Ch'minée [Hidylisse]

Sujet: Ch'minée [Hidylisse] Dim 24 Mar 2024, 14:39

L'temps passe vite quand même. Y'a quelques mois, j'errais encore et là, j'suis posé chez moi. Bon, fallait encore qu'j'emménage toute ma forge, qu'j'trouve des décors. Y'a d'jà la drôle d'épée qu'j'ai chopé suite à un rêve étrange ? J'comprends pas encore trop c'que c'était mais j'm'en fiche en vrai. J'ai gagné un trésor et ça m'rend en joie hé !
J'lance un r'gard à c'que j'ai : un fourneau éteint, une enclume et différents marteaux et pinces étaux, un p'tit tas d'métal. J'avais une énorme dette envers la p'tite Mossie. Compatriote forgeronne chez les Nakhus, elle m'avait bien aidé et m'avait avancé du métal pour qu'j'puisse m'lancer. J'pensais qu'elle m'prendrait comme un rival mais y'a pas à dire, dans l'coin ils sont tous bonnes poires et très aidants ! Bref, ç'avait pris plusieurs s'maines pour tout forger. On avait bossé à deux et j'avais p'être passé quelques nuits chez elle pour tout faire rapid'ment. On avait vécu reclus mais on avait bien bossé ! L'plus dur avait été d'tout acheminé jusqu'ici. L'ch'min n'avait pas été tout r'pos et j'avais du faire plusieurs allés r'tours pour tirer et grimper l'bordel ici. Mossie m'avait un peu aidé mais j'pouvais pas trop abuser d'elle non plus hé. Bref, ça m'avait pris p'être bien une semaine pour tout ramener ! Ouais y'a pas à dire, l'temps passe vite mais fallait bien l'prendre. J'ai d'jà plusieurs commandes sur l'feu et j'peux pas trop m'r'poser.

Mais v'là, j'ai un 'blem.

J'ai une source donc j'peux facilement faire un bassin pour r'froidir l'métal et l'figer. Quand au feu ... Facile à faire, j'ai l'coin idéal pour faire un âtre. MAIS il m'manque une cheminée. Bien beau d'faire un feu mais si c'est pour crever parce qu'la fumée s'évacue pas baaah y'a pas d'intérêt hé ! J'suis d'vant c'fameux 'blem. J'r'garde l'plafond. Ca fait d'jà deux jours qu'j'cassais la pierre au-d'ssus. Mes muscles sont douloureux mais bon, faut bien qu'j'y r'mette. J'r'garde Roth et j'lui dis d'rester là. Il m'sert à rien dehors à par bronzer ou s'permettre des remarques alors qu'il bosse pas.

J'prends l'matos donc j'ai b'soin et j'sors. Une nouvelle journée d'travail commence. J'grimpe sur l'niveau au-d'ssus, sur c'qui pourrait s'considérer comme l'toit d'ma forge. J'ai mis du temps aussi à trouver l'emplacement où j'd'vais creuser alors j'avais fini par m'dire que là où finirait mon labeur, s'ra là où y'aura l'âtre même s'il faut qu'j'le bouge dans la forge. J'vais pas m'faire chier d'faire la perfection ! J'r'joins donc l'trou sur lequel j'bosse.
J'étale mon matos : une pointerolle, un marteau, quelques piquets avec des bouts d'taille différents, une corde et un épais tissus limés où des lanières en cuir sont attachés au quatre coin pour en faire un filet. J'attrape c'dernier, j'prends les lanières qui s'finissent avec des anneaux qui s'attachent entre eux. J'les joins puis j'attache la corde avec un nœud qu'j'espère solide. J'lance le tissus dans l'fond du trou et l'reste de corde hors d'trou, j'l'attache autour d'un rocher. Quand c'est fait, j'prends la pointerolle et l'marteau. J'descend dans l'trou. J'tends bien l'tissus sous moi puis j'commence à frapper de p'tites veines pour les fragiliser. D'p'tits blocs d'pierre tombent et quand j'estime qu'y'a assez, j'sors. J'détache la corde et j'tire pour faire r'monter l'paquet d'pierres hors du trou. Quand il arrive, hop j'attache la corde à un gros piquet j'ai placé là au d'but du chantier. J'fonce au trou et j'finis d'extraire l'colis d'là. J'vide la caillasse sur un tas d'jà bien dodu et j'r'commence tout cette manip' encore et encore.

- Hidyllisse -

De retour aux Monts Célestes, Hidyllisse se demanda : est-ce que quelque chose a changé ?

Déjà, elle était retournée chez elle et l'avait soigneusement inspecté pour voir si quelque chose avait bougé ou avait disparu. Fort heureusement, rien d'inhabituel et tout était à sa place. Aussi, elle avait eu peur que quelqu'un ou un autre animal ait investi ses lieux, mais rien non plus de ce côté. Il faut dire que depuis qu'elle a accès aux terres Nakhus et qu'elle a décidé de les aider avec la terre sombre, elle passe moins de temps chez elle. Parfois n'y vient pas pendant plusieurs jours d'affilés.
La paonne y mit du temps, dans sa tanière : à ranger, balayer, remettre de l'ordre, imprégnant par la même occasion les lieux d'une odeur plus fraiche et marquée de sa personne. Elle jeta ce qui n'était plus utilisable et passa son habitat du mode hiver au mode printemps : tons plus légers et plus respirants, décoration plus florale et odorante. Lorsque le ménage de printemps fut terminé, elle respira un grand coup en souriant. Ça sentait le frais et le propre. Hidyllisse se prélassa un moment à l'extérieur, se reposant sous les rayons du soleil et écoutant les oiseaux.

