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Cassius
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Cassius

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MessageSujet: Don't fail me now.   Don't fail me now. EmptyMer 27 Déc 2023, 13:17




Don't fail me now.
Cassius, 1 an et 11 mois
Joaquín, 16 ans


Le soleil était haut dans le ciel lorsque Cassius franchit la frontière qui marquait le début de la Passe.

Il aurait souhaité que son pas soit plus assuré. Ce n'était techniquement pas la première fois qu'il remettait les pieds ici depuis qu'il avait choisi d'aller vivre sa vie loin du territoire de son enfance près d'un an plus tôt : il était revenu en tout et pour tout une seule et unique fois, il y avait un mois de cela, un peu par hasard. Par un après-midi d'orage.
Retrouver Nyu ce jour-là avait eu sur lui l'effet d'un déclic : il était revenu et ça ne s'était pas mal passé. Certes, il n'avait pas cette fois-ci eu l'occasion de croiser le spectre noir qui hantait ses cauchemars, mais d'une certaine manière, cela avait permis de rendre ces terres accessibles. Son dernier souvenir en leur sein n'était pas mauvais. Contrairement à toute la tripotée qui les précédait.
Peut-être qu'il y avait aussi en lui un désir de retrouver ces falaises où il avait grandi, et qu'il avait jadis considéré comme sa maison, avant qu'elle ne le terrifient. Peut-être qu'il avait envie de les dissocier une bonne fois pour toutes de celui qui en avait fait son fief.
Ce canyon était Joaquín. Fier et étouffant, obtus et menaçant. Impitoyable et inhospitalier.
Mais il faisait partie de lui, et Cassius avait réalisé qu'il ne pourrait jamais aller de l'avant s'il ne réglait pas ses vieux comptes avec son père. Il était parti sans un mot ni un regard en arrière. Il suffirait de voir Joaquín et de lui adresser quelques mots, de le quitter sur un au revoir et bonne continuation, au fait, savais-tu que je suis approximativement sûr que tu as été un père aussi déplorable que Justice et qu'embourbé dans ta rancœur envers les autres, tu as fait de mon enfance un presque-enfer que seule la présence d'Apparence aura su rendre supportable ?, mais plutôt sans la dernière partie, parce qu'il n'avait vraiment pas envie de partir sur un conflit, même s'il y avait beaucoup de choses qui s'étaient accumulées en lui ces derniers mois à mesure qu'il prenait du recul sur ses premiers mois d'existence. Des choses qui auraient eu besoin de sortir.
Mais qu'il ne se sentait pas le courage de déballer aujourd'hui, parce que même si venir ici était probablement l'acte le plus courageux qu'il ait eu à faire de sa vie — parce que disons-le, il n'était pas serein du tout et n'en avait pas dormi pendant deux jours –, il n'était pas non plus prêt à s'infliger une altercation avec le vieux mâle. Il aurait probablement dû, ça aurait été la chose la plus saine à faire, même si ça aurait été affreux sur le coup.
Mais il ne se sentait vraiment pas prêt, et était, au contraire, totalement prêt à quitter son père avec ces non-dits et à vivre le restant de ses jours avec ça sur la conscience. Il voulait juste un au revoir. Il voulait tourner la page.
Et puis de toute façon, il n'était même pas sûr que l'actuel sujet de toutes ses pensées soit encore en vie. Une part de lui, un peu mystique, s'était toujours dit que si Joaquín en venait à quitter ce monde, il l'aurait senti, quelque part en lui.
Ca n'avait strictement aucun sens, mais ça ne l'empêchait pas d'y croire.

***

Une heure et demie plus tard, Cassius atteignait la Tanière familiale et la trouvait plus vide que jamais.
Pas la moindre odeur, elle n'avait très clairement pas été visitée ou encore moins habitée depuis des semaines. La seule trace d'une vie passée qu'il y trouva fut une plume à demi ensevelie sous le sable et la poussière. Noire et rouge, comme Ixcanul, l'oiseau de son père.

***

L'ancienne tanière de Justice et Apparence était vide, aussi. A vrai dire, cela faisait si longtemps que personne ne l'avait habitée qu'elle n'existait même plus. Cela l'atteint plus qu'il ne l'aurait cru.
Sa vie passée... n'existait vraiment plus.

