deux ans. Il est déjà âgé de deux années, bon sang ! Le temps passe si vite. Petit Stendhal a bien grandi. Ni trop grand, ni trop petit, il est dans les standards. Ses muscles se sont raffermis. Il a un corps d'adulte maintenant. Il est fort. Mais çà ne se voit pas très bien. Parce que sa croissance a aussi touché sa pilosité. Il a gardé et même accentué l'épaisseur de sa fourrure. Il est comme une boule de poils sur pattes ! Il est sûr que certains le pensent gros. Mais ce n'est que du pelage bien, bien fourni. Il se demande si il pourrait étouffer ses détracteurs en les serrant contre lui ? Ce serait à tester, non ? Sauf qu'il n'a pas d'ennemi. Et il ignore comme s'en faire. Dommage.

A défaut de pouvoir évaluer sa force, il se rabat sur un problème majeur : sa faiblesse. Ses pattes qui tremblent beaucoup trop rapidement, son souffle qui lui manque, sa vue qui se brouille ... Ce corps qui se fatigue vite et qui l'empêche de découvrir le Monde. Il n'aime pas être contraint. Oh, il est très attaché aux terres Nakhus. Mais sa soif de connaissance et de beauté a besoin de nouveautés. Il rêve de parcourir les territoires qu'il a survolé avec sa mère. Sentir les odeurs des fleurs, observer des étrangers, se perdre dans la contemplation d'arthropodes inconnus. Vivre sans limite tout simplement.

Une solution lui est venue à l'esprit. Un modèle de son enfance. Un loup avec lequel il a déjà exploré. Un Grand qu'il admire pour son courage. Monsieur Violette bien entendu ! A force de le suivre du regard, il a bien repéré tout les aller-retours qu'il fait. Et il ne semble jamais fatigué ! Un exploit aux yeux de Stendhal. Une facilité qui attise l'envie. Le désir d'être aussi à l'aise que lui. Alors aujourd'hui, il a décidé d'y aller cash.

Il a traqué le père de famille. Il a suivi son odeur jusqu'à tout là-haut. Jusqu'à ce Plateau qui doit devenir leur nouvelle maison. Mais il manque encore tellement de préparations pour çà. Il souffle du nez pour regrouper ces pensées qui s'égarent. Ce n'est pas le moment de penser aux siens. Il doit penser à lui en priorité.

Aaah ! Il aperçoit la silhouette de la bête traquée. Il va pouvoir lui demander. C'est peut être bien le début de la fin de sa faiblesse ? Il l'espère. Sinon, il tentera la méthode des plantes. Certaines procurent beaucoup d'énergie. Maman en a consommé lors de l'incendie. Il suffira de lui demander leur nom. Et d'en consommer à outrance.

Il avance d'une démarche déterminée vers l'autre loup. Son cœur est content de le voir. Il aime bien ce mâle qui a réussi à l'apprivoiser malgré son côté farouche. Un sourire s'affiche naturellement sur son minois. Malgré le plaisir de ces retrouvailles, c'est surtout le fardeau qu'il porte qui jaillit entre ses crocs.

"Violette ! Je veux être comme toi. J'en ai marre d'être faible. Comment tu fais toi ?"

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Fébrile, il attend. Son regard ne perd pas une miette des réactions de son aîné. Dans son impatience, il en a oublié le problème qui lui pourrit la vie. Il n'a pas anticipé son handicap. Il s'en mord la langue. Temps pis, il se contentera de la lecture corporelle et labiale.

Il voit le torse qui se bombe. De la fierté. Il a de quoi. Il peut être content de sa force. Stendhal espère bien pouvoir lui aussi faire le beau. Çà doit être si doux de pouvoir se sentir bien et à l'aise. Sans ces doutes et cette mauvaise estime de soi.

Il fixe la patte qui se pose sur son épaule. Que signifie-t-elle ? Le refus ou l'acceptation ? La tension monte d'un cran. Il ne saurait vraiment pas comment faire face à un refus. Ses yeux dorés se hissent dans ceux de Violette. Échange intense. Jusqu'à ce hochement de tête. Un geste universel. Un oui. Son cœur bondit dans sa cage thoracique.

Le porteur de bleu accepte. Il va pouvoir s'améliorer ! Tout n'est pas perdu ! Sa queue se met à battre la cadence. La joie se mêle au soulagement.

"Merci ! MERCIII !"

