Kidnapping sans témoins [Myrohino, Valens]

Valens

Il y avait un peu de vent, comme souvent, mais rien de bien violent, suffisamment pour rendre le soleil moins dur à supporter -même s'il n'était que petit joueur face à celui du Désert Blanc – sans pour autant soulever tonnes de poussières ou empêcher les insectes de sortir. Valens avait vu des sauterelles l'autre jour, énormes, de la taille d'un lapin, un repas parfait pour une journée qui s'annonçait bien belle. A l’horizon, aucun nuage, une promesse de repas et un excellente nuit passée, rien de tel pour démarrer la journée dans la bonne humeur et parce qu'il l'était Valens décida de se motiver pour un brin de ménage.
Il fallait avouer que même s'il sortait du canyon, celui-ci restait l'environnement lui étant le plus adapté du coin et Valens avait commencé à y établir son petit abri personnel. Comme les insectes, il logeait dans un trou sous les ronces, suffisant pour simplement y passer une nuit mais avait également le choix d'une retraite un peu plus dans les hauteurs des falaises pour si des grosses pluies inondaient le centre. Les plantes épineuses lui permettaient de ne pas être trop embêté par les autres animaux, si tout le monde les squattaient, personne n'y allait par simple plaisir mais il fallait balayer un peu les épines des terriers si on voulait passer une nuit confortable. Ceci fait, le mâle ocre épousseta étoffe -il faudrait qu'il recoud un trou d'ailleurs – et pelage, s'étira un instant, raccrocha plus fermement sa prothèse et il était fin prêt pour aller chercher son petit déjeuné.

Valens trottina donc la queue relever vers la sortie du canyon, là où l'herbe commençait à se faire plus nombreuse et où les sauterelles avaient des chances de se trouver.

Valens

Une silhouette apparue devant lui, familière si on pouvait le dire et qui un instant, fit tout de même un peu plaisir à Valens. Oh le loup de la dernière fois était revenu ! A la vitesse avec laquelle ce dernier s'était enfui, le mâle ocre n'aurait jamais imaginé le revoir ici, la surprise lui fit redresser la queue avec un certain enthousiasme mélangé avec sa bonne humeur... avant que Valens ne déchante aussitôt. Face à cette posture autoritaire de l'autre mâle, à ces crocs dévoilés, son ton agressif et... est-ce qu'il était en train de lui barrer la route ? La queue retomba bien vite et les oreilles de Valens se couchèrent vers l'arrière. A chaque pas que l'Etelkru fit dans sa direction, le solitaire en fit un en arrière alors qu'il bafouilla quelques mots comme si la pression de l'autre l'obligeait à répondre à sa question bien que n'était là que pour la forme.

« Bah... c'est qu'à moi ça me convient plutôt bien. »

Le climat surtout, il n'irait pas jusqu'à prétendre que les insectes étaient véritablement bons mais ça faisait une source de nourriture facile et non négligeable.

Valens

Un roulement de pierre fit sursauter Valens qui d'un bond nerveux, la queue entre les pattes arrières et les à l’horizontal, se retourna pour découvrir un autre loup, totalement cette fois-ci. Le mâle n'eut pas vraiment le temps de comprendre le pourquoi du comment et encore moins la situation dans laquelle il s'était d'un seul coup retrouvé que le premier vint lui foncer dedans pour le faire chuter au sol. Le choc vida les poumons de Valens, la surprise, la douleur et l'incompréhension elles lui tirèrent un couinement avant qu'il ne se fasse écraser par des pattes épaisses. Il remua vivement, cherchant à se dégager, ses pattes grattant le sol, complètement confus et franchement apeuré.

« Laissez moi ! J'ai rien fait ! La dernière fois j'ai prévenu, le sucre des cactus ça attire les insectes, c'est pas de ma faute s'il y en a un qui est venu ! »

Au dessus de lui, l'autre était terriblement lourd, lui écrasant la tête, les griffes qui s'enfonçaient entre ses côtes. Le choc avait également fait sauté une des sangles de la prothèse de Valens qui avait pris un sens qu'on aurait souhaité à aucune patte vivant et dont les bords s'enfonçaient également dans la peau du solitaire.

Valens

C'est un black-out des plus total. Valens était sous la montagne épaisse de muscle qu'était le loup cornu, écrasé, prisonnier, alors qu'il sentait sur lui le regard perçant du deuxième. Une douleur vive au crâne, le goût du sang dans sa gueule et puis... plus rien. Le vide, le noir complet. Quelques sensations diffusent parfois tout de même sans possibilité de les comprendre et ce mal de crâne qui obstruait toute pensées.

