Parkour - Bastille

Toujours les mêmes ombres autour de lui, ces créatures qui lui voulait du mal. Elle étaient là, il était encerclé, et rapidement le voilà enseveli de crocs et de griffes. Il criait, il appelait à l'aide, mais son cri se perdait entre leurs crocs. Il était prit au piège.
Tout ce sang sur le sol.
Etait-ce son sang ?

Comme chaque jour, Bastille se réveilla en sursaut, les coussinets trempés de sueur. Il faisait toujours le même rêve depuis qu'il avait croisé ces affreuses bêtes. Il ne les avait pourtant pas recroisé et pour cause, il ne s'éloignait que très peu de sa planque depuis qu'il était revenu de sa longue mésaventure. Quelques jours étaient passés et ses plaies se muaient de plus en plus en crampes qui lui rendait la marche bien difficile. Sa patte avant droite était toujours impossible à poser au sol, il se contentait de marcher un peu chaque jour pour ne pas finir paralysé mais rien n'allait en s'arrangeant. Petit à petit il se rendait aussi compte de l'impact visuel de ces blessures. Son corps était meurtrit, presque difficile à regarder. Lui-même qui n'appréciait déjà que très peu son corps trop féminin n'en venait qu'à le haïr davantage. Il n'avait pas eu le courage de se regarder entièrement dans une flaque ou un étang depuis l'accident, il avait déjà du mal à regarder son simple flanc, pourtant il n'avait pas le choix lorsqu'il devait le nettoyer.

Malgré sa douleur, Bastille savait qu'il n'avait pas le choix et qu'il allait devoir manger de la viande s'il voulait survivre. Alors il prit son courage à deux pattes et sortit de sa planque à la recherche de gibier.
La douleur n'était pas son seul ennemi. La peur l'était aussi désormais. Chaque pas à l’extérieur et il redoutait de croiser un de ces affreux monstres. Le jeune solitaire ne rêvait que d'une chose c'était de partir d'ici à jamais, mais son état ne le lui permettrai pas. S'il avait réussi à puiser des forces pour remonter, il n'en avait plus assez pour voyager.

Trainant péniblement son corps charcuté à travers les rochers, il observait les alentours espérant sentir un potentiel gibier (et espérant ne pas sentir l'odeur putride de ces créature). Pourtant c'est ni l'un ni l'autre qui se présenta à lui à ce moment précis. Une autre odeur lui parvint au narine, qu'il avait déjà senti il y a fort longtemps déjà.

Elle était similaire à celle du loup ailé qu'il avait croisé autrefois... Un loup !

Bastille écarquilla les yeux d'espoir. Enfin un de ces congénère se présentait ici ! Peut-être qu'il allait pouvoir recevoir de l'aide ! Mais le solitaire ravala vite son espoir et le remplaça par de la méfiance. Après tout, les loups ne sont pas forcément tous bien intentionnés, il ne devait pas l'oublier... Alors il reprit un air neutre et tenta de cacher du mieux qu'il pu ses blessures (bien qu'elles étaient particulièrement visibles). Il fit semblant de poser sa patte avant au sol pour passer inaperçu. Rien que la plier dans un sens ou dans l'autre était si douloureux...

Et son semblable se présenta devant lui. C'était une femelle d'apparence, à la longue chevelure bouclée et au pelage arborant de magnifiques couleurs pastelles. A première vue, cette demoiselle apparut comme un ange aux yeux de Bastille, mais il secoua vaguement la tête pour retrouver ses esprits.
L'inconnue le salua d'un bien élégant geste. A vrai dire tout n'était qu’élégance chez cette demoiselle, elle n'avait rien à envier au pelage négligé et arboré de blessure du solitaire. Un peu gêné par le fait qu'il ne pouvait pas vraiment bouger à cause de ses blessure qu'il masquait au mieux, Bastille se contenta d'un simple hochement de tête.

"B-Bonjour." bégaya-t-il entre deux spasme de douleur. "Oui c'est un bien beau lieu également... Vous êtes du coin ?"

Il ne put cacher très longtemps sa patte blessée qu'il finit par décoller du sol. La jeune demoiselle n'allait sans doute pas tarder à remarquer ce qui clochait chez lui...

Il se crispa lorsqu’elle s’approcha. Son dernier contact avec d’autres êtres vivants n’avait pas été très agréable, pourtant il se doutait à son regard et à son approche qu’elle ne lui voulait aucun mal.