***

A partir de là, sans trop savoir quelle voie suivre, Cassius décida d'errer dans le Canyon dans l'espoir que quelque chose se passe. Perturbé, il ne remarqua pas qu'il était suivi.

***

Le soleil déclinait lentement dans le ciel et toujours aucune trace de Joaquín. Le vieux mâle avait-il quitté ces terres pour aller ailleurs ? Était-il retourné dans le Grand Nord, qu'il détestait pourtant de tout son être, ou s'était-il peut-être mis en tête de rentrer dans son Mexique natal ?
Était-il mort, tout simplement ? Happé par quelque malheur, par quelque maladie, par l'âge, tout simplement ?
La chaleur et la soif faisaient tourner la tête à Cassius, qui pas un seul instant n'avait pris la peine de s'arrêter pour se reposer à l'ombre ou n'avait cherché à boire un peu d'eau, et commençait à réaliser qu'avoir grandi sur ce territoire ne le rendait pas pour autant immunisé aux dangers qu'il recelait. Ce n'était clairement pas un comportement intelligent et il se dit ironiquement qu'il n'était peut-être pas plus mal qu'il ne croise pas le solitaire dans un pareil état : à chaque nouveau pas qu'il faisait sans se soucier de ce qui l'entourait et des potentielles menaces, qu'elles soient vivantes ou transcendantes comme ce soleil de plomb qui n'en avait décidément que faire de l'hiver, il crachait littéralement à la gueule de tous ses enseignements.
Le louveteau en lui, qui n'avait jamais totalement disparu, frissonna à la perspective de la rouste qu'il risquait de se prendre, s'il en venait effectivement à croiser son padre.

***

Les premières étoiles commençaient à scintiller sur un ciel dont le cramoisi allait progressivement virer au mauve lorsque, étourdi, Cassius atteignit un point d'eau. La chaleur était toujours étouffante et les ombres épaisses qui dessinaient les nombreux contours de la roche qui s'étendait de part et d'autre, plaquées sur leurs surfaces rouges et éblouissantes, lui filaient mal à la tête. Une profonde résignation s'était peu à peu emparée de lui et il avait dévié de sa trajectoire sans but précis pour se rendre vers l'une des sources qu'il connaissait dans les parages. Il avait le sentiment de ne plus y voir grand chose et son nez le brûlait atrocement : il était temps de faire une pause, et surtout de faire le point.
La cavité qui menait à la flaque était large et polie. Fraîche. Lorsque sa langue vint laper la surface, l'eau était glaciale. Il s'en aspergea le visage pour tenter de revenir un peu plus à lui. Cela lui fit du bien.
Lorsque Cassius voulut s'étendre sur le sol pour se reposer, il réalisa que la cavité qui menait à la flaque, celle-là même qu'il avait empruntée pour arriver ici et qui menait vers l'extérieur, était en fait plus lisse que dans ses souvenirs, plus large, aussi. Et que la nuit qu'il pensait tombée ne l'était pas encore : le soleil se couchait toujours, la sortie était juste bloquée par une énorme masse sombre qu'il ne pouvait correctement distinguer à contrejour, et qui grossissait lentement, obstruant tout passage de lumière, se dirigeant droit vers la seule destination possible dans un boyau à sens unique ; la sienne.

**

Caché derrière l'un des rares rochers de la petite caverne, Cassius retenait sa respiration. Sa conscience et sa lucidité étaient de retour, ramenés de force par une formidable déferlante d'adrénaline : il avait chaud, il avait froid, il ne savait plus, il était terrifié.
Pas terrifié comme il l'était un peu plus tôt à l'idée de retrouver son père. Cette peur-là était plus vive, plus palpable : c'était cette sueur froide qui n'en finissait pas de lui faire frémir l'échine et gonfler le poil, qui lui tordait les boyaux et paraissait stopper tout pouvoir décisionnel. C'était la certitude ineffable qu'il allait mourir, ici-même, comme un con, sans même avoir réglé ses comptes, parce qu'il n'avait pas suffisamment fait attention, parce qu'une fois de plus, il n'avait pas été suffisamment bon, parce qu'à quoi bon passer toute une petite vie à s'entraîner dur pour survivre quand on n'en valait pas la peine, parce que pourquoi ça, la seule chose qu'il avait jamais été censé être capable de le faire, à force de leçons qui s'enchainaient à n'en plus finir dans ce seul et unique but précis, se battre contre même les plus dangereux des adversaires, il n'était pas capable de la mener à bien ?
Il avait bien affronté d'autres prédateurs, que ce soit dans le cadre de l'entrainement de son père ou pour défendre sa pitance des opportunistes, et dans ces moments-là, il avait su quoi faire, il s'était senti en confiance, prêt.
Mais jamais il n'avait été confronté à des serpents géants.
Ceux-là même dont il avait entendu parler, un an plus tôt, lors de sa rencontre avec une guerrière Nakhu, et auxquels il avait cessé de penser dès qu'il avait quitté le Canyon pour aller vivre sa vie ailleurs.
Elle avait mentionné un squelette. Le serpent aurait dû être mort.
Mais évidemment il n'y en avait pas qu'un, pourquoi Diable n'y en aurait-il eu qu'un ?
Lui qui avait grandi ici et n'en avait jamais croisé jusque là !

