Still standing | ft. Pomelo

Pomelo

Elle était allongée, roulée en boule sur le bord de la falaise, sa mine déconfite, son regard trainant sur la mer sans vraiment sembler la voir. En vérité, elle pensait à toutes les choses qu'elle aurait voulu dire à sa maman et Helga avant. Elle pensait aux choses qu'elle aurait aimé faire avec elles avant. Aux sorties qu'elles feraient jamais. Aux confessions qu'elle ne dirait jamais. Aux jeux en famille qui se recommenceraient jamais. Elle savait Melon, et Figue dévastés tout autant qu'elle, et Chay et Litchi, bien qu'ils s'expriment pas beaucoup sur leur sentiments, avant aussi l'air très tristes. Elle se sentait beaucoup plus proche de ses frères et soeurs, maintenant, mais elle ne pouvait pas s'empêcher, au fond, d'être extrêmement triste.

Mais elle réfléchissait autrement, maintenant: qu'est ce qu'elle devrait dire à ceux qu'elle appréciait avant qu'il ne soit trop tard ?

Elle redressa ses oreilles, puis sa tête -pas très énergétiquement- lorsqu'elle entendit une voix familière.

"Oh, Swing."
Elle lui rends son sourire, ses yeux se remplissent d'affection, et s'essuie les yeux avec ses pattes.
Depuis qu'elles avaient vraiment fait connaissance, elles avaient passé plus de temps ensemble, et Pomelo se sentait très chanceuse d'avoir une amie proche qui soit aussi courageuse, forte et fiable. En fait, Pomelo avait parfois du mal à penser à ses défauts, tant elle était ravie de la voir.

"Ca va ?"
Ca paraît si simple à demander, si pathétique, étant donné sa tristesse, mais elle veut véritablement savoir comment elle va. Cela la permettra de se distraire de sa propre tristesse, un instant.

Elle sourit un peu, sans devoir forcer, lorsque la grande louve se pencha sur elle. Elle appuya un peu sa tête contre les cornes de Swing et soupira.

"Non..."
Elle n'avait jamais été très forte pour mentir, et son honnêteté lui avais parfois causé bien des torts, enfant. Mais au moins, aujourd'hui, on pouvait savoir ce qui se tramait dans sa tête sans stress. Elle ferme les yeux, des petites larmes s'échappant de sous ses paupières. Elle n'as même pas envie de paraître forte, de paraître sans peur, sans pouvoir être atteinte. Ce serait mentir. Et elle ne sait pas faire ça bien. Alors elle sent l'odeur de la grande louve grise, ses cornes et ses cheveux roses, qui la remplissent d'un sentiment heureux, parmi la tristesse.

"Parfois, quand je rentre au camp, je crois les voir dans la tanière des guérisseurs." dit-elle à voix basse.

Elle rouvre les yeux sans trop affronter le regard de Swing. Elle a peur d'y voir du jugement de sa faiblesse, de la honte d'avoir quelqu'un comme ça en amie. Elle sait que c'est bête, pourtant. Elle sait qu'elles sont parties. Mais c'est plus fort qu'elle, de vérifier tous les soirs que leurs grottes sont toujours vides. Comme si elles allaient se réveiller, et revenir lui faire un câlin, ou tenter de lui tresser ses cheveux en racontant des anecdotes de guérisseuses: celles qu'elle n'avait jamais assez écouté.

Elle pose sa tête sur l'énorme patte grise, la chaleur de Swing la réconfortant. Elle se sentait mieux, maintenant qu'elle était là. Moins perdue, moins seule. Si elle était Raeder, elle aurait dit que Swing était son ancre. Mais elle était Etelkrus, alors Swing était son ... ? Enfin bref, son rocher quoi.

C'était vrai, qu'elles étaient toujours avec elle. Rien que l'écharpe d'Helga -toujours pliée dans un coin de sa propre grotte- était un rappel de ce qu'elles avaient été pour elle. Elle voyait en elle les traits de sa maman, le rose et le bleu mélangés qui évoquaient l'été, l'amour des fruits, des autres, son sourire était le même, aussi, que celui de sa maman. Et pourtant ... et pourtant elle aurait préféré qu'elles soient pas parties.

Elle lui essuie une larme. Si elle n'était pas terriblement triste, elle serait terriblement rouge d'embarras pour son cœur qui battait fort. Dans l'état des choses, elle capte enfin le regard rouge entouré de noir de son amie. De son amie.
Elle relève un peu la tête pour la cacher dans le poil frisé, sous le menton de Swing.

"Merci d'être là." dit-elle, en reniflant.

Est ce qu'elle voudrait venir à la maison ? Peut être pas tout de suite, elle n'as pas dit à Sakura qu'elle avait tenté et raté son épreuve. Il était peut être temps qu'elle le dise à quelqu'un, et qui de mieux pour commencer que Swing ?

... Mais elle n'avait pas les mots. Pas encore. Et puis elle avait trop honte.

"Ton frère vas bien ?" demande-elle, en essayant de changer le sujet.
Elle ne 'lavait pas vu depuis un moment.

Elle hoche la tête. Moui, Ottar. Apparemment il ne parlait pas beaucoup ? Comme Bellamy, alors. Elle réalisa qu'elle n'avait jamais vraiment passé de temps avec lui, à l'occasion, elle essaierait de le rencontrer un peu mieux. Après tout, elle avait quand même sa soeur jumelle en amie - très bonne amie - enfin, meilleure amie.

Et ses soeurs ? Elle sourit, à part Melon, c'était vrai de dire ça.

"Tout le monde est triste. Airelle à l'air de pas trop mal le prendre..."

M'enfin, airelle était un peu bizarre parfois, à toujours courir après des ragots.