Un ours de la montagne ? Bastille ignorait si c’était ce genre de créature qu’il avait attaqué. Il avait déjà entendu parler des ours mais il n’en avait jamais vu en vrai. A vrai dire il n’aurait su dire s’il s’agissait de l’espèce de ses agresseurs car il n’en avait déjà plus aucun souvenir... Le traumatisme avait sans doute rapidement effacé les seuls souvenirs qu’il en gardait. Il n’avait en tête que de fulgurantes ombres, des griffes et des crocs acérés. Rien de plus.

“Je ne sais pas du tout à vrai dire je ne me rappelle même plus leur apparence. Et puis...”

Il laissa sa phrase mourir dans sa gueule. Il était sur le point d’évoquer la chute qui avait suivi mais en réalité il n’avait vraiment pas envie d’en parler. Les dégâts étaient là de toute façon, quoi qui les aient causés.

Etonnamment, Bastille ne ressentit pas vraiment de grande déception lorsque la jeune étrangère mentionna n’avoir aucune connaissance en médecine. Il se sentait déjà grandement rassuré par la présence d’un congénère et c’est tout ce qui l’importait pour le moment, même s’il ne la connaissait pas. Et puis, son inquiétude semblait sincère. Bastille n’avait jamais ressenti l’impression que sa santé ou quoique ce soit d’autre compte pour autrui, mais il devait avouer que c’était plutôt agréable.

Pourtant les blessures étaient toujours là, toujours probablement en train de le tuer à petit feu et il devait trouver une solution. Accepter l’aide d’une étrangère était risqué, mais une fois de plus c’était la seule option qui se présentait à lui. Jusqu’ici, osé n’était pas encore aller jusqu’à le tuer. De plus elle disait venir d’un clan et y avoir un frère guérisseur en son sein. Probablement une occasion en or pour le jeune solitaire. Mais un clan accepterai-t-il de soigner un solitaire mal en point comme lui ? Ce n’était sans doute pas le moment de se poser la question.
Il réfléchit un instant.

“C’est très gentil de proposer votre aide alors que vous ne me connaissez même pas, qu’est-ce qui vous fait croire que j’en vaut la peine ?” lâcha-t-il en riant légèrement.

Il secoua la tête, conscient que la question était sur le moment un peu idiote.

“Ça me gêne d’accepter mais je n’ai pas vraiment le choix... Je veux bien que votre frère vienne m’aider mais avant je vous en prie, je meurs de faim et je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps sans manger. Vous avez l’air d’une chasseresse redoutable, pourriez-vous attraper ne serait-ce qu’une petite souris pour moi ? Je ne peux pas poser ma patte au sol, j’en suis incapable...”

Il eut un sourire gêné mêlé à une grimace de douleur.

“Sachez que je vous en serai éternellement reconnaissant, je vous le rendrai comme je le pourrai quand je serai en état...”

Il avait envie de profondément s’enterrer de gêne. Son regard était un peu fuyant et ses crocs serrés. Non seulement il se sentait honteux d’en demander tant à une parfaite étrangère mais en plus il n’avait vraiment pas l’habitude des interaction sociales. Pour ne pas arranger les choses, sa dysphorie le rendait encore plus mal à l’aise. Ce n’était peut-être pas plus mal que le jeune loup roux ne rencontre pas tout le clan d’un coup, il ne se sentait clairement pas prêt.
Il avait envie de profondément s’enterrer de gêne. Son regard était un peu fuyant et ses crocs serrés. Non seulement il se sentait honteux d’en demander tant à une parfaite étrangère mais en plus il n’avait vraiment pas l’habitude des interaction sociales. Pour ne pas arranger les choses, sa dysphorie le rendait encore plus mal à l’aise. Ce n’était peut-être pas plus mal que le jeune loup roux ne rencontre pas tout le clan d’un coup, il ne se sentait clairement pas prêt.

Elle chassa ses doute en une réplique et il acquiesça les lèvres serrées. Il avait entendu dire que certains solitaire avait une certaine réputation d'opportunistes. Même s'il n'appréciait pas vraiment cette idée et était plutôt du genre à refuser l'aide, préférant se débrouiller seul, c'était peut-être le bon moment pour agir de cette façon.
La louve de clan accepta alors sa requête sans broncher, lui demandant de ne pas bouger. Bastille eu un petit rire nerveux.

