Renforcer les liens | Priam

(Se passe avant l'event du dragon bleu)

Gourde d'eau à la hanche, Uma n'en était pas à sa première exploration du territoire.

Elle voulait cependant voir de nouveaux horizons, et elle avait eu des bons commentaires sur la Passe Ventue. Bien qu'un peu trop proche des terres Etelkrus à son goût, elle avait cependant au final cédé à la curiosité. Ce n'était pas comme si elle se faisait remarquer facilement de toute façon, elle était très prudente la croque-mort, toujours à ses aguets et prête à rebrousser chemin à la moindre menace qui se pointait.

La louve blanche n'avait pas anticipé à quel point le vent allait être son plus grand ennemi, et c'est avec irritabilité qu'elle prit une pause afin de se faire un chignon - prenant tout de même soin de cacher ses oreilles, comme à son habitude. Alors qu'elle terminait de faire sa coiffure, une odeur familière fut transporté par la brise. Un parfum de son clan, mais d'un loup qu'elle n'avait encore jamais prit le temps de rencontrer. Devait-elle lea saluer, ou faire comme si rien était ? Elle ne savait plus comment socialiser, elle était rouillée la pauvre.

Qui aurait crût que son plus grand défi de la journée serait de dire un simple bonjour ?

Beaucoup de vent. Priam a été obligé de coincer Mistigri contre son poitrail sous sa petite cape, pour éviter qu’il ne soit emporté par le vent. Avalant difficilement sa salive, le Nakhus pencha son museau vers le rebord, pour regarder ce qu’il y avait un peu plus bas, avant de reculer brusquement.
C’était sacrément haut !
Un frisson qui parcourent son corps, alors qu’il se retourne pour faire face à une louve portant l’odeur du clan. Priam pencha sa tête plusieurs fois sur le côté, sa petite queue remuant alors qu’un sourire vint crier ses babines. Ouf, au moins il n’était pas tout seul ici !

« — Bonjour ! »

Avait-il parlé assez fort avec tout ce vent ?
Est-ce qu’il l’avait dérange et que c’était pour ça qu’elle ne parlait pas ?

Ce que ça grandissait vite.

Elle se souvenait d'avoir posé un regard sur lui et sa sœur lorsqu'ils étaient tout juste nés, et voilà qu'il se baladait seul et pouvait parler. Contrairement à Dysis, Uma ignorait l'identité de sa mère, mais elle était probablement à l'origine de ces cristaux ici et là... ce qui lui rappelait la jeune enfant au pelage brun et à la chevelure violette qu'elle avait autrefois rencontré d'ailleurs.

Bref, elle ignorait toutefois le nom du loup qui venait lui dire bonjour, ce qui était un peu malaisant, alors autant y remédier tout de suite ! Elle lui sourit chaleureusement, avant de poser sa patte sur son portail de sorte à se pointer.

« Umaïma, et toi ? »

Parler de façon vague était la seule manière de contrer la malédiction de Moiro et, depuis le temps, elle s'était habituée à faire des phrases de peu de mots.

Pourquoi il ne l’avait jamais croisé au dédale ? Les questions qui se bousculent dans sa tête, les doutes, mais aussi l’appréhension qu’il avait toujours lorsqu’il croisait de nouvelles personnes… rendait l’adolescent un peu bouleversé.
À la question, il répond par automatisme, ne réfléchis pas trop.

« — Priam ! »

Il se gratte la joue.
Que pouvait-il dire de plus.
Que devait-il dire.
Pouvait-il lui parler sans risqué de l’embêter ?

« — Je… vous… »

Priam commençait un peu à paniquer, ne sachant pas quoi faire. Son regard va un peu partout, avant se de reposer sur la louve. Contre lui, il sert sa peluche un peu plus fort pour se calmer.

« — Vous vous êtes fait mal à l’oeil ? »

La curiosité, un villain défaut.

Sauf qu'il fallait s'y attendre, venant d'une jeune âme. Et soyons honnête, elle-même était encore de nature très curieuse, alors elle ne lui en voulait pas trop.

« On peut... dire ça. », se contenta t-elle de répondre, ne voulant pas approfondir sur le sujet.

Elle regarde le sol, puis repose de nouveau son regard bicolore vers Priam, prenant la peine de mettre un peu de sa mèche devant l'oeil maudit. Aucunes raisons de l'ennuyer avec ses histoires dramatiques.

« C'est qui ? », dit-elle le plus gentiment possible, pointant la chose entre ses pattes.

Elle savait certains jeunes plus sensibles que d'autres, et il n'y avait rien de mal à ça, de s'attacher à des objets. Cela ne faisait de mal à personne, et Uma trouvait ça plutôt mignon en vrai. Son enfant à elle avait tellement grandit vite en même temps, qu'on dirait que les stades de l'enfance lui manquait, la rendait nostalgique.

D’accord donc, dans la leçon de vie du jour, éviter de parler des cicatrices, surtout quand elles brillaient bizarrement. Priam se gratta la joue, un sourire venant étirer ses babines lorsque la louve pointa sa peluche. Fier, il la leva au niveau de son museau.

« — C’est Mistigri ! »

Son meilleur ami.
Le seul cadeau que qui avait fait sa maman aussi.
Ça avait son importance.
Mistigri remua un peu entre les pattes de Priam, faisant un geste de sa patte pelucheuse comme pour dire bonjour. Comment résister ? Il était si mignon et sentait bon les biscuits chauds.