Et à présent le serpent, qui semblait ici comme chez lui, avec son corps qui passait à peine dans le couloir d'entrée, s'était figé, la tête dressée, et humait visiblement l'air en sortant son affreuse langue mauve. Pas un souffle ne sortait de la gueule de Cassius, mais ça ne servirait à rien. Il était coincé ici et fait comme un rat. Le serpent n'avait pas beaucoup d'espace pour manœuvrer mais Cassius n'avait rien pour travailler : il n'était pas stupide, il avait beau être imposant, ses griffes et ses crocs ne pourraient rien face à un monstre pareil. Il était même convaincu que ce dernier ne ferait qu'une bouchée de lui, et était trop gigantesque pour être ne serait-ce qu'un peu ennuyé par les longs pics qui étaient censés lui protéger la gorge. Il ne les sentirait même pas passer.
Le serpent tourna la tête, ses yeux fendus d'étroites pupilles noires se posant instantanément sur la cachette où Cassius tentait sans grand effet de se faire le plus petit possible, et il se résigna à son sort.

Mais.
Tout à coup, plus rien.
Enfin presque : le monstre se redressa soudain, heurtant le plafond et faisant trembler les murs, avant de s'engouffrer tout entier dans la petite poche de roche, manquant d'écraser Cassius au passage, puis de repartir furieusement vers la sortie. Autour de lui les pierres pleuvaient, détachées des parois par la secousse. Cassius n'eut pas le temps de reprendre ses esprits, il s'engouffra à sa suite dans le tunnel avant que tout ne s'effondre.
La lumière extérieure, même si moins importante qu'un peu plus tôt, prit d'assaut ses yeux et ne put distinguer immédiatement ce qui l'entourait. Il y avait un peu de sang sur le sol, menant jusqu'au bord de la plateforme rocheuse où il se trouvait. En bas, le serpent, bien plus grand qu'il n'aurait pu l'imaginer depuis sa triste cachette, avec ses larges tâches sombres comme des dizaines d'yeux qui semblaient le scruter. Aux prises avec un loup.

Il lui fallut trois bonnes secondes pour le reconnaître. Il était impressionnant pour son âge, certes, mais fait était que Joaquín avait visiblement décliné depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Son poil, en majorité couvert de poussière, tirait désormais bien plus sur le gris que sur le noir. Les fières tâches rouges qui striaient son pelage et dont il avait héritées se faisaient plus ternes. Il paraissait plus petit, aussi. Plus frêle. Mais peut-être était-ce la distance.
Peut-être était-ce que Cassius était plus grand, à présent. Plus grand que lui.
Ou peut-être était-il juste réellement plus petit.
Mais il était bien là, ses crocs jaunis et maculés de sang dévoilés sous ses babines, avec ses plumes vertes et rouges et son collier de cuir défraichi, et dans le ciel, poussant des cris stridents et fendant en piqué sur leur opposant, volait son fidèle oiseau. Il se voulait intimidant mais ne risquait pas d'en mener large face à un monstre pareil.
Joaquín était capable de vaincre les monstres. Cassius le savait. Il l'avait déjà fait.
Mais Joaquín était vieux maintenant. Et ce serpent-là... ce serpent-là était plus gros que tout ce qu'il avait affronté jusque là.
A partir de là Cassius sut ce qu'il avait à faire.