"Je risque pas d'aller bien loin à vrai dire."

Mais elle était déjà partie. Le jeune solitaire en profita pour s'allonger sur le sol. Le simple fait de se tenir debout l'avait déjà épuisé. Et dire que plus tôt dans la journée il s'était persuadé qu'il pouvait attraper un proie même avec son handicap...
Le temps passait et Bastille patientai sur place, toujours mal à l'aise à l'idée qu'une bête enragée puisse lui sauter dessus à tout instant. Mais une autre inquiétude vint lui chatouiller ses pensées : et si elle ne revenait pas ?
Fort heureusement ce doute fut vite chassé lorsque la demoiselle réapparut, butin entre les dents. Bastille n'en revenait pas de voir enfin de la viande fraîche qu'il allait pourvoir avaler sans scrupule. Voilà déjà plusieurs jours que son régime alimentaire se composait principalement de... rien... et d'herbe parfois.
Le jeune loup salivait déjà alors que cette demoiselle déposa la nourriture devant lui. Cette louve était décidément sa sauveuse.
"Ça ira ?" demanda-t-elle ! Quelle bonne blague ! C'était largement au dessus de ses espérance.

"C'est vraiment parfait, ça sera largement suffisant pour tenir en attendant l'arrivée de votre frère."

Il sourit et tenta un eye contact.

"Merci."

Puis il plongea ses crocs dans la chair encore chaude de l'animal et se délecta du goût indescriptible de cette viande. Il pouvait presque sentir tous les nutriments traverser son corps et lui redonner de force. Bastille ne fit qu'une bouchée des deux marmottes en quelques coup de crocs chacune.

La jeune femelle s'était éloignée pendant son repas sans même qu'il l'ait remarqué. Bastille espérait qu'elle n'ait pas mal prit le fait qu'il ne lui ait absolument pas proposé de partager avec elle. Peut-être que c'était pour ça qu'elle en avait attrapé deux. Quoiqu'il en soit il était trop tard maintenant, elle était partie chercher son frère et le jeune solitaire était parti pour se retrouver seul un moment. Il hésita à retourner dans sa planque, sachant que si elle revenait ici, elle risquait de ne pas le trouver. Hors elle avait signalé qu'elle hurlerai si elle ne retrouvait pas son chemin, il pourrait sans doute l'entendre de l'intérieur de sa tanière, cette dernière n'était pas très loin après tout.
Bastille prit sa décision et tenta de se lever. Plus il restait longtemps allongé, plus se lever était difficile. Aucune position, aucune situation n'arrangeait vraiment son cas. Sans l'aide de ce guérisseur c'était la fin d'ici quelques jours et ces créatures sauvages pourront le retrouver et se faire un bon repas avec son cadavre.

Avec un peu de mal et pourtant une certaine assurance apportée par son repas, il fit demi-tour et se dirigea à son rythme vers sa tanière. Il se sentait un peu stressé à l'idée de rencontrer le frère de la demoiselle, hors vu sa gentillesse le frère n'était sans doute pas plus méchant. Les qualités d'un bon guérisseur sont généralement d'être bienveillant avec ses patients. Si c'était l'un des meilleurs il n'avait pas de soucis à se faire, que ce soit concernant ses soins ou le caractère du médecin.

Bastille parvint à rejoindre sa planque et s'allongea à l'entrée pour guetter les alentours et correctement entendre les bruits environnants. Bien évidemment, il s'endormit rapidement, la digestion n'aidant pas plus à rester éveillé. Réchauffé par le soleil, il se serait presque sentit bien si son épaule ne le brûlait pas autant. Il se concentra pour l'oublier et chasser ses mauvais rêves.
Rapidement, du moins en ressenti, il fut réveillé par le hurlement de la louve. Le solitaire redressa la tête un instant, songeant un instant s'il s'agissait bien d'elle, puis à son tour il balança sa tête en arrière et poussa un hurlement pour l'attirer dans la bonne direction.

Bastille resta seul un instant dans le silence après son hurlement. Il se sentait de plus en plus mal à l'aise à mesure que le temps passait sans que la louve de clan ne montre le bout de son nez. Le solitaire prit son mal en patience, tentant de chasser les mauvaises pensées de son esprit, imaginant qu'il s'agissait peut-être du hurlement d'un autre loup, beaucoup plus mal intentionné.

