Fugue en A majeur - Médélisse

Pomelo

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Elle s'amusait toujours énormément à trouver des nouvelles choses dans le monde. Elle n'avait jamais eu peur de sortir toute seule, et il ne lui était rien arrivée de mauvais depuis qu'elle avait commencé, une fois que maman lui avait dit ok.

Cependant, c'était avec moins d'enjouement que d'habitude qu'elle trottinait dans l'inconnu. Quelques jours auparavant, Helga était décédée. Elle avait pris avec elle toute une partie du bonheur de Pomelo. Elle lui avait laissé sa carte - dont Pomelo ramenait une copie maintenant avec elle, mais elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait dessus, n'étant pas du tout soigneuse- et son écharpe, qu'elle n'osait pas encore porter, du fait de la douleur que lui prodiguait sa vision. Elle l'avait pliée soigneusement, et enroulée dans des feuilles de chêne, puis posée dans un coin de sa tanière. Sincèrement, elle ne voulait pas encore la voir. Elle la voyait toujours autour du cou de celle qui avait été comme une deuxième maman pour elle. Et puis elle avait le même âge que maman (Perrine), ou presque. Ce qui voulait dire que bientôt, il n'y aurait peut être plus personne.

En fait, cette escapade, c'était plutôt une fugue. Elle fuguait toutes les choses qui l'inquiétaient, qui lui faisaient peur. Toutes les choses qu'elle ne savait pas gérer: la mort de Helga, la peur de la mort de maman, l'incompréhension envers Myrohino, et ses idées extrémistes.... elle voulait être ailleurs, quelque part où elle était plus Pomelo. Juste pour un jour.

Assise au bord de la passe ventue, regardant au fond du canyon, elle ferma les yeux, pour écouter le bruit au fond.
Que faire, maintenant ?
Elle avait plus de 6 ans, et elle n'avait jamais trouvé un sens à sa vie. Pas de glowstick: c'était une honte d'avoir attendu aussi longtemps pour se présenter à une épreuve. Pas de rang. Pas d'idée sur ce qu'elle aimait dans la vie, à part le parkour, et parler avec les gens. Qu'est ce qu'on faisait d'une louve comme ça ? Rien, on faisait rien.
Elle regarda en bas, son regard passant sur les parois abruptes des falaises.

Elle avait envie de sauter.

Là - en haut des pics les plus escarpé de la passe ventue. Là où elle avait l'habitude de se retrouver seule avec les oiseaux de proie. En cette fin d'après midi, Médélisse aperçoit avec surprise pour la première fois, une silhouette lupine qui à l'audace de s'aventurer dans ce lieux où la moindre chute pourrait être synonyme de mort.
Elle penche le museau vers elle quelque secondes - cette tâche violette orange avec des bouts de carapace noire.
Qu'est ce qu'elle fait là ? à se pencher dans le vide ?

D'une pirouette, Med change de trajectoire, elle pique dans le vide et remonte en cloche pour passer à toute vitesse devant elle -peut être bien pour que le vent qu'elle soulève la force à reculer de quelques pas. En hauteur dans le ciel, alors que le vent caresse son pelage. Un fin sourire se dessine sur museau alors qu'elle finit par atterrir sur le bord de la falaise dans un bruit de breloques.
Fière de son arrivée en grande pompe, elle avance alors d'un pas délicat et assuré.
Après tout- pourquoi avoir peur ?- Dans ce territoire au milieu des nuages qui était comme un terrain de jeu pour elle.

Tient, tient. Si j'imaginais qu'un jour je verrais quelqu'un monter si haut dans ses montagne ahah

De son œil unique, elle la détaille. L'odeur de cette étrangère au long cheveux.. elle ressemblait un peu à celle d'Iris. Non ?

Tu es ..etelkru ? Est ce bien cela très chère ?

Elle bondit en arrière, surprise. Une forme venait de voler devant elle - un espèce d'énorme oiseau ? Elle recula pour discerner de quoi il s'agissait, et crut discerner ... un loup ? L'être se pose au bord de la falaise, puis s'avance vers elle, d'un pas assuré.
C'est une louve, avec un cache-œil et des ailes. DES AILES. Des ailes bleues, énormes, avec les plumes au bout blanc. C'était super stylé, super beau - enfin, elle était super belle.

Elle oublia un instant sa tristesse et son envie de faire du parkour, et se calqua sur l'énergie de l'inconnue. Absorbant son assurance pour palier à la sienne.

"C'est bien cela madame. Et v- toi, serais-tu pas Solitaire ?" dit-elle, en faisant un pas vers l'avant.

Elle à l'air libre, cette louve bleue - libre comme Pomelo avait envie de l'être. Elle pouvait voler, s'envoler de tous les soucis, loin dans le ciel. Elle aimerait pouvoir faire la même chose.
"T'es vachement jolie dis-donc ! Tu aurais pas un prénom que tu peux me dire ?" dit-elle avec un grand sourire .

Medelisse savoure quelques instant le regard eberlué de la louve qui se trouve face à elle. Elle sent des pailettes briller dans son regard et ça la flatte.
La posture droite, elle avance de quelques pas, laissant quelques temps ses longues ailes deployés afin de garder une stature impressionante. Lorsque l'etelkru ose prendre la parole, elle lève le museau.

"C'est bien cela madame. Et v- toi, serais-tu pas Solitaire ?"

Un oreille pleine de breloque fremit à cette appelation. Madame. est ce que ça ne la vieillissait pas un peu au final ?
Elle decida de le prendre comme marque de respect pour sa stature et replia doucement ses longues ailes alors que l'etelkru lui offrit un grand sourire.

-"D'une certaine manière"

"T'es vachement jolie dis-donc ! Tu aurais pas un prénom que tu peux me dire ?"

Le museau se penche alors que son expression se fait un peu amusé à la maladresse des mots employés. Elle vient d'une patte remettre en place ses mèches rebelles tout en lui repondant:

"Je me nomme Médélisse et toi ma belle ? Le pas gracile, elle vient fleurter avec les rebords du gouffre avant de s'amuser à de tourner autour de la louve aux long cheveux, l'effleurant au passage de ses plumes "Que viens tu donc faire toute seule ici ? Ce n'est pas l'endroit le plus agréable qu'il soit de parcourir à patte.

Derrière son expression taquine, une sincère curiosité se dessine au travers de son oeil unique. Les terrestres se penchaient rarement au rebord du vide sans avoir une bonne raison