Priam [priam]

Echos

Elle ne sait pas trop ce qu'elle veut lui dire, Echos, à Priam. Sa maman est morte et évidemment ça l'affecte beaucoup, même si elle ne lui a pas parlé depuis, la jeune louve le sait, elle le voit bien. Alors elle n'a pas osé trop venir vers lui, parce qu'elle ne sait pas comment faire pour lui remonter le moral, à peur de faire quelque chose qu'il ne faut pas, de dire une bêtise. Mais elle a peur aussi que si elle ne vient pas le voir, si elle laisse passer trop de temps que Priam finisse par en être peiné, par être déçu.
Elle ne voulait pas trop s'incruster Echos, parce qu'elle n'était pas la famille de Priam et elle, elle n'avait jamais eu de parent perdu parce qu'ils n'avaient jamais véritablement existé. Elle ne voulait pas déranger Dysis ou Séléné non plus, à elles aussi, Prudence était plus ou moins de leur famille, en théorie... plus ou moins.

Finalement, elle essaye de lui rendre visite à Priam.

« Priam ? T'es là ? »

Ah, elle s'en rend compte que maintenant mais elle vient les pattes vides. Peut-être qu'il aurait voulu des madeleines comme il faisait tout le temps... ou des sablés, ou n'importe quoi d'autre que juste rien.

Mistigri est parti, avec Yurai.
Prudence est partie, pour ne jamais revenir.
La nervosité ne fait que croître chez Priam. Chaque bruit, chaque action à accomplir, ne faisait n’être qu’une angoisse constante. Parfois, il entend les gens s’adresser à lui, cela ne sonne que comme un borudement, il ne parvient pas à réagir. Ni à réfléchir de façon claire.
Prudence est partie. Mistigri. Yurai.
Son champ de vision semble se brouille, alors qu’il cherche un moyen de se raccrocher avant que la panique ne monte à nouveau.
Dragon. Dysis.
Son coeur tambourine plus fort dans son poitrail, alors que sa respiration se fait un peu plus saccadé.
Prudence. Mistigri. Yurai. Dysis.
Echos.
Un battement de cils, alors que son regard se pose sur la silhouette blanche.
Echos.
Sans réfléchir, il vient la serrer entre ses longues pattes, cherchant à se calmer. Ses yeux s’humidifient. Tout lui semblait si compliqué ces derniers temps, tellement stressant…

« — … Echos… »

Echos

Il est devant elle, l'air un peu perdu mais Echos ne sait pas vraiment quoi lui dire, à Priam. Alors elle n'ose pas trop le regarder, le confronter et ses yeux gris se posent sur le sol, là où une de ses pattes grattait nerveusement. Peut-être qu'il était occupé et qu'il n'avait pas trop envie de la voir, peut-être qu'il ne voulait rester qu'avec sa famille et c'était compréhensible.

« J'veux surtout pas te déranger mais... j'voulais savoir comment tu allais... parce qu'il s'est passé pleins trucs, entre le dragon, ce qui est arrivé à Kerguelen, à … »

A ta mère aussi. Elle n'ose pas trop Echos, finir sa phrase. Priam était devenu presque comme elle, avec un parent manquant mais l'adolescente n'avait jamais vraiment vécu de deuil puisque les siens de parents, n'avaient jamais vraiment existé. Lorsqu'elle relève le museau pour voir l'expression du mâle cornu, c'est un pelage sombre qui vient l'accueillir et des grandes pattes qui vient l'étreindre comme pour l'empêcher de partir elle aussi. Elle peut sentir, Echos, toute cette tension sous l'épaisseur du pelage, les spasmes de son corps alors que l'émotion rendait Priam fébrile.
Elle sait encore moins, Echos, ce qu'elle doit faire, ce qu'elle doit dire, alors elle se tait. Elle essaye cependant d'être là, un peu quand même et rend l'étreinte du grand mâle. Si elle n'est pas petite femelle, elle ne fait pas le tour du corps de son ami avec ses pattes mais sans doute que ce n'était pas important. Elle aurait voulu l'aider à s'apaiser un peu, que ce soit possible de chasser les problèmes d'un simple pchiit pchitt ou d'un coup de tête cornu pour les plus coriaces. Le dragon était un monstre peut-être un peu trop gros pour cela.

