Naufragée [Raeders]

Les vagues venaient se briser contre la coque du navire. Rien d'inhabituel, elle ne s'en inquiétait pas. Jusqu'à ce qu'une vague plus grosse qu'une autre ne la fasse passé par dessus bord. C'est sans rien comprendre qu'elle se retrouva à flotter dans l'eau salée, le navire avait disparu de l'horizon lorsqu'enfin elle pu toucher terre.

La petite louve s'ébroua à s'en faire claquer les neurones dans sa pauvre tête, faisant gonfler sa fourrure au vent. Scrutant l'horizon un instant à la recherche du bateau de ses parents, puis passant rapidement à autre chose.

ce n'était pas la première fois, qu'il lui arrivait un accident, ils reviendront bien la chercher plus tard dans la journée, parce que c'était ce qui arrivait le plus souvent, juste le temps de s’apercevoir de son absence. Cela lui donnait l'occasion d'aller saluer quelques autochtones et de faire un peu de tourisme, le louveteau se mit alors en marche gaiement.

« Oh, Bonjour ! »

Lança-elle d'un voix joviale mais criarde tout en agitant les pattes. Elle était polie et bien élevée, on lui avait appris à toujours saluer les personnes qu'elle croisait, car c'était ainsi qu'on maintenait la clientèle.

La longue queue de la jeune louve faisait des ronds dans l’air dans un mouvement ininterrompu, tandis qu'elle piétinait, sautillant sur ses pattes et s'agitant tout autant. Elle regardait de droite et de gauche, cherchant inlassablement parmi les bancs de sable une silhouette familière.

« Vous n'auriez pas vu ma poupée ? »

La courge se pencha sur le côté sans perdre son grand sourire. Puis elle s'arque sur ses pattes arrières désignant d'une patte la hauteur de deux ou trois pommes cannelles.

« Elle est a peu près haute comme ça, elle est pleine de paille et ne possède qu'un seul œil et une patte. »

Le fait d'un regrettable accident, mais cette poupée, c'était grand mère Chiffon qui l'avait donné, alors même abimée, elle l'avait conservé.

Les rires d’une enfant résonnent bruyamment sur la plage tandis qu’elle soulève une pierre de la taille d’une paume avec son museau.

Elle n’est pas là.
Peut-être qu’elle la retrouvera plus tard.

Elle n’a de cesse de s’agiter en tout sens, frétillante sur le sable comme une sardine échouée. S’étire en laissant tomber lourdement ses pattes avant sur le sol, invitation au jeu bien aimable envers celui dont elle ne connaît l’importance.

« Morne-Oeil ? »

Elle penche la tête, laissant tanguer le légume englobant sa tête. Elle se questionne tout de même concernant ce nom qui lui est donné.

Quelle drôle de nom pour une cité.

De plus, elle n’avait pas encore aperçu le port.

« Vous n’habitez pas ici ? »

Peut-être était-ce un ermite qui vivait sur la plage loin de l’agitation de la grande ville. Ou bien un touriste qui venait profiter des plages du sud.

« Vous êtes en vacance, vous-aussi ? »

C’était pas tout à fait des vacances, mais presque.

« On m’appelle par bien des noms, "pousses-toi", "restes-pas-dans-mes-pattes", "j’vais-encore-te-marcher-dessus", Mais mes parents m’appelles Poe-ti-rond. »

Elle hausse les épaules, le navire avait disparu de l’horizon.

« Je viens de l’île automnale, j’habite la cité d’Halloween. J’étais sur un navire marchand avec mes parents, nous nous rendions dans une citadelle plus au sud pour faire du commerce, mais je crois que je suis passé par dessus bord … »

Encore.

«C’est une Courge, y en a beaucoup par chez moi. C’est très bon !»

Elle acquiesce plusieurs fois, faisant tanguer une nouvelle fois le légume qui menace de la renverser.

« Paquito ? Qu'est-ce que c'est ? »

Confuse, entourée de grands bien plus grand qu’elle. Elle n’était pas sûre de tout comprendre.

Sautillant d'une patte à l'autre et allant par mont et par vent, escaladant les dunes et les dévalant tout autant, la jeune louve allait accompagnée de son escorte singulière, toujours à la recherche de son trésor perdu.

Elle est peut-être resté à bord finalement .

Sa tête elle l'agite de haut en bas, lorsque la louve citron lui demande.

« Bien sûr qu'ils viendront me chercher quand ils se rendront compte de mon absence. »

Quand ils s'en rendront compte, encore faudrait-ils qu'ils sachent où chercher.

Elle prit le temps d'une réflexion d'enfant, la décision ne fut pas bien difficile à prendre cependant, la dernière fois, cela leur avait pris quatre levé de soleils et cinq coucher pour la retrouver, hors de question de s'enraciner ici.

« Mère dirait que lorsqu'on est perdu, il faut rester sur place et attendre, mais ...  »

Elle fait éclater un ronflement.

