The dawn before the day [Anita, Maps]

Ses visites au Castel se faisaient de plus en plus rares.
Le terme de sa grossesse approchait, doucement mais surement, et elle préférait rester dans le calme de la Moere.
Il y avait de toute façon Iris et d'autres vétérans pour veiller ; et pas d'urgence particulière nécessitant sa présence quotidienne.
Mais elle passait parfois quand même, tant que sa forme physique le lui permettait.
Comme aujourd'hui, où elle chemina tranquillement jusqu'à la forteresse de roches pour croiser quelques visages, échanger des mots et des sourires, s'enquérir des nouvelles.

Il y eut rapidement quelqu'un pour venir la trouver, mais pas de trace du sourire qu'elle aurait aimé voir sur ses lèvres.

Les oreilles droites d'Anita se tournèrent vers l'arrière et elle se figea, mise en alerte par le chagrin évident qui ravageait Maps et par les mots qu'elle finit par articuler.
Iris. Il se passait quelque chose avec Iris.
L'Alpha accueillit contre elle la rouge et noire, d'une patte qu'elle vint machinalement passer autour de ses épaules agitées de sanglots violents.
Les yeux d'Anita, grand ouverts, fixaient le vide et en elle tout s'était tu, à l'exception des battements soudain plus puissants - presque douloureux - de son cœur.
Il peut s'agir de beaucoup de choses différentes, se dit-elle en se remémorant que Maps avait parfois des émotions vives.
Il n'y a pas de raison de penser au pire, essaya-t-elle de se convaincre en luttant contre le sentiment de peur intense qui se répandait en elle, vent froid et hurlant voulant tout balayer sur son passage pour ne plus laisser que les notes de son chant funeste.

Déglutissant lentement, la louve finit par extraire quelques mots de sa bouche sèche, si sèche.

— Maps. Qu'y a-t-il ?

Ses doigts se contractèrent un peu plus dans le pelage de la fille de Dairo.

Des secondes passèrent. Sans réponse, mais le corps blotti contre elle semblait un peu se calmer.
Anita hésitait à oser se laisser respirer, l'esprit toujours imperméable à toute divagation, s'interdisant de tirer la moindre conclusion sans en savoir davantage.
Elle sentit du mouvement, et Maps lui tendit une lettre. L'Alpha se dégagea avec douceur pour la récupérer et commencer à lire les lignes, tâchées de larmes.
Sa progression était lente et douloureuse, alors qu'elle cherchait toujours à comprendre. Et bien que la lettre fut courte, Anita mit plusieurs minutes, les yeux rivés sur le papier, à en cribler la surface.

Elle dut repasser plusieurs fois sur certains passages, démêler l'essentiel de l'accessoire, se concentrer à trouver ce qui avait du sens pour enfin tirer des conclusions.

Elle était censée savoir quelque chose. Les raisons d'une absence.
Tout comme Maps, d'après la lettre, avait des détails sur une certaine histoire honteuse - mais Anita fut loin de se concentrer là-dessus à cet instant.
Ce n'était pas l'important.
Redressant la tête, elle croisa le bleu humide des yeux de Maps, entendit le balbutiement confus de son incompréhension.

Elle non plus ne comprenait pas encore, quand bien même les battements de son cœur continuaient de résonner plus fort qu'à l'accoutumée dans ses oreilles. La pression dans son torse lui faisait mal. Mais elle devait rester forte.
Elle était pilier, elle était Alpha, elle était Prêtresse, elle était doyenne et future mère. Devant Maps, elle ne devait pas céder à une quelconque panique ou au désespoir.
Pour Iris, elle devait être efficace et recoller les morceaux.

— La lettre. Où l'as-tu trouvée ?

Son museau s'approcha de celui de la louve, son ton comme son regard restèrent doux tout en témoignant une légère urgence. Pour tirer tout cela au clair et au plus vite, il devait y avoir quelque chose qui lui était destinée aussi. C'était obligé.
Pour combler les vides.
Pour enfin savoir.

Le museau de l'hybride s'agita lentement de gauche à droite, désolée.
Elle fit de son mieux cependant pour parcourir ses souvenirs, fouiller son esprit confus à la recherche d'indices ou d'éléments qui l'aideraient à mettre un sens sur cette lettre et la situation. De quoi avaient-ils parlé récemment ?
Sourcils froncés et regard dans le vague, elle murmura.

