Pour les panseurs - Armada

Elle est adulte, maintenant.
Il faut bien admettre que c’est satisfaisant de pouvoir prendre un peu plus d’autonomie sur le territoire et de ne plus avoir à supporter l’agitation de sa fratrie quand elle n’en a pas envie. Oh, Naga les aime bien, mais elle apprécie également la simple compagnie du vent et celle du pépiement des oiseaux.
Enfin, y fait elle réellement attention ? Elle a plutôt le regard baissé vers le sol, à la recherche de plantes. Enfant, elle aimait découvrir les merveilles soigneusement rangées dans les bocaux de la tanière des panseurs, ou travaille son père. A force de les contempler, elle apprit leurs singularités, avant de pouvoir les nommer.
Quand aux effets, il y avait encore du travail à faire, coté apprentissage…

C’est, cependant quelque chose qu’elle verra plus tard : Là, elle observe, elle cueille et glisse ses trouvailles dans une large sacoche qu’elle a trouvé au Castel en prenant soin de ne pas trop les mélanger. Ca n’a surement pas trop d’importance, mais si elle peut faciliter la tâche des panseurs à qui elle souhaite confier ses trouvailles…

Ses oreilles creuses de tournent vers l’arrière lorsqu’elle pense entendre quelque chose de nouveau. Elle n’est pas, ou du moins plus, seule.

Il y avait des membres chez les Etelkrus dont tout le monde connaissait le nom et les hauts faits, le mâle l'avait rapidement compris. La famille de l'Alpha Anita en était un criant exemple, bien qu'elle fut pour le moins originale. Il était de notoriété publique que celui qui était son compagnon ne l'était en fait pas tant que cela, et d'avantage un ami - même si pour Armada la conception d'amitié s'arrêtait bien avant la ligne à franchir pour avoir des enfants, mais visiblement tout le monde ne partageait pas cette opinion. Fait était qu'aussi bien la louve ailée que le guérisseur tricolore géniteur de leur portée étaient connus dans la meute. Au gré des conversation, le jeune loup avait relié cette famille à ce qu'il connaissait de la sienne, notamment parce qu'elles se croisaient avec une louve dénommée Pepper. Apprentie de feu son grand-père Sire Athelstan, fils de feu l'alpha Pepper, Désastre avait connu un peu de ce que lui n'avait pas eu la chance de connaître.

Et si son ancêtre avait trouvé et transmis les valeurs auxquelles il tenait tant à Dame Pepper, peut-être pouvait-il créer un semblant de lien avec ses descendants. Après tout ils étaient presque de la même famille. Il avait donc décidé d'aller à la rencontre des jeunes nés de cette union bizarre - mais après tout, lui aussi avait grandi dans une famille dont les parents ne s'aimaient pas réellement, du moins pas de manière symétrique, alors il existait sans doute un monde où ils pouvaient un peu se comprendre. Une occasion se présenta ce matin-là alors qu'il chassait dans la Rougelande. Le vent tournant lui apporta une odeur familière, et un regard entre les hautes herbes lui confirma la présence d'une louve Etelkru.

Il se redressa et, sans plus chercher à se camoufler, prit un trot cadencé dans sa direction. Il ralentit à son approche et la héla :

"Bonjour, Dame Naga."

Il avait pris soin de retenir qui était qui dans cette fratrie atypique. Il s'arrêta à quelques longueurs de queue et ajouta :

"Puis-je me joindre à vous ?"

Il n'était pas très naturel pour lui de parler posément, d'afficher une mine égale et avenante tout le temps, mais il avait commencé à travailler sur lui dans ce sens. Bien-sûr, il était bien loin de ce qu'il pouvait lire dans les récits des anciens Chevaliers - mais il avait espoir de pouvoir un jour parvenir à les égaler. Et c'était un joli début de journée ; pour le moment, être courtois était simple.