Ce qui arrivé est à Kerguelen. Priam pleurait encore sa mère, au point d’oublier par moment que les Nakhus, eux, avaient aussi perdus leur Oracle. Que Yurai se retrouvait complètement seule. Sans guide.
Alors il se force à sourire. Sourire, pour ne pas rendre les autres tristes.
Sourire pour oublier sa douleur, essayé de la faire oublier aux autres.

« — … elle est partie… Prudence… avec Kerguelen…
… mais nous on est toujours là, hein ? »

Il serre un peu plus fort son amie, pour ne pas qu’elle voit les larmes qui coulent sur les joues de la Licorne.
Les autres partent, mais nous devons resté forts.
Nous devons avancer.

« — … qu’est-ce qu’on peut y faire ? »

Il sert les crocs, peiné par cette triste vérité.

Echos

Priam commence à lui faire mal à force de resserrer son étreinte mais pour le moment, Echos n'ose pas lui dire. Elle sent les secousses de son corps sous son pelage épais, les larmes qui humidifient leurs deux pelages même s'il essaye de cacher tout ça. Echos n'est pas bête, elle sait que ce sourire n'est qu'une façade pour faire croire que tout ça n'était pas si grave, mais ce n'était pas vrai, et la louve cornue elle, ne savait pas trop quoi faire en réponse.

« Moi j'suis là ! »

Pour le reste, elle ne voulait pas dire de bêtise et affirmer des choses qui n'étaient peut-être pas sûr. Mais Echos était là, entre les pattes de Priam s'il avait besoin d'un câlin. Elle serait toujours là, aussi longtemps qu'il en aurait besoin, parce que c'était son meilleur ami alors elle ne l'abandonnerait pas, qu'importe le nombre de dragon qui viendrait leur casser les pieds.

Puis il lui demande ce qu'ils pouvaient y faire. Encore une fois, Echos n'a pas vraiment de réponse.

« J'sais pas, mais il n'y a plus beaucoup d'adultes alors je crois que maintenant, c'est à nous de l'être. Pour les Nakhus, pour pas qu'ils disparaissent et qu'on se retrouvent tous seuls. Le dragon peut bien venir, tout casser et mettre le bazar, faut pas qu'on s'laisse aller, pas trop longtemps, sinon il prendra trop de choses précieuses, c'est un dragon après tout. »

C'était un peu leur truc aux dragons, de prendre tout ce qui était précieux. Des trésors, un territoire, des personnes importantes.
Elle s'écarte un peu, pour relever ses yeux gris face à ceux du loup licorne.

« On laissera pas les Nakhus disparaître n'est-ce pas ? Qu'importe ce qu'il se passe ? »

Moi, c'est ça ma chose précieuse.

À nous d’être adultes.
Une vérité qui le terrifie Priam, car contrairement à Echos, il n’est pas courageux. Contrairement à sa soeur, il n’est fort. Il est grand enfant qui a peur de tout et de rien, qui pleure facilement, angoisse quand il faut parler à des inconnus. Lentement il se décolle d’Echos, essuyant maladroitement ses larmes. Sans la regarder, il réfléchit à ses paroles.
Le dragon.
Encore et toujours. Le sujet principal sur toutes les babines. Il en a assez Priam de l’entendre partout, de voir les préparatifs pour le contrer. Les autres voulaient défendre quoi ? Les marais remplis de monstres ? Plus rien ne pousserait là-bas avant longtemps.
Alors pourquoi s’en prendre au dragon.
Pourquoi vouloir lui faire du mal ?
Ce n’est pas lui qui a tué Kerguelen et Prudence.

« — … qu’il prenne… là dehors, il a tout détruit… faudra tout reconstruire, encore… pourquoi pas partir ailleurs… j’en ai marre d’entendre les autres parler de se battre… »

Il sert les pattes, le museau baissé vers le sol, alors que des larmes coulent sur ses joues.

« — … je pensais que les Nakhus… qu’ils… qu’on… ferait pas de mal aux autres… loups ou dragon… j’pensais… »

Il passe une patte sur ses yeux.

« — … j’crois que j’ai rien compris à ce que nous sommes supposés être… »

Echos

Il se décolle d'elle, se met simplement à pleurer tout seul et Echos, ça la peine vraiment de voir Priam dans tout ses états. Elle ne sait pas trop les mots qu'elle doit dire, n'est pas sûre d'être bonne pour ça. Elle ne sait même pas si elle a tout bien compris elle même les réponses que le grand mâle attend à ses questions.