Heureusement, après plusieurs longue minute, la louve, dont il ne connaissait d'ailleurs toujours pas le nom, apparut enfin à l'entrée de la tanière accompagnée de son frère. Il n'y avait pas vraiment de doute possible sur le liens du sang : leurs pelages aux couleurs mélangées et assez vives étaient assez harmonieux ensembles. De plus, Bastille devait avouer que le mâle avait un certain style. Ça ne l'empêcha pas de se crisper lorsqu'il s'approcha de lui, mais son sourire chaleureux l'aida à se détendre un peu. Il le laissa l'examiner, le regard perdu ailleurs, toujours dans l'évitement.
Il sentait que les soins du guérisseur étaient particulièrement efficace. La plupart de ses blessures cuisaient déjà bien moins. Bastille était soulagé : tout ça n'allait peut-être devenir qu'un mauvais souvenir finalement...

Et puis il parla de sa plaie profonde à l'épaule et d'un... don qu'une déesse lui avait accordé qui lui permettrait de soigner celle là ? Et pour cela il devait lui dire un secret ?? Non mais c'est quoi ces histoires ?
Bastille fronça les sourcils l'air dubitatif : il avait vaguement entendu des histoires de dieux et de déesses qui guidaient les clans et leurs donnait des pouvoir, surtout lorsque ce loup à la multiple paire d'aile lui en avait parlé, mais il lui semblait étrange de devoir... dire un secret pour activer ce pouvoir...
Il posa brièvement son regard sur la louve lorsqu'elle lui certifia de l'efficacité de ce don. Décidément le solitaire avait beaucoup à apprendre des loups de clan, mais il finit par se laisser convaincre. Après tout, ce n'est pas comme s'il avait encore quoique ce soit à perdre, surtout sa dignité qui s'était envolée depuis belle lurette.

"Bon... D'accord..."

Il s'approcha de l'oreille du guérisseur et chuchota timidement.

"Euh... J'ai pas vraiment de barbiche en vrai, je l'ai teinte pour ressembler à un garçon..."

Certes c'était suffisamment bien fait pour que personne le remarque, mais c'était loin d'être quelque chose dont le solitaire était très fier.
Espérons que ça suffise parce qu'autrement Bastille choisira plutôt la mort pour oublier ce moment.

Bastille eut raison de faire confiance à ce loup et sa gentillesse semblait loin de n'être qu'une façade. Il n'émit aucun jugement suite à son aveux et chuchota simplement une étrange phrase à son oreille, suite à quoi sa blessure, comme par magie, sembla refroidir considérablement. LA douleur s’estompa nettement et le solitaire écarquilla les yeux, surpris.

Incroyable.

Un émerveillement certain grandi en lui. Il était loin de s'imaginer l'immensité du spectre que représentait les différents pouvoirs offerts par les dieux. Bastille n'avait pas du tout baigné dans la religion durant son enfance comme la plupart des loups de clans, mais il mourrait d'envie d'en savoir plus. Et par dessus tout, il commença à les envier. Il aimerait tant avoir un don pareil lui aussi.

Les parole du mâle l'extirpa de ses pensées, il fut rassuré d'entendre qu'il allait surmonter cette épreuve. Il se sentait encore faible et la douleur était toujours un peu présente et elle allait sûrement le suivre encore plusieurs jours voir semaines, surtout sa patte fracturée qu'il peinait toujours à poser au sol. Cependant maintenant il le savait, il allait s'en sortir, et ce malgré les certaines cicatrices qui l'attendait.

Il fut une fois de plus extirpé de ses pensées, cette fois-ci par la louve. Bastille eut d'ailleurs enfin l'occasion de connaître le nom de cette dernière grâce à son frère, sans même qu'il ait eu besoin de le demander. Pomelo... Quel nom étrange !
Le roux ne répondit pas clairement à sa première question, se contenta d'un hochement de tête et d'un léger sourire. Puis elle lui demanda s'il réussirait à chasser tout seul. Son sourire disparut doucement alors qu'il observait le jeune frère à l'extérieur de la tanière, visiblement sur le départ. Alors c'était fini ? Allait-il se retrouver seul de nouveau dans ces montagnes à errer sans but ? Avec le traumatisme que lui avait laissé les créatures mélangé à sa forte envie de connaître plus ces loups de clan, Bastille refusait que tout ça se termine ainsi.

