Choix [PV Astrid]

-Liam-

Les vagues caressaient, incessantes, les pattes posées dans le sable de Liam. Les billes de feu sont portées vers l’horizon - immobiles. Le rythme de l’Océan emplissait tout son être, plus encore que celui de son coeur, alors que l’adolescent s’interrogeait sur sa place.

Né sur une plage crépusculaire, entre terre, mer et ciel enflammé, il se savait issu de deux cultures si différentes que parfois, il se sentait tiraillé. Un jour, il se réfèrera à Kiro, le Dieu serpent pour jouer avec le vent et l’autre ? Priera l’Océan pour ne pas se noyer lors de ses jeux marins. Et lui, au centre, autour, son lui qui prenait toute la place dans son identité aujourd’hui était scindé et pourtant entier.

Hésitait-il ?
Jamais.
Simplement, il réfléchissait.

Derrière lui, il entend des pas teintant de breloques et de verre, un son si caractéristique de sa tendre maman. Il l’aimait, à la folie ! Mais pourrait-il un jour aimer l’Océan autant qu’elle ? Avec l’instantanéité d’une branche qui se brise, le male sort de son immobilisme statuaire pour se tourner vers sa chère génitrice, l’embrassant entière d’un regard pénétré.


Il devait savoir.

Car il sentait dans son futur, confusément, un choix.

-Liam-

Ha, que mère était affectueuse ! Un condensé d’amour, de mots élégants, intelligents qui avait toujours inspiré le grassouillet pré-adolescent. Cette fois-ci ne fait pas exception (quelle occasion le faisait ?), et les mots de la mère viennent résonner avec les émotions brulantes du demi-pirate, mortellement rattaché à la terre.

Ce que l’on voulait être ! Une liberté folle, dont Liam avait besoin. Il était lui, là, maintenant, mais pirate ne le définissait pas. Alors, quoi ? Unis ? Avec sa famille, peut-être, mais les autres pirates ? Ha, ce quìil aimerait, Liam, être inclu, se focaliser sur un but commun, VIBRER ! ENSEMBLE !!
Ses vibrisses s’agitent, tempo de son coeur qui s’emballe.

Alors que sa mère se repose sur le sable lui se relève ! Ne pouvant continie l’énergie qui le parcourait.


Il se tourne vers l’Océan, clamant son amour mais soudain ! Se fige.


Jamais il ne les abandonnerait.

-Liam-

Oh, oh ! Non ! Les oreilles se couchent, le regard se fait un peu plus triste lorsqu'un nuage passe sur le visage de sa si chère mère. Empathique, les oreilles de Liam se couchent aussi, mimique exagérée de la détresse à peine effleurée du cœur d'une mère triste. Il s'approche, balbutiant, se frottant à Astrid pour tenter de lui oter son air triste avant de se justifier, de clarifier, par pitié !


Il l'attire contre elle, l'enlace et s'emplit de cette odeur si réconfortante, même pour l'adolescent tumultueux qu'il devenait de jour en jour. Mais, très vite, l'agitation revient ! Car là était toute la question, oui ! Il pose une patte sur son coeur, l'offrant à sa génitrice.


Déchiré entre deux groupes, amoureux de deux lumières, l'ame enflammée du loup se trouvait vacillante.

-Liam-

Sa mère répond, résume en une phrase si synthétique que lui en est ébahi. Choisir ! Oui ! Choisir, comment choisir ? Lorsqu'il se trouvait face à l'Océan, il voulait choisir ce dernier mais ! Avec son père, se sentait serpent et se demandait quelles étaient les coutumes de son ancien clan. Alors, Liam hoche doucement la tête, fébrile, hésitant, cherchant dans les yeux de maman un peu de réconfort, d'aide, de validation.


S'il y avait bien quelque chose dont il ne doutait pas, ne doutait jamais et n'avait jamais douté, c'était leur unité, leur amour ! Entre eux tous. Une grande famille ! Mais qui se destinait à bien des choses différentes. Une patte tendre se pose sur la poitrine garnie, alors que la tête aux cheveux fous se baisse.


Il voulait son avis.
Pour lui, rien ne pourrait les séparer, eux tous, pas un clan ! Un nom ! Un Océan même, l'amour resterait, toujours.

