L'amant du point du jour [PV Marty]

-Liam-

La Lagune du Crépuscule portait admirablement bien son nom, et était (sans conteste !) l’endroit préféré de Liam. L’adolescent, au corps un peu grassouillet et aux yeux flamboyants était couché devant ce tableau si magnifique, tellement absorbé qu’il avait raté son entière matinée. Il ne pouvait quitter des yeux le ciel, enflammé d’une beauté si profonde qu’elle le laissait pantois.

De fait, il ne faisait pas grand chose lorsque ses pattes avaient le bonheur (ou malheur) de fouler la plage. Cette fois-ci ne faisait pas exception ; Et c’est avec une tristesse infinie qu’il observe le soleil se lever suffisemment pour que ne disparaisssene ses langueurs embraisées, remplacées par un ciel laiteux d’automne.


Un sourire flamboyant expose ses canines tordues, l’oeil vif soudain facétieux.


Il se relève, embrassant le ciel et les souvenirs de l’aurore d’une inspiration pleine avant de se retourner. Il avait à faire ! Il croit.
Il trouverai bien, toujours !

-Liam-

Encore tout engourdi de son amour de la nuit, Liam se promène plutot qu'il ne marche, flairant l'odeur du matin comme on se saoule aux brumes d'alcool. Mais le cri le tire, d'un coup, de ses réfléxions encore balbutiantes dues à la petite nuit qu'il avait passée en compagnie du Crépuscule. Quelqu'un ! Là-bas !
Quelqu'un qui l'appelait !

Un instant, il reste figé sur place, pénétré (que dis-je, frappé !) par l'étrange situation. Lui était celui qui appelait les autres, habituellement ! Toujours, ses adelphes aveugles ou myopes, ses rencontres aléatoires, il était celui -seul ou presque de sa fratrie a avoir de bon yeux- à appeler, demander, aboyer, japper, héler !
Et là ... Oh, ce n'était pas bien grave.

Un large sourire hérisse ses babines avant que soudain, il ne sorte de son immobilisme statuaire pour trotter, allant -décidé- vers son interlocuteur. Un autre amateur de crépuscule, de ciel au lever, de lune au coucher ! Un autre adorateur des soleils matinaux, peut-être, ou bien simple promeneur en quête de champignons, d'aventure, de beauté ! Il lui fallait le savoir, à Liam, et pour cela ... Oh, quoi de mieux qu'une devinette.


Le jeu de devinette se changeait, de plus en plus, en monologue enflammé comme Liam en avait bien trop l'habitude.


Ha !
Plus d'air.
Il prend une grande inspiration, avant de se taire.
Oui.

-Liam-

Le loup est un marcheur ! Il avait au moins deviné cela, et pour cela, il en était fier. Qui marchait découvrait, et qui découvrait devait s'arrêter pour observer, non ? Quel aventurier de ce nom ne regardait pas devant lui les merveilles du monde qui l'entourait ! Liam aurait aimé le savoir. Et c'est suspendu aux babines de ce jeune loup au soleil inscrit sur le torse qu'il découvre, lui aussi, comme se voit lever un nouveau soleil, une prose qui lui plait et reflète la sienne à l'instar de la mer ou de ce lac d'argent trouvé avec son frère Milo. Ha !
Ses yeux flambent, son coeur aussi.
Un marcheur qui ne prenait pas le temps de s'arrêter, exactement l'inverse de lui. Une patte se pose sur son torse et c'est avec un regard intense qu'il répond, voix grondante d'une intensité contenue.


D'un geste ample, il englobe le ciel et ses couleurs si changeantes, les nuages et leurs formes si variées, tant qu'il pourrait rester ici des heures et ne jamais s'ennuyer. Mais, soudain, oui ! Il s'approche un peu, et chuchote.


Ses pattes retombent, ballantes, désespérées, en une torture permanante de ses humeurs, en une lassitude et un immobilisme absolu qui contredisait fondamentalement l'embrasement de son ame. Il voulait faire ! Mais restait à observer. Il voulait marcher - mais ne prenait jamais que le premier pas.

-Liam-

Les gens, plus que le paysage.
Une réponse de génie, une réponse qui pourrait tirer des larmes au jeune loup tant elle était simple et belle, de ces choses simples et belles qui avaient le chic de tout résoudre en un claquement de doigt. Liam se redresse, tendu comme un arc, ébahi, étonné, estomaqué par la réponse mais immédiatement ! Il s'excuse ! Non ! Quelle horreur, terrible mots qu'il avait prononcé pour faire s'arrêter le marcheur qui savait se concentrer sur l'important.

