C'est un joli matin.
Il fait froid, il est bien au chaud dans leur couche il n'a pas envie d'en bouger.
Il constate bien en cherchant des pattes et en papillonnant des yeux, que Ted est déjà levé. S'il lève un peu le museau il peut sentir un doux fumet de nourriture, et s'il tend une de ses larges oreilles il peut entendre le craquement du feu qui sert à la préparation. Ça attire la salive à sa gueule, et alimente sa décision de se tirer de la douce température de la tanière.

Il va retrouver alors Ted dehors.
Son époux.
... Mais quel fantastique idée, qui continue encore et toujours de lui retourner les pensées.
Le pas non pressé, il s'approche et Ted le reconnait tout de suite, et questionne comme bon nombre de matin comment il a dormit.

"Assez bien, et toi muian-karet ?"

Il se pose à son contact, et admire le repas.

"Merci pour le petit-déjeuner."

Bon, bien sûr, à ce stade et au nombre qu'il en a reçu il sait que c'est pas obligé de dire merci.
Mais il a toujours aimé la politesse alors il continue de le faire, et continuera probablement encore longtemps. C'est un geste pour un geste, de la gratitude pour ce qui est préparé. Voilà tout.
Il frotte son museau contre la joue de Ted, puis se met à manger.

Lui pas très bien.
Il est anxieux pour les plans du jour.
Ah, oui...
Ça revient à Lùgh avec la force d'une petite baffe.
Discrètement il déglutit mais se redresse avec un peu plus de détermination dont il se persuade. Il n'est plus temps de faire machine arrière.

"Tout ira bien, on est ensemble."

Assure-t-il.
Il vient poser son front contre celui de Ted.
Le petit-déjeuner sera pris tranquillement, avant de commencer. Il le laisse passer avec un silence relatif et calme, appréciant le thé et retournant dans sa tête le plan du jour : ils ont la mandragore grâce à la louve que Ted a vu, ils ont le vœu, les champignons par Hidyllisse... Tout est bon, alors, il croit.
Il termine le repas, et aide Ted à nettoyer un peu tout ça.
Puis, il pose son regard sur lui.

"On peut commencer... quand tu te sens prêt."

Lui, il croit qu'il l'est.
Même s'il a le cœur dans la gorge, à mesure que ça approche.
Peut-être... Peut-être qu'ils vont parler à l'Ankou, qui sait ?
Qui sait...

Je crois que je suis prêt.
Répond Ted qui va tout chercher et place ça près du feu avant d'aligner et réaligner nerveusement les ustensiles.
Lui finit par poser une patte sur celle de son compagnon, et le regarde avec douceur avant de se saisir de quoi écraser la mandragore et les champignons dans un bol.

"Est-ce qu'on devrait écraser aussi l'éclat et tout sécher puis le... fumer ? Ou avaler la mixture en faisant infuser l'éclat dedans ?"

Se questionne-t-il à mesure qu'il réduit à l'oubli de leur formes originelles les "plantes" de la recette.
Peut-être que Ted aura une idée vu qu'il sait beaucoup de chose de la mandragore désormais.

Ted propose de tout faire infuser, de filtrer, et boire alors la concoction.
Lui penche la tête vers le bas, pour regarder son compagnon piler l'éclat de voeux, alors à son tour il verse le mélange des champignons et de la mandragore dans l'eau avec l'éclat de voeu. Que tout se mélange, que tout infuse ; que tout devienne un filtre de délirium puissant et terrible à la fois.

Il regarde aussi, quand l'aspect semble changer, quand la lumière du voeu comme pour la recette de corps à changer disparaît. Quand l'eau ne de sature plus des bruns combinés, quand l'odeur semble se modifier. S'il se fie à leurs cuisine habituelle, ou bien des recettes précédentes et leurs visuels il lui semble que...

"... Je dirais que c'est bon. Ou plutôt, pas plus que ça ?"

Alors, il prend un tissu pour le fromage normalement, ou le thé...
Et au-dessus d'une bouteille et un entonnoir, verse leur prometteuse mixture.

"On devrait en consommer très peu, d'abord, pour rester prudent, et voir si un effet se déclenche."

Un peu comme pour les space cake, aha... Oh mon dieu.
Mais en tout cas, il est prêt.
Regarde Ted.

Et avec ça, la consomme.
Il n'y aura plus de retour en arrière possible.