Une odeur vive et piquante lui remonta alors le long des narines. Véritable choc olfactif, c'est comme une brûlure qui remonte jusqu'à sa pauvre tête endolorie, l'arrachant vivement de son subconscient embrumé. Valens ouvrit brusquement les yeux avec une aspiration profonde comme s'il essayait de ne pas se noyer, ayant un mouvement de recul rapidement bloqué. Le solitaire ocre cligna des yeux, cherchant à comprendre, à remettre les choses dans l'ordre malgré sa forte migraine. Son regard s'écarquilla alors qu'il ne comprenait même pas la moitié de ce qu'il lui arrivait.
Face à lui, les deux loups de tout à l'heure, l'expression presque mauvaise sur le visage de celui que Valens connaissait déjà. Le mâle put rapidement constater d'ailleurs, par le douleur provoquée par les liens, qu'il avait les pattes attachées et le corps maintenu à une sorte de grosse pierre. Instinctivement, la peur au ventre, l'adrénaline montant à la tête, Valens tenta de s'en défaire, s'agitant, tirant là où il pouvait, le pelage hérissé au maximum dans une terreur des plus complète. Il n'eut même pas le temps de comprendre où il était, devina simplement que ce n'était plus son canyon, trop d'humidité, trop de froid et de toute façon Valens ne connaissait pas bien la région.

Le grand mâle se rapprocha de lui pour venir déposer une sorte de mixture sur ses pattes, Valens avait beau tiré sur ses liens pour les éloigner du contact, ce fut peine perdu.
La réaction fut nettement désagréable, comme une brûlure qui venait lui démanger la peau sans qu'il ne soit libre de venir la gratter. Valens souffla par la truffe alors qu'il serrait les crocs pour supporter l'irritation, guettant le premier instant où le grand cornu baisserait les yeux ou détournerait le regard pour venir essuyer sa patte atteinte sur la roche.
Les minutes passèrent, longues, insupportables, terriblement stressantes. Son pelage ne dégonflait pas mais la fatigue de tenter continuellement de se libérer des liens monta. Il abandonna quelques instant avant que le gros mâle ne revienne vers lui avec sa même mixture, s'approchant de sa tête. A nouveau Valens s'agita à nouveau, rentrant sa tête dans les épaules, retenant sa respiration, de peur fermant les yeux, oreilles en arrière alors qu'il sentit un contact froid sur sa truffe, suivit de la même brûlure ressentie que sur ses pattes. Ça le fit éternuer et Valens ne se cacha même pas cette fois d'essayer de se débarrasser de la substance.

A nouveau cette attente interminable qui plus elle durait, plus donnait l'impression à Valens que son cœur allait exploser sa poitrine. A nouveau le gros cornu se rapprocha de lui, vint lui attraper la tête alors que le petit mâle sable chercha désespérément à échapper de l'emprise. Il parvint tout de même à lui enfourner son immonde mixture à l'intérieur même de sa gueule. Immédiatement Valens sentit la brûlure caractéristique mais surtout le goût affreux de la substance, lui tirant un haut de cœur si intense qu'il lui aurait vidé l'estomac s'il avait été plein. Ce ce fut qu'un peu de bile que le solitaire recracha avec la mixture dont il essaye de nettoyer sa gueule.
Épuisé par les différents test, par sa situation surtout, le stress et la peur intense qui ne descendaient pas, Valens relâcha un peu la pression de son corps une fois la brûlure et le goût dans sa gueule passer. Il gémit un peu, lamentablement.

« S'il vous plaît... laissez moi partir. »

Dans son désert natal, il avait toujours du se montrer courageux, pour surmonter la faim, la chaleur et les errants. On l'avait déjà averti de la malveillance des autres loups mais Valens ne l'avait jamais vraiment expérimenté, pas comme ça du moins. Dans le désert, tout le monde était condamné à la longue agonie, sauf lui qui y était devenu son enfant, les êtres les plus vils mourraient rapidement. Ici, Valens était leur proie.

Valens

Valens n'aimait pas beaucoup la discussion entre les deux. Des hypothèses sont lancées, celles de recettes nouvelles ou d'idée pour amplifier les effets déjà présents et puisque Valens était celui sur qui ils avaient jeté leur dévolu pour faire leurs petits tests, le mâle ocre n'était pas du tout enthousiaste à l'idée que le duo aille plus loin. Il essaya de tirer à nouveau sur les liens mais peine perdu, s'ajouta à sa situation déjà fort peu enviables, l'inconfort de fourmis dans le bout de ses membres.
Sa demande n'aboutit pas, en réalité Valens n'avait pas vraiment eu d'espoir dessus. A la place, il est invité à boire une étrange boisson à l'odeur un peu similaire à la pâte, plus ou moins, du peu qu'il arrivait encore à sentir avec le bout de sa truffe irritée. Oreilles en arrière, il essaye de reculer sans vraiment le pouvoir alors que le bol est approché de son museau, ses griffes raclant sur la pierre dans le mouvement alors que son regard bicolore passe, avec la même peur que précédemment, entre la mixture et la louve. Valens ne voulait pas essayer de boire ça, il se demanda même un instant si ce n'était pas du poison, ses babines frémirent dans la panique lorsque ses moustaches éraflèrent le liquide.