Vivre ou mourir | Etna

Quelque chose la chicotait.

Et ce n'était pas des puces, elle avait bien vérifié - même indiqué à Pep's de regarder avec attention le haut de son dos, au cas où elles se cachaient là. Non, c'était plutôt un pressentiment, une énergie qui lui disait de se lever le gros cul et d'aller voir dehors si elle y était. Alors la vieille aigrie s'étira les articulations, et s'éloigna du Castel avec une mission des plus vagues à suivre. Sa direction la menait vers le temple de Dairo, une divinité qu'elle ne connaissait que par les dires de son ancienne compagne Te Hari. C'était peut-être cette dernière qui lui envoyait un message, qui lui disait d'aller voir la renarde afin de... de peut-être lui dire un petit coucou ?

La verte bailla, regrettant de plus en plus sa sortie précipitée. Il ne faisait pas particulière mauvais comme temps, mais ce n'était pas magnifique non plus, et elle n'aurait pas dit non à dormir un peu plus longtemps - elle avait eu un entrainement de fou la nuit dernière, mais bon, il était un peu ridicule de baisser les bras et de revenir les pattes vides au Castel. Comme si son 'board pouvait lire dans ses pensées, voilà que l'objet magique faisait son apparition, invitant la bouclier à embarquer dessus. Elle le fit sans hésitation, appréciant la gentillesse de son fidèle pouvoir.

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Au bout d'un moment, le piaulement des oiseaux attira l'attention de la louve, qui n'avait pas encore trouvé la piste d'un proie fraiche. Il y avait peut-être des chances que ces oiseaux tournaient autour de quelque chose d'intéressant, ou peut-être allait t-elle arrivée trop tard et voir un tas de pourritures ? Qui sait, alors autant aller voir.

Changeant légèrement de trajectoire, elle flotta sans bruits vers l'origine de tout ce brouhaha. Au fil du temps qu'elle s'approchait, elle avait un mauvais présentiment, et puis voilà qu'elle voyait une silhouette au sol, et elle avait assez longtemps chassé pour voir que cela ne ressemblait pas à un cerf, mais bien un semblable. Elle s'approcha encore, alors qu'elle était enfin à deux mètres de la triste scène.

Elle reconnaissait trop bien ce regard vitreux.

Elle soupira, mal à l'aise. S'apprêta à partir, car décidément, elle arrivait trop tard, mais un léger coup d'œil supplémentaire la fit hésiter. Un détail, un étrange bout de poil semblant se détacher du pelage de la louve éteinte, mais qui était en fait un autre être. Un enfant.

Etna hoqueta, choquée par la scène. Car la mort n'était pas pour les enfants dans sa tête, c'était trop injuste. Son poil se hérissa, et elle n'hésita pas un instant à s'emparer du petit être, faisant bouger violemment la carcasse de la brune. Car pour la mère - ou la grande sœur, qui sait l'histoire, c'était bien entendu terminée, mais pour le p'tiot, elle n'allait pas le laisser finir en dessert pour les mouettes. Ignorant s'il était en vie, une partie d'elle ne voulait pas laisser une jeune âme dans un tel endroit, au moins méritait t-il une place plus sereine, apte au repos éternel... non, il n'était pas mort, il ne fallait pas penser à d'horribles choses comme ça.

Elle dévalait l'horizon comme un folle, le mioche à la gueule, comme si s'éloigner de la mort était une chose réaliste, que c'était une maladie contagieuse. Mais la raison n'avait pas sa place lors de tels moments, alors la verte ne se rendait pas compte de l'adrénaline qui parcourait son corps. Et elle courra, courra.

À bout d'haleine, la femelle ralentit, posant le plus délicatement possible le corps du loupiot sur l'herbe, voulant le voir de plus près. Son museau se colla sur la fourrure chocolat, réalisant qu'elle était encore chaude, et que la peau du ventre montait et descendait.

« P-PETIT ! », s'écria t-elle avec la voix enrouée par l'effort qu'elle venait de faire.

Sa patte secoua la masse, comme si elle ne venait pas de le balancer de tous les bords quelques secondes auparavant.