"Je pense que je m'en sortirai tant bien que mal mais... A vrai dire je..."

Il chercha ses mots un instant, hésitant. Qu'allaient-ils penser s'il demandait à venir avec eux ? Les solitaires étaient loin d'être la bienvenue chez ces tribus, qu'est-ce qu'il pouvait avoir de différent d'un autre ? Il ne connaissait rien de leur culture...
Et pourtant il avait soif d'apprendre.
Bastille prit une grande inspiration et tenta le tout pour le tout.

"Ça fait des semaines que je vis seul ici. J'ai été abandonné par mes parents très jeune, mais j'ai quitté le nid avec une soif de rencontres et de découvrir de nouvelles choses sur ce monde. Je n'irai nul part en tant que solitaire ici bas, s'il vous plaît, emmenez-moi avec vous et apprenez-moi à être un loup de clan."

Il marqua une courte pause, guettant la réaction de Pomelo. Bastille avait mit toute sa force dans ses paroles, tellement qu'il avait réussi à avoir un contact visuel avec son interlocutrice.

"Je sais que ça paraît soudain et que je ne suis qu'une simple solitaire comme un autre, mais je pense que notre rencontre n'est pas un hasard. Votre culture me fascine du peu que j'en connaisse, je veux apprendre."

Le solitaire s'arrêta là dessus. Sa queue battait nerveusement de petits à-coups et ses yeux bleus profonds cachés par quelques mèches noires guettait la louve d'un regard presque implorant. C'était probablement sa seule chance de les rejoindre et il ne la laisserait pas passer.

Bastille fut à demi rassuré. La réponse de son interlocutrice n'était pas négative mais n'était pas non plus positive. Comme il s'y attendait, il souligna le fait qu'un solitaire inconnu comme lui ne risquait pas de rentrer comme ça dans un clan. Il réprima une grimace mais pour autant tout n'était pas perdu. Pomelo lui fit la proposition de rencontrer un de ceux qu'elle appelait les "Alpha". Un nom commun pour designer les dirigeants d'un groupe chez les loups, Bastille n'eut donc pas de mal à comprendre ce terme.
Soit il le retrouvait à la frontière de leur territoire, soit il s'aventurait directement chez eux pour aller rencontrer l'alpha. Le solitaire savait que s'il s'incrustait directement sans crier gare sur leurs terres et dans leur campement, ça risquait de ne pas se passer aussi bien qu'il l’espérait et il n'aurait pas toutes les chances de son côté. Il était parfaitement capable de faire un peu plus preuve de patience après tout le temps qu'il avait attendu.

Bastille prit quelques instants pour réfléchir, une moue discrète se dessinant sur son visage. Dans la foulée, la femelle dévoila officiellement son nom ainsi que celui de son frère. C'est vrai qu'il n'avait pas fait le rapprochement entre les deux concernant le thème mais c'était amusant ! Il était curieux de savoir ce qui était passé par la tête de la mère pour avoir cette idée étonnante.
Le solitaire lui sourit avant de répondre :

"Et bien c'est un honneur ! Pour ma part vous pouvez m'appeler Bastille."

Bastille c'était la seule chose que lui avait donné ses parents qu'il avait gardé. Il aimait ce nom, tout simplement, et n'en avait jamais ressentit le besoin d'en changer même après s'être retrouvé livré à lui-même.
Il retourna ensuite rapidement sur le sujet précédent, qui restait le plus important.

"Je pense que je pourrais vous accompagner à l'orée de votre territoire et y établir mon camp en attendant de rencontrer votre Alpha. Je n'aurais pas besoin de débarquer sans crier gare dans votre camp dans ce cas là et la rencontre se fera plus facilement. Maintenant que je me sens mieux, je suis en état de voyager si vous acceptez de m'escorter jusque là-bas."

Après ce qu'il s'était passé l'autre jour, il était loin d'être dérangé par l'idée de quitter cet endroit où la mort le guettait à chaque coin de rocher. Il se releva un peu, bien que toujours à l'appui sur trois pattes, faisant mine d'être déjà prêt à partir.