— Je sais qu'il était à la recherche de sa nièce et de son neveu... Qu'une solitaire connue du clan, Emilitia, était avec eux et qu'il voulait les retrouver pour s'assurer de leur bien être, leur proposer un choix.

Mais les choses avaient été au point mort, dans l'impossibilité de trouver facilement la trace de cette louve noire.

— Je n'ai pas eu de nouvelles, nous devions discuter de la stratégie à adopter quand il aurait retrouvé sa trace. Il n'était pas censé y aller seul.

Est-ce qu'il l'avait volontairement tenue dans l'ombre ? À cause de ses enfants à venir, pour ne pas l'impliquer ?
Son ventre se serra. Mais encore une fois, elle empêcha son esprit de tirer trop de conclusions hâtives. Cela n'avait peut être rien à voir - c'était simplement tout ce dont elle avait connaissance sur les derniers objectifs d'Iris.
Elle passa une langue sur ses lèvres, puis se leva. Ses pattes tremblaient un peu, mais il y avait dans son regard une lueur déterminée.

— Si tu as eu une lettre, il doit m'avoir laissé quelque chose aussi.

C'était obligé.
Peut-être à la tanière qu'elle même occupait lorsqu'elle dormait au Castel, alors ?

L'Alpha laissa échapper un long soupir d'entre ses crocs, puis se mit en route en posant un regard sur Maps.
Elle se doutait qu'elle voudrait l'accompagner pour élucider au plus vite cette histoire, mais elle n'y était pas obligée.

Voyant que Maps fit le choix de la suivre, Anita s'elança dans une foulée soutenue sans se mettre à courir non plus.
Elles allaient traverser le Castel à une heure de pleine activité, l'Alpha ne souhaitait pas semer un vent de panique - bien que quiconque poserait alors les yeux sur son visage le trouverait fermé sur une mine soucieuse, contrastant avec la joie qu'elle dégageait habituellement.
Elle garda les oreilles tournées vers la fille de Dairo en l'entendant prendre la parole, manquant de perdre l'équilibre quand tombèrent les mots.

Son regard se tourna vers la louve, stupéfait, mais elle fit de son mieux pour garder son allure et ne pas marquer d'arrêt.
Iris ? Père ?
Avec cette solitaire qu'il avait dit être ennemie d'Aka et par extension dangereuse pour le clan ?
La louve avait du mal à réaliser, abasourdie. Était-ce à cause de ça qu'il ne lui avait pas dit toute la vérité ? Pensait-il qu'elle le jugerait, le renierait ?
Une pointe de tristesse perça à cette idée, mais elle tenta de se dire qu'il s'agissait sans doute de quelque chose d'autre.
Anita était sa tante, pas sa meilleure amie.
On confiant davantage ce genre de choses à une amie qu'à une figure de la famille.
Et s'il avait honte de ce qu'il considérait comme une erreur, raison de plus pour ne pas en parler à la seconde Alpha.

Cela changeait beaucoup de choses.
Et la louve avait du mal à l'intégrer pleinement, encore secouée par toutes ces nouvelles troublantes qui semblaient ne vouloir cesser de s'accumuler.

Elle resta un moment silencieuse, perdue dans ses pensées en continuant à cheminer vers sa tanière, ne sachant plus comment assembler son tourbillon de pensées en mots.

— ... Tu penses qu'il serait parti tenter de les retrouver, alors ?

Pourquoi maintenant ?
Pourquoi prendre ce risque d'y aller seul ? Qu'avait été l'élément déclencheur ?

Oreilles rabattues, Anita continuait d'écouter. Se concentrer était difficile dans le bouillonnement de pensées et d'émotions qui la bousculaient.
Il y avait toujours pour elle un chaînon manquant - enfin, plusieurs ; mais elle se demandait toujours comment Iris s'était retrouvé à possiblement enfanter avec une louve qu'il considérait lui même comme une menace, une mauvaise influence.
L'avait-elle manipulé ?
Et si enfants il y avait bel et bien et qu'il était parti les retrouver... Comptait-il les ramener au clan ?
Les faire passer pour ceux d'Iberis afin que soit sauf son secret ?

