Un flambeau à passer ▒ Paquot

ANN REVENGE
Maîtresse des Rituels Raeder ; 11 ans
F A E I

Elle était vieillissante la petite sorcière, et son temps sur la terre était compté. Elle préférait de plus en plus être sous la surface de l'eau, où l'Océan portait son poids et soulageait ses articulations grinçantes. Transformée en eau brune et sablonneuse pour gagner en vitesse et se fondre dans cet environnement qu'elle adorait tant, Ann plongea en profondeur, dans les entrailles du monde, en quête du Roi de la mer qui devait attendre sa venue. Elle avait transmis un message via une anguille électrique pour donner rendez-vous à la limace de mer ancien scribe de Céto et le convier au choix de son successeur. Il lui fallu plusieurs heures de nage dans les abysses avant de parvenir à l'endroit décidé. Elle aurait préférer aller voir Paquot dans son palais, mais la ville Abyssale, si elle en savait l'emplacement approximatif grâce à son lien à L'Océan et la vaste touristique, emmenée par Edessa quelques années plus tôt, elle lui était pourtant impossible d'accès seule. C'était la volonté de l'eau, les courant l'empêchant d'aller plus loin. Alors, patiente, elle attendit que son invité montre le bout de sa nageoire.

ANN REVENGE
Maîtresse des Rituels Raeder ; 11 ans
F A E I

< Majesté. >

Il l'attendait en fait, posé et serein. Ann lui répondit avec respect et sympathie, le sourire aux babines, sur le même ton que lui. Elle sentit ce lien un peu spécial entre eux se réchauffer au contact de la limace de mer. La petite sorcière n'était pas venue souvent le voir, pas autant que d'autres, et pourtant, il y avait cette confiance, cette amitié et cette compréhension de ceux qui dirigent et guident les leurs vers un objectif commun, dans une sens de vie similaire. La noiraude ne prétendait nullement être égale à Paquot, ni même être capitaine dans l'ombre des pirates. Il s'agissait seulement de directives spirituelles. De tracer la voie des siens dans les volontés et le respect de l'Océan et de ses mondes sous-marins. D'accompagner son équipage, sa tribu, sa famille, dans un mode de vie tout lié aux mystères des eaux, troubles ou non, des mers de ce monde et d'ailleurs. Les crocs immaculées d'an étincellèrent alors qu'elle s'ouvrait au Roi désigné de l'Océan.

< Me voici aujourd'hui pour choisir successeur dans ce rôle que j'ai tenu presque toute ma vie, prête à transmettre à mon prochain pour perpétuer ce qui nous lie. >

Ann aimait être cérémonieuse, peut-être un peu trop, rendant parfois ses discours un peu pompeux. Elle plissa les yeux, amusée elle-même de cette mise en situation théâtrale. Elle serait plus succincte pour la suite, il y avait de toute façon, beaucoup à dire, même si elle savait que Paquot veillait sur eux et qu'il savait -ou présentait du moins grâce à toute vie marine les entourant- ce qui se passait chez les pirates.

< Des trois prétendants à ma suite, Nael et Astrid ont montré le plus d'entrain et d'esprit à leurs tâches. La dernière épreuve a été de créer un bouclier, magique mais unique, pour un être de leur choix. >

La petite femelle sortit de son sac l'amulette de coquillage de sa fille et expliqua son fonctionnement : portée par l'être à protéger, doit être mouillé, que l'on tapote si l'on se sont menacé pour libérer une horde de petits crabes défenseurs. Ils formeraient alors un bouclier permettait de se soustraire aux coups d'un ennemi, ou d'en amoindrir la force. Puis elle tira de sa sacoche le large filet plié de son fils et transmis là aussi, la façon dont marchait cette protection : si un être aux intentions néfastes envers le peuple de la mer, sa flore ou l'équipage des Raeders venait à le toucher, ses mauvais desseins déclencherait le réveille de l'amulette en son centre et appeleraient un golem -fait de crabes lui aussi- qui viendrait en aide tel un gardien inflexible. Ann était immensément fière de ses deux rejetons. Tout deux avaient fabriqué des objets merveilleux avec leurs petites têtes bien pensantes. Le fait qu'ils ai tout deux créer autour de la symbolique des crabes l'amusait beaucoup, et montrait selon elle, que le lien avec le peuple de l'Océan était bien ancré dans leurs âmes.