"Melon est super triste, en plus, maintenant il y a quasiment plus de panseurs, alors il a beaucoup de travail. Litchi elle se noie un peu dans son mentorat avec Anita, je pense. Figue est super triste et Chay aussi... M'enfin ils vont tous bien ! Chay se plait beaucoup en Bouclier, Litchi aimerait attraper le glowstick de Kiro, et Melon se plait totalement comme soigneur ... Nirvana va bien aussi -elle était ma soeur de lait- elle passe tout son temps chez Dairo, puisqu'elle apprends à être prêtresse. Je devais la voir pour aller chercher des coquillages ensemble... mais euhm ... bah pas tout de suite je pense."

Elle s'essuie les yeux de ses pattes et se redresse, pour regarder la mer.

"Je pensais que ma maman et Helga seraient toujours là ... ça paraît super bête, je sais... mais c'était un peu toutes les deux mes mamans ... Plus que mon père Atlas, qui ne s'est jamais vraiment occupé de nous ..."

Elle regarda la mer. Elle pensait à Nael, à Bellamy, à Bastille, a ses frangins, tous ces gens à qui elle allait dire à quel point elle les appréciait, avait qu'il soit trop tard.

"Je pense que maintenant, je dirais à tout le monde que j'aime que je les aime, et que je suis heureuse de les avoir dans ma vie ... avant qu'il soit trop tard."
Elle ne l'avait jamais dit, une fois l'enfance passée, à Helga. Elle regrettait, maintenant.
Elle se tourna vers Swing de nouveau en souriant.

"... En commençant par toi ! Tu es mon amie la plus proche ! Je me sens super chanceuse qu'on se connaisse ! J'espère qu'on aura plein d'aventures ensemble !" dit-elle, en souriant, en en posant une patte avant sur celle -beaucoup plus grande- de Swing.

Elle sourit doucement. Oui, elles auraient tout le temps du reste de leurs vies à passer ensemble. Et puis elle la suivrait n'importe où, pour ne pas être seule avec sa tristesse. Et aussi, pour toujours pouvoir parler et se sentir aussi spéciale et aimée qu'elle se sentait lorsqu'elle était à côté de Swing. Est ce que ça voulait dire qu'elle appréciait Swing pas pour elle même, mais pour le ressenti qu'elle lui donnait ?

C'était une pensée inhabituellement philosophique pour la louve pastel. Mais elle résoulu très vite: ce qu'elle aimait avec Swing, c'était qu'elle était toujours là, qu'elle était souvent calme là où elle aurait été inquiète, qu'elle parlait que pour dire les choses importantes, alors qu'elle discutait d'un peu tout ce qui lui passait par la tête. Certes, elle n'avait surement pas que des qualités -mais ses défauts, où étaient-ils ? - mais les qualités qu'elle avait, Pomelo les admirait beaucoup. Elle aimerait être un peu plus comme sa grande amie. Et elle avait l'impression que quand elles passaient du temps ensemble elle allait mieux - et elle devenait une meilleure louve.

"... Euhm, Swing ?"

Elle avait décidé de mettre les secrets sur la pelouse. Elle avait l'air gênée, un peu honteuse.
"Juste après que ... que Helga est morte, je suis allée voir Aka - je pense que je voulais ... penser à autre chose, en tout cas, je pensais que avoir un glowstick, passer mon épreuve, ça m'aiderait à aller mieux..."

Ce qui était arrivé était évident, à partir de maintenant: après tout, elle ne portait pas la petite lumière rouge qui montrerait sa victoire. Et Swingy devait se douter que si elle avait réussi, elle serait venue lui dire immédiatement.

"... Mais j'ai échoué. Il m'as fait combattre ta maman ... mais en liquide de fontaine ... et j'ai perdu."

Elle gratte un peu le sol, embarrassée. Swing avait réussi du premier coup. Est ce qu'elle avait honte que sa pote ait raté ? Elle osait pas vérifier dans les yeux rouges de son amie.

"Il a été très gentil, il m'as dit que j'étais forte parce que je me suis relevée à la fin - et il m'as dit de revenir quand ça irait mieux"
Elle lève ses yeux vert d'eau vers la grande louve grise aux cheveux roses, pour sonder son opinion.

Elle lui sourit. C'est vrai, elle pourrait recommencer, ré-essayer. peut être que la deuxième fois elle réussirait. En tout cas, elle avait hâte d'u retourner, elle avait hâte d'être prête à montrer qu'elle avait de la valeur en tant que guerrière, et qu'elle serait une vraie disciple de l'Ours.

"J'adorerais ! On peut faire ça demain, si tu veux !" dit-elle, ravie.
Elle se sentait devenir de plus en plus de bonne humeur. Mais pour le moment, elle avait juste envie de rester ici, à côté de son amie, à regarder la mer tranquillement.
Quand elles étaient comme ça, elle se sentait complètement paisible. Même sa tristesse lui paraissait maintenant lointaine.

Est ce que Swing ressentait la même chose ?
Elle devrait lui demander, à l'occasion.

"Promis!" lui dit-elle en souriant, en levant une patte pour un petit tcheck de la promesse.

Puis elle s'installe un peu mieux à côté de son amie, presque flanc-à-flanc, pour regarder la mer ensemble. Ce serait une baston très sympa ! Pas parce qu'elle était sure de gagner - loin de là- mais parce qu'elle jouerait avec sa personne préférée.

Elle resterait là jusqu'à que la lumière danse sur les vagues, puis elles rentreraient sans doute manger quelque chose et se coucher. Elle n'était pas pressée - elle pourrait rester comme ça toute sa vie.

[finito pour moi =D]