L'autre opération [PV Astrid, Valens]

Valens

LA queue rentrée entre ses pattes arrière, la marche en rase motte, Valens suivit le loup bleu non sans avoir jeté ses regards anxieux dans toutes les directions jusqu'à sentir la fin des frontières de cette meute qui l'avait fait prisonnier. Ça ne l'empêcha pas bien plus loin de manquer de rentrer dans l'autre loup lorsque celui-ci s'arrêta.
Les oreilles toujours franchement en arrière, il déglutit en hochant la tête avant de se faire fortement inciter à y aller. Le mâle ocre s'arrêta au bout de quelques pas cependant, jetant un regard sur les plantes autour de lui. Quelles herbes ? Qu'est-ce qu'il devait prendre? Lorsque son regard bicolore retourna vers le loup bleu derrière lui, celui inquisiteur de ce dernier l'incita à se débrouiller tout seul. Il attrapa les premières qui lui vinrent sous la patte et se débrouilla avec ça avant de se diriger vers la silhouette noire.

Il fallait sans doute... qu'il ait l'air plus assuré. Malgré la peur intense, il tenta de se redresser un peu retenant sa respiration lorsqu'il marchait jusqu'à la louve.

« Euuh... »

Il se dégonfla complètement pour se recroqueviller sur lui même, s'empourprant derrière son pelage alors que son regard tomba sur ses pattes.

« … bonjour... »

Qu'est-ce qu'il devait dire ? Aaah, il n'en savait rien. Pour chercher l'inspiration, il releva un peu le museau vers l'inconnue.
Elle était...
Comment dire...
…
Complètement flippante. Avec ses grandes dents qui sortaient de sa gueule, ses grands yeux jaunes agrandissants par ses lunettes qui vous fixaient comme une chouette la nuit, son pelage aussi sombre que le fond d'un puits asséché et ses membranes de lézards.
C'était une blague n'est-ce pas ? C'était pas une vrai louve si ? Par instinct, Valens dévia son regard vers le buisson où devait se trouver le loup bleu avant de se rappeler que pour le moment il le craignait plus lui que la louve noire qu'il devait essayer séduire.

« Euh... je voulais vous dire que... »

Que quoi ? A nouveau il regarde ses pattes, les oreilles en arrière et la queue sous le ventre.

« … je vous trouvais très jolie... »

Il avait du mal à respirer, l'irritation de la potion qu'on lui avait avalé revint au galop pour lui provoquer une quinte de tout accompagnée de flammèches.

Valensl

Il tousse, encore et encore, la quinte ne se calme pas, probablement parce que Valens commençait à paniquer à la voir durer et plus il paniquait, plus elle durait. Il était en train de tout ruiner alors que ce n'était déjà pas bien laborieux, le loup bleu allait le tuer, littéralement. Et à force de cracher ses poumons, les étincelles qui sortaient de la gorge du mâle ocre finirent par embraser une branche de bois sec abandonnée sur la plage que Valens s'empressa d'éteindre en tapotant dessus.
La crise finit par passer finalement et il releva des yeux perlés d'une larme à cause de l'irritation vers la femelle noire avant de répondre d'une voix rauque.

« C'est rien... c'est rien. »

Il racla une dernière fois sa gorge, les oreilles en arrière pour terminer de faire passer la toux.

« J'ai, euh... juste manger un truc qui fallait pas. » Bon qu'on lui avait forcé à avaler mais Valens ne risquerait pas de raconter sa mésaventure à qui que ce soit avec la présence de l'un de ceux qui en étaient à l'origine caché dans un buisson à une dizaine de mètres de lui. Le solitaire ocre se sent tout de même obliger de devoir se justifier. Il gratta nerveusement le sol d'une de ses pattes avant.

« C'est que j'ai pas encore l'habitude avec tout les trucs d'ici. »

Valens n'avait pas la moindre idée de ce qu'on lui avait fait avaler mais effectivement, s'il pouvait éviter de retenter l'expérience de lui même en mangeant le mauvais fruit, ça l'arrangerait aussi.
Il continua à gratter le sol de sa patte, les oreilles toujours en arrière et ce profond malaise qui de toute évidence ne lui servait pas pour ce à quoi il était missionné. Il devait... reprendre là où il était avant que ne débute sa quinte de toux. Qu'est-ce qu'il pouvait faire, proposer ? Quand on avait essayé d'impressionner sa mère dans le désert blanc, les mâles s'étaient montré plutôt dans une position protectrice, un peu supérieur. Mais lorsque Valens regardait la louve noire, c'était un peu d'elle et de se dents qui dépassaient de sa gueule qu'il avait envie qu'on le protège lui.

« Hm... est-ce que je peux vous inviter à aller nous promenez euh... »

Il regarde à droite, à gauche finit par désigner un bout de plage.

