En terres inconnues - Libre

Par la possession de cette immense bibliothèque, les Nakhus lui paraissaient déjà plus civilisés que les rustres Etelkrus.
C'était une façon comme une autre qu'Iberis avait de décharger sa rancoeur sur ce qui avait été sa meute : Il ne pardonnait pas mère de l'avoir chassé et contraint à une vie si difficile qu'était celle d'un Solitaire.
Il peinait à se nourrit et il lui avait cru au miracle, ce matin, lorsque sa gueule s'était enfin refermée sur la nuque d'un petit lapin.
Enfin, il avait pu manger autre chose que des produits de la mer.

Encore heureux, puisqu'il se trouvait, désormais, loin de l'Atoll. Faute d'avoir un devoir de présence dans un clan, le prince déchu s'était permis un voyage plus long que d'ordinaire, vers le territoire de ces Nakhus dont on lui avait parlé mais qu'il n'avait, encore, jamais rencontré.
Mais qui, déjà, lui faisaient forte impression.
Il aurait mieux valu qu'il naisse dans ce clan ci plutôt que dans celui d'en face, ah !

Enfin ! Iberis n'avait point fait tout ce chemin seulement pour pester envers les Etelkrus, et surtout envers mère, mais surtout pour s'abreuver des connaissances que cet endroit fabuleux renfermait.
Dernièrement, le jeune mâle se posait bien des questions : Comment rendre son quotidien plus agréable ? Qu'en était-il de ce qui touchait Iris ? Comment offrir les enfants qu'elle désirait tant à son épouse ?
Entre autres...

Comment, également, instruire, ces imbéciles d'Etelkrus et ouvrir davantage leurs esprits étriqués ?

Puisqu'il fallait faire un choix, il décida de se pencher, tout d'abord, sur le sujet d'Iris...

Une voix inconnue lui fit relever la tête de l'ouvrage qu'il tenait respectueusement entre ses pattes, et Iberis posa son regard bleu vers l'étranger.
Enfin, n'était-ce pas plutôt lui, l'étranger, cette fois ci ? Car l'individu portait sur son pelage l'odeur de cette meute, mais pas la couleur.

- Bonjour. Malade ? Je ne le suis point, du moins, pas à ma connaissance ! Je pourrais davantage affirmer être quelque peu fatigué, après un long voyage.

Par Moiro ! Qu'avait-il fait pour susciter à ce point la pitié ou, plus simplement, que l'on le pense souffrant ? Il faisait, malgré l'éloignement, toujours aussi attention à toujours paraître impeccable, des cheveux jusqu'au bout de la queue.
Il fallait au moins ne point paraitre négligé, pour porter dignement le rose vif contre son pelage sombre...

- Pour être transparent, je suis à la recherche de quelques témoignages de loups qui seraient nés avec le mauvais sexe. L'un de mes adelphes est touché par ce mal.

Iberis s'appliqua à le préciser, pour ne point se voir attribué cette maladie là.

- Rose bien plus qu'Etelkru. Je n'ai rien à voir avec ce peuple de rustres.

Enfin, presque plus rien à voir, à part un peu de sang avec l'une des Alphas, et une fratrie laissée là bas.
Il n'avait emporté avec lui que quelques effets et, surtout, beaucoup d'amertume.
Le loup sombre se garda bien de ces précisions, n'ayant point envie de s'étaler en explications devant celui qui demeurait un parfait inconnu.

Un parfait inconnu qui se montrait bien serviable, cependant.
Iberis le suivit jusqu'à l'étagère qui contenaient tous les ouvrages qui l'intéressaient. Toujours respectueux, vis à vis des livres, il prit avec précaution l'un des tomes entre ses pattes.

- Je vous remercie pour votre aide.

La question posée par les Nakhus lui fit redresser les oreilles.

- Eh bien, il me semble que dans le cas de mon adelphe, ce ne soit point une question de choix, mais davantage l'intime conviction d'être un loup dans le corps d'une louve.
C'est ainsi, qu'il se sent bien. Il me faut, cependant, accepter d'avoir perdu ma petite soeur., ou du moins l'image que j'avais de cet adelphe devenu petit frère.

Plus qu'Iris, c'était peut-être lui, qui en était malade.