Corruption [Libre]

Beaucoup des journées au sein de leur petite communauté démoniaque se résumaient à : trouver à manger. N'importe quoi, vraiment, la moindre petite chose passant sous la dent. Vanitas mange tellement tout ce sur quoi d'un peu organique il tombe que son estomac serait peut-être même capable de digérer des cailloux, à ce titre. Il a été malade quelques fois oui, de sales journées après certains champignons ou bouts de restes un peu trop faisandés, mais globalement, il s'en tirait pas trop mal, pour un charognard. Ceci dit, depuis qu'il vole, il trouve mieux, plus facilement ; suivre les corbeaux et vautours est devenu une habitude, quand il ne mange pas un de ces volatiles chopés en plein vol.

Se curant les dents avec un bout d'os de sa dernière trouvaille, il est perché dans un arbre quand la présence d'un démon attire son attention. Ce sixième sens n'est pas toujours fiable, mais quelque part, il a l'impression de toujours les sentir quand ils ne sont pas loin. Comme une sorte de trace, de remous dans l'énergie des choses, un déséquilibre dans ce monde qui n'aurait jamais dû les voir.

Haussant un sourcil, il décide de continuer sa digestion avec un spectacle, cherchant voir lequel des autres était en train de s'amuser tout seul. Se déplaçant de cîme en cîme, il finit par voir un gros truc, pas du tout démoniaque. Aucune idée de ce que c'est, ça a le cuir épais, semblable à un rocher, et une tête marrante. Grosse bête. Mais où se trouvait le démon autour ? S'était-il trompé ? Un chuchotement caractéristique arrive à ses oreilles, et il se penche vers Neisseria, qu'il aperçoit s'approcher pas à pas du gros truc.

« Ça ressemble à une idée de merde, si tu veux mon avis, » ricane-t-il à son intention, du haut de son arbre.

Le rire de Vanitas résonne entre les branches, tandis qu'il observe, hilare, sa cousine se faire repérer toute seule. L'air vilain, il la suit du regard, s'étalant tel un gros félin sur la branche où il est perché, et profite du spectacle.

« Niveau discrétion c'est râpé. Pourquoi tu fuis pas ? »

Il ne voit pas trop l'intérêt de se friter à une grosse bête comme ça, certes cela leur ferait pas mal de repas, mais le prince n'est pas sûr que le jeu en vaille la chandelle. Ils n'étaient pas charognards pour rien ; leurs techniques de chasse laissaient sérieusement à désirer, et la moindre blessure leur était très pénible à soigner. Seul son père savait les rafistoler, et ce n'était jamais agréable.