Il bondit en contrebas pour rejoindre la bataille. Face à Joaquín, le reptile entre eux pour le prendre en tenaille et le distraire. Ca s'annonçait mal parti mais à part ça que faire ? A moins de se jeter dans le vide ils ne pourraient pas prendre la fuite sans se faire rattraper : les petits passages qui auraient pu les abriter étaient trop éloignés. Harceler le serpent dans l'espoir qu'il se décourage en dépit de son énorme avantage lui paraissait la seule marche à suivre. Et il était probable que cela soit aussi le cas de Joaquín, tant ce dernier l'avait façonné pour être à son image dans la guerre. A moins qu'il n'ait eu quelque tour dans son sac.
Pas le temps de penser. Cassius voulut mordre la bête mais ses dents se heurtèrent à un cuir trop épais pour être réellement pénétré. A défaut, il lui flanqua un grand coup d'épaule, dont le but était avant tout de planter les pics de son collier dans la peau. Cela parut faire effet : ils s'enfoncèrent entre certaines des écailles, faisant sursauter le serpent qui émit un sifflement mécontent. Cassius se dépêtra rapidement de ce qui aurait pu aussi être un piège pour lui et s'éloigna en galopant lorsque le serpent de retourna vers lui. Avant de se retourner de nouveau du côté opposé, puisque Joaquín venait à son tour de lui asséner un coup d'épaule. Luisant sous le soleil mourant, il les vit alors : les épais pics qui ornaient désormais le collier de son père, de la même manière qu'ils hérissaient le sien. Surprenant : leurs ornements étaient désormais presque identiques, si on oubliait la couleur. Il ne laissa pas ce fait le distraire et répéta son mouvement. Cela dura une bonne minute, avant que la situation ne change.
Visiblement lassé et surtout au courant de leur manœuvre, lorsque Cassius lui donna un nouveau coup d'épaule, le reptile ne se tourna pas vers lui. Il se contenta de lui flanquer un puissant coup de queue et son regard ne dévia pas de Joaquín. Il bondit droit dessus.

Un instant l'immense masse de l'animal se dressait entre eux, celui d'après, plus rien. La scène s'était déportée à plusieurs dizaines de mètres, et Cassius se sentit comme un spectateur impuissant. Plaqué contre un énorme rocher, Joaquín écumait de cette rage qui lui était coutumière. Autour de lui, les deux mâchoires du serpent ne l'écrasaient pas vraiment mais le prenaient en tenaille et l'empêchait de s'échapper. Le loup avait eu l'intelligence de reculer face à l'attaque et en ajustant son saut le serpent s'était retrouvé à mordre la pierre. Et s'échinait désormais à mordre plus fort, espérant visiblement briser cette dernière pour enfin faire du solitaire son quatre heures. Face à l'horreur qui le gagnait, Cassius ne perdit pas de temps, et entreprit de se précipiter au secours de son père. Et tandis qu'il avalait à la hâte les mètres qui les séparaient, Cassius croisa le regard de son père.
Pour la première fois depuis près d'un an.
Joaquín ignora le serpent qui menaçait de le dévorer et tourna la tête vers son fils.

¡No! ¡Vete!

Cassius manqua de trébucher et se stoppa net.

¿Qué...? articula-t-il, les yeux écarquillés et le souffle court.

Les sourcils de Joaquín, toujours piégé contre la roche, se froncèrent. Signe que les limites déjà très ténues de sa patience étaient en passe d'être franchies.

Vete de aquí, ¡hijo! ¡¡Largate!!
Pero...


Face à la confusion apparente de son fils, tiraillé entre le désir de lui venir en aide et la nécessité d'obéir à un ordre direct de son paternel, haute figure d'autorité, Joaquín émit un grondement. Il le dévisagea quelques longues secondes, et entrouvrit la gueule pour ajouter quelque chose, mais un cri strident venu des cieux le coupa net et leur fit lever la tête à tous deux.
Fendant le ciel avec ferveur, l'oiseau Ixcanul fondit en piqué sur la tête du serpent. Il visait les yeux.
Le reptile émit un nouveau sifflement mêlant surprise et douleur, lâchant soudain la pierre qu'il avait commencé à fendre et se redressant de toute sa hauteur. Il secouait la tête sous les assauts répétés du volatile qui ne faiblissait pas.
Le regard abasourdi de Cassius alla de la scène à son père qui reprenait difficilement son souffle, les pattes tremblantes. C'était là leur chance : grâce à cette distraction, ils avaient un espoir. Mais voilà qu'un nouveau cri, bref cette fois-ci, lui fit lever les yeux : il eut à peine le temps de voir l'oiseau tomber dans le vide. Le serpent, un oeil crevé, secouait la tête.
Lorsque Cassius baissa de nouveau les yeux vers son père, il vit que ce dernier le regardait fixement.
Après quelques longues secondes passées à le dévisager, Joaquín se retourna vers leur adversaire, qui reprenait ses esprits, au bord du gouffre, et s'élança dans sa direction avant de le heurter violemment.

