Entre ses ailes de cuir | Kestrel

Elle avait envie de prendre ses distances un peu, c'te vieille boule de poils verte.

Pour réfléchir, ou du moins, faire le point. Etna n'était pas de ceux qui pensait trop longtemps, qui tournait autour des mêmes questions existentielles. Elle ressentait, bougeait afin de chasser ses démons intérieurs. Elle ignorait parfois quand ça faisait mal, ou tentait d'avoir mal ailleurs afin de passer la douleur ailleurs. Sauf que là, elle avait perdu son étoile, et la bouclier etelkru avait donc perdu tout ses repères. Elle dissociait, marchait sans buts, s'arrêtant - ou plutôt s'effondrant, qu'une fois l'énergie complètement vidée de son corps. Elle ignorait parfois où elle allait finir sa soirée, se perdait parfois quelques heures, avant de renifler une odeur familière d'un compatriote de son clan. La thérapie par excellence quoi.

Car comment continuer, alors que ses proches la quittait sans cesse, à quoi bon, s'ouvrir le cœur ?

Elle était reconnaissance des loups comme Zen, qui semblait si sage et vif d'esprit. Ses mots étaient comme un baume sur le coeur, bien que la solitude crépitait toujours en elle une fois la nuit tombée. Son humeur c'était comme un pas en avant et deux en arrière, ou parfois des bons complets, ou des chutes directes sur la figure. Si les loups de son clan la trouvait déjà imprévisible, ils n'étaient pas au bout de leurs surprises.

Mais au moins, la louve savait se distancer lorsque son humeur était trop massacrante, ou lorsqu'elle se sentait sensible, prête à pleurer au moindre évènement. Respirant profondément, elle était là à regarder le magnifique paysage à couper le souffle. Bien que le ciel était magnifique et la température bonne, Etna n'était pas en train de vivre l'instant présent.

Elle se remémora, comment elle se sentait entre ses ailes de cuir.

Te Hari, qu'elle ne reverrait pas de sitôt.

Te Hari, qui ne deviendrait pas vieille et aigrie comme Nana.

Son étoile à elle.

Le vent lui apporte une arôme de son clan, bien qu’avec un accent d’une odeur plus que familière.

Etna se retourne, bien qu’elle sait qu’elle sera déçue. Elle se retourne, forçant tout de même un sourire.

Kestrel, arborant la silhouette particulière de feu Tawana.

Etna avait parfois - toujours, l’impression de voir un fantôme de son passé, et son cœur faisait le saut à chaque fois. C’était peut-être de là la raison qui l’empêchait de réellement s’ouvrir le cœur au jeune loup, ne souhaitant pas se faire mal à nouveau, bien qu’elle pouvait bien s’identifier à ce qu’il vivait.

Elle rit un peu à sa remarque - il avait tout à fait raison, avant de respirer profondément à sa prochaine question.

« Comme ci comme ça. »

Autant pas aller en profondeur, elle était trop fragile, mais surtout trop fière, pour se laisser ainsi aller devant le petit. Alors il fallait trouver autre chose à discuter.

« C’est ton ami c’te piaf ? »

À défaut de pouvoir voler comme sa sœur, voilà qu’il flirtait avec les bêtes à plumes. On aura tout vu, mais la verte trouvait ça chou d’une certaine façon.