< Je suis évidemment, très heureuse, et ravie au delà des mots de leur implication et de leurs méninges comme le serait toute mère. Par ailleurs, il ne m'est point difficile d'être impartiale puisque ce sont tout deux mes petits et que je les aime autant l'un que l'autre. En terme de magie, je les sens à égalité, en terme de relation avec l'esprit de l'Océan, aussi bien qu'Astrid ai le don d'invoquer de petites créatures marines, ce qui lui facilite sans doute la communication. Elle a remplie absolument toutes les conditions données et respecté à la lettre les instructions. Quand à Nael il a outrepassé la consigne en créant un bouclier qui -bien qu'utile une unique fois pour un seul être- n'est pas dédié à une âme en particulier. Toutefois, d'un point de vue de pirate et de Maîtresse des Rituels, c'est ce qui montre à mon sens, sa détermination à emprunter n'importe quel chemin, même un moins lumineux et glorieux, à ne pas obéir bêtement aux règles et à surpasser les attentes dans l'optique de protéger. >

Il avait bien sûr le coeur bien moins noir que sa génitrice et son âme était plus légère et bienveillante que celle de la petite sorcière, toutefois, c'est en lui qu'elle croyait voir la possibilité de renier sa bonté au profit du bien-être de ses pairs et de l'Océan. Ann sentait Astrid plus pure encore, d'une générosité, d'une sincérité et d'une tolérance merveilleuse, qui risquait de la mettre en porte-à-faux, en péril peut-être même, si un jour, une guerre éclatait à nouveau contre le continent ou le monde terrien en général. Ce choix était motivé, bien entendu, par le vécu de la petite louve aux boucles blonde et rousse, à son animosité à l'égard du continent et de ses meutes et à son caractère dont la noirceur avait toujours été tenue en laisse -mais qui continuellement essayait de s'en défaire-. A ce sens là, peut-être que son avis était tout de même un eu biaisé. Voilà pourquoi la décision finale revenait à Paquot et son esprit plus posé et neutre.

ANN REVENGE
Maîtresse des Rituels Raeder ; 11 ans
F A E I

C'était tout à fait exact. Le noble Paquot avait mis la... moustache sur un détail qui avait échappé à la femelle. Elle réfléchit un instant, afin de revoir mentalement les scènes. Elle se remémora donc les deux épreuves, les résultats de chacun. S'il était vrai que Naël avait utilisé un objet déjà envoûté par l'Océan -ce qui pouvait être de ce fait une forme de tricherie-, il avait toutefois été capable de fabriquer l'amulette auparavant de sa propre initiative et sans aide, prouvant sa capacité à user de sa propre énergie pour ses rites. De son point de vue de pirate, tout bonus qu'il ai su trouver et adapter à sa situation était preuve supplémentaire de son opiniâtreté. D'un point de vue de sorcière, user de toute magie -même d'ailleurs où d'adverses entités- à sa disposition et la faire œuvrer dans son sens était être d'une grande force spirituelle. En tant que Maîtresse des Rituels Raeder donc, elle n'y voyait là qu'un point de plus démontrant son appartenance au monde marin via son âme de loup des mers resquilleur.

< Je le crois oui. De plus la transmission de mes connaissances comblera toute lacune qu'il pourrait y avoir. Que ce soit pour l'un comme pour l'autre. >

A Astrid il lui faudrait lui apprendre à être plus fourbe, moins généreuse envers les étrangers pour savoir d'abord protéger les siens et l'Océan en priorité même si cela devait être néfaste pour les continentaux ou leur beau monde. S'assurer ainsi que toujours la pénombre des Abysses et son équipage soient ses trésors et qu'elle n'hésite jamais à se dresser contre tout ceux qui pourraient être de mauvaises intentions. Ou de fausses bonnes... Quand À Nael, c'était plus sur l'ésotérisme qu'elle devrait travailler probablement et les rituels pleinement magique. Reconnaître les signes, y lire la volonté de l'Océan quand il avait, tout comme sa sœur déjà connaissances théoriques des plantes, des soins de bases et des cérémonie d'usage. Vraiment, ses deux enfants étaient tout autant capable de reprendre son flambeau. Bien que son âme de sorcière retorse penche en faveur de son garçon.