Voyance, Silence, Châtiment [PV]

-Châtiment-

Parfois, lorsque Châtiment restait en contemplation devant ce lac azur des heures durant, il semblait à son cœur regagner un peu de la paix qui caractérisait son foyer dans l'autre plan. La lumière brillante illuminait la surface plane, à peine frémissante sous le vent doux qui la caressait, la rendait aussi belle qu'un miroir réfléchissant les cieux. Châtiment pouvait rester des heures durant face à ce spectacle, la stature droite et les pattes larges plantées dans l'herbe noircie par l'hiver, simplement à regarder, l'âme nostalgique.

Pourtant, l'ange et ses adelphes avaient fort à faire.

Les larges ailes de Châtiment s'étirent vers l'infini, changeant l'ange en une étrange boule de plumes un court instant, avant de se rabattre le long de son corps robuste. La silhouette se lève et fait quelques pas en direction du campement de fortunes que les adelphes avaient composés, bien pauvre résidence pour des anges de leur stature. Leur punition était rude, déjà, pour Châtiment, qui n'avait rien mangé depuis quelques jours, et dont la faim tenait les entrailles comme on tenait un discours. Avec force, et sans s'arrêter.

Avec quelques pas lents, l'ange rejoint les deux autres. L'impatience et la nostalgie, couplés avec la faim prenante, l'empêchait d'atteindre ce semblant de béatitude que son cœur cherchait désespérément, comme pour s'accrocher au souvenir du plan céleste qui ne faisait que s'enfuir au fur et à mesure que le temps passait. Tout cela nourrissait une envie d'action qui surmontait à présent la tristesse et la colère du bannissement que Châtiment avait du faire face. L'ange s'arrête alors, face aux deux autres, dardant son regard sur Voyance, puis Silence.


Sans quoi, seule la mort les attendait. Les trois anges avaient été gratifiés d'une mission, mais jamais Châtiment n'avait foulé le plan des mortels, et les changements laissait son esprit habituellement confiant et actif plutôt démuni. Par où commencer ? Chercher au hasard le Mal qui, il n'y avait pas de doutes, pullulait sur ces terres ? Ou bien se concentrer sur leur survie ? Chercher des alliés du Bien qui pourraient les aider ? Les ailes de l'ange s'étendent de nouveau, reflétant son envie brûlante d'action. Il était temps. Peut-être ses adelphes avaient eu vent de plus d'informations qui pourraient les aider dans leur quête - malheureusement, ses propres aventures avaient été, pour le moment, stériles.

Voyance avait ouvert les yeux sur ce monde. Un monde nouveau ou il ne se sentait pas à sa place. Son corps affaiblie était une prison pour son âme divine et les premiers jours c'étaient avérés être une réelle torture pour son esprit. Il avait beaucoup de mal à accepté cette nouvelle condition, beaucoup de mal à accepté cette punition qu'il jugeait bien trop grande pour le pêcher mineur qu'il avait commis. Cela avait fortement assombrit son humeur et lui qui était déjà très peu bavard d'ordinaire n'avait pas émis une seul parole depuis leurs arrivé. Muré dans un silence réflexif, la mine sombre derrière ses cheveux bleu. Il c'était couché au bord de l'eau, n'avait ni mangé ni bougé, comme une statut éternellement destiné à contemplé la surface miroitante du lac.

Les paroles de son adelphe le tirèrent des méandres de son esprit et il pivota le tête dans sa direction d'un geste lent, comme rouillé par son immobilité. Il est vrai que s'il poursuivait sur cette voie ils risquaient seulement de flirter dangereusement avec leur condition de mortel. Voyance ne désirait qu'une chose. Retrouver au plus vite son statut précédent. Mais leurs mission semblait tellement grande et risquait de durer sur une longue période. Ils allait devoir se mêler aux mortels et obtenir du pouvoir pour combattre le mal. Rien de bien réjouissant en somme.

Il se leva non sans difficulté. Son corps n'était déjà pas très solide mais le fait qu'il ne l'ait pas alimenté semblait avoir eux un impact bien plus fort que ce qu'il aurait pu imaginé sur sa condition. Il s'avança vers les deux autres d'un pas lent avant de s'assoir en face d'eux, disposé à écouter ce que Châtiment avait à proposer.