La suite alla très vite, et pourtant, de là où il était, spectateur assistant aux premières loges à un évènement dont il ne voulait absolument pas et qu'il abhorrait de tout son être, Cassius eut le sentiment que tout se passa au ralenti.
Le serpent, déséquilibré, s'agita, sa longue queue balayant les parages, arrachant de gros blocs de roche aux parois de la falaise, se refermant inconsciemment autour Joaquín et lui bloquant toute possibilité de fuite, même si ce dernier ne parut même pas chercher à s'échapper. Le sol finit par céder, emportant avec lui reptile et solitaire, qui dégringolèrent le long du canyon dans un déluge de poussière et de pierres.
Un grand silence.
Cassius n'osait pas bouger. Il demeura planté là quelques longues minutes, combien, il n'aurait su dire, avant de finalement s'approcher lentement du bord. Plusieurs centaines de mètres en contrebas, un épais nuage s'était levé et obstruait toute visibilité. C'est avec la gorge nouée et une désagréable sensation de picotement dans le nez et les yeux, probablement due à toute la saleté qu'il avait dû inhaler dans le tumulte, qu'il se résolut à descendre. Ses joues étaient humides, mais il ne le réalisa pas.

*

Lorsque Cassius atteignit le fond de la Passe Ventue, une trentaine de minutes plus tard, un énorme amas d'énorme rochers se dévoilait peu à peu tandis que le voile blanc qui saturait l'air se dissipait. Au milieu de ces derniers, à demi dévoré par la roche, le cadavre du serpent ne bougeait plus. Sa peau, entaillée par endroits, laissait apparaître des entrailles noires à l'odeur repoussante. Ca ne manquerait cependant pas d'attirer certains types de prédateur, probablement déjà alertés par le raffut qu'avait fait l'éboulement.
Il resta là une dizaine de minutes à fouiller les décombres avant de le trouver.

Un peu à l'écart, étendu sur le flanc, gisait le corps sans vie de Joaquín. Ses yeux jaunes, identiques à ceux de son fils, regardaient quelque chose devant lui mais ne pouvaient plus le voir. Par quelque hasard bienvenu, son oiseau également inanimé reposait à ses côtés. Tous deux baignaient dans une flaque de sang sur laquelle se reflétait la lumière rouge qui venait du ciel, et le soleil achevait de disparaître derrière les montagnes qui bordaient le Canyon. Ils seraient bientôt avalés par les ombres.
La scène aurait pu être pire : Joaquín était globalement assez intact, à l'exception de quelques plaies gagnées durant la bataille. Pas d'os brisé qui pliait son corps en des angles absurdes, pas de morceau écrasé, rien qui ne dépassait ou ne sortait. Il aurait presque pu être endormi. S'il avait eu les yeux fermés.
La scène était paisible et Cassius dut se précipiter quelques mètres plus loin pour rendre le contenu de son estomac sans la déranger.

°

Dans une vaste caverne creusée dans la roche couleur de feu il y avait de cela des millénaires, une caverne assez grande pour accueillir une famille entière, si elle en avait eu l'occasion, se trouvaient désormais deux tas de pierres. Le premier, largement plus gros que son voisin, était orné de quatre plumes colorées, héritage familial venu d'un oiseau du Sud, qui jamais ne se risquait jusqu'ici. Les plus longues, les vertes, étaient tâchées de rouge par endroit : c'était peut-être aussi le cas des autres, mais on n'aurait pu le voir, tant le carmin qui les colorait était éclatant. Posé par dessus elles pour les maintenir en place se trouvait un épais collier de cuir orné de pics, certains brisés, la plupart désormais tordus en tous sens. Ses couleurs un peu passées continuaient malgré tout d'attirer l'œil.
Une dernière petite plume, noire et rouge ornait la deuxième sépulture.
La tanière devenue mausolée était bien abritée : il aurait été difficile de la débusquer sans en connaître au préalable l'emplacement, et son accès difficile, gardé par deux entrées étroites, la maintenait à l'abri des squatteurs. C'était un endroit calme, qui n'avait que rarement été égayé par les jappements heureux de tout jeunes louveteaux, et ne connaîtrait probablement plus jamais pareil vacarme.
On y trouvait désormais un silence solennel.
Menant aux deux tombes, quelques traces de sang avaient échappé à l'attention du croquemitaine éphémère qui s'était affairé là toute la nuit.