Après sa petite sieste, elle se mit en route, accompagnée d'Aubéclat.
D'abord, elle descendit la pente menant à la rivière en contrebas de chez elle. Là, elle s'y baigna, se nettoya de la poussière et de la terre qu'elle s'était mises en refaisant son habitat. Une fois sa toilette terminée, elle reprit sa marche.

Hidyllisse se demanda comment allait Bastione. Le forgeron est-il rentré chez lui ? Lui aussi, a quitté ses lieux, visiblement pour une durée indéterminée et plus longue qu'elle. Elle ne l'avait pas revu depuis qu'elle l'avait ramené chez lui, le jour où il s'était auto assommé. Sauf durant ce cauchemar où il était là, bien présent, mais ils ne s'étaient pas parlé ni avait interagi. Mais ça, c'était autre chose. Quoi qu'il en soit, à quelques reprises, elle était passée devant chez lui, pour le saluer, mais jamais ne l'y avait trouvé. Elle avait pensé qu'il était parti pour de bon, mais elle avait pourtant remarqué que du matériel persistait, changeait et que l'odeur du forgeron, bien que faible, persistait également.
Alors, elle décida de se diriger vers chez lui. Peut-être que cette fois, elle le verra.

Après plusieurs minutes de marche, Hidyllisse entendit des tintements. Ou plutôt, des martèlements qui résonnèrent dans l'atmosphère. Elle tendit les oreilles : ça venait de chez lui ! Il devait être en plein travail, mais ce n'était pas grave. Elle n'allait pas manquer l'occasion de le saluer ni de zieuter ce qu'il était en train de faire. Les martellements se turent, mais elle savait où se diriger.
Finalement, Hidyllisse le trouva bien en plein travail. Elle s'arrêta un moment, contemplant le changement qu'il s'était opéré ici. Bastione avait façonné son endroit, modifié le relief et creusé. Il n'avait pas chômé ! Elle était admirative. Elle ne serait pas capable de ça. Elle n'avait ni la force, ni la carrure pour. Elle s'avança un peu plus, restant à une bonne distance de sécurité tout de même, et s'assit. Elle l'observa faire : marteler la roche, tirer des cordes, pousser et vider des cailloux. Elle jette un œil au tas de gravas. Tout cela avait l'air très épuisant et demandait de la force. Plus loin, l'étrange compagnon quadrupède de Bastione était là, lui aussi. Ce dernier ne semblait pas vouloir l'aider et restait à l'écart. Tout comme elle le faisait en cet instant.
Hidyllisse décida de s'approcher plus lorsque Bastione fut au sol, dans une phase où il sortait les gravas du tissu.

Bonjour Bastione ! Elle lui sourit. Je vois que tu travailles dur. Que fais-tu ?

La paonne observa le trou qu'il était en train de créer, se demandant à quoi ça pourrait bien lui servir. Bastione pourrait remarquer sans mal que la silhouette svelte de la paonne avait légèrement changé par l'épée qu'elle portait. Un accessoire de taille.

L'temps passe. Ça fait d'jà quoi ? Dix aller-retours ? J'sais plus mais j'ai l'impression d'pas avancer. J'prends trop d'temps à tout faire seul. J'peux pas d'mander à Roth, il peut pas porter d'grosses charges. Une voix qu'j'connais m'sort d'mes pensées. Par la forge, ma prière a été entendue ?! J'me tourne et j'souris.

- Oh mais v'là la princesse hé !

J'suis content d'la voir. Ça fait un moment qu'j'l'ai pas croisé. J'commençais presque à m'inquiéter. J'ose mon bordel et j'la prends dans mes bras. V'là comment on s'montre heureux dans la Montagne Bleue ! J'la relâche et j'désigne l'trou.

- J'creuse mon trou !

J'me marre à ma blague.

- J'fais une ch'minée. J'ai installé ma forge en-dessous d'nos pattes mais j'ai besoin d'une aération pour l'feu. Alors j'creuse.

J'vois Roth qu'vient saluer timidement la Pigeonne Bleue.

- Et toi alors ? J'te voyais plus dans l'coin ! Bon certes j'me baladais aussi mais j'te croisais pas. Tu d'viens quoi ? T'as l'air chan... OH C'EST QUOI CA ?!

Par la forge !!! J'avais pas vu la merveille qu'elle porte même en l'étreignant !! J'dois avoir d'la merde de crogon dans les yeux hé !

- T'as une épée !! V'là qu'elle ressemble à la mienne ! Tu l'as eu où ? Dans l'rêve chelou ?

J'en avais jamais parlé mais bon, ça peut pas être une coïncidence !

» Heigh Ho ! [Hidylisse]