-Liam-

Un coeur en osmose, ne l’était-il pas ? La remarque le fais s’interroger, plus encore si cela était possible. Lui qui pensait ses idées claires dans son hésitation, maintenant, doutait. Mais son doute étai bénéfique ; Son hésitation, son immobilisation était tout aussi intense que son action, il le pressentait. Et alors que sa tendre mère le rassure sur leur lien éternel, lui, se sent tout de même mieux.

Quelque soit le chemin, il serait lié à sa famille. A jamais !

Alors, l’enfant aux cheveux ébourriffé sourit, et prend tendrement sa mère dans ses bras. Un contact fort, brulant d’un amour traversant les clans ; Et d’une voix un peu tremblante, il répond :


L’embrassade serait un instant d’éternité, qu’il laisse durer avec plaisir. La torture de son identité n’était pas apaisée ; Mais il y avait une certaine beauté dans le doute, et Liam s’y complaisait sans oser l’avouer à ses parents. Pouvoir obtenir une sécurité où s’explorer le rendait plus heureux que n’importe qui. Mais dans tout ça, dans tout ça !
Oh, il y avait encore des questions.


Sa sorcière de mère était une source de fascination éternelle pour l’enfant, plus que tous les contes et histoires qu’il avait pu entendre.

-Liam-

Elle accepte ! Elle accepte ! (Il n'en avait pas douté un instant.) Guilleret, soudain empli d'une énergie nouvelle venue chasser les fumées de ces yeux rongés par le doute, le louveteau bondit sur ses quatre pattes qu'on trouvait déjà bien épaisses et disproportionnées. Suivant sa mère la queue aussi haute possible, il écoute avec attention, une attention folle ! La mention de ces rituels. Des rituels pour protéger ! Pour enchanter ! Pour la chance ...
Y croyait il, en la chance ?
Devant sa mère, dur comme fer. Car il n'y avait que grâce à elle qu'il avait pu avoir une mère ainsi faites.

Et puis, elle lui propose l'inpensable. L'inpensable ! Un rituel ! Pour lui ! Il se fige. Soudain, comme un échos de leur précédente discussion, il sent le doute le ronger. Un tel rituel n'étai pas à prendre à la légère !


Il le voulait et le craignait.
Son désir était plus puissant que tout, pourtant son âme s'insurgeait de ne pas avoir pu profiter et apprécier le choix donné par sa condition.

-Liam-

Elle répond, sa mère, et cela le soulage mais ravive son doute en un même temps. Il ne pouvait devenir poisson sans passer cette épreuve de l'Océan, celle dont le jeune à l'écharpe rouge lui avait parlé, celle qu'il devrait passer une fois son choix fait ! Cela le soulage, oui, car il pourra encore choisir. Mais quel enfer, quelle torture que de choisir son identité ! ha ! S'il avait été poisson, cela aurait été tout tracé. Sa mère s'interroge, et lui se livre sans détours. Après tout, pourquoi en faire ?


Il est bougon, non ! Simplement indécisif, et plus intérressé par le rituel que par faire ce choix là, maintenant, tout de suite. Il fait un geste vague de la patte.


S'il avait pu, il serait resté avec sa famille toute sa vie. mais il savait ! Que les uns s'approchaient plus des raeders, ou bien étaient plutôt solitaire "pure souche" comme Moki ! Lui, lui, ha ! Lui ... Rien de tout cela. Il devait choisir, pour ne pas rester sur la touche.

-Liam-

Liam, pour une fois, reste silencieux. Voulait-il être libre ? Bien sûr. Mais force était de contacter que son groupe, ce groupe nucléaire qui était actuellement sa famille, mais qui se désagrégeait alors que chacun faisait ses propres choix (et c'était bien normal) était ce qui le supportait le plus. Des gens à qui parler, des amis à voir chaque jours, voilà ce à quoi son coeur aspirait ! Il repese à son marcheur, celui qui lui avait dit en croyant le réconforter qu'ils se reverraient sûrement, un jour.
Oui, mais Liam voulait que cela soit chaque jour, pour ceux qui lui étaient chers.

Choisir était aussi abandonner. Ne pas choisir, rester dans un état d'insatisfaction. Ha ! Quel malheur, mais en même temps quel bonheur de pouvoir avoir ce luxe ! Mais, mère lui parle d'autre chose, d'un Refuge, et cela aiguille évidemment sa curiosité. Rester solitaire et libre, mais appartenir à un groupe ? Il s'approche, épais sourcils levés.