Il crie sûrement. Il ne s'en rend pas compte. Il ne s'entend pas. Par contre, en bon élève, il se doit de répondre à ce mot qu'il a su déchiffrer. L'abandon. Par deux fois il l'a lu. C'est important. Il faut pouvoir montrer sa motivation.

"Je n'abandonnerai pas. Je veux faire honneur à mes parents."

Pour que jamais la honte ne s'abatte sur sa famille. Pour gommer cette faiblesse qui risque de la tâcher. Pour toucher du bout de la patte un destin aussi fabuleux que le leur. Lui aussi, un jour, il deviendra un héro !

Mais avant, il faut faire preuve d'intelligence. Il se hâte de réparer son erreur. Il se met à farfouiller dans son épaisse fourrure. Il repère aisément son familier à ses dizaines de pattes qui chatouillent. Une sensation qui lui est devenue familière, rassurante même. Il n'est jamais seule avec elle. Avec délicatesse, il la décroche et la tend à Violette.

"C'est une Iule. Elle est inoffensive. Porte-la et j'entendrai tes mots. Ne le répète à personne."

Il vient de lui dévoiler l'un de ses nombreux secrets. Mais il a confiance en ce mâle. Il ne fera pas de mal à Vénus. Il s'est attaché à cet Archispirostreptus gigas. Un nom bien compliqué pour une petite bête. Elle semble banale à première vue, avec son exosquelette tout noir. Mais des rayons du soleil bien inclinés suffisent à révéler des couleurs spécifiques. Des teintes qui appartiennent à Lagherta. Sa bien-aimée le temps d'un songe. Un souvenir qu'il chérit pour le bonheur ressenti.

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Stendhal ne doute pas un instant de son grand ami. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit qu'un loup qu'il admire puisse avoir peur des insectes. On ne peut pas être aussi fort que çà et avoir peur des bébêtes. Çà ne colle pas ensemble.

Il y a quand même un petit temps d'attente. C'est vrai que sa demande peut paraitre bizarre. Mais Violette finit par accepter. Voilà une Vénus nichée fièrement sur le crâne de son entraineur. L'endroit choisi le fait doucement rigoler. Il est vrai qu'il n'a pas précisé qu'un simple contact physique maintenu avec l'iule suffit. Il ne le dira pas. Son aîné a une mine bien plus rigolote avec son nouveau couvre-chef.

Ensuite, l'amusement laisse la place à la concentration. Ses yeux se fixent sur la lumière-fumée émanant de l'arthropode. Même son âme porte les teintes de Lagherta. Il ne perd pas de temps à se perdre dans la contemplation. Il veut se lier à elle. Il s'ouvre intérieurement et sans crainte aucune. Sa propre âme vient caresser celle de  Vénus. Il ne rencontre aucune résistance. Elles dansent un instant avant de s'emmêler proprement comme une tresse à deux brins. Le Lien est créé.

Pour la toute première fois, il découvre la voix de Violette. Çà lui fait tout bizarre. C'est la quatrième voix qu'il entend de sa vie. Les trois autres appartiennent aux membres de sa famille. Il n'y est pas habitué. L'expérience a un petit côté presque intimidant. Mais il doit se ressaisir. Un sourire éclot sur ses babines.

"Çà marche ! Oui, j'ai relié mon âme à celle de Vénus et c'est à travers elle que je t'entends. Maintenant, on peut travailler ensemble !"

Parce qu'il n'attend que çà. Bosser et encore bosser. Tout devenir plus endurant. Et ainsi briser les frontières qui l'emprisonnent.

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Bah dis donc, il parle beaucoup Monsieur Violette ! Une fois lancé, il ne s'arrête plus. Une vraie Pie ! Au grand amusement du jeune Stendhal. Malgré son petit sourire amusé scotché sur les babines, il reste concentré. Il écoute patiemment les consignes. Il hoche vivement la tête quand arrive son tour de parler.

"De la régularité et ne jamais lâcher. Je le ferai !"

Il est prêt à tous les sacrifices pour arriver à son but. Et puis, il est grand maintenant. Il peut se détacher de sa famille. Il doit apprendre à voler de ses propres ailes. Et si il est malade, il utilisera les connaissances transmises par Maman pour se soigner. Comme çà, il ne loupera aucun entrainement.

Tiens et si il s'installait sur le Plateau ? Il gagnera du temps comme çà ! Çà lui évitera les longs trajets fatigants. Parce que si il arrive déjà fatigué, il n'est pas sûr d'avoir la patience nécessaire. Il ne fera que râler et encore râler. Il se connait un peu.

