Wait for it (libre)

- Pfffff...
Un soupir lourd de signification : Désiré s'ennuyait. Aujourd'hui, aucune mission ne lui avait été confiée : le Castel tournait au ralenti, et en plus, il n'y avait aucun bébé dont il aurait pu prendre soin ! Les derniers nés et dernières nées étaient maintenant grands et grandes, et les dernières chaleurs n'avaient, pour l'instant du moins, su agrandir leurs rangs. Pas d'alités, non plus, et il n'était pas coutume pour leurs vieillards de prendre leur retraite.
Même ses proches avaient désertés, aujourd'hui. Son père était parti il ne savait où, tout comme Iris et Ontari.

Et puis, il y avait cette fichue pluie.
Il pleuvait des cordes, ouais.
De l'intérieur de sa tanière, le Corps leur adressait un regard las, dessinant machinalement d'une griffe dans le sol.

Est-ce qu'il pleuvait aussi, à la Sylve ?
Est-ce que la petite graine qu'il y avait semée l'apprécierait, cette pluie soudaine et abondante ?
Le loup espérait au moins qu'elle ne manquait pas d'eau.


C'était fort peu probable, hein ?
L'inquiétude vint rider son front, comme ses sourcils se froncèrent.

Toujours allongé, le loup beige roula de l'autre côté, tournant le dos à l'extérieur. Il essaya de se réconforter en pensant à sa conversation avec Astrid. Elle aussi, veillant sur ses protégées.
- Aaaaah, Astrid.
Un nouveau soupir, de béatitude cette fois. Ce fut sur le dos que le mâle se retrouva cette fois, les pattes avant recroquevillées contre son poitrail.
La pirate sombre occupait de plus en plus ses pensées, ces derniers temps, et… L'Etelkru ne se connaissait maintenant que trop bien pour comprendre ce qu'il ressentait.
Elle n'avait pas éclipsé Iris dans son cœur, non. Il y avait bien assez de temps pour deux dans la poitrine de Désiré.
Ça amenait beaucoup de questions, toutefois.
Ils avaient flirté, un peu, il lui semblait bien. La Raeder avait même semblé très avenante, plus que lui, à certains moments.
Pour autant, est-ce que cela signifiait vraiment qu'il avait ses chances ?
Par le passé, il avait imaginé bien des choses, quand il se surprenait à penser à Iris. Des émules adolescentes, surtout : du temps passé ensemble, des embrassades et autres… divertissements.
Oh, il ne pouvait pas dire qu'il n'en avait plus envie. Il ne pouvait pas dire, non plus, que concernant Astrid, il n'avait pas envie de tout ça.
Il repensait souvent à la fête intime sur la plage, espérait en connaître d'autres…
Mais voilà : le loup au bandana avait mûrit. Et il réalisait bien qu'il avait d'autres aspirations.
Une famille, il voulait une famille.
Il en avait déjà une, bien sûr ! Il avait son père, qu'il chérissait de tout son cœur, partageait encore son toit avec plaisir, d'ailleurs.
Mais…
Des louveteaux, il voulait des louveteaux.
Plus il jouait les nourrices, plus il prenait goût à passer du temps avec les jeunes. Ce n'était pas suffisant, toutefois, ce n'était pas pareil. Ce n'étaient pas les siens, à lui.
Oserait-il un jour avouer à qui que ce soit qu'il lui arrivait plus que de raison de parcourir les frontières en espérant très fort y trouver un tout petit ou une toute petite, qu'il pourrait chérir comme Zen l'avait chéri ?

Et les bêtises dans le noir font les louveteaux...
Il était adulte, maintenant. Il savait comment ça fonctionnait.
Est-ce qu'Astrid en voudrait, des louveteaux ?
Est-ce qu'Astrid voudrait ses louveteaux ?
Et quand bien même ?
Elle était Raeder, il était Etelkru. Géographiquement parlant, ils étaient tout opposés. Comment prétendre à une vie de famille, ainsi ? D'autant plus qu'elle porterait leurs petits, pourrait donc les emmener loin de lui…


Le mâle se releva et s'ébroua. Il s'était aperçu avoir poussé la projection trop loin, à propos de celle qui n'était qu'une amie, au moment où la question suivante lui avait traversé l'esprit : "Pourrais-je quitter les miens… ?"