Silence avait péché.

Dès lors que le voile noir de son esprit lui avait été enlévé. L'ange sentit toute la lourdeur d'un corp mortel s'abbatre sur ellui. Des pattes semblables à celle d'un pantin désarticulé dès lors qu'iel ne tendait pas suffisament les nombreux muscles qui se cachaient sous son armure d'os. Une carcasse pénible, douloureuse, lourde..

Connaitre la douleur, Punir le mal..Des ordres gravé dans son esprit ainsi que celui de ses deux adelphes. Iels avaient une mission, une mission de la plus grande importance si iels souhaitaient retrouver leur place dans les cieux.
Mais par où commencer ?

Depuis sa renaissance, Silence était resté.e paralysé et muet au cotés de Chatiment, pertubé.e par tout les signaux que son corps lui renvoyait. Le picotement du vent sur sa chaire. L'impression que son exosquelette était comme diverses lames plantés dans son être. La faim, la soif, la fatigue.. Un mélange de stimulis désagrables qui se confondaient les un avec les autres

La tête penché sur la surface de l'eau d'une flaque, l'ange observait son visage de porcelaine figé - où la douleur était simplement visible par les mouvements agités de ses yeux sans paupières.
Au travers de ses acouphènes, Silence entendit la voix rauque de Chatiment:

Nous devons faire quelque chose.


Iel tourna tout ses yeux en direction du Séraphin mais son corps peina à bouger. Silence se concentra alors sur les muscles qui maintenait sa machoire, se concentrant afin d'articuler d'une voix un peu maladroite:

-"Que...Suggères.. tu ?"

-Châtiment-

Les yeux rouges de Châtiment, apposés sur ses ailes, se dardent d'abord sur Voyance, puis sur Silence. Leur inaptitude ne lui inspirait que de la tristesse, et de la pitié pour ce monde qui était si rude avec ses habitants. Ha ! Ce que le Ciel lui manquait. Un instant, les paupières se ferment, comme pour regrouper toute l'énergie qui restait à Châtiment. Ses adelphes comptaient sur l'ange, et son égo ne supporterait que d'être à la hauteur. Lorsque les paupières se rouvrent, c'est sur un regard déterminé et autoritaire.

Le pelage se gonfle légèrement, alors que la stature massive de Châtiment prend encore en force. S'il fallait un leader à ce petit groupe, l'ange prendrait ce rôle avec joie ... Enfin, seulement parce que c'était nécessaire. Sa voix enfle dans son torse, et jaillit en ricochant sur l'eau claire et plate sans aucune peur d'attirer l'attention.


Ses yeux passent de Silence à Voyance, les défiant de contredire ses paroles.


Ses crocs soudain se serrent, et les ailes qui encadrent le côté de son crâne s'écartent légèrement sous l'effet de la subite colère qui l'agite.

L'expression de Voyance sous sa mèche se faisait sombre. Ses yeux éteins fixaient le vide de se monde sans lumière. Son adelphes avait raison même si cette réalité était dur à entendre. Ces terres rudes allait certainement dévorer leurs corps faible jusqu'à l'annihilation totale s'il se laissaient aller à la décrépitude et à la mélancolie.
Mais après qu'y pouvait-il, comment voir le positif dans leurs situations lui qui avait perdu sa toute puissance, sa vie remplie de dissertations et de plaisirs. Ce monde à côté était gris et terne, sans la moindre saveur pour attirer son attention. Et ce corps ne semblait en mesure de ressentir que les pires aspect de leurs condition. Il ne vivait plus, ne faisant que survivre. Cela allait parfaitement à l'encontre de la vision qu'il avait de la vie. Il se languissait et son esprit s'enfonçait peu à peu dans l'obscurité. Il n'avait pas la volonté d'agir, pas la même ardeur que Châtiment. En perdant son corps il lui semblait avoir perdu bien plus que les deux autres. Et l'effort qu'il devait fournir pour retrouver sa condition naturel d'être supérieur lui semblait presque insurmontable. Qu'il était douloureux et contraignant de vivre ainsi. Peut-être valait-il mieux se laisser mourrir. Peut-être serait-ce là un jolie pied de nez à leurs bourreau. Mais voulait-il réellement lui faire ce plaisir, abandonner si tôt.

