Tic tac - Cloud

C'était ce que l'on pouvait appeler la dernière ligne droite avant que ses tout petits ne viennent au monde.
'Fallait bien l'admettre, ça apportait de la lumière dans un quotidien morne.

Son papa lui manquait, et, malgré elle, Onyx y pensait souvent, les larmes aux yeux. Y'avait, ici, beaucoup de choses qui lui faisaient penser à lui : Le simple fait de passer devant ce qui fut sa tanière lui brisait le cœur, et se rendre dans des endroits qu'ils avaient apprécié aussi.
C'était lui, également, qui l'avait poussée à lancer ce projet de refuge.

Il n'y avait rien de plus difficile que d'être privée de son papa, lorsque l'on allait, soi-même, devenir parent.
Onyx le découvrait, douloureusement et c'était dur, aussi, par ce qu'elle savait que son humeur triste devait être ressentie par les deux louveteaux qu'elle portait.
Ils ne méritaient pas ça, mais c'était plus fort qu'elle, cette tristesse dévorante.

Allez, secoue toi un peu, t'es une bleue ! Les bleus, ça se recroqueville pas au fond d'une tanière, ça va de l'avant.
Et ils sont, cet avant.

Si c'était aussi simple que ça, ce serait génial. Au moins, elle pouvait encore s'occuper par des activités qui lui éviteraient de trop penser au deuil, au moins jusqu'à la nuit tombée.
Et p'tet que cette nuit, elle devrait demander à Ted de dormir avec elle, si y'avait pas Lùgh... Est-ce qu'ils dormaient ensemble, des fois ?
Est-ce que c'était le moment de penser à ça ?

Un mince sourire étira ses babines et la licorne se redressa, les yeux un peu rouge, mais avec l'envie de se raccrocher à ce qui était beau.
Il lui restait des choses à faire, avant la naissance, comme repriser quelques couvertures qu'elle avait trouvé, ça et là, pour qu'ils aient chaud.

Emmenant de quoi faire, Onyx décida de s'installer au soleil.

En attendant ce grand bonheur que sera l’arrive de ses petits, il y en avait d’autres, plus petits, mais loin d’être insignifiants, comme la présence d’une amie et l’odeur de soupe qui y était associée.
Ses yeux, qui avaient alors tant pleuré, se plissèrent dans une expression heureuse, et Onyx sourit, sincèrement.

- Oh, coucou Cloud c’est super gentil merci beaucoup de t’être donnée tant de peine, et d’avoir pensé à nous ! Ca sent super bon !

La petite louve se redressa pour mieux voir ce que contenait le chaudron, avec moins de vivacité, cependant, qu’elle ne l’aurait fait en temps normal.
Son ventre, désormais on ne peut plus rond, n’était pas pour l’aider.

Elle remua la queue.

- Ca va faire une sacré quantité pour nous trois, ceci dit, j’espère que tu comptais rester avec nous !

Son visage reprit sa malice habituelle.
C’était rigolo, de parler comme ça, et surtout, de s’dire qu’ils étaient trois dans un seul corps. Une vraie colloc ! Si Onyx n’avait pas vraiment aimé le début de sa grossesse, avec les nausées, la fatigue, tout ça, ça allait mieux, alors qu’elle touchait à sa fin.

Oh, c’était drôle de voir Cloud aussi énergique ! Elle l’avait connue plus calme.
Ca en faisait, des questions ! Onyx tâcha de ne rien oublier.

- Le début a pas été ouf mais là ça va bien mieux. Ouaip ! Marty sûr… Pour le second, on verra, si c’est un p’tit mec ou une p’tite meuf. Ils devraient venir au monde d’ici quelques jours ! Eeet je réfléchis, mais j’crois qu’on a tout. Enfin, faut juste que j’finisse de repriser ces couvertures… Mais honnêtement, c’est plus pour m’occuper qu’autre chose. Mais merci, c’est gentil !

Pour se focaliser sur le positif, surtout.
Son sourire s’accentua.

- J’ai très très très hâte de les accueillir. Un peu de nervosité, aussi, j’vais pas te le cacher, mais surtout de l’impatience. J’sais d’avance qu’ils manqueront pas d’amour.

- Merci Cloud, c'est adorable ! Pour le sexe de l'un des bébés, c'est une forte intuition. Je sens, au fond de moi, qu'il peut pas être une p'tite fille. Ptet que je me plante... Mais j'en doute.
Le second, lui, a été notre petite surprise.

Elle n'avait pas forcément honte de ne pas avoir senti tout de suite son deuxième bébé, par ce qu'elle était si petite qu'elle ne s'était pas attendue à pouvoir porter plus qu'une seule vie, et aussi par ce que c'était pas possible de connaître le nombre précis à moins d'être palpée par un soigneur expérimenté... Ce qu'était son père.
Onyx avait consciente de la chance qu'elle avait, d'être aussi entourée : Ca l'aidait à appréhender sa grossesse, et, surtout l'après, avec un peu plus de sérénité.

- Oh oui j'suis sûre que Vio' sera génial ! Ils ont de la chance, de l'avoir comme papa.

La petite licorne hocha vigoureusement la tête, un sourire aux babines.
Si elle n'avait pas connu Vio', et si il n'avait pas été si important pour elle, elle n'aurait p'tet jamais sauté le pas et n'serait alors jamais devenue mère.
Par ce que c'était quand même quelque chose, de faire des enfants ! Et qu'elle s'était jamais imaginée les avoir après une histoire d'un soir, ou une connerie dans le genre.

Elle surprit l'air songeur de son amie.

- Oh, tout va bien ?

Un sourire doux vint étirer les babines de la licorne.
Sa patte vint se poser sur l'une de celles de son amie. Elle ne savait pas (encore) ce que ça faisait, de voir ses enfants grandir, de les voir prendre leur indépendance mais visualisait, quand même, assez bien la chose.

- Mais ils resteront toujours tes tout petits, n'est ce pas ? Et les tout petits ont toujours besoin de leurs parents.

C'était pour ça, qu'on était jamais vraiment prêts à les voir partir, et que ça faisait aussi mal.
Par ce qu'elle était tactile et par ce que la situation s'y prêtait plutot bien, ses pattes avant se refermèrent autour des épaules de son amie, dans une étreinte affectueuse.