Le cœur serré, l'Alpha ne trouvait rien à répondre.
De toute façon, elles arrivaient.
Son pas s'accélèra et elle s'engouffra dans sa tanière, les yeux bondissant de coins en recoins, flairant pour trouver indice d'un passage.
Rien.
Abattue, elle s'assit et laissa retomber sa tête dans un soupir.

Où, Iris ? Où as-tu laissé quelque chose ?

Elle se força à réfléchir, ferma les paupières et posa patte sur son front.

... Chez lui ?
S'il avait laissé un mot à Maps en mentionnant une absence, c'est jusqu'à son lieu de vie que serait recherchés des indices.

Anita trouva la force de se relever, repartit dans une autre direction.

— Allons à sa tanière.

Et si elles ne trouvaient rien la bas... Chez Aka, peut-être ?
A part cela, elle n'aurait plus la moindre idée.

Ce fut la rouge et noire qui cette fois s'élança en première et Anita la suivit, cœur palpitant. La tension durait depuis déjà plusieurs minutes et n'avait de cesse d'augmenter avec chaque montée et redescente d'émotions, se faisant plus intense de nouveau à mesure qu'elles approchaient.
Face à l'entrée, Maps s'arrêta et doucement, Anita s'avança. Son regard n'eut pas à se balader longtemps avant de se poser sur une boîte, laissée dans un coin.
Pas tout à fait en évidence, mais faite pour être trouvée néanmoins.
Son souffle se bloqua dans sa gorge et ses gestes se firent plus fébriles quand d'un doigt, elle en souleva le couvercle.
A l'intérieur, deux lettres. Et celle du dessus portait son nom.

Cette fois, la louve avait bien l'impression que son cœur allait s'arrêter. Elle n'était qu'à quelques secondes d'obtenir les éléments manquants, de comprendre ce qu'il se passait.
Et cette peur, ce sentiment terrible que quelque chose de grave venait d'avoir lieu revint glisser ses doigts froids jusqu'à l'intérieur de son âme.

Anita déplia le papier et y découvrit un texte - bien plus long que celui à l'attention de Maps - qu'elle commença à lire.

... Il y avait beaucoup de choses lourdes, dans cette lettre.
C'était une nouvelle fois abasourdie qu'elle releva lentement la tête, le regard dans le vide.

Elle en avait oublié la présence de Maps, non loin, et ne trouvait même pas encore de larmes pour venir mouiller ses yeux.
Juste un grand vide.

Le contact de Maps la raccrocha à la réalité, l'arracha à ce moment de flottement pour la rappeler à l'instant présent.
Aux conséquences réelles de tout ce qu'elle venait de lire, quittant le domaine secret de l'écrit où les faits étaient restés hypothétiques pour maintenant devenir tangibles.
Elle prit une lente inspiration, un peu tremblante, et entrouvrit la gueule. Mais rien ne vint dans l'immédiat.
Par où commencer, à quoi se raccrocher ?
Que lui dire, et quels éléments garder pour plus tard ?

— Iris est...

Mort ?

— ... Il est bien allé confronter cette louve, cette Emilitia. Récupérer les enfants d'Ibéris, mais il mentionne aussi ces hypothétiques enfants à lui.

Son discours s'articulait lentement, fait de nombreuses pauses.

— Il a écrit qu'il comptait en finir, avec elle. Il est parti la tuer avec la bénédiction d'Aka. Il a... Il dit que... Que si nous avons trouvé ces lettres, c'est qu'il ne reviendra pas.

Qu'il est mort.
Mais Anita se refusait encore à le prononcer, à refermer cette chaine sordide qui scellerait son destin. Lâché à ses espoirs les plus fous, prêt à se raccrocher à toute éventualité, son imaginaire se créait déjà la scène d'un Iris exténué, tombé au combat, grièvement blessé, mais pas encore mort.
Peut-être qu'il pouvait être sauvé, qu'il les attendait, qu'il avait besoin d'eux.
Un sentiment d'urgence vint temporairement balayer tout le reste - bienvenue, presque, pour repousser à encore un peu plus tard le contrecoup de toute sa peine.
Elle avait toujours su trouver une part d'optimisme en toute chose, après tout.

— Je... Il faut le retrouver. Il a indiqué dans quelle terre se situait le repaire d'Emilitia. Je vais y envoyer trois loups.

D'ores et déjà défilaient dans son esprit les noms de ceux à qui elle pouvait confier cette mission.
Car elle-même devait se protéger ainsi que les vies en elle qui allaient bientôt naître.