« Par là ? »

Il n'avait aucune idée de ce qu'il y avait par là mais peut-être que bouger lui donnerait quelques idées.

Valens

Ah !
C'est qu'il aurait effectivement bien aimé lui, voir un médecin, voir même ne pas avoir eu à avaler cette potion tout court qui lui irritait la gorge jusqu'à lui faire cracher des flammes ni avoir à être en face de cette louve dans l'objectif de la séduire. Mais voilà, le soucis c'était qu'il y avait eu un gros loup tacheté et cornue et un autre, un peu plus marbré et bleu surtout qui étaient venu jusque dans son canyon pour lui taper dessus de façon arbitraire et lui forcer à avaler des trucs bizarre. D'ailleurs le dit bleu était encore dans un buisson à proximité et face au refus de la noire, Valens ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil rapide en arrière.

« Ah.. »

Oreilles toujours en arrière, la posture toujours un peu recroquevillée, Valens finit par s'asseoir dans le sable, creusant nerveusement un petit trou à ses pattes alors que dans sa tête, il cherchait un moyen de parvenir à l’objectif imposé.

« C'est rien vraiment... »

Il parlait un peu dans sa barbe.
A être aussi mauvais, Valens allait se faire démolir par le loup bleu à la fin de la journée.

Valens

La louve ramasse des plantes ici et là, qu'elle rassemble et qu'elle broie. L'odeur de végétaux écrasé arrive à la truffe de Valens au delà de celle du littorale, le figeant dans un haut le cœur qu'il n'exprime pas, qu'il ne peut exprimer. La voir ainsi manier et travailler des ingrédients qu'elle mélange ainsi à de l'eau lui fait accélérer le rythme cardiaque tout en lui coupant le souffle. Ce n'est pas les pattes noires de la louve que Valens voit, c'est celles du l'autre bleu ou celles du tacheté brun et gris. Il sent à nouveau sa peau l'irriter, la brûlure au fond de sa gorge, les liens qui lui scient la peau des pattes. Il sent la pierre froide contre sa joue et cette peur qui le paralyse. Il vacille, serait tombé sur son arrière train s'il n'étaient pas déjà assis et il suit de ses yeux écarquillés la fiole qui lui est tendue.
Il était hors de question qu'il avale ça, pas encore une fois.
Valens n'entendait pas vraiment la louve, les yeux rivés sur la petite bouteille donnée, le pelage de son dos et de sa queue se hérissant à fur et à mesure que des vertiges venaient lui dévorer l'esprit. Il halète un peu, il a chaud, froid aussi et tout s'embrouille dans sa tête. Il ne voulait pas boire ça, il ne voulait pas.

Le mâle ocre sortie dans un sursaut de sa torpeur lorsque la louve reprit la parole pour lui donner son nom. Il eut l'impression de s'être pris une claque et n'avait qu'une envie, s'enfuir sous un buisson pour se rouler en boule et ne plus jamais en sortir. Sa patte avant tremblait encore et sa gorge le piquait, provoquant une nouvelle tout alors qu'il releva ses yeux bicolore vers la louve, oreilles toujours en arrière.

« Ah... euh... j'm'appelle Valens. »

Il fallait qu'il se reprenne, qu'il fasse meilleure impression, sinon le loup bleu n'allait jamais le laisser partir. Peut-être même qu'il l'enfermerait quelque part et recommencerait à l'obliger à avaler des trucs bizarre ou faire il ne savait quoi de tout aussi louche. Mais ces pensées ne firent que le maintenir un peu peu plus dans son angoisse.
Valens rebaissa les yeux.
AH ! La mixture bizarre.
Il les baissa un peu plus pour regarder ses pattes, continuant à gratter nerveusement le sol.

« … Enchanté »

Il voulait juste disparaître, se cacher et tout oublier. Peut-être pleurer un peu aussi, pour évacuer.

Valens

Elle reprend sa bouteille, ça détend un peu Valens, un tout petit peu parce que la louve noire n'a pas l'air non plus d'avoir l'intention de la ranger. Les yeux toujours écarquillés et les oreilles en arrière, le mâle ocre suit le mouvement du regard comme lorsqu'on surveille une grosse bestiole qu'on ne veut pas voir approcher de soit – dans la mesure où Valens aurait eu peur des araignées plutôt que tendance à les manger.
Puis la louve, Astrid, ouvre la bouteille pour s'en verser un peu du contenu dans une coquillage et le boire avant de la luire. Valens lui continue à avoir les yeux rivés dessus, toujours aussi figé et cette impression qu'il allait finir par cracher son cœur à force que celui-ci batte toujours aussi fort dans sa poitrine. Le mâle ocre voulait bien croire les bonnes intentions de la noire – et puis le fait de tester elle même sa mixture prouvait bien qu'elle avait confiance en celle-ci – mais Valens ne pouvait tout simplement pas boire ça. Il sentait encore le contenant qui tape contre ses crocs lorsqu'il avait été forcé, la brûlure du liquide avalé un peu de travers, celui de ses effets qui n'étaient toujours pas passé, le goût affreux qui s'était maintenu dans sa gueule.