« J'crois pas qu'il faut comprendre quelque chose véritablement. On essaye tous de faire les choses comme on pense qu'elles doivent être, en essayant de garder ce qui nous semble important. C'est pas forcément évident. »

Elle a moins de mal que Priam de se faire à l'idée qu'on puisse vouloir taper le dragon. Elle lui en veut un peu parce qu'il a détruit sa seule piste pour retracer son origine, son seul lien, caché au cœur des champs maintenant détruits, qui pouvait l'aider à comprendre ce qu'elle était vraiment. Elle était un peu en colère aussi, qu'il y avait eu des morts et de ce sentiment de peur qui affluaient dans le cœur de chacun.
Elle n'était pourtant pas de ceux qui comptaient aller se battre.

« Tu sais, moi, j'ai souvent envie de taper des trucs aussi et je cris contre les monstres qui apparaissent autour de moi parce qu'il m'embêtent à être là. C'est pas très gentil, je le sais, mais j'voudrais pas être moins Nakhu parce que j'ai pas envie de me laisser faire. »

Elle baisse tête et oreilles, c'est un aveux un peu honteux en réalité. Echos n'était pas sage, n'avait pas beaucoup de patience non plus, elle s'énervait facilement.

« C'est facile d'être en colère et d'avoir peur. C'est facile aussi de croire qu'on peut régler un problème en l'affrontant de face. Ça l'est beaucoup moins de pas se laisser emporter. »

Elle releva ses yeux gris vers Priam, les oreilles cependant toujours vers l'arrière, dans une expression un peu confuse tout de même.

« C'est pas parce qu'ils sont nombreux qu'ils ont raison, mais j'pense pas qu'on soit tous moins Nakhus les uns par rapport aux autres parce qu'on arrive pas à gérer les choses de la même façon.
J'crois que dans toute cette histoire, y'a surtout beaucoup d'émotions. »

Priam l’écoute, son amie. Parler des monstres, de ceux qu’elle faisait fuir en leur criant dessus. Comme lui lors de leur première rencontre… pour autant… jamais il ne leur aurait de mal à ces monstres.
Un reniflement.
Le museau se lève, un sourire triste qui déforme ses babines, alors que maladroitement il essuie ses larmes.

« — … je suis fatigué… de cherché à comprendre ce que c’est d’être Nakhus… pardon… »

Parfois…
Parfois je pense trouver la réponse.
Puis…
Tout vole en éclat.
Doucement il vient resserrer ses pattes autour d’Echos, enfouie son museau dans les poils blancs. Priam reste ainsi un moment avant de finalement prendre la parole.

« — … pardon… d’être toujours triste… d’avoir toujours peur… »

Pardon Echos, j’dois être un peu nul comme ami.
Priam les entraine vers le sol, se laisse tomber sur les couvertures. Y’avait quelque chose de réconfortant en la présence de son amie, peut-être en mesure de l’apaisé ne serait-ce que le temps d’une sieste.

Echos

« Y'a p't être rien à comprendre. Être Nakhu, ça veut un peu tout et rien dire. »

Il revient pour la serrer à nouveau entre ses grosses pattes de garçon trop grand, enfoncer son museau dans le pelage blanc de son encolure. Il est sans doute un peu fatiguée Priam, Echos peut sentir tout le poids de ses émotions peser sur elle alors que le mâle ne cherche même plus vraiment à se porter. Il les fait tomber tout les deux sur un tas de couverture – c'était marrant de constater à quel point il y en avait toujours eu dans la tanière de Séléné, chez Priam par extension aussi. Elle gigote un peu Echos, pour se mettre bien et être confortable, là, serrée entre les pattes de Priam.

« T'inquiètes, c'est pas grave. »

D'être triste et d'avoir. C'était un peu normal, il s'était passé tellement de chose.

«Tout peut pas rester indéfiniment comme ça. Tu vas voir, les choses vont finir par redevenir plus calme, ça sera pas comme avant c'est sûr mais on pourra recommencer à s'amuser à explorer des trucs, à construire des choses, faire de la cuisine et tout. »

Ça, ça ne changera pas n'est-ce pas ? Parce qu'ils étaient Nakhus, ensembles, c'était sa chose précieuse.