A quelques centaines de mètres de là, en contrebas, courrait une petite rivière.
Et au bord de cette rivière, détrempé, se nettoyant frénétiquement le visage, le corps, les pattes, il y avait un jeune loup. Cela faisait plus d'une heure qu'il était fin propre, mais il n'y avait rien à faire.

Ce sang qui le salissait, il était le seul à le voir.
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MessageSujet: Re: Don't fail me now.   Don't fail me now. EmptyDim 07 Jan 2024, 13:45

Nyu


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Les monstres ne connaissaient ni la compassion, ni la pitié. Trop peu de loups, étaient préparés à les rencontrer, à leur faire face. Sous-estimés, les monstres ne voyaient les loups que comme des repas, non pas comme des adversaires. Nyu grimaça, passant ses coussinets sur les blessures laissées par le dragon squelettes qu’elle et Dysis avaient brièvement affronté.
Celui qui avait manqué de la tuer.
Ainsi que Dysis.

La chasseuse arracha violemment une touche d’herbe. Sa propre mort n’était pas une chose qui l’effrayait, mais mettre en danger les autres… ses amis… de par sa stupidité, cela, elle ne pouvait se le pardonner.
Je ne suis pas encore assez forte.
Nyu voulait s’amuser avec ces amis, chasser à leurs côtés… ne pas les perdre. N’étant pas intégrée dans son clan, ces amis venant de tout clan, étaient aussi importants pour elle que chasser les monstres. Elle devait… un frisson qui parcourt son corps, quand la marque bouge sur son corps. Le museau se tourne vers un lieu qu’elle n’avait que trop fréquenté. Une nouvelle décharge qui la traverse.
J’ai compris.
La marque avait faim. Au delà de ça, la marque avait senti un monstre.
La marque bougea un moment sur le corps de la chasseuse, jusqu’à ce qu’elle s’approche de là pense ventu où elle s’immobilisa soudainement. Nyu s’approcha du bord des parois, cherchant à voir en contre-bas la silhouette d’un monstre. Rien. Juste l’odeur de la poussière et… du sang.
Cassius. Apparence.
L’estomac noué, l’Etelkrus entreprit la descente, grimaçant quand certains appuis sollicitaient trop ses muscles encore endoloris, serrant les dents quand ses réceptions se faisaient moins souples, continuant à regarder droit devant elle quand la roche vient l’écorcher. En contre-bas, elle cherche sans trouver, trace de vie. Même d’un monstre.

« — Cassius ? Apparence ? »

Si je fais du bruit, ça attirera ton attention, hein sale monstre ?
Le museau entrouvert, elle cherche une odeur familière, ne sent qu’encore cette odeur de poussière et de sang. Nyu remonte jusqu’aux endroits où elle a pu croiser ses amis.
Craint dans son esprit, qu’il n’y ait jamais plus de prochaine fois.
Le souffle court, elle se stoppe net, percevant une odeur familière. Elle déglutit, son cœur ratant un battement alors qu’elle suit cette unique piste. C’est aux abords d’un ruisseau qu’elle le voit. Le soulagement qui la gagne, alors que ses yeux s’humidifient. Elle avait eu si peur.