Est-ce que sa peluche... avait une âme ?

Ou peut-être s'imaginait-elle des choses, elle n'était pas trop proche du loup non plus. Elle se raclât la gorge, un peu confuse par la situation, mais ne le laissa pas trop paraître, ne voulant pas faire mauvaise impression.

« Bonjour Mistigri ! », dit-elle comme si elle parlait à un autre loup.

Elle se penche un peu, polie et avenante. Puis elle eu une idée.

« Puis-je ? »

Elle tend la patte lentement, ne voulant pas l'apeurer.

Mistigri n’était qu’un objet que Priam rendait vivant par sa volonté. Petit pouvoir, avec lequel il était né, qu’il appréciait. Mistigri en était le principal utilisateur… parfois quand cela était nécessaire de petits objets.
À la demande de la louve, Priam hésita un peu, se grattant la joue avant de laisser sa peluche s’avancer.

« — … d’accord… »

Les gens étaient souvent curieux, mais pas à ce point.

Mistigri avance de lui-même, et Uma ne peut s'empêcher d'applaudir.

Si curieux, ce jeune Priam, et le voilà marionnettiste, aucuns fils ne semblait paraître autour de l'objet, et à peine son propriétaire bougeait-il. C'était une sorte de magie, un sort ou un don. Uma l'enviait, comme si ses magnifiques cristaux ne lui suffisait pas, il y en avait décidément des plus chanceux que d'autres.

La croque-mort accueille la peluche dans ses bras, plus elle se met à l'étudier, sortant un petit ruban. Pendant quelques seconde elle bouge le ruban un peu partout, calculant, réfléchissant.

Puis, ressentant son anxiété de séparation, elle lui redonne gentiment, comme si le jeune loup était une petite fleur, satisfaite de ses mensurations recueillies.

Elle sort ensuite de sa petite sacoche deux tissus, un bleu royal et un rouge profond.

« Lequel ? »

Autant ne pas prendre toutes les décisions artistiques, ce n'était pas son Mistigri après tout.

Mistigri semble plus que ravi de ce traitement privilégié, tendant docilement les pattes, tournant sur lui-même. Le chat en peluche est rendu à Priam qui le sert affectueusement. Certains avaient des familiers, d’étranges petits animaux…
Mistigri était bien plus que cela.
À la question, l’adolescent observe tour à tour les rubans. Bleu ou rouge. Priam ne portait pas de rouge, trouvait cela trop voyant… trop agressif (puis ça lui rappelait un peu la couleur du sang). Un sourire étirant ses babines, il observa Umaïma.

« — … le bleu ! »

Que voulait-elle en faire de ce ruban ?

Priam observa avec attention les choix qui lui étaient offert, avant de lui envoyer un sourire. Le bleu, un choix plus que prévisible, bien qu'il n'y avait pas de mauvais choix.

Sauf qu'il y avait de la beauté dans une esthétique monochrome, et Uma respectait sa décision - et elle l'avait proposé de toute manière. Elle sort une petit craie, ne répondant pas encore à sa question, et fait quelques ligne sur le tissus, regardant une dernière fois Mistigri, avant de remettre le tour dans sa sacoche.

« Super, merci. », dit-elle en souriant, joueuse.

Elle n'allait pas pouvoir fabriquer un petit manteau sur place, mais une fois dans sa tanière - dans ses temps mort, elle allait pouvoir s'y mettre. Autant garder la surprise, et ne rien dire.

« On marche ? »

Et elle un pas en avant, puis un autre, lui donnant plus ou moins le choix.

La peluche semble apprécier ce traitement de faveur, remuant doucement la tête, avant de faire un petit mouvement de patte vers la louve. Les autres s’intéressaient souvent à lui… sans pour autant lui offrir de cadeau.
Priam se gratta la joue, un sourire étirant ses babines.

« — … il a l’air content… merci ! »

Il ne sait pas sur quoi cela débouchera, cela l’intrigue. À la proposition, il se redresse.

« — … oui d’accord ! »

La présence d’Umaïma l’angoissait un peu moins qu’au tout début. Hésitant, il fit quelques pas à ses côtés, Mistigri s’accrochant à sa patte.

Uma ne pu se retenir de répondre à son sourire avec le sien.

Tout semblait bien aller pour le moment, bien que la croque-mort ne pouvait pas amener la conversation très loin. Priam ne semblait pas trop s'en faire heureusement, et peut-être se disait il qu'elle était aussi réservée que lui. Son langage corporel semblait plus détendu, ce qui était encourageant. Elle continua donc la discussion, préférant le faire parler.

« Qu'est-ce qui vous amène ici, toi et Mistigri ? »

Peut-être pouvait elle l'aider s'il cherchait quelque chose, ou le guider quelque part.

La question le rend un peu nerveux. Les autres auraient du mal à comprendre ce qu’il cherchait réellement en se rendant seul jusqu’ici… parce qu’ils n’étaient pas aussi effrayés que lui par tout ce qui les entoure. Ceci dit, jusqu’ici Umaïma avait semblé plutôt compréhensive. Il vient se gratter la joue, un sourire un peu moins confiant aux babines.

« — … j’essaye d’explorer un peu, sortir pour avoir moins peur… »

Mistigri ne fait que l’accompagner dans toutes ses aventures.

« — … c’est pour essayé d’être un peu moins trouillard… »

Un peu plus fort, comme il essayait de le devenir un peu plus chaque jour.