Âmes [Aiiro]

Aiiro s'était consolidé.e. Depuis quelques temps, déjà. Dysis avait depuis réussi l'épreuve de Mido. L'épreuve initiale. Mamie avait été claire : un glowstick vert pouvait être retiré à tout moment. Elle comptait bien l'exploiter correctement. Ce que voulait le Dieu correspondait avec ses plans personnels. Mais Aiiro était une composante plus instable. Puissant.e dans le clan.

Mais surtout, ael avait les âmes des parents de Nour.

Lui redonner la vue était un projet difficile, mais faisable. Dysis avait compris, à force, que c'était plus que de la sympathie qui la liait à la jolie louve brune. Elle voulait en faire plus. Elle voulait en faire trop. Sans connaître ces parents, les savoir dans la divinité la dérangeait. Ce n'était pas normal.
Pire, ça la mettait ... En colère.

Elle était un peu amoureuse, elle pense. Etait-ce une bonne chose ? Difficile de le dire. Elle avait beaucoup repensé à mamie. Sa relation avec Nour l'avait poussé vers le Désert. Et maintenant, elle la poussait sur le Plateau. Confronter une divinité. L'air se réchauffait. Le printemps revenait. La période était calme pour les chasseurs. Elle devait laisser les petits vivre. Grandir. Mais les monstres pullulaient toujours. Elle aurait du être ailleurs.
Mais elle était là.


La voix est rauque. Les yeux barrés d'une croix verte cherchent la présence. Sans statue, c'était plus difficile. Mais elle attendrait. Elle était là pour ça.

L'aube violacée ne perd pas de temps. Rappelant une fois encore que les Dieux entendaient tout