« — Cassius ! »

Nyu s’approche, un éclair doré parcourant son corps.
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MessageSujet: Re: Don't fail me now.   Don't fail me now. EmptySam 03 Fév 2024, 14:40

Cassius n'entendit pas Nyu, ou s'il l'entendit, son cerveau ne traita pas vraiment l'information. Son attention était bien trop accaparée par ces pattes qui ne semblaient jamais assez propres. Par ce bruit blanc qui résonnait dans ses oreilles, à peine dérangé par le clapotis de l'eau glaciale dans laquelle il pataugeait. Trop distrait, il ne sentit même pas son odeur.
Au bout d'un moment, il capta un mouvement sur le côté, et un peu naïvement il leva immédiatement la tête dans sa direction. Espérant probablement, et pour la première fois depuis bien longtemps, voir s'approcher de lui la silhouette noire de son père. Comme si tout ça n'avait été qu'un affreux cauchemar.
Mais ce n'était pas Joaquín qui arrivait vers lui pour poser sur son fils un regard sans doute emprunt de jugement. C'était quelqu'un d'autre. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que Nyu était là.
Elle n'avait pas l'air très bien.

Était-elle blessée elle aussi ?
Il eut envie d'aller vers elle, enfin, peut-être. Il n'était pas sûr d'avoir envie de quoi que ce soit, à part de se réveiller à des kilomètres de là, après une nuit de sommeil agitée. Tout aurait été si simple, ainsi.
Mais en l'état actuel des choses, il n'avait pas fermé l'oeil depuis plus de vingt-quatre heures, était complètement épuisé tant physiquement que moralement, et son esprit n'arrivait pas à se focaliser sur grand chose. Il resta donc pétrifié, en plein milieu du ruisseau, le poil dégoulinant.

Nyu.

Est-ce que ça va ? Tu n'as rien ?

Je... Ca ne part pas... il désigna un peu brusquement le bout de ses pattes, avant de les frotter machinalement l'une contre l'autre.

Ca ne part pas... murmura-t-il les dents serrées, avant de reporter son attention sur ce maudit sang qu'il lui semblait voir absolument partout autour de lui, comme s'il était incrusté sur sa rétine.
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Pingu
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MessageSujet: Re: Don't fail me now.   Don't fail me now. EmptyDim 04 Fév 2024, 14:03

Nyu


Don't fail me now. IMG_3489

Ce n’était pas Cassius qui était blessé. Nyu observait son ami, avant de faire un pas pour pénétrer dans le ruisseau. Depuis combien de temps se tenait-il là, à attendre ? Les yeux dorés observent le bout des pattes blanches sans pourtant y voir quelconque trace de souillure. La marque ne réagissait plus, pourtant quelque chose s’était passé… le pelage de l’Etelkrus se gonfle, alors que son museau se tourne pour voir si personne d’autre ne rôdait.
Qu’as-tu fait, Cassius ?
Le museau de Nyu s’approcha du sien.

« — Cassius. »

Ses pattes vinrent se poser sur les joues du loup.

« — Regardes-moi. »

Il est en état de choc.

« — Que s’est-il passé ? »

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Cassius
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Cassius

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CASSIUS

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MessageSujet: Re: Don't fail me now.   Don't fail me now. EmptySam 30 Mar 2024, 20:28

Une présence à ses côtés : Nyu. Elle était toujours là ?

Deux pattes se posèrent sur ses joues et le forcèrent à détourner le museau. Ses yeux allèrent trouver ceux de son amie, qui le regardait d'un air grave.

Que s'est-il passé ?

A cette question, ses yeux s'embuèrent de nouveau — et il nota abstraitement que c'était étonnant de voir qu'il lui restait suffisamment d'eau dans le corps pour continuer de pleurer –, et fouillèrent fébrilement les alentours, avant de péniblement venir se reposer sur elle. Il recula, rompant le contact. Etonnant aussi de voir que malgré l'épuisement, il y avait une forme d'orgueil chez lui qui le sommait de ne pas se dévoiler dans un tel état de faiblesse. Il ravala les larmes qui menaçaient de couler et finit par lâcher d'une voix rêche :

Je le cherchais. Non. Ce n'était pas clair. Mon père. Il vit ici. Il y avait un serpent... géant. Il m'a pris au piège mais mon père... Sa gorge se serra et il déglutit avec difficulté. Il... il l'a attaqué. Nous nous sommes battus et... et ils sont tombés de la falaise.

Il recula encore un peu, la queue entre les jambes et la tête basse. Triste de voir un si gros animal se faire ainsi si petit.

Il est...

Incapable de finir cette phrase à voix haute, il serra les dents et détourna de nouveau le regard, avant de murmurer :

Il vivait ici...

Mais maintenant, il n'est plus là.
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