Avec tristesse, elle observa le choc se répandre comme un séisme à travers la louve. Oreilles basses, l'Alpha s'approcha et vint placer sa tête contre la sienne, levant une patte pour la tenir un peu plus contre elle et lisser quelques mèches de ses cheveux, maternelle.
Un léger soupir quitta ses lèvres. Elle s'était attendue à ce genre de réaction.

— Maps.

Sa voix était douce, chargée de tout le calme et la compassion qu'elle pouvait rassembler en cet instant.

— Je ne peux pas te laisser y aller.

Elle marqua une pause suffisamment brève pour ne pas la brusquer d'une surcharge d'informations tout en ne lui laissant pas de temps pour protester.

— Je ne sais pas ce qu'il y a à trouver à la Sylve. Toi et moi sommes bien trop impliquées émotionnellement pour rester rationnelles si...

S'il est mort et que c'est face à un cadavre que nous arrivons, si sont encore présents sur les lieux les responsables de cette mort.
Tout pourrait alors dégénérer, tout pourrait empirer.

— J'ai besoin que personne ne perde son sang froid pour affronter cette épreuve et réagir vite et bien.

Elle posa son front contre celui de la louve, partageant sa douleur, avouant sa propre faiblesse.
Maps devait le reconnaître également.
Que face à son meilleur ami grièvement blessé ou assassiné, il était probable que ce soit sa rage et sa peine qui éclatent au lieu d'être efficace.

Il n'y eut pas de protestation. Ses mots furent entendus, chassant toute résistance pour ne laisser que ce chagrin revenir les envelopper.
Anita hocha doucement la tête, une boule dans la gorge.

— Évidement. Nous le ramènerons.

C'était même l'objectif principal de la mission qu'elle allait donner, quand bien même la lettre d'Iris avait préféré mentionner d'autres objectifs. Ce qui lui paraissait le plus essentiel, à elle, était de récupérer Iris. Quel que soit son état, c'était à leurs côtés que serait sa place.
Le reste était fait d'incertitudes, sur ces fameux neveux et hypothétiques enfants, peut être tous déjà ralliés au camp de leurs opposants.

Se redressant légèrement, Anita prit une inspiration tremblante et se força à garder encore à distance le tourbillon de ses émotions. Il lui fallait encore tenir bon le temps d'envoyer les trois loups qu'elle avait choisi.
D'une patte, elle referma la boîte contenant les lettres et d'autres choses qu'elle n'avait pas encore pris le temps de regarder et l'attira à elle.

— Je dois aller voir rapidement ceux qui vont partir à sa recherche. Essaye de... Trouver un peu de calme, et de repos. Et de ne pas encore ébruiter la nouvelle.

C'était important. Seul un petit groupe serait pour le moment au courant.
Avant de se détourner, elle marqua une pause et posa les yeux sur Maps.

— Si tu veux, je pourrai rester avec toi après. Même dormir ensemble.

Dans cette épreuve, elles ne pouvaient rester seules. Et tant que le reste de leurs proches ne serait pas au courant, elles n'avaient que l'une et l'autre pour partager leur peine.

Elle trouva la force d'un petit sourire à accorder à Maps en retour, la suivit du regard quand elle se leva.
Anita hocha la tête.

— Je ferai au plus vite.

Puis elle partit en trottant, lissant son visage sur une expression aussi neutre que possible.

[ Retranscription du Fast en suite immédiate - SALLE DES TRÔNES | Anita & Pomelo, Ottar, Samaël ]

Anita a écrit:

Si elle avait d'abord eu pour idée, en se séparant de Maps, d'aller elle-même chercher les loups qu'elle comptait envoyer, elle s'était finalement ravisée. Elle perdrait trop de temps, à la fois en explications répétées et à simplement devoir les débusquer.
La petite équipe serait également mieux coordonnée si elle s'adressait à eux tous en même temps. Alors l'Alpha avait missionné trois loups - autant que ceux qu'elle enverrait à la Sylvie - qu'elle savait discrets et peu curieux et leur demanda à chacun de trouver l'un des choisis et donna la Salle des Trônes pour lieu de rendez-vous.
Aucune question ne fut posée, et alors que disparurent en hâte les trois individus, elle se dirigea là où elle attendrait leur venue.