Et puis ... Il explique, plus en détail. Et Liam croit comprendre ; Si lui se passionnait du ciel et du vent, se faisait l'amant du crépuscule et l'amoureux des murmures, le marcheur, lui, préférait le filtre d'un conte, le tableau lupin qui exposait la nature à travers un oeil subjectif. C'était là une belle chose ! Il y reconnait un peu son frère, Milo, sans savoir qu'en miroir lui-même rappelait l'adelphe-
Il s'embrouille (ou bien moi).


A bout de souffle, le loup à la queue recourbée se calme. Sa tempête s'est trouvée, son aube achevée et l'amant peut enfin se reposer. Il devait méditer ! Ou bien, écouter encore le marcheur méditer à sa place, non, plutôt qu'à sa place, avec lui et son coeur vibrant de concert avec les mots qu'il prononce. Mais, à la place, voilà une autre idée qui l'immobilise.
La peinture. ? .
Liam se fige. Il devait y réfléchir ! L'idée de peindre, de capturer un infini en un unique instant lui semblait impossible, étourdissante, terrifiante même. Il avait vu beaucoup d'images, dans les livres de père et mère, dessins d'animaux fantastiques et sous-marins pourtant, rien ne valait de les voir en vrai. Mais sa mémoire lui faisait défaut ! Bien trop souvent, et capturer la beauté d'une aurore, juste une journée, tous les jours, serait pouvoir admirer à l'infini son unicité. Mmh.

-Liam-

Il avait raison, ce loup au soleil gravé sur la peau et aux pattes longues comme des petits arbres. Il lui parle de peinture,e t Liam boit ses paroles, adolescent ravi à la simple mention de quoi que ce soit d’intérêt. Une autre expérience cele de confronter des points de vues, oui ! Il ne l’avait jamais vu comme cela. Son corps est agité d’un spasme, tout d’énergie contenue, lorsquìil tourne la tête pour observer le ciel, les yeux enflammés toujours tourné vers une aurore imaginaire.

Ici, il se voyait peindre et exposer ce qu’il voyait mais surtout ! Aux coté de ses frères, parents, soeurs, confronter, observer ce que voyait les autres. Oui ! Sa soeur ici pourrait peindre non pas l’extase irréelle du ciel mais plutot quelques oiseaux le traversant avec flegme et provocation. SOn autre frère Mael, ne voyant pas grand chose, préférera ce qui est proche ou bien ! Reproduire sa vision imparfaite, les taches de couleurs qu’il voyait à la place des choses. Tout ceci, tout cela le fascine et il comprend pourquoi arreter, choisir, est aussi important.

Evidemment, lui qui pressentait un choix déterminant dans sa courte vie, en était d’autant plus sensible. Mais la conversation dérive ou plutot, le guide, bateau qu’il était (une analogie goutue pour le fils d’une raeder). Alors, s’extasie -encore-


Les mots lui manquent, alors il les remplace de gestes. Sa patte vient doucement trouver celle de Marty, d’une intensité toute contenue, et il examine cette paume, ces doigts si fertiles quìils pouvaient produire de la nourriture. Il ouvre la gueule, hésite, hausse les sourcils avant de continuer :


La nécéssité du superflu était ce qui le motivait, toujours, complètement. Voir, sentir, observer et maintenant ? Créer, peut-être.

-Liam-

Et c’est devant ses yeux, entre ses pattes de manière presque littérale qu’un peu du feu de Liam se transmet, embrase les buches du souvenir et découvre -non sans une tendre jubilation- un peu de l’ame brute du loup d’en face. Liam boit ses paroles, bien moins passionné par le jardinage que par la passion elle-même, qui s’exprime avec tout le calme d’un loup aui appréciait voir pousser les plantes et marcher le long des plages.

Alors, c’est avec un peu d’émotion que l’adolescent serre la patte de l’ainé entre les siennes, comme un trésor, avant de la laisser s’échapper. La gorge se noue sous l’émotion qui le submerge, lui qui n’était rien d’autre qu’un loup n’ayant jamais rien fait pousser, pauvre adolescent avec lequel la lignée légumeuse s’arrêtait.Ha ! Las.

Mais la question lui est retournée, et cela le surprend, d’abord. Il en avait oublié les principes conversationnels, avait simplement éffacé la possibilité que l’autre soit égaòement interressé par lui – et non l’inverse. Une activité qui cultivait ses souvenirs ! Quelle belle manière de le dire. Les mots même font papillonner ses paupières, étourdi par cette considération.

Ses souvenirs ...

Il pense à sa tendre mère, à son cher père, à sa fratrie nombreuse. Il pense à sa courte vie déjà intense, à sa manière de papillonner sans se poser car jamais, jamais il n’avait pensé aux souvenirs. Il état loup d’instants ; Parfois, de décisions. De souvenirs ?
Quelle étrange réalisation.

C’est lentement d’abord qu’il répond.


Comme toujours, les mots l’enflamment avec passion et peu à peu, les gestes se tendent, vers lui, vers l'autre, vers cet autre dont on lui avait tant parlé et qui accaparait toute son attention.