Pomelo n'eut pas à acquiescer son idée, elle l'invita simplement à la suivre et Bastille ne se fit pas prier. Un léger sourire en coin, les yeux brillants de soif d'aventure malgré toute ses récentes mauvaises expériences, il avait hâte de découvrir ce clan. Malgré la douleur persistante, il se sentait quand même revivre. Son pas avait presque une allure normale malgré sa patte toujours bien amochée. Les soins de Melon lui avaient certes fait beaucoup de bien, mais son regain d'espoir y était aussi pour quelque chose. Cette rencontre était comme un arc-en-ciel après la tempête pour lui.

Le début de parcours fut d'abord un peu silencieux, puis Pomelo prit la parole. Elle commença à lui parler des meutes, mentionnant les Nakhus, la soit-disant "autre meute". D'après ses dires, ils avaient l'air de bien curieux personnages. Bastille sourit lorsqu'elle mentionna l'ennui par rapport aux livres qu'ils dévoraient dans cette soi-disant bibliothèque. Le solitaire ne savait trop quoi en penser à vrai dire, il ne savait même pas lire. Ça ne l'avait jamais vraiment attiré, mais il paraît que l'on peut apprendre de nombreuse choses dans les livres alors ils serait tout de même curieux d'apprendre.

Puis Pomelo parla des trois Dieux représentant leur meute. Bastille dressa les oreilles. Il était très intéressé par la théologie des meutes. Les Dieux semblaient cacher des mystères qu'il était loin de s'imaginer... Ruse, Agilité et Force... Le solitaire ignorait encore vers quel caractéristique il avait un penchant plus développait mais il lui tardait de le découvrir !
Bastille était heureux de voir l'entrain de la jeune louve de clan alors qu'elle lui racontait tout ça. Il ne montrait pas une telle joie, mais un léger sourire décorait malgré tout le coin de sa gueule.

"J'ignore encore vers quel Dieu je pencherai le plus si j'en ai l'occasion." lâcha-t-il. "Mais je me demandais, comment obtenez-vous ces... Glowsticks ? Le dieu lui-même vous le donne ? Comme ça ?"

Il regardait Pomelo, les yeux légèrement plissés. Ça paraissait un peu facile que ça se passe comme ça...

Bastille écouta attentivement la réponse de sa semblable. Un épreuve disait-elle... Différente selon le Dieu choisi... Visiblement il n'était pas prêt pour une épreuve de force dans son état, il doutait même si son corps serait suffisamment rétabli un jour. L'agilité était ce qui l'attirait le plus à première vue mais le problème restait le même. Ses yeux se perdit dans le vague. Il ignorait totalement de quoi était fait son avenir désormais, mais si ces blessures étaient le prix à payer pour briser sa solitude, il ne regrettait en rien sa mésaventure.

Le jeune solitaire continua de poser quelques question à Pomelo concernant les clans sur le chemin, puis la fatigue le rattrapa. Il termina le trajet sans un mot, concentré sur ses pas pour arriver le plus vite possible à destination. Il n'avait qu'une envie c'était de s’effondrer dans la première crevasse un minimum sécurisée et dormir pendant des heures. Après un long trajet qu'il lui sembla interminable, il arriva à l'orée du fameux territoire de cette fameuse meute. Déjà tout de suite la différence était flagrante : plusieurs odeurs de loups plus ou moins tenues fottaient dans l'air, probablement des veilleurs qui seraient chargés de patrouiller à la frontière. Bastille espérait que ces dernier ne le chasse pas s'il s'installait trop près de la frontière. De toute façon il ne tardera sûrement pas à rencontrer leurs chefs pour demander à intégrer la meute.

Il remercia profondément ses confrères avant de les laisser rentrer chez eux, se retrouvant seul à nouveau. Le voyage l'avait épuisé mais il se sentait déjà sorti des griffes de la mort. Demain il aurait sûrement de nouveau la force de chasser un ou deux mulot pour se requinquer. Avec l'approche de la saison froide cependant il risque d'avoir plus de difficulté à s'en sortir seul au niveau de la chasse... L'aide d'une meute et une formation efficace lui serait sûrement indispensable.
Le solitaire trouva refuge dans un grand tronc d'arbre creux et s'installa sur un petit lit de mousse de fortune confectionné sur le tas. Rapidement il trouva le sommeil, prêt à accueillir le lendemain à bras ouverts.