Il vacilla un peu et finit pas se laisser tomber dans le sable, ne supportant plus vraiment son propre stress, poussant de sa prothèse la bouteille avant de s'en écarter rapidement pour dire qu'il n'en voulait pas. Ses oreilles ne s'étaient pas redressées et son pelage restait majoritairement gonflé.

« Je peux pas boire ça. »

Il se recroqueville un peu sur lui même, forme une petite boule tendue de poil ocre et vint cacher son museau sous sa queue alors qu'il détourne le regard.

« Je suis désolé. »

Il se sentait un peu coupable, parce que malgré tout, elle avait l'air gentille même si elle faisait peur. Mais il ne pouvait pas. En plus, il n'arrivait pas à la séduire non plus comme le voulait le bleu, il allait revenir et le tuer sans doute d'être aussi mauvais. Valens était épuisé et terrorisé. Il aurait du rester dans son désert, s'il n'y avait pas d'avenir, au moins c'était mieux qu'ici, les méchants étaient ceux qui vivaient encore moins longtemps que les gentils au moins.
Il releva son regard à la proposition de la louve, surpris il fallait bien l'avouer mais il resta le museau dans sa queue.

« Un tour de magie ? »

[site=18]Valens[/size]

La louve se lève et s’éloigne, ça a le mérite de faire relever un peu les yeux de Valens de sa queue pour suivre les mouvements de la noire. Il ne se déroule pourtant pas pour autant, demeurant cette petite boule de poil compact épuisée par la peur et les émotions qui gravitaient autour. Il remarque tout de même que la dénommée Astrid semblait être particulièrement de bonne humeur, toute souriante et rieuse comme un fennec. C’était… sans déjà pas mal, peut-être que le loup bleu ne le tuerais pas trop vide - enfin pas tout de suite parce que s’il était amené à le faire finalement, Valens préférait que ça soit rapide plutôt que lent.

Le mâle ocre n’eut pas vraiment le temps de trouver le courage de se relever que la louve revint avec une coquille un peu creuse dans laquelle elle avait mit de l’eau. Elle vint ensuite le lui poser sous le nez. Le regard de Valens à la louve, oreille en arrière en espérant très fortement quelque ne veuille pas lui faire boire ça. Il aurait pu, s’il n’avait pas eu sa mésaventure ni cette rencontre lors d’un rêve tellement réel qu’il semblait pouvoir être toucher d’une patte - il avait eu l’occasion durant ce dit rêve d’expérimenter ce genre d’eau beaucoup trop salé en attrapant un poisson. L’expérience de la mer même fausse cependant avait le mérite Valens trop au dépourvu à la question d’Astrid. Un peu seulement parce sur le loup ocre n’y connaissait strictement rien en animaux de la mer.
Il se redressa, redevint assis mais regarda ses pattes.

« Je connais que les huîtres »

Mais il n’avait pas aimé ça.

Valens

Au rire, son regard tombe sur ses pattes, oreilles toujours en arrière et la tête qui se rentrait entre les épaules. Valens se sentait un peu honteux de ne rien connaître d'autre mais la mer... c'était pas trop son truc. Déjà c'était la première fois qu'il la voyait pour de vrai et il aurait pu en être très impressionner s'il n'avait pas déjà eu un aperçu dans un rêve très réaliste et surtout s'il n'y avait pas cette pression qui attendait dans un buisson non loin. D'ailleurs, il était toujours là le bleu ? A nouveau le regard du mâle ocre dériva quelques secondes sur le côté sans qu'il le veuille véritablement, tic nerveux que la situation actuelle et passée provoquait.

« J'connais pas trop tout ça. Les huîtres, c'est le seul truc qu'on m'a vraiment montré. »

Ça aurait été plus simple de demander un scarabée ou un lézard, un serpent ou même une chauve-souris. Mais au moins ça fait rire la louve, une fois on lui avait dit qu'il fallait les faire rire, les louves alors peut-être que c'était un bon point. Valens releva une oreille, bien que toujours un peu tasser sur lui même et évidemment sans vraiment perdre en tension. Peut-être qu'il n'avait pas totalement échoué et que c'était rattrapable.

Puis Astrid lui propose de lui parler de la mer. Elle a quelque chose dans le regard qui fait dire à Valens que plus qu'une proposition, elle a vraiment très envie de lui parler de ce sujet là. Les louves, il fallait les faire rire et les laisser parler, c'est la même personne qui lui avait dit ça, il lui avait dit plusieurs choses au sujet des louves mais avait tout de même finit par devenir un errant comme tout ceux condamnés au désert.

