A la maison [PV Onyx, Lugh]

-Ted-

En seulement quelques jours de chaleurs, la silhouette décharnée et sèche du refuge avait dessiné ses arrêtes sous les yeux émerveillés de Ted. Il n'avait pas changé : Au soleil, un foyer à peine éteint finissait de fumer, comme si on l'avait laissé il y a quelques heures à peine. Derrière, le jardin verdoyant témoignait de tout l'amour que les solitaires portaient à ses fruits, et encore plus loin, il savait que se trouvaient les maisonnettes construites par son papa et lui pour y héberger des oiseaux. Ses vieux parents se trouvaient surement ici, aussi, profitant paisiblement de l'été, ensemble même dans leur au-delà.

Si l'oeil de Ted se trouble face à la vision de son foyer, son coeur, lui, se serre d'une liesse indescriptible. Il était à la maison, et chaque empreinte et odeur, chaque son et vision le lui rappelait. Son pas se presse, de plus en plus leste, sur les petits chemins étroits à travers la végétation d'été, et même le sac alourdi de souvenirs et d'équipement se fait aussi léger qu'un nuage.

Lorsqu'il foule pour la première fois la terre battue centrale de leur refuge, il est arrêté net par le tableau sensoriel qui se peint délicatement sous ses yeux. Un sourire béat traverse les quelques larmes qui perlent qu coin de ses yeux. Il était à la maison. Il était à la maison ! Il renifle, et sourit à son promis, serrant dans sa patte encore plus fort leur petit nœud de corde sans valeur, avant de s'avancer vers sa tanière.

L'endroit avait vu passer les années avec lenteur, mais la poussière accumulée sur ses étagères cachait à peine les innombrables souvenirs que Ted avait laissés ici. Là, son premier herbier commencé avec papa, et ici, une tensure rapportée par sa soeur Prudence du Nord. Des livres entassés, oubliés de la bibliothèques, des dizaines de notes et de papier, des poèmes et des écrits brouillons. Et dans un coin, sa couche - leur couche, maintenant- avec ses couvertures rangées avec soin. Il passe une patte dessus, se souvient de son angoisse alors qu'il devait partir, de sa tristesse aussi de laisser derrière son père et Vanhir, ses trois soeurs, sa maison. Un sourire doux remplace le reste, et il pose lourdement son sac au sol avant de regarder Lugh.

-Ted-

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que quelqu'un vienne à leur rencontre. Et quel quelqu'un ! Onyx, sa soeur en personne, venue les accueillir. Ted s'arrête, un sourire flottant sur ses babines. Elle n'avait pas changé, sa soeur. Il sent sa gorge se serrer un peu, ses yeux s'humecter aussi, coeur trop sensible de fatigue et d'aventures. Son compagnon l'accueille -bien meilleur hote que lui- et Ted ouvre les pattes pour effleurer Omnyx d'un calin timide.

Il ferme les yeux, et apprécie ce contact fugace. Il n'était pas de ceux qui aimait les contacts, mais après le Nord, après le Nord il en était assoiffé. Sa voix est filet, étranglée mais vibrante de reconnaissance :


Et, il la lache car malgré tout, il n'était pas totalement à l'aise. Inspire, expire, chasse son émotion pour laisser place à une expression de joie plus profonde. Il pose une patte au sol, à coté de celle de Lugh, ému. Comme ça ... Leurs bagues improvisées se touchaient presque.


Son oeil s'éclaire d'une lueur avide. Des mois ! Qu'il avait fini le sien. Des mois ! Qu'il en rêvait, se retenant d'en faire pousser dans le Nord, car les plants n'auraient pas survécus. Des mois un peu frustrants qui allaient enfin se terminer maintenant. Il ouvre la gueule, hésite. Son regard brille soudain d'une lueur plus itnense.