L'émotion lui mouille les yeux lorsqu'il les revoit, tous, ses frères, sa soeur, sa mère et son père dans la cabane bruyante de la Lagune alors que chacun devait présenter les trouvailles du jour à ses parents. Lui préférait alors rester silencieux et observer, réfléchir, fait rare pour l'adolescent qui parlait avec facilité de tout et de rien. Mais dans la cacophonie du bonheur, il n'y avait qu'à écouter ! Il pose une patte tendre sur son torse dodu.


Son regard brille, brule, et il observe chez son compagnon de dissertation ce que les mots provoqueraient chez lui.

-Liam-

Il dit qu'il regrette, et Liam en lève un sourcil. Alors, lui voulait large famille, mais n'en avait peut-être pas eue ? Liam avait trop parlé, et oublié d'écouter. Voilà ! Ce qui arrivait lorsqu'on attisait trop son feu. Voilà ! Mais en face, son marcheur n'en démord pas, et ses braises restent encore incandescentes. Liam acquiesce, et l'autre lui parle de lui, répond au tac-au-tac, lui parle de blessures intérieures qui interrogent évidemment le solitaire au regard de feu; Du haut de ses si peu de mois, il n'en avait jamais rencontré, de loups ne s'extasiant pas au moins sur une des merveilles de ce monde. Alors ... Alors cela l'inquiète, voilà. Il se fait un peu plus sérieux.


Alors, il se fige en une posture d'écoute, heureux, comblé de pouvoir bénéficier du réçit d'un autre qui n'était pas de sa famille. Ce marcheur avait vu le monde, ce marcheur avait vu les gens ! Mieux, il les avait observés, il les avait confrontés et Liam, éternel spectateur en mal de décisions, l'édmirait, en un sens. Alors, il écouterait §
Mieux, il apprendrait.

-Liam-

Alors, il conte.
Il ne donne point d'exemple, cachant d'une cape de pudeur les histoires un peu tristes qui viennent ternir son teint fringuant, pourtant Liam l'entrevoit entre ses mots, entre ses lignes. Des gens éteint. Plus qu'un feu froid qui brule dans un coeur dur, plus qu'une braise timide qui ne demande qu'à être ravivé, une atre à peine tiède qui se meurt.
Oui, là était bien la ruine de l'ame.
Mais lui, le marcheur, ne laisse aucun doute quant à sa position. Dans l'action, raviver la flamme, souffler sur les braises et insuffler une étincelle extérieure qui fera revivre un feu aussi intense qu'au premier jour. Plus, même ! Car il n'y a que dans les épreuves que le feu pouvait s'endurcir, devenir vif, beau, puissant ! Galvanisé par le conte, absorbé par les mots, Liam ne sait que répondre face à cette beauté inexplicable. Il y avait dans chaque être vivant un foyer qu'il te tenait qu'à certain, comme son marcheur, de savoir aviver.
Et lui ? Peut-être bien était-ce là sa vocation.

Il se calme, soudain. Puis, tend une patte.


Un sourire franc étire ses babines encore juvéniles, alors que son regard fixe, enflammé dévore ceux du marcheur d'en face.

-Liam-

Les deux pattes se rencontrent, les yeux se soutiennent de l'étincelle de ce que Liam croyait être de l'amitié. Une amitié naissante, balbutiante, mais une amitié, oui ! De celles qui enflammaient les coeurs, les rapprochaient, de celles formidables entre deux loups prêts à aller au bout du monde ensemble, de celles des légendes de table ronde, de chevalier, de mousquetaires !
Enfin, ils n'en étaient pas encore là. Mais cette perspective réchauffe le coeur déjà brûlant du jeune loup, alors qu'il garde en patte celle de celui qui lui offre son nom : Marty.


Ils se reverraient, assurément, car Liam le voulait. Mais soudain, le jeune mâle réalise qu'à pat sa passion du jardinage et son coeur pur, il ne savait pas grand chose de son marcheur. Pris d'une soudaine panique, le voilà fébrile : Ils devaient se dire au revoir ! Au revoir, à cette amitié naissante, la toute première ! Mais ! Il ne savait pas s'il pourrait le revoir, car les terres étaient vastes et lui, malgré ses larges pattes et son corps un peu rond, n'était pas si grand. Il balbutie alors :

-Liam-

Le regard est fixe, concentré, heureux et fébrile. Le sourire, condensé de toutes ces émotions, se fait plus calme pour détendre les sourcils inquiets. Marty était confiant en l’avenir, voilà bien une attitude de loups qui marchent ! Ils savent que leurs pattes sauront les porter où ils en avaient besoin.
Et lui, alors, sait dans son coeur qu’il pourra retrouver ce loup pour une aube ou un crépuscule. Qu’il avait hate!


Et c’était une promesse.