Une question qu'il ne pouvait même pas penser en entier, car il se refusait à y répondre. Non, pire, il n'était pas en mesure d'y répondre.

Tout cela lui tournait la tête.

Il avança hors de son abri.
Mieux encore valait-il le froid mordant de la pluie que toutes ces questions intempestives.

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Plus que la pluie mordante du froid, c'est une voix familière qui vient lui apporter la distraction tant espérée et lui décroche un sourire.
Désiré en a toujours un pour son meilleur ami.
- Iris !
Il s'approche du loup pâle en trottinant gaiement, sa queue s'agitant à tout allure. Le Corps s'approche à initier la conversation, en s'enquérant du bien-être de l'Épée, mais c'est lui qui s'exprimera en premier.
Mais Iris ne semble pas partager sa joie.
Si Désiré est surpris, il ne se déride pas pour autant. Il n'a rien à cacher, encore moins à son meilleur ami. Il lui adresse donc un large sourire, presque charmeur malgré lui.
- Suis-si populaire pour que mon nom soit mentionné en mon absence ?
Il rit, fier de sa plaisanterie. En réalité, une certaine chaleur l'envahit : il donnerait beaucoup pour voir ces deux à devenir amis ! Cela permettrait sûrement à Iris de revoir son point de vue sur la question de Raeders ! Et puis, ils pourraient passer du temps à trois, et ça, ça serait chouette !
- Alors, comment tu la trouves ?
Pour lui, la conversation reste badine, même sous la pluie diluvienne.

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Sa petite blague semble dérider quelque peu le mâle bleuté, et le Corps s'en satisfait, plissant les yeux à son tour. Quand Iris lui propose de s'abriter, il n'hésite pas un seul instant, le rattrapant rapidement. Peu lui importe l'endroit, tant que la compagnie est bonne !
C'est ainsi que les deux amis regagnent la tanière que partagent encore le loup jaune et son père. Elle est décorée de nombres d'objets, en majorité des trouvailles ou créations du fils, dont les fameuses couronnes de saison. Il y en a plus d'une, maintenant, pour orner l'endroit, et il est facile de constater que le loup brun prend plaisir à les réaliser pour en réaliser autant.
Une fois entré, Désiré s'ébroue vigoureusement, projetant des gouttes d'eau sans vergogne. Il adresse ensuite un charmant sourire à son ami, l'écoute avec attention, lui propose d'un geste de s'installer à sa convenance. L'endroit n'est pas dépourvu de couvertures, et lui-même se recouvre d'ailleurs de celle qui lui sert visiblement durant la nuit.

Aux premiers mots, il opine gaiement. Bien sûr, qu'Astrid est intéressante ! Elle est intelligente, a de l'humour, du charisme et du répondant !
Le Corps ne se méfie pas un seul instant de son meilleur ami ou de son discours, mais la tournure de phrase le surprend tout de même, surtout que la question est posée de façon quelque peu abrupte. Toujours emmitouflé, le loup crème vient se gratter l'arrière du crâne d'une patte postérieure.
- Je l'aime beaucoup !
Pour ne pas dire qu'il l'aime tout court. Le contexte ne lui semble pas vraiment approprié à telle confession. Et puis, Astrid aimerait surement en être la première informée, non ?

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Si Désiré ne comprend pas bien les réactions de son meilleur ami, il n'est pourtant pas naïf au point de ne pas les voir. Il réalise bien, que quelque-chose semble ne pas aller, voir déranger l'autre mâle. Le Corps penche la tête sur le côté, cherchant à mieux comprendre la situation. Quand, enfin, Iris s'exprime, permettant au loup jaune de mieux comprendre la situation.
C'étaient les convictions de l'Épée qui étaient à l'œuvre. Des idéaux que les deux amis savaient divergents, pour s'en être déjà entretenu - sans élever la voix, une simple discussion, voire un débat, où chacun avait pu exprimer son point de vue en toute confiance.
Et Désiré ne comptait pas voir la situation changer. Il adressa un sourire compréhensif au disciple rouge.
- Elle pourrait très bien, aussi, être sincère dans ses intentions. Tu l'as toi-même fréquenté, tu m'as dit la trouver intéressante. T'a-t-elle donné une seule raison de te défier d'elle ?
Le ton n'est nullement agressif : de simples constatations, de simples questions ayant pour but de permettre de poursuivre cette conversation.