Il garde l'idée dans un coin de sa tête avant de suivre son modèle. Ses yeux parcourent le barrage improvisé. C'est loin d'être fini. Et la tâche décrite a l'air bien compliquée. Çà va bien les occuper ! Jusqu'à la nuit il espère.

Il se déséquipe avant d'imiter son mentor. Il choisit une branche de poids moyen et s'approche des berges. Une patte entre en contact avec l'eau. Un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale.

*Froid !*

Oui. Glacé même. Et encore là, il n'a mis qu'une patte. Lorsqu'il faudra plonger tout son corps, ce ne sera pas du tout une partie de plaisir ! Il sent l'appréhension le gagner. L'envie de reculer. Le meilleur moyen de la combattre est de l'affronter en pleine face. Ses narines s'ouvrent en grand pour prendre une immense inspiration.

*Courage Enfant de la Corneille. Ce n'est que de l'eau. Alors j'y vais. Maintenant !*

Avec un cri de guerrier étranglé par la branche, il se lance. Il bondit et plonge entièrement dans le Lac. Son corps subit un millier de piqûres glacées. Il se dépêche de remonter à la surface et de se mettre à nager. Le mouvement çà réchauffe. Alors il pagaye des papattes. Tout vite, tout vite. Il fait monter son cardio. Il se dépêche de rejoindre Violette. Il a juste oublié un détail : sa gueule est vide.

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Il est content d'avoir franchi le pas. Il sent petit à petit le froid faire machine arrière face à la force de ses mouvements. Il y va sûrement trop fort et trop vite. Mais il n'a pas encore ce contrôle, cette analyse fine de ses propres limites. Il expérimente. Il n'est qu'aux prémices de son apprentissage. Les erreurs seront légions. Il en est conscient.

Malgré tout, lorsque son cerveau arrive à coller ensemble les syllabes de Violette, il ne peut s'empêcher de sentir un malaise. Une chaleur qui fait rougir ses joues. La gêne d'avoir oublié le plus important. Il ne rétorque rien et ne se cherche aucune excuse. Il s'empresse plutôt de faire demi-tour. Son regard cherche presque éperdument son bout de bois. Çà commence mal. Il n'aime pas se louper dès le départ. Il ne veut surtout pas décevoir son entraineur.

Ses iris couleur miel tombent sur la branche qui flotte presque insolemment. A grands coups de patte il s'en approche. Sa gueule s'enfonce pour la récupérer. Museau dégoulinant, il relève une frimousse déterminée. Cette fois-ci, il prend soin de bien fermer ses crocs dessus. Il ne la perdra pas une seconde fois. Il se le promet.

Son inattention réparée, il se hâte de retourner auprès du porteur de bleu. Il a tellement peur de faire glisser son bâton qu'il n'ose pas parler. Seuls ses yeux se font interrogateurs. Il attend la suite. Il veut découvrir la méthode pour tordre la branche. Il veut savoir où la placer. Il veut participer à sécuriser le Plateau lui aussi. Il veut faire quelque chose d'utile à la fois pour les siens et pour son propre corps.

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Au signe d'invite, il se rapproche autant qu'il le peut. Il sent l'eau forcer contre ses membres à cet endroit. Son regard lui fait comprendre qu'ils sont au niveau du barrage qui a le plus besoin de fortification. La puissance du liquide en est la preuve. Et pourtant, les branches déjà en place tiennent bien le coup. Lui aussi il veut être aussi résistant que ces bouts de bois.

Il apprend ce qu'il faut faire. L'observation a toujours été son fort. Ce n'est pas aujourd'hui que cela changera. Il capte le moindre mouvement de Violette. Il l'enracine dans son esprit. Pour ne pas l'oublier, pour le décortiquer autant qu'il le peut. Puis, arrive son tour. Il doit voir si il a bien compris. Si il est capable de reproduire cette méthode.

Mais quelque chose le bloque. Une inquiétude violente qui chasse tout. Qui fait louper un battement de cœur. Qui lui fait rouvrir ses mâchoires. Qui le fait crier.

"VENUS !"

Il ne plonge pas dans l'eau, mais directement sur son mentor. Il vise sa tête. Avec des gestes fébriles, il écarte la crête mauve pour récupérer son familier. Il s'enquit de la santé de son Iule. Il ne veut pas le perdre. Il a peur qu'il se soit noyé par les deux plongeons. Mais non, il bouge encore ses milliers de pattes. La vie n'a pas quitté son corps.