Certainement que non. Alors il se leva avec les même gestes lents que précédemment et se mit en route, l'expression figé dans un masque de profonde lassitude. Pas un mot, pas un signe pour ses adelphes mais il savait que ce n'était pas nécéssaire. Il écoutait mais ne parlait pas. C'était comme ça. Du moins quand il était d'accord. Et de toute manière il n'avait pas l'énergie de discuter. Il allait au moins essayer de mettre en application ce qu'avait suggéré Châtiment. Ne serait-ce que pour ses frères. Et peut-être, qui sait, trouverait-il quelques plaisir en ce monde. Pour l'heure le plus grand serait celui de pouvoir sustenter ce corps qui lui hurlait son besoin de ravitaillement de la plus désagréable des manières. En émettant des bruits répugnant à répétition c'était absolument insupportable pour les oreilles de l'être divin.

Tout trois faisaint peine à voir - ainsi diminués..iels n'étaient que l'ombre d'eux même, un fragment d'un être brisé envoyé sur une terre qui n'était pas leur - dans l'espoir de bannir le mal avec une épée emoussé.

Extatique, la statue de douleur qu'était Silence écoute son adelphe prendre parole. A coté, ellui et Voyance n'étaient pas vraiment de bon orateurs:

Nous devons nous appuyer sur les ressources présentes dans ce monde.
Nous nous sommes habitué.es à nous trouver tout-puissants, mais sans nos pouvoirs nous sommes réduits à vivre comme les insectes de ces terres hostiles. Mêlons nous à eux ; apprenons leurs coutumes, et ce, même si cela nous en coûte. Face à nous, ils ne pourront que nous aider à survivre, et à trouver le mal qui sera notre salvation. Je propose que nous nous séparions, et que nous cherchions ces mortels attirés par le Bien. Ils doivent être présents, et pourrons nous renseigner sur notre survie, tant que nos corps se trouvent ainsi diminués.
Et si, lors de nos recherches, nous rencontrons ces démons que nous devons expier, alors prévenons les autres et commençons notre travail. Mon cœur se languit de justice, et trouver l'un d'entre eux pourra nous guider à leur repère.

Pendant qu'iel expliquait son plan, les yeux de Silence -chacun independant aux autres- virent detailler les alentours. L'ange songeait.
En apprendre plus de ce monde... Voilà qui risquait d'être long et épuisant. A peine était iel incarné.e que le temps où iel était guardien des cieux lui parut lointain

Voyance se leva afin de quitter l'assemblé d'un mouvement las. Les yeux de Silence se tournèrent quand à eux pour se fixer sur Chatiment. Il se concentra.

-"Les..pas sont douloureux. Chacun d'entre eux.." il bougeat légèrement la tête et les tendons de son cou craquèrent d'un bruit sec "Je..vais te suivre. Le temp d'apprendre ce corps.."

"Et puis, de nous trois tu es le plus succeptible de trouver le mal de ce monde, Chatiment." Les ailes de Silence fremissèrent au vent. Iel serait ton bouclier, ton soutien pour les batailles à venir. La lueur de ses yeux te le firent comprendre, tu pouvais partir en chasse du mal sans crainte.

-Chatiment-

Ses yeux passent de Voyance à Silence, et ses mots semblent avoir fait mouche. Déjà, Voyance se lève sans rien dire et part, pour mettre en branle le plan exposé par l'ange. De son coté, Silence Hésite ; Des trois corps qui leurs avaient été données, le siens était probablement le plus inadapté, le plus grotesque, le plus punitif. Chatiment ne l'enviait pas. Alors, lorsque de sa voix lent et douloureuse ses mots viennent quémander une aide, Chatiment ne peut refuser. Ensemble, leur force s'additionnait, et la présence de Silence rendrait l'apprentissage plus rapide.


Un ordre ferme, quand l'épaisse stature de l'ange se met en branle. Beaucoup restait à faire, et bien peu de temps leur était octroyé.