« Si tu veux oui. »

Pendant qu'elle parlait, peut-être qu'il pouvait réfléchir à une solution pour s'échapper du joug du loup bleu. Peut-être que si Valens courait assez vite...
Il ne fit même pas vraiment attention à ce que la louve noire faisait avec ses pattes.

Valens

« Alors je ne vais pas te tuer d'information, mais... »
Mais un peu quand même. La louve noire parle et parle encore sans prendre de véritable pause. Elle bombarde d'information alors qu'à ses pattes, Valens finit par le remarquer, elle forme des trucs qui bougent. Le mâle ocre se demande un instant si ce n'était pas le fameux tour de magie et si c'était le cas, peut-être qu'il aurait préféré s'en passer pour le moment finalement, son stress étant maintenu trop haut pour accepter de nouvelles émotions fortes.
Il y a d'autres choses que Valens note alors que la louve noire continue de parler, des mots qui s'alignent et qui attirent particulièrement l'attention : toxiques – tue avec son bec – un nombre absurde de bras – cannibale – ENORME MONSTRE qui DEVORE. Le solitaire ocre n'a pas tout saisie à ces explications mais ça faisait beaucoup de trucs très peu encourageants rassemblés dans une conversation et Valens se demanda franchement à cet instant s'il devait plus craindre cette louve ou l'autre bleu dans les buissons. Encore une fois son regard dérive en arrière, comme une proie acculée entre deux prédateurs qui avait été repérés, c'était d'ailleurs sa situation. Il fallait qu'il incite la louve à se déplacer, à s'éloigner des cachettes potentielles du bleu pour créer la distance puis que Valens se débarrasse ensuite de la louve avant qu'elle ne décide de lui faire des trucs bizarres elle aussi, genre le [i]manger, Valens était presque sûr que c'était une probabilité à prendre en compte.

Il se racle la gorge, tousse un peu à nouveau non sans flammèche avant de gratter nerveusement le sable encore une fois, le regard plus que fuyant et les oreilles qui ne s'étaient pas redressées.

« Hm, peut-être que tu peux me montrer, un peu plus vers là bas. »

Il désigne une direction dégagée.
Et puis il hésite.
Dans son cerveau, il y a l'image d'un énorme monstre cannibale et toxique qui tourne. Il recula d'un veste vif, rendu encore plus nerveux alors que son regard s'attarda un instant sur l'eau à quelques mètres.

« Non en fait non, je ne veux pas voir. »

Ses épaules tombèrent dans un soupir, il était épuisé alors qu'il se remit à creuser un trou de sa patte.

« Il y a beaucoup trop de choses effrayantes ici »

Cette dernière phrase était plus pour lui.
Plus que des choses effrayantes, définitivement trop de monstres aux visages de loups lambda.

Valens

Astrid change d'humeur et laisse refléter une atmosphère beaucoup plus froide qui fait comprendre à Valens malgré le stress qui dévorait toute sa concentration qu'il avait fini par s'enfoncer un peu plus du côté critique de sa situation. La louve noire se lève et vient se planter devant lui, face au buisson où était caché le bleu.
Merde.
Ses paroles et le fait qu'elle fasse dos à lui rendait le tout cinglant, la mâle ocre enfonça sa tête un peu plus entre les épaules comme s'il venait de se prendre un coup. C'était un peu pareil, alors que qu'il sentait ses pattes tremblées à cause de toute cette pression qui ne pouvait plus être contenue. A ses questions, il a l'impression que son cœur était remonté dans son crâne, il sent cette panique terrible qui le submerge et qui lui donne le vertige. Les brides de ces souvenirs récents où les deux loups lui avaient sauté dessus lui revirent, pensées parasites qui se mélangeait avec une douleur causée par des liens imaginaires, par sa gorge qui lui pique de plus en plus. Il halète, il a trop chaud mais ne sait pas pourquoi et son esprit s'embrume, la réflexion devient de plus en plus difficile alors que l'instinct cède à cette panique totale.

« Je... je ne peux pas répondre. »

Il relève la tête mais il n'y a pas de visage, juste un dos noires avec des épines de monstres pour rappeler que cette louve n'en était pas tellement une.

« Il … il va me tuer. »

Il allait le tuer.

« IL VA ME TUER !»

Il lui hurle dessus, dans cette panique qu'il ne peut absolument plus contenir.
Il allait le tuer et elle aussi, parce qu'elle vivait avec les montres et en était un aussi, parce qu'elle allait le dévorer.
Et lui...
Et lui Valens...
Il devait s'enfuir.
Courir jusqu'à ne plus sentir ses pattes, pour aller se cacher.
Courir comme si des dizaines d'errants s'étaient mit à le poursuivre.
Courir pour leur échapper à tous.