Stendhal se dépêche de le mettre à l'abri. Loin de l'eau meurtrière. Directement sur le barrage. Sur le point le plus haut, le plus stable et surtout le plus exposé au soleil. Pour se réchauffer de cette mésaventure. Pour être en sécurité.

Il s'en veut de son inconscience. Sa tête dodeline violemment de droite à gauche. Il n'est pas un bon gardien. Il a déjà perdu le Papillon de Brume. Avoir la responsabilité d'êtres vivants n'a pas l'air d'être fait pour lui. Il ne sait pas prendre soin des autres. Une tare pour un Nakhu.

Ses yeux bleus croisent celui de son aîné. Il ne l'entend plus maintenant. Mais il n'a pas besoin de çà. Il rattrape sa branche qui flotte à ses côtés. Sans attendre, il plonge sa tête dans l'eau. Il essaye de reproduire ce qui lui a été montré. Il pousse la branche derrière un premier poteau. Il faut lutter pour la maintenir en place. Mais avec la force du courant la fait remonter à la surface avec un petit pop.

Le disciple ressort une frimousse trempée. Il cherche à reprendre sa respiration après cette apnée. Il a échoué sa première tentative. Mais au moins, Violette n'aura pas vu ses larmes de rage noyées dans le Lac.

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Il cale la branche contre son torse. Comme çà, il ne la perdra pas une deuxième fois. La gueule libre, il en profite pour respirer. Çà fait du bien de reprendre de l'air après sa plongée un peu trop pas préparée du tout. Les émotions çà ne fait pas réfléchir correctement. Peut être doit-il envisager de devenir comme Papa ? Mais des fois çà bouillonne trop en lui. Il n'est pas sûr de pouvoir se contenir.

Un mouvement à sa droite lui fait comprendre que son entraineur a attrapé l'extrémité de son bout de bois. Il a du louper quelque chose. Sans Vénus, il ne peut plus entendre les instructions. Temps pis. Il retourne à la bonne vieille méthode du langage corporel. L'observation de l'autre. L'échange d'informations par le regard.

A deux. Ils vont la placer ensemble cette fichue branche. Il hoche la tête pour à la fois montrer sa compréhension et accepter. Il referme ses crocs sur l'écorce. Il prend une grande inspiration, un clignement d'oeil en guise de signal et le revoilà sous l'eau. Les pattes et les gueules prennent chacune leur position. Ils poussent et bloquent chacun de leur côté. La branche ne fait plus la maligne face à la puissance des deux loups. Elle fléchit juste ce qu'il faut pour être correctement placée.

Derrière l'adulte, Stendhal émerge à son tour. Il le suit, comprenant qu'une pause sur la berge s'impose. Il se secoue un peu. Il sait que de toute façon, avec son pelage trempé il ne ressemblera à rien. Il s'en fiche d'ailleurs. Il n'est pas là pour devenir un Disciple de Moiro. Il aime la Beauté. Chez les autres. Lui, il ne peut se le permettre.

Ses iris cherchent ceux de Violette. Avant de glisser sur les babines qui bougent. Mode lecture labial sur on. A deux. Fatigue. Il a compris le nécessaire. Il chasse le reste, trop brouillon, d'un clignement de paupières.

"Je ne suis pas fatigué. C'est la branche qui était récalcitrante."

Ils n'en ont placé qu'une seule. Hors de question de s'arrêter maintenant.

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Son entraineur garde la pêche. Pas de remontrance ni d'inquiétude affichée. Seulement de l'entraide et ce sourire lumineux. Sourire qui cède la place à une rangée de crocs serrés sur une branche. Encore une. Le tas est conséquent et les attend. Leur pause est terminée. Stendhal se penche et récolte son propre bâton. Il a bien enregistré la technique. A deux, çà va plus vite et c'est plus facile.

Le retour dans l'eau est un peu moins aisé. Le court repos a refroidi son corps. Il grogne un peu en avançant. Il se dit que le froid, c'est dans sa tête. Il va se répéter cette phrase en boucle. Parce que des aller et retours, ils vont en faire un paquet ! Tellement qu'il va arrêter de les compter. Ces courts trajets il les fait de manière presque robotique. Comme en pilotage automatique.