-Liam-

Pas de clan, pas de chefs, pas comme dans leur famille ou finalement père et mère étaient leurs chefs à tous. Mais surtout, un joyau de repos pour les voyageurs, voilà qui devait valoir le coup d'oeil ! De là à y vivre ? Le loup se retrouve plongé dans encore plus d'interrogations. Etait-il possible pour lui de rester solitaire ? De faire sa vie ainsi, nouant des liens avec ceux qui passent sans savoir s'il allait les revoir ? De partager la vie de ses adelphes, il l'espère ! Sans pour autant être assuré de pouvoir les voir chaque jour ?

Le silence s'étire, alors que Liam pense. Mais il ne pouvait penser en marchant, il était soit penseur, soit marcheur, pas les deux ! Non, alors, la solution proposée par maman lui allait bien, voilà qu'elle était bonne. Soudain, il sursaute comme tiré de l'eau glacée pour plonger dans le feu de la vie, et sourit à sa maman, d'un de ses grands sourires aux dents partant en vadrouille.


Il la rejoint, effleure son épaule de la sienne, sentant un peu de ses inquiétude, voulant l'assurer de sa présence.

-Liam-

Sa mère l'arrête pour lui lécher le front, et il se laisse faire avec tout le bonheur de l'enfant dans les bras maternels. Mais ses mots, eux, parlent à son coeur d'adolescent ; l'enflamment ! Il sent sa poitrine se bomber, son envie de cette liberté, de cette vie de pirate et pourtant ! Il ne pouvait choisir. Il ne pouvait pas ! Alors, il hoche la tête, les yeux pleins de larmes d'émotion et d'amour pour celle qui lui avait offert la vie, et à présent lui offrait un support éternel et inconditionnel. Il ne peut s'empêcher de l'attirer contre lui encore, de sentir leurs coeurs battre à l'unisson, de la serrer tout contre lui.


A quel point il les aimait, tous, et ça aussi était inconditionnel et intemporel. Il s'enfle d'une respiration, essuie une larme perlant au coin de son oeil avant de se dégager et soudain ! De se tendre. Il n'avait pas oublié ! Le rituel ! Maman l'avait amené ici, puis avait du se perdre dans leur discussion passionnante, alors il se faisait un devoir de lui demander à nouveau.


Ses yeux enflammés se font suppliants.

-Liam-

Elle acceptait ! Elle acceptait ! La queue en tire-bouchon, hérité de son père mais décoré des vibrisses typiquement maternelles, s'agitent dans son dos et un grand sourire dévoilant ses crocs tordus étire son visage. Il était heureux, si heureux de pouvoir découvrir cette partie là de sa mère maintenant qu'il était un peu plus grand, un peu plus intelligent aussi (il l'espérait) que lorsqu'il était petit. Oui, il serait attentif : et soudain, alors qu'il entre dans l'antre de sa sorcière de maman, il se fait silencieux.
Mortellement concentré.

D'abord, elle allume les bougies, qui leur apportent un peu de lumière. Liam observe avec soin les gestes précis d'Astrid, qui avait du faire ce rituel mille fois pour l'avoir imprimé dans ses pattes, dans son corps aussi bien. Puis, elle dévoile sous le regard embrasé d'émerveillement de Liam un bol remplis de diamants marins, que le jeune loup reconnu sans mal : des perles. Petites billes d'enchantement, timides yeux laiteux des mers, ces perles attirent son regard comme un feu attire un insecte. Et il se penche, les détaille sans rien pouvoir dire tant il voyait, comme pour la première fois, toutes les nuances et variations de ces petits ouvrages d'art que les coquillages produisaient.

Il devait en choisir, à présent ! Voilà une tâche bien complexe ! Silencieux, le loup décompte ceux qu'il voulait protéger ou soutenir. Il y en avait tant ! Il choisit, tranchant dans ses relations et pour ne pas vider simplement le bol de sa maman, de se contenter pour l'instant de sa famille : Père, Mère, et ses quatre frères et soeurs. Cela en faisait, des perles ! Alors, il observe. D'une patte délicate et timide, vient les saisir, les tourner dans sa paume, se connecter à elles pour y trouver les mêmes sensations que ce qu'il ressentait auprès de ces différentes personnes chères à son coeur. La première perle, petites aux lueurs orangées, fut posée à ses côtés.