Trois loups, pour une équipe à la fois rapide et capable de se défendre.
Trois loups en qui elle estimait avoir confiance, à la fois pour leurs capacités et leur tempérament, afin de mener à bien cette mission. Trois loups de chaque couleur, également, pour honorer leur Trinité dans sa force unie.
Samaël. Pour son sang froid et son expérience, et le détachement émotionnel dont il saurait faire preuve pour privilégier des choix efficaces et logiques.
Pomelo. Pour sa force, sa discipline et un caractère qui n'était pas marqué par la haine, elle serait capable de défendre le groupe sans être celle qui provoquerait les étincelles. Hell'Swing avait aussi été considérée -mais étant celle des deux mamans ayant donné naissance si peu de temps auparavant, elle se devait de prendre du repos.
Ottar. Si c'était d'abord à Litchi que la Prêtresse avait pensé pour représenter les jaunes, elle s'était accrochée à l'idée de peut-être retrouver Iris vivant. Et il aurait alors besoin de soins d'urgence, qu'elle savait le digne apprenti de Dez capable de prodiguer - tout en étant un mâle suffisamment imposant pour décourager de nombreux loups de s'en prendre à lui.

Assise droite devant son trône, le visage grave, l'Alpha attendait cœur battant que résonnent le son des griffes dans les couloirs de pierre.

Pomelo a écrit:

Elle était entrain de ranger la tanière lorsqu'on vint l'interpeller. Elle adressa d'abord un grand sourire de mère joyeuse à celui venu la chercher qui se modifia rapidement en air inquiet. C'était une demande très sérieuse qu'on lui adressait : aller voir tout de suite Anita dans la salle des trônes. Elle pencha ses oreilles sur le côté, et laissa la couchette à moitié rangée en prenant immédiatement le chemin vers la salle en question.

Ses pattes foulèrent le sol de pierre rapidement, et elle arriva dans la grande pièce seulement quelques minutes après la dispersion du loup messager. Elle ralentit son allure en jetant un sourire doux à l'Alpha, ainsi qu'en faisant le tour de la pièce de ses yeux. Il n'y avait personne d'autre - avait-elle fait quelque chose qui nécéssitait une audience privée ?
Non, Pomelo avait la conscience claire, elle avait des potes solitaires et un pote Raeder, mais elle n'avait jamais rien fait d'illégal. Elle n'était pas là pour se faire rouspéter.

—  Ani- Dame Anita ? Que puis-je faire pour vous ?

Pomelo jugea à l'expression de la louve d'habitude si joviale et souriante qu'elle avait quelque chose de grave à lui dire, et il valait mieux se montrer disponible plutôt de l'interroger outre mesure.

Ottar a écrit:

Ottar avait été appelé. Silencieux il termine de soigner les maux d'un vieux, et le laisse au repos avant de partir.

Il arrive dans la salle. Regardant Anita et Pomelo. Avant d'aller d'asseoir en face de la chef. Bien droit.

Il attend. Qu'on lui dise.

Samaël a écrit:

Ce fut une chance, sans doute, que Samaël soit sur le chemin du retour vers le Castel lorsque le messager vint le trouver, épargnant ainsi à ce dernier le chemin vers les Falaises et le temple de Dairo où il était facile de trouver le mâle brun. Il n'y eu qu'une information de transmise, la volonté d'Anita de le voir, lui et d'autres visiblement au vu de la présence de Pomelo et d'Ottar à la salle du trône.
C'est un signe de tête que le vieux bouclier adressa à chacun avant de se tenir un peu plus droit lorsque son regard doré passa sur Anita comme un soldat qui se mettrait au garde à vous face à son supérieur.

Silencieux, il attends lui aussi, qu'on énonce le pourquoi de cette réunion.

Anita a écrit:

Et l'écho de pas se fit entendre.
Pomelo fut la première à apparaître, l'oeil interrogateur, et à s'avancer dans la salle. Malgré toutes les pensées lugubres qui l'assaillaient, Anita ne put que forcer un léger sourire en même temps qu'elle adressa à la louve un signe de tête en guise de salutation.

— Je vais bientôt tout vous expliquer, Pomelo. Tu n'es pas la seule que j'ai envoyé chercher.