Mais arrive un moment où ses gestes se font plus lents. Sa fourure gorgée d'eau est si lourde. Elle ralentit ses mouvements et est gourmande en énergie. Sa cadence devient plus lente que celle de Violette. Celui-ci doit l'attendre de plus en plus longtemps. Malgré la fatigue et la disparition de l'excitation du début, il refuse de lâcher. Il avance au rythme d'un escargot, mais il traine et place ses branches. Une après l'autre. Parfois, il boit un peu la tasse. Jusqu'à disposer la dernière. Voilà, le tas n'existe plus. Ils ont tout bien installé. Et maintenant ? Peut-il espérer se débarrasser du paquet d'eau qui l'attire vers le fond du lac ?

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Il s'empresse d'imiter son Mentor. Il retourne sur la berge et s'ébroue avec vigueur. Encore et encore. Avec son poil si épais, ce n'est pas simple de se débarrasser de l'eau accumulée. Il ne s'arrête qu'en sentant une légère pression sur son épaule. Il lève un visage souriant. Ce geste se passe de mots. Monsieur Violette est content de lui. Rien que pour çà, il se sent fier de ne pas avoir lâché ni trop râlé. Çà lui offre même un regain d'énergie. Il veut encore lire la satisfaction dans les yeux de l'adulte.

"L'abandon n'est pas une option."

Déjà son regard doré se tourne vers les fameuses grottes. Il va faire froid là-dedans. Mieux vaut qu'il laisse sa Vénus à l'extérieur. Il ne voudra surtout pas qu'elle attrape froid après sa baignade forcée. Et il a confiance en elle. Elle saura se cacher dans le barrage en cas d'attaque aérienne.

Il baisse son museau pour récupérer ses affaires. Il se sent un peu moins nu avec ses objets personnels. Surtout avec sa statuette de Corneille qu'il cache au fond de sa sacoche. Grâce à elle, il garde un lien avec Dame Yurai partout où il va. Et un jour, quand il s'en jugera digne, il ira se présenter à elle pour passer son Épreuve.

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C'est parti pour l'exploration des grottes ! Il sent déjà un début d'excitation fourmiller dans ses pattes. Çà picote toute cette envie d'exploration ! Mais il doit se contrôler. La prudence est de mise. Ils ne savent pas ce qui les attend caché là-dedans. Peut être des Monstres ? Ou des Trésors ? Çà lui donne envie ces idées.

Aux premiers abords, il fait surtout sombre à l'intérieur. Avec son pelage, il pourrait facilement se fondre dans ce décor. Ne faire qu'un avec la paroi. Paroi si froide au toucher. Il s'en décale un peu. D'ailleurs, c'est cet manque de luminosité qui semble légèrement embêter son Mentor. Et c'est également un obstacle pour lui. Sans lumière ni oreille, il perd beaucoup de ses capacités.

"Je ne vais plus pouvoir te lire. On peut s'accrocher ensemble ? Avec une corde ?"

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Sa proposition est mise immédiatement en action. Il est plein de surprises Monsieur Violette ! Stendhal ne s'attendait pas à ce qu'il ait du matos sur lui. Il se laisse enrouler dans l'une des extrémités. Les voilà liés ensemble. Pour le meilleur comme pour le pire. Parce quand qu'à de dangers, la fuite sera difficile. Ils devront se coordonner dans le noir et sans pouvoir s'entendre. Et ...

Tais-toi petite voix ! On sait tous que tu veux de l'aventure. Mais il n'y a pas forcément des Monstres. Il peut y avoir d'autres choses plus paisibles. Ou rien du tout. De toute manière, c'est l'entrainement qui compte. Le faire sous forme d'exploration, ce n'est que du bonus pour moi. Allez, concentrons-nous.

Un bref arrêt lui fait découvrir la méthode choisie par son Mentor. A la lueur du glowstick bleu, il repère la croix. Il hoche la tête. Et il l'applique à son tour. Il grave ici et là des têtes d'oiseaux. Toujours sa passion pour Dame Yurai dans ses décisions.

Il se laisse entrainer, se fiant aveuglément à la direction prise par son aîné. Il reste néanmoins aux aguets. Son nez en tout cas. Tout est nouveau. Jusqu'à ce que la corde perde en tension. Et hop, voilà un Monsieur Violette à ses côtés. Çà le fait sursauter.

"Cul-de-sac ?"

Doivent-ils faire demi-tour ? Son regard acéré se pose sur les mimiques et gestes effectués devant lui. Il y a quelque chose.

"Un animal ? Un éboulement ? On doit creuser ? Ramper ?"

Il ne sait pas très bien ce qu'il essaye d'imiter. Tout ne peut pas être aussi facile que de marcher dans une grotte sombre. En tout cas, comme son Mentor n'a pas l'air inquiet, il n'a pas à le devenir.

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