Comprendre l'autre - Nocera

Nymeria

Iel avait entendu qu’elle était revenue. Iel se souvenait d’elle, parce qu’elle l’avait aidé lorsqu’iel s’était perdue la première fois, dans le Dédale. C’était d’elle dont iel avait besoin. Même si ce n’était pas son glowstick, celui de l’intellect qu’iel désirait, mais plutôt le rose, celui de la beauté, iel trouvait que seuls les livres ne lui apportaient pas assez de connaissances pour s’améliorer dans la compréhension des autres. Peut-être qu’elle, elle saurait l’aider à naviguer la psychologie, grâce à quoi iel serait plus habile, pour charmer et manipuler. Ce n’était pas inné, de savoir jouer toutes les bonnes cordes d’un instrument, alors encore moins celles d’une personne.

C’était donc pour cela qu’iel était venu dans le Dédale, puis le camp des Nakhus. Evitant soigneusement l’Eglise, ou la statue de son père était trop douloureuse à regarder, iel passa entre les gardiens de pierre, puis prit le chemin du camp dans le labyrinthe. Maintenant qu’iel l’avait mémorisé dans son enfance, ce n’était pas compliqué. Iel ne risquait plus de s’y perdre.
Iel fit le tour des habitations, et ne trouvant pas la louve désirée, décida d’attendre devant celle qu’iel se souvenait être la tanière de la mauve. Elle n’apparaîtrait sûrement pas dans trop longtemps, le soir se profilait, et iel imaginait que depuis son périple au Nord, elle viendrait surement se reposer dans sa propre tanière, non ?

Iel se redresse lorsqu'iel reconnaît la silhouettes mauve et rose. C'est bien la louve qui l'as aidée à se sortir du labyrinthe lorsqu'iel était petite. Avec un signe de tête respectueux iel esquisse un léger sourire. Un ou une Nakhus mérite toujours son respect, même si ce n'est pas pour s'étendre à l'amitié, qu'iel réserve fermement, de peur de trop s'attacher et de perdre. De perdre encore.

"Bonsoir Nocera, je voulais te demander une faveur, s'il te plait."

Iel se sent embarrassée, au fond. Avant, c'était plus facile de demander les choses aux autres. Iel se sentait en confiance, en position supérieure, ayant un droit naturel à demander aux autres de l'aide, des services. Iel était enfant d'oracle! Maintenant, ce n'était plus pareil. Iel n'était plus personne: iel était enfant d'un mort.

"Félicitations, pour Séléné. C'est sympa, d'être grand-mère?" demanda-iel.
Iel n'était pas sure. Les enfants le répugnaient jusque là. Ils étaient ni beaux, ni propres, ni de bonne conversation. En effet, leur seul point positif était de s'émerveiller outre-mesure des objets brillants qui lae paraient à tout moment de la journée. Mais peut être était-ce plus sympathique d'avoir tout le loisir de jouer avec eux et de les émerveiller, sans la responsabilité de leur lécher les fesses lorsqu'ils se tâchaient ?
Qu'est ce que Séléné avait bien peu penser de s’embarrasser de deux petits parasites ? Iel pensait pourtant que, belle comme elle était, elle penserait de la même manière que iel.

Iel agite ses oreilles. C'est donc pas si mal que ça, d'être grand mère. Iel se demande si iel sera un jour grand-mère aussi. Déjà pour cela il faudrait être mère, hm, ou père. Est ce que c'est même possible ? Iel ne sait vraiment pas. En se reconcentrant sur la louve mauve, iel se détends un peu lorsqu'elle accepte de l'aider. Mais pourquoi ? Est ce qu'elle se sent obligée parce que iel est enfants de défunt ? C'est peu probable. Mais alors, qu'est ce qui lae motive ? Bon peu importe.

"Quand j'étais petite, tu m'as aidé à retrouver mon chemin dans le labyrinthe. Je voulais savoir si tu pouvais m'aider à mieux naviguer d'autres labyrinthes. Ceux des émotions, et de la psychologie."

Iel attends un instant pour vérifier si l'expression de la louve se teintait de négatif ou de positif.

"J'aimerais mieux comprendre pourquoi les loups grandissent de la manière qu'ils grandissent. Qu'est ce qui fait qu'une personne sait rester patiente, ou qu'elle se fâche pour rien ? Je ne parviens pas à comprendre ce que racontent les livres de la bibliothèque."

Est ce que elle saurait l'aider ?