D'ailleurs, peu de temps après, une seconde présence ne tarda pas à les rejoindre. La silhouette imposante de Ottar se détacha et il vint s'asseoir en silence. A lui aussi, l'Alpha accorda bref sourire et signe de tête.
Enfin... Après quelques minutes d'attente supplémentaires, Samaël les rejoignit.
Anita inspira profondément, passant son regard sur les trois loups rassemblés devant elle.

Elle s'était repassée en boucle les mots qu'elle souhaitait prononcer, comment dire l'essentiel vite et bien. Ils semblaient pourtant si difficiles à extraire.

— Iris a disparu.

Une brève pause se créa d'elle-même - sa bouche était toujours aussi sèche que lors de sa discussion avec Maps, et elle dut s'humecter les lèvres d'un rapide coup de langue.

— Il est parti confronter une ennemie du clan dans le but de retrouver les enfants d'Iberis, et de la tuer elle. Une vendetta personnelle sous la bénédiction d'Aka l'aura conduit à vouloir emprunter cette voie seul.

Une ombre passa dans son regard.

— Si j'ai ces informations, c'est parce qu'il aura choisi de laisser une lettre avant son départ. Une lettre que je n'aurais jamais du trouver si tout s'était passé comme prévu et qu'Iris avait triomphé sans encombre. Le fait qu'il ne soit pas revenu signifie qu'il est... Probablement mort.

Anita se mordit les lèvres et se força à rester concentrée pour continuer.

— Néanmoins, les faits sont récents, très récents, et je ne peux complètement rayer la possibilité qu'il ait survécu et nécessite des soins urgents. Votre mission sera de le retrouver.

Son regard passa sur chacun d'eux, tour à tour.

— Il a besoin de nous pour rentrer au clan.

Mort ou vivant.
Elle avait encore des choses à dire, beaucoup de détails et d'indications à leur donner avant de les envoyer sur sa piste.
Mais elle avait besoin d'une courte pause, pour ne pas laisser sa voix se briser.

Pomelo a écrit:

Pomelo avait le regard dans le vide. Iris ? Son pote ? Le nouvel Alpha ? Le prêtre d'Aka ? Mort ? Ces pensées faisaient le tour de sa tête sans pour autant ressortir comprises et acceptées.

L'Epee pastel, d'habitude si joviale et bavarde ne pipa mot. Ses yeux vert cherchaient ceux de l'Alpha, comme si elle espérait y discerner un sens caché à tous ces mots. Puis dans le silence Elle hocha la tête, acceptant la mission. Bien sûr qu'elle irait chercher son pote. Vivant ou mort, c'était sa famille. Comme tous les Etelkrus ; mais lui plus particulièrement. Il l'avait soutenue quand elle était déprimée. Il avait été là pour elle : elle serait là pour lui.

Elle avait toutefois l'impression désagréable que quelqu'un lui broyait les tripes. S'il était mort, ils seraient les premiers à le voir. Et elle aurait encore perdu quelqu'un de sa famille.

Ottar a écrit:

Ottar écoutait les paroles de la louve en face et songe. Il allait être en mission, trouver l'alpha, et le ramener.

Mais dans quel état. Tout était la question.

Ottar ne pipe pas un seul mot, mais accepte de la tête.

Samaël a écrit:

Durant tout le temps de l'explication quant à la raison de leur présence, Samaël resta droit, impassible malgré les informations transmises. Il ne pouvait que sentir la fébrilité de leur alpha et savait ô combien le rôle qu'elle endossait pouvait être particulièrement difficile aujourd'hui alors le mâle brun s'efforça à demeurer cette figure de maîtrise neutre malgré la gravité de la situation.
Les deux autres restèrent silencieux, moins habitué, le mâle brun pouvait le deviner, à ce genre de gravité bien qu'ils aient déjà perdu brutalement un autre alpha il y a quelques années à peine.

—  As-tu une indication sur la direction qu'il aurait pu prendre ou l'endroit vers lequel il se rendait ?

Anita a écrit:

L'annonce se répandit comme une onde de choc - particulièrement chez Pomelo, celle qui des trois était la plus proche d'Iris. Dans cette gravité installée, seule la voix de Samaël s'éleva - posée et factuelle, ce qu'elle attendait particulièrement de lui et qui la conforta un peu plus dans son choix. Tout en lui offrant l'accroche nécessaire à reprendre le dialogue.
Elle hocha doucement la tête.