Celle-ci te ressemble, maman.

Mais il continue son affaire, enchaînant avec sa recherche minutieuse d'une autre perle pouvant coller à père. Il la trouve comme une évidence : une forme vive, des nuances jaunes et claires, voilà celle qui ressemblait à son père ! Il la mets de côté, avant de chercher pour sa fratrie. Une grosse perle arrondie de nuances bleutées lui rappelle Moki et son regard à se saisir du monde et de la mer entier, une autre à la teinte laiteuse et presque parfaitement blanche lui évoque immédiatement le regard de Maël. Une petite, évoquant quelque peu le cyan mais surtout très égale en poids sera pour Milo, et enfin Tiamat .. Ha ! Tiamat, sa princesse, lui trouver une perle est bien le plus compliqué tant elles sont toutes trop imparfaite. Mais, finalement, au fond du bol, Liam tire une perle au cercle presque parfait, aux nuances chaudes et surtout ! Au toucher doux comme le coeur de sa soeur. Il la met de côté avec soin, finissant ainsi son choix.

Puis, le loup se redresse. Ses yeux viennent se ficher dans ceux de sa mère, en silence tant la concentration était grande. Toutes ces perles avaient à présent un immense pouvoir, et entre ses pattes, Liam sentait qu'il tremblait à l'idée de les endommager ou de les perdre. Comme si le sortilège avait déjà pris effet !

-Liam-

Le rituel se poursuit en des gestes qu'il voyait répétés, sûrs et épurés. Il admirait sa mère en une paix vibrante, entrevoyant un futur qu'il pourrait saisir s'il se faisait disciple de la sorcière. Lui, sorcier à manier l'occulte, les bénédictions et malédictions, dans une grotte sur l'île des pirates. Mais cet avenir lui semble si éloigné de lui-même, si singulier qu'il n'est que vision passagère, s'ajoutant à la multitude de choix possibles qui lui donnait des vertiges.

La voix de sa ère retentit, et en cet instant elle n'est plus tout fait sa mère. Elle l'était, mais était aussi autre chose : la voix de l'Océan, la voix de la mer, la voix de la magie qui le guide en une sorte de transe concentrée. Il écoute, se concentre, une concentration absolue qui ne laisse place à aucune pollution de pensées. Si ce rituel influait l'avenir de sa fratrie, alors il le ferait à la perfection ! Il inspire. Expire. Entre ses pattes, les perles roulent. Et enfin, lorsqu'il se sent prêt, emplit de l'odeur d'encens et du feu de sa concentration, il répète :


La voix grave vibre dans la grotte, répète les mots magiques et il lui semble, oui ! Sentir cette puissance l'envahir, picoter ses doigts, palpiter son coeur.

-Liam-

Toujours concentré, le loup écoute avec attention les mots de sa mère. Il ne sait pas si à présent le sort a commencé, si ses lèvres sont liées à l'Océan, s'il pouvait parler sans crainte de faire déferler la puissance de la mer, sans crainte de faire échouer le sort. Alors, il choisit de rester silencieux, lèvres fermement closes, se contentant d'(un hochement de tête à l'égard de sa maman. Il comprenait chacun des éléments, et immédiatement se voyait attiré par le feu, élément de l'émotion, de l'énergie, de la passion ! Il se demande, aussi, s'il existait des sorts comportant un unique élément, ou si chacun d'entre eux devaient cohabiter pour l'équilibre de la magie.

Il préfère ne pas briser son silence, attendant la suite du rituel pour le retenir, pour le verbalisé, complètement concentré sur sa tâche :


Avait-il rêvé, ou bien le feu s'était-il intensifié ? La truffe dans les fumées, le jeune mâle ne savait plus vraiment. Il inspire pleinement, retient la toux qui vient lui irriter les poumons, garde les yeux grand ouverts. Il croyait sentir la puissance de ce qu'il appelait à portée de patte, de doigts même, mais craignait que le feu de son âme ne donne trop de puissance à l'un des éléments. Il n'y a que la confiance totale en sa mère qui l'empêche de douter. Oui ! La sorcière savait ce qu'elle faisait, et il la suivrait jusqu'au bout du rituel.