Errance [Libre]

Il errait sans but. Il n'avait que l'ambition de survivre à ce triste monde. Il évitait les prédateurs. Il contournait les silhouettes qui ressemblait à des loups. Il fuyait cette réalité quand la faim le dévorait, lui rappelant que pitance était nécessaire pour avancer. Il trouvait des restes, il mâchait des carcasses que la pourriture se targuait d'être arrivée avant lui. Parfois il vomissait, parfois il souffrait mais il ne mourrait pas. Il ne le pouvait. Pas qu'il tenait spécialement à la Vie mais parce qu'il devait survivre. Besoin plus qu'une envie, son instinct le guidait et le faisait échapper aux crocs funèbres.

Il quitta les Monts pur s'engager sur territoire d'une meute. Il était l'ignare, ne pouvant connaître les marquages d'une terre occupée. Un paysage désolé cédait à la rocaille. Il préférait ce lieu. L'odeur était lourde. De le cendre couvrait l'herbe quand certaines brindilles tentaient de percer. Des fissures se voyaient et une atmosphère funeste était palpable. L'Errant s'y sentait bien. Il se pensait revenu proche de la grotte qu'il avait occupé avec Feu son Père. Un frisson le prit. Il ne devait se rappeler de ce Cruel alors il fit taire les pensées même les plus infimes. Il ne pouvait se permettre de laisser son esprit tergiverser. Il devait uniquement penser à sa Survie.

Il dut esquiver de nombreux geysers de boue. Jamais il n'en avait vu et il ne s'arrêta pas pour les contempler. Il ne voyait que cette eau au loin, promesse de désaltération. Ses pas devenaient douloureux. Quelques croutes s'ouvraient et déversaient du sang. Il était blessé de son errance mais il pourrait se poser. Boire et réfléchir à son prochain repas. Il y parvint enfin. L'étang devant lui, il s'y abreuva. Cadavres, algues et boues se font voir en son fond. Il les contempla en étanchant sa Soif. Il finit par s'arrêter, se couchant. Pause il s'accorda, vérifiant les environs, guettant des silhouettes floues mouvantes. Il ne devait relâcher son attention. Il devait se préparer à la Fuite si Danger venait.

Danger ne tarda pas. Du bruit de fit entendre. Ses oreilles s'animèrent. Il ne se releva pas. Sa végétation pouvait encore le camoufler quand le décor n'était que corruption. Ses Azurs parcouraient l'horizon. Vue n'était bonne et pourtant il aperçut une silhouette. Une créature approchait. Il ne pouvait la distinguer dans son entièreté. Il se tassa un peu plus sur le sol. Son coeur se mit à battre plus vite. Ses maigres muscles se tendirent. Fuite n'était pas loin quand il comprit que Loup approchait.

Il resta alors là, immobile, fixant le Flou inconnu qui approchait. Des couleurs se voyaient, parure de blanc et de noir. Il se demanda si la Mort monochrome revêtait cette forme ou si la Vie pulsait dans ce corps. Il prit la décision de patienter. Juste un peu.

Le Monochrome s'avança. Un léger tremblement anima le corps du Remord. Il ne savait s'il devait fuir ou attendre encore un peu. Il vit l'autre se coucher avec nonchalance qu'il ne pouvait se permettre. Ses oreilles se plaquèrent quand Mots résonnèrent. Il rencontrait un Bavard qui se permettait conseil. S'il ne pouvait agiter ses oreilles, il ne voyait comment il pourrait se prévenir du Danger. Il ne disait rien, se contentant d'écouter, réfléchissant encore à fuir ou rester. L'Etranger ne cessa de le regarder quand Azur restait bloqué sur son visage. Anathème devait guetter les expressions. Elles étaient celles qui indiquaient en premières une menace et un mauvais présage. Bien que flou, certains traits demeuraient visibles.

Qui êtes-vous ?

Question sonnait étrange. Il se ratatina un peu plus, signe qu'il garderait encore le Silence.

Sans mouvement il demeura, fixant cet Inconnu. Silence s'installa et Inquiétude enserra son coeur. Il restait avec le même dilemme. Fuir ou rester. Il n'était pas sûr d'échapper au Monochrome. Non. Il le savait. Il ne pourrait fuir s'Il se décidait à le prendre en chasse. La Mort l'attendait.

Un mouvement attira son regard vers le sol. Étranger venait de prendre une branche et il dessina dans la cendre. L'horreur peignit ses traits. Ces symboles étaient fruit du Mal. Ils provoquaient la colère d'un Père et la souffrance chez sa progéniture.

Il se mut, se relevant avec hâte, manquant de tomber dans l'étang. Monochrome lui voulait Mal. Sot il avait été de rester. Fuite devenait la solution. Volte-face il fit. Pas rapides devinrent course. Il devait s'éloigner du Fléau capable de créer pareils symboles. Il devait survivre.

Coeur battant, il sentait le Monochrome le suivre. La Peur guidait sa course. Droit il allait, sans jamais bifurquer. Endurance n'était sienne et très rapide, la Fatigue le prit. Il dut ralentir, les côtes le tirant. Sa Faiblesse le rendait Proie et Prédateur approchait. Ventre vide n'était signe de victoire. Il se savait fini. Il parvint à faire quelques foulées avant de s'arrêter, la gueule ouverte, le souffle rauque et saccadé. Son Corps se pliait à la Douleur.

Il se tourna vers Monochrome. Il devait faire face. Face à son Destin. Face à sa Mort. Bruit survint et une drôle de créature apparue entre lui et Prédateur. Occasion se présenta et il la saisit. Il tenta de fuir, espérant que le monstre lui accorde du temps, dérangeant l'autre Loup dans sa poursuite.

Temps ne fut accordé, monstre vite oublié, Poursuivant était toujours derrière lui. Il entendait ses pas se reprocher. Il allait bientôt perdre. Sans doute mourir. Il lui fallait une idée. Il devait disparaître, se fondre dans ce paysage. Azurs parcoururent les environs. Des Bois il ne voyait aucune cachette. Juste des arbres, de la cendre. Chance apparut quand il vit un terrier. Un endroit où se dérober.

[Réussite pour savoir s'il parvient à se cacher sans que Lucian le voit]

Saut fut sien et terrier fut investi. Il s'y réfugia quand le Monochrome continuait de s'approcher. Il espérait n'avoir été vu mais Réalité il connaissait. Il s'était piégé.

Minutes passèrent, Monochrome restait poste devant le trou. Piégé il l'était mais Survie le poussait à agir. Étranger ne pouvait le voir dans cette cachette alors il s'anima. Azurs cherchèrent solution et elle apparut. Terrier était meuble. Creuser était possible et il suivit cette voie. Ses pattes grattèrent encore et encore. Terre tomba, plusieurs fois il manque d'être enseveli. Trou pouvait devenir Tombe.

Temps passa et Fuite devint possible. Il s'extirpa en silence à l'abri du regard de Monochrome. Frôlant Sol, ses pas le guideront loin de Menace. Il disparut dans ces Terres, comprenant qu'il devait être plus prudent.