Iel l'écoute avec attention. Ainsi, Nocera avait eu un mentor à une époque. Iel n'y pensait pas souvent, que ceux qui savaient avaient parfois appris auprès d'autres. Est ce que Prudence avait eu un ou une mentore ? Et Cheza ? Iel lui demanderait, la prochaine fois qu'iel la verrait. Prudence iel ne l'avait pas vu depuis longtemps... il paraissait qu'elle était la maman d'un des petits de Séléné. Hm, si deux femelles pouvaient avoir des bébés ensemble, alors iel pourrait sans doute en avoir, cela répondait à son interrogation précédente.

Si il y avait une logique derrière les émotions, iel pourrait sans doute apprendre à les comprendre. Cela paraissait un peu étrange à ses yeux: qu'est ce qu'il y avait de moins logique qu'un loup qui se laisse dépérir alors qu'il est dans la fleur de l'âge, qu'iel est belle et enviable. Pourtant, c'était ce qu'iel avait fait, l'espace de quelques mois. Iel s'en était sorti grâce à l'attention et la compréhension de son frère. Mais bon, c'était pour pour ça qu'iel voulait apprendre, c'était pour mieux charmer, mieux plaire. Et ainsi, mieux plaire à Moiro.

Iel pencha ses oreilles en avant et sourit en entendant la proposition de la louve. Ce qu'elle suggérait lui conviendrait parfaitement, ainsi iel ne se sentirait pas complètement inutile, devant s'abreuver des compétences d'un autre, mais pourrait plutôt construire ses propres compétences avec l'aide de quelqu'un. Cela serait parfait !
Un mentorat donc ?

"Ce serait parfait ! Je serais ravie de faire ça avec toi."

Puis iel acquiesce.

"Oui, un mentorat. Si c'est possible ?"

Est ce qu'il y a des conditions à remplir, pour devenir mentoré ?

Iel hésite un instant. Peut être était ce parce qu'iel se sentait déjà supérieur qu'iel n'avait jamais considéré véritablement appartenir à un rang ? En tout cas, iel ne s'était pas senti de devenir Oracle: la sagesse, ce n'était certainement pas de ses qualités. Disciple de Mido, très peu aussi. Non pas qu'iel était pas assez intelligente, mais cela ne l'intéressait pas. Et puis le rose était tellement plus beau que le vert, hm.
C'était donc ou sortcelier, ou mage, ou pèlerin ? Iel n'avait aucune affection pour les Raeders ni les Etelkrus, alors iel ne se voyait pas bien revêtir la cape de pèlerin -littéralement-. Sortcelier, ce n'était pas dans ses cordes non plus, iel n'avait jamais soigné qui que ce soit, bien qu'iel n'avait techniquement rien contre. Mage, c'était finalement le meilleur choix.

"Ca me convient de devenir mage"

Ce n'était pas vraiment comme si il y avait d'autres possibilités ici pour lui. Peut être que si iel n'y arrivait pas, iel deviendrait Solitaire ? Hm, est ce que les Solitaires pouvaient entretenir leur pelage entre chasser et chercher un abri ? Hm, non c'était pas pour iel non plus.

Puis iel hoche la tête. De toute évidence, on ne cache pas grand chose à une disciple de Mido. Est ce que c'était autant écri sur son museau ? Iel n'en es pas mécontent, cela veut dire que son apparence soignée et son charme ne sont pas invisibles: iel y travaille souvent, mais son évitement des autres Nakhus ne lui pas permis de vraiment tester si cela est remarquable. Est ce assez, cependant, pour se faire remarquer par une déesse ? Iel n'est pas certain, et cette hésitation lae retient d'aller voir la déesse tigresse. Pour le moment.

"Je serais ravie d'apprendre de vous tout ce que vous acceptez de m'enseigner."

C'est vrai, le talent d'une disciple de Mido pour la compréhension, l'intellect, les énigmes, les prouesses de l'esprit, iel ne peut pas les refuser. Après tout, quelqu'un qui était joli et intéressant que de l'extérieur n'était qu'une jolie huître. C'était la perle qu'iel voulait devenir.

Iel hocha la tête aux conditions de la louve mauve et rose. C'était bien noté, iel ferait de son mieux pour exceller dans tout ce que lui proposerai la louve aux cheveux flottants. Il n'était pas question qu'on doute de sa capacité à se mettre tout entière dans une tâche. Iel se redresse sur ses quatre pattes, prête à partir.

"Je ferais de mon mieux. Je vous souhaite une bonne soirée, à demain ! Je vous retrouverai devant l'entrée de la bibliothèque."

Iel n'avait pas envie de se perdre dans les rayons à essayer de retrouver la disciple de Mido pendant des heures. Alors iel s'inclina poliment, puis pris le chemin de la sortie du dédale. Iel irait directement à la bibliothèque pour trouver tous les livres qui le rendaient vraiment confus. Demain, peut être qu'iel commencerait à percer les secrets des autres. Et iel trouverait comment les plier.

[la suite ici : La personnalité]