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Iris portait un masque, son ami le savait. Il ne s'était pourtant jamais méfié, s'était toujours imaginé qu'il n'avait pas lieu d'être en sa présence, que la confiance qui régnait entre eux avaient toujours été suffisante pour que le loup bleuté ne ressente pas le besoin de se cacher.
Pourtant, le Corps voyait des signes se manifester, auxquels il n'avait jamais eu droit auparavant. Et il lui semble découvrir le véritable visage de l'Épée, au-delà de ce qu'elle a toujours pu lui présenter. Le mâle jaune ne peut donc pas s'empêcher d'avoir certains questionnements : Iris a-t-il toujours été parfaitement honnête face à lui ou bien a-t-il déjà porté ce masque auparavant ? Lui, avait toujours œuvré à visage découvert, mais son ami ne se contentait-il pas de lui offrir ce qu'il demandait ?
Il aimerait pouvoir rejeter cette idée en bloc, et pourtant, il sent son cœur se briser pour la seconde fois de sa vie.
Par le même loup.
Par son meilleur ami.

Et ce sont les mots de son père qui lui reviennent, quand il évoquait la dépendance affective.
Avait-il donc été manipulé pendant tout ce temps ? Avait-on abusé de lui et de son bon caractère ?
Une alarme résonne au fond de son crâne.
Désiré aime Iris de tout son cœur, et c'est pourquoi revoir tout leur passé à la lumière du présent est si douloureux.
Il l'avait attendu pendant un an.
Pour se voir offrir des reproches sur la façon dont il menait ses amitiés ?
Non.
Sur la façon dont il menait sa vie amoureuse.
Le Corps gronde, comme il a pu gronder face à la terrifiante bête qui s'en est pris à Iris dans les Champs Mystiques.
Il l'a défendu.
Par Kiro, il a même été se présenté à Aka pour lui !
- Quelle valeur ai-je à tes yeux ?
C'est froidement que la question force ses babines, ignorant complètement les propos du fils de l'Alpha.
Parce qu'il n'en pouvait plus de se tourmenter lui-même avec tous ses questionnements, et qu'il devait entendre réponse de la part du principal concerné.
Pourtant, il regrette, un peu. S'assoit, se patte une patte sur le visage, avant d'élaborer.
- À défaut d'avoir confiance en elle, j'aimerais que tu aies confiance en moi.
Les yeux marrons viennent trouver ceux mauves.
Il est hors de question que je te laisse encore porter ce masque face à moi.

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La réponse 'Iris vient lever le voile qui s'était temporairement abattu sur le cœur du Corps. Et le loup jaune ne peut s'empêcher de se dresser su ses pattes arrières pour venir enlacer son meilleur ami, les larmes aux yeux.
Peut-être est-il trop gentil, mais il n'a jamais pu s'empêcher de laisser parler ses émotions. Il est sincère, Désiré, et lui ne sait pas porter un masque - n'en a même pas envie, à vrai dire. Ses réactions sont toujours pures, vives et sans détour.
Il parle, doucement.
- Je ne te demande pas de changer.
Il serait un bien mauvais ami, si c'était le cas. De fait, s'attendait également à ce que la réciproque soit vrai.
- Faisons un compromis.
Il se recule, les pattes avant sur les épaules de l'Épée, plongeant son regard d'automne dans celui crépusculaire.
- Fais-moi confiance. Et s'il venait à se passer le moindre incident, si j'avais le moindre doute, je t'en ferai part immédiatement.
De quoi permettre à son meilleur ami de se rassurer, d'avoir une possibilité d'action le cas échéant, et à Désiré de mener sa vie comme bon lui semble, avec les fréquentations qu'il lui plaît.

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Désiré peut sentir le soulagement venir relâcher la pression de ses muscles à la réponse du loup bleuté. Que craignait-il, pourtant ? De perdre son meilleur ami ?
Maintenant que cette conversation était achevée, cela lui paraissait tellement absurde.

[Fini pour moi, merci echapp ]

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