— Il a écrit dans sa lettre que c'est à la Sylve qu'il s'est rendu. Son odeur sera encore fraîche, si vous ne trainez pas vous n'aurez aucun mal à le retrouver en partant dans la direction de cette forêt.

Elle inspira, se prépara à leur fournir les derniers éléments - et les ordres.

— Je ne sais pas exactement ce que vous trouverez là-bas. Combien ils seront, qui sera vivant, dans quel état. Je le répète : votre mission est seulement de ramener Iris, et potentiellement les enfants d'Iberis s'ils sont toujours présents et qu'ils expriment la volonté de vous accompagner. Je vous ai choisi car je vous sais capables de faire preuve de sang-froid et que j'ai confiance en votre capacité à ne pas aggraver la situation.

Tour à tour, elle posa sur chacun des visages face à elle un regard soucieux.

— Je ne veux déplorer aucune perte supplémentaire. Quoi qu'il advienne, si Iris est... S'il est mort et que la ou les responsables sont encore là, ne cherchez pas à le venger. Montrez-vous fermes mais pas hostiles ; défendez-vous si vous êtes attaqués, mais n'attaquez pas en premier. Soyez rapides et prudents.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, encourageant.

— Des années auparavant, pour partir au Nord, certains d'entre nous avaient réalisé des feux de détresse. Prenez-en un, et utilisez-le si la situation dérape hors de tout contrôle et que vous êtes submergés. Nous viendrons vous aider.

Et l'Alpha se tut, gardant yeux et oreilles tournés vers eux, prête à recevoir leurs dernières questions avant de les laisser se préparer et partir.

Pomelo a écrit:

Pomelo écouta Samael, ses oreilles violettes se tournant vers lui puis de nouveau vers Anita pour la suite du discours. La Sylve. Elle connaissait bien l'endroit - elle n'était pas inquiète. Ce serait rapide. Elle aquiesca.

—  Partons dans une heure ? Le temps de rassembler le nécessaire ?

Il lui faudrait de l'eau, et de quoi grignoter et le feux de détresse. Elle s'inclina vers Anita avant de tourner la tête vers ses camarades.

—  Je peux m'occuper d'avoir de quoi manger.

Avec ses deux filles elles avaient un stock de nourriture séchée à la maison pour les petites faims des enfants.

Ottar a écrit:

Ottar se lève lentement. Il serait à l'heure, il serait prêt. Et respectueux, incline la tête.

Il irait préparer tout ce qu'il faut pour des soins d'urgence, des soins vitaux. Et de quoi défendre au minimum en cas de besoin.

—  Allons y !

Samaël a écrit:

Samaël demeura droit, stoïque, le visage sévère et l’œil certes dur mais en accord avec toute l’attention qu’il portait aux consignes.

—  Si une décision difficile doit être prise, qui de nous trois choisis tu pour imposer le choix final ?

Le guerrier brun savait à quel point les sentiments et les émotions dans ce genre de situation étaient un risques à la cohésion et au pragmatisme nécessaire. Si l’un d’entre eux était désigné en amont comme étant la voix décisionnaire qui primait sur les autres, les émotions, celles des autres surtout, seraient plus facile à gérer.

Anita a écrit:

Ses derniers mots furent reçus avec attention et sérieux. Les trois visages graves tournés vers elle ne se troublèrent pas d'une vague incontrôlable d'émotion, seule demeurant la concentration, et Anita en fut soulagée. Avec ce trio, elle avait fait le bon choix. Ils sauraient garder la tête froide.
Elle acquiesça aux paroles de Pomelo, adressa à Ottar un sourire qui déjà se levait pour aller se préparer.
Seul Samaël resta assis un peu plus longtemps, les yeux toujours sur elle. Avec pour une elle une dernière question.

Il n'y eut pas d'hésitation au moment de répondre.

— Toi, Samaël.

Tu es celui qui a le plus d'expérience, celui qui a vu assez de guerre pour ne pas souhaiter faire couler le sang gratuitement, celui qui saura néanmoins être intransigeant en cas de besoin.

À tous trois elle adressa quelques derniers mots.

— J'aurai le regard tourné vers la Sylve, et je guetterai votre retour. Soyez prudents.

Perchée sur les hauteurs du Castel, de longues heures de veille s'annonçaient.
Puis elle les laissa partir, suivant du regard leurs silhouettes qui s'éloignaient.

[ Fin ]