« Je ne vais quand même pas rester une semaine à attendre ici, c'est d'un ennui. Allons explorer derrière ces gros rochers là-bas ! »

Son pelage se gonfle, se hérisse, forme une vague prête à décoller, mais avant qu'elle n'eut le temps de prendre appuie, deux protagonistes supplémentaires se joignirent à la fête.

Une femelle aux longs cheveux d'ébènes semblables à celle qu'on trouvait sur son île, et un grand mâle à la crête imposante.
ça devait être lui, qui d'autres, les écailles, les crocs, l'air préoccupé.

« Bonjour Mon seigneur Roi des Oceans.  » Cria- l'enfant tout en agitant sa queue ornée de pédoncules et feuilles, et en exécutant une courbette improbable.

Paquot. Roi des Océans.

La jeune louve tenterai de garder ces images en mémoire.

Puisqu'il semble être de coutume de croire, alors j'en ferai de même.

Cependant
ils ne se ressemblent pas du tout pour deux frères.
Peut-être qu'ils ne sont pas frères, mais plus cousins ou bien d'adoption.

Elle décida donc d'avorter sa conquête des gros rochers pour se contenter d'écouter, l'affaire semblait grave. Et même si elle n'était pas d'ici, elle se permit d'user d'une oreille attentive.

C'est son propre postérieur qu'elle racle lourdement sur le sable, s’assaillant sur sa queue tandis que sa lourde tête tarde à retrouver son équilibre, l'obligeant à ramener ses pattes sous elle, c'est des yeux ronds creusé à même la courge qu'elle darde maintenant sur la limace de mer dans une expression circonspecte.

Ignorant tout du protocole, elle resta quelques peu interdite fixant du regard les personnes qui semblaient soudainement s'amasser sur la plage, se sentant plus petite encore qu'à l'habitude.

« Alors je peux rester ici avec Vous ? »


C'est si gentil ! le sourire sur la courge s'élargit d'autant plus, lui donnant une allure étrange, venant comme la fendre aux trois quarts. Même si le vieux loup de mer semblait des plus renfrogné à cette idée. L'étrange limace de mer semblait faire la loi ici. En tant que Roi des Mers, une entité inconnue de leur contrée, mais fort aimable et poli.
Quelle hospitalité !

De toute façon, il fallait bien avouer qu'elle n'irai pas bien loin à la nage, le courant et les vagues auraient tôt fait de la conduire vers l'abysse où elle n'avait que peu de chance d'en ressortir vivante. Mais peut-être alors qu'elle aurait pu tenter quelques brasses -coulées-. Pour faire le lien entre mer et continent, bien que cela soit contre les indications de ses parents.

« Merci Monseigneur Mollusque.»

Quelque soit son nom,les choses n'était pas très clair en son simple esprit.
Ça c’était une question à laquelle elle pouvait parfaitement répondre, bien évidemment ses parents étaient resté là où elle les avait laissé, sur le bateau commerçant bien évidemment. À quel autre endroit pourraient-ils être ?

« Mes parents. Haaaa oui. Ils sont sur le bateau. »

Certainement dans leur cabine luxueusement aménagée pour les longs courriers, elle les retrouvait toujours ici, entrain d'arranger de la paperasse. c'était chose commune, ils tenaient et rédigeaient moult factures, contrats et comptes, c'était des gens très occupés, faisant partie de la haute bourgeoisie de leur pays.

[réussite: chapardage]
Ne serait-ce pas un bien beau stylo ? ou bien autre chose qu'elle prit par mégarde dans la poche de celui qui l’accueille.

Un poids s’appuya sur les épaules de la jeune louve, la faisant basculer jusqu’à ce que sa tête percute le sol de la plage, emplissant ce qui semblait être sa bouche d’une poignée de sable qu’elle eut toute la peine du monde à recracher. Le capitaine s’était place au dessus de la petite et lançait toujours un rictus figé en direction de la mer lorsque le roi s’enfonça dans l’océan.

Une Mousse.
La louve s’imagina tout un parterre de lichen et autre mousse que l’on trouvait aisément dans les forêts de l’île automnale, se demandant bien pourquoi on la traitait comme une salade et ouvrant de grand yeux ébahis chaque fois que qu’un ouvrait la gueule pour énoncer quelques paroles.

« Je vous remercie pour votre hospitalité. »

Oui oui oui Les autochtones étaient plutôt agréable, Peut-être que c’était un club de vacance.

La louve pouvait s’estimer heureuse de ne pas s’être échouée sur une de ces nombreuses îles cannibales ou elle n’aurait guère fait long feu. La louve creusa le sable, se dégageant des pattes du capitaine pour aller rejoindre sa nouvelle amie. Si elle l’avait pu, elle l’aurait tenu par la main et tiré par le bras afin de la forcer à venir avec elle faire le tour de l’ile, mais puisqu’ils n’avaient ni bras, ni main, c’est sa veste qu’elle saisit et tenta d’entraîner d’un coup sec avant de relâcher.

« Viens Geeti, si on fait le tour de l’Île, on retrouvera peut-être ma poupée. »