C'est consommé et ensuite il s'assoit aux côtés de son compagnon.
Jusqu'à ce que les couleurs se mettent à bouger et qu'il ai l'impression de voir des motifs dans le ciel, et que tout ondule, danse et bouge. Il se sent bizarre, il se demande ce qu'il se passe. Est-ce que c'est en train de fonctionner... ?

C'est étrange, toutes ces sensations, définitivement. Le monde tourne et tourne, une danse psychédélique dont il se remet à peine. Parce qu'au travers de ces sensations tordues, il sent que quelque chose se passe, que quelque chose s'accroche. Comme si l'intuition lui soufflait que quelque chose fonctionnait bel et bien. Tout cela n'est pas que le produit de son imagination, il a une part de conscience dans l'instant, et de certitudes ; Ted est avec lui.
Et une silhouette est là.

Mais quand une voix s'élève, ce n'est pas celle escomptée.
Il se serait attendue à une figure squelettique voilée de noir, bordée d'un immense chapeau rond peut-être. Ou bien un dieu couvert de verdure, propriétaire d'un immense marteau ou d'un bâton de bois étincelant de magie ? L'Ankou, ou Dagda, peut-être, attendait-il. Mais ce n'est pas ce qui se dresse devant lui (devant eux) car c'est la couleur rouge qui imprègne l'endroit (peut-on parler d'endroit ?). Partout, du rouge. Ce n'est pas le noir de la mort ou le vert des druides, mais le sang de la vie. Ou simplement le rouge de la colère ? Il sait qu'il délire un peu.
Ce n'est pas les divins qu'il attendait.
C'est un échec.

Un échec.
Il n'a pas réussit à rentrer en communion avec les dieux qui pourraient eux seuls lever sa malédiction. Ce divin rouge devant lui l'insulte, et presse pour une parole ou un acte de leur part. Il ne pourra rien, pour eux. Même Ao ne pourrait pas, même lui ne peut pas et c'est amèrement que les sons vrillent ses oreilles et que le toucher devient piqures insoutenables. C'est un échec, c'était leur seul espoir correct ; ça veut dire sinon traverser milles lieus pour retrouver le Penn ar Bed et risquer la vie. S'il meurt, il n'y aura pas non plus d'enfants, et il sera loin de ce qu'il considère être chez lui désormais. Ainsi que de la déesse dont il porte la couleur maintenant.

Sa malédiction se transmet.
C'est inévitable, automatique, et rien n'y peut être fait.
Quel parent passe cela, à ses enfants ? Mais le temps passe, et la fenêtre pour le devenir, parent, se rétrécit. Des risques s'y associent aussi. C'est bientôt le moment sinon de juste abandonner. Mais comment. Comment. Pas après tout ça, il ne peut pas s'y résoudre. Quel parent ne le devient pas et ne ferait pas tout pour au contraire les en protéger ? Il peuvent... Ils peuvent les concevoir et dédier toutes leurs ressources à les guider vers un dieu ; un glowstick, cela les protègera. Et en attendant qu'ils l'aient, ils pourront créer des talismans.
Ou-

Il redresse le museau vers le dieu. Ce grand dieu rouge, injurieux et grossier qui les empresse de lui parler.
Le temps lui semble distordu, sa propre voix aussi, mais il répond.

"Rien. Sauf si vous pouvez offrir un talisman qui protège des dangers- contre une offrande."

Il a les oreilles baissées.
Il peuvent bien offrir quelque chose même à ce dieu injurieux, s'il peut faire ça, c'est un sacrifice faisable. Peut-être même qu'Ao acceptera de procurer un tel artefact, s'il parvient à démontrer sa détermination dans ce but. Ou s'il lui apporte quelque chose digne d'elle.
Mais il est prêt.
À se déchirer pour qu'ils connaissent ce bonheur, pour qu'ils puissent exister et vivre.

Il fera tout ce qu'il faut.

Et le dieu est intrigué.
Et le dieu efface son soutient, son mari qui ne comprenait que peu la situation et n'a pas réussit à parler.
Sans lui à ses côtés, il frémit un peu. C'est leur paire qui réussit toujours. Désormais il est seul à faire face à cet échec et à sa motivation égoïste de vouloir un talisman. Peut-être était-ce le destin, il n'a pas à impliquer Ted dans ce choix, comme ça. Ses épaules s'affaissent et il sent l'odeur de la couleur rouge tout autour de lui.

