Entre ses ailes | La chouette

Lezeis a écrit:

NOMIDALA :
Au cours d'une balade nocturne, les pas d'Uma la mèneront vers son ancienne tanière.
Elle se remémorera alors l'époque où elle y vivait encore : La regrette-elle, un peu ? Pourquoi se sent elle aussi si seule, lorsqu'elle a fait le choix de rejoindre l'une des meutes du continent ?
Ses réflexions seront perturbées par le hululement d'une chouette amicale qui semble, elle aussi, chercher de la compagnie...

La nuit était froide, dénuée de vivacité.

L’astre solaire avait, depuis longtemps, fait son exit, n'aidant pas l'état mental dans lequel se tenait Umaïma. S'il faisait sombre déjà, il n'en était rien face aux pensées noires de la nakhu. À peine de retour après un périple dangereux sur Morne-Œil, Moiro avait relâché sa colère sur la louve, la maudissant et la chassant violemment de son temple. L'évènement jouait et rejouait dans sa tête sans arrêt, l'empêchant de dormir sans cauchemars. Il fallait qu'elle se change les idées, qu'elle parte de son cimetière adoré, au risque de détruire la seule place qui lui tenait à cœur. Au risque que de se faire du mal.

Elle, et la vie qui grandissait en elle.

Honteuse, elle ne voulait pas tomber sur un individu qu'elle connaissait, de là son désir de sortir qu'une fois la nuit bien installée. Avec le climat peu agréable et la lune peu généreuse de sa lumière, Uma se faufila entre les nombreux arbres, le cœur lourd, s'arrêtant parfois devant une étendue d'eau, regardant avec dédain son nouveau reflet.

***

Après plusieurs heures à zigzaguer sans buts particuliers, elle avait décidé de se rendre à la première tanière qu'elle avait habitée en tant que solitaire sur Punk Wolf. Qui l'eut cru qu'il y avait eu un moment dans sa vie où son âme n'était pas sous le contrôle d'une divinité et que son cœur n'était encore à personne ? Elle déglutit, ravalant sa peine.

Afin de chasser ces réflexions, elle décida de se focaliser sur l'excitation et l'espoir qu'elle avait ressentit en trouvant cet endroit... elle qui pensait vraiment qu'elle s'était enfuit du pire à cette époque.

Merde, comment avait-elle pu être aussi naïve ?

Décidément, les pensées positives ne fonctionnaient pas, alors elle allait faire avec.

Elle reconnaissait enfin les environs, suivant un chemin qu'elle avait souvent fait et s'arrêta à quelques mètres du trou. À présent, des traces de lapins y décorait l'entrée. Au moins, l'endroit n'avait pas tombé pas en ruine comme elle.

Son instinct de canidé trouvait cette découverte de dîner alléchante, mais elle n'était pas du tout d'humeur à manger, et encore moins salir son ancienne maison.

Un hululement la fit sursauté, l'extirpant de ses pensées morbides. Uma en chercha la source, regardant avec attention les nombreux conifères qui habillaient la montagne. Une lueur particulière attira son attention entre les feuilles, son cœur se serrant en pensant à la lumière rose de Moiro.

Celle-ci est bleu, ce n'est pas Moiro, se répéta t-elle mentalement.

Comme si la présence en question avait pu ressentir son anxiété, elle sortie de sa cachette, se posant sur une branche à découvert. C'était une chouette effraie, un rapace dont Uma n'avait jamais vu d'aussi proche auparavant. Ses grands yeux de billes posés dans les yeux similaires de la louve, elle semble vouloir lui dire quelque chose. Les deux se regardent en silence, alors que le vent vient chuchoter entre les deux une mélodie triste.

« Toi aussi, tu te remémores des choses ? » chuchota la croque-mort.

La chouette penche la tête sur le côté, avant de s'envoler de nouveau. Uma regarde l'oiseau disparaitre dans la forêt, envieuse de ce mode de transportation. Décidée à faire demi-tour, son élan est stoppé par la réapparition de l'animal, à présent posé sur un petit rocher.

Quelle étrange chouette.

La louve la contourne poliment - surement était-elle intéressée par la tanière, s'éloignant de nouveau.

Un autre hululement, plus fort cette fois-ci.

Alors la blanche se retourne, amusée par la situation. Elle décide de revenir sur ses pas, et s'approche lentement d'elle. Son museau touchait presque ses plumes, alors qu'Uma décide à la dernière minute de tenter de la flatter de sa patte le plus délicatement possible. L'oiseau ferme les yeux un instant, comme pour dire qu'elle appréciait le geste.

« Merci, de cet honneur. »

Elles restèrent les deux ensemble encore un moment, alors que le soleil commençait à montrer le bout de son nez. La chouette magique s'envola alors pour de bon, laissant Uma d'une humeur plus paisible que tout à l'heure.

***

Les soirs suivant, Uma remarqua que la chouette habitait à présent l'île funèbre.