Il essaie, si c'est seulement correct, de regarder ce dieu dans les yeux.
Quel genre d'offrande peut-il donner ? Il essaye d'échafauder quelque chose à voix haute.
Force et courage, pour les valeurs du dieu rouge... Il est aussi un dieu fidèle aux Etelkrus. Donc c'est ces choses là qu'il avance en arguments.

"Des trésors, que je possède ou à aller chercher. Ou un challenge. Si je suis incapable de combat si la créature peut m'assommer : si elle tue, je sais que je reviendrais vivant. C'est mon pouvoir et aussi mon histoire, je suis déjà mort plusieurs fois, alors je n'en ai plus peur."

Est-ce là du courage, ou de la folie ?
Il sait qu'il est prêt à mourir cependant, même si c'est toujours aussi désagréable, il ne peut penser qu'à ça, pour le dieu rouge. L'aspect de lui qui rejoint une de ses valeurs. Pour le reste, il n'est pas endurant, et il ne suppose pas que le dieu trouve de l'intérêt à leurs capacités à créer ou suivre des recettes avec ces trésors ramassés.

Mais une mission où seul lui pourrait réussir, grâce à cette mort... Ce serait peut-être un peu poétique, sachant que c'est ce destin qu'il veut éviter à ses enfants, même pas encore conçus.

"S'il faut que je vous rapporte quelque chose, il me faudra quelque chose pour convaincre votre meute que je n'ai pas fait qu'halluciner cet instant."

S'il accepte, si ce qu'il lui propose lui plait, pour passer les frontières et revenir le voir... Une preuve se devra d'être, oui.

Aka réclame un combat.
... L'affronter lui ?!
Il pensait affronter un monstre, mais si ça prend trop de temps eh bien- Ah.
Refus ou pas, venue ou non, il se retrouve projeté à nouveau dans la réalité.

Comme s'il se réveillait d'un lourd sommeil, il est encore désorienté un instant, y'a plus de couleurs qui se sentent ou d'odeurs qui se voient. Il affronte la désaturation presque, du monde réel, avec un petit mal de crâne. Les yeux plissés, il cherche son mari.

"Ted... Ted ça a réussit, j'ai parlé à Aka t'étais plus là-"

Il tapote, et trouve le corps de celui qu'il aime.
Madoué, il s'allonge dedans.

"Aka m'a lancé un challenge je crois, un combat- Il veut que j'aille le voir demain, pour ça."

C'est là qu'il voit l'objet qui pulse de rouge, à ses pattes.

"Ah, il m'a laissé la preuve que j'avais demandé, pour traverser la frontière Etelkru."

Il cligne encore des yeux. Mais il se sent déterminé. Un combat... Et bien il pourra tenter, il n'a rien à perdre, si ce n'est peut-être... un corps ou deux. Il va peut-être éviter de le mentionner à Ted ça, ceci dit. Mais s'ils ont échoué à appeler l'Ankou au moins. Au moins ils ont une piste. Ah !
Mais !
Mince.

"Ted pardon. J'ai parlé un peu sans réfléchir pour- pour avoir les enfants et demander une protection à la place. Je suis désolé on s'est même pas consultés mais." Sa voix faiblit. "Mais je pouvais pas me résoudre à abandonner..."

Ted est hagard, un peu perdu, et Lùgh le comprend.
C'est beaucoup, d'un coup, il faut le temps d'absorber et se faire à l'idée qu'il y a là un challenge... complètement fou. Combattre face à Aka alors qu'il est maudit, il n'y aura que son pouvoir pour le sauver, et sa souplesse sans doutes. Il sent dans les suspends de Ted que ça l'inquiète. Mais il ne peut plus reculer maintenant, c'est déjà promis au dieu.

"Je ne sais pas, pas encore... J'imagine pas face à lui directement mais. Mais il a l'air d'aimer le courage, même si je ne fais pas le poids, si j'en montre assez ?"

Est-ce que ça suffira ?
Rien ne le dit. Mais il place là un espoir fou, stupide peut-être. Même très probablement. Mais si la stupidité peut aider un peu leur quête ? Alors il est prêt à le faire.

"Je reviendrais, quoi qu'il arrive, tu sais que je reviendrais."

Il ajoute, en dernier, moins certain, quoi que encore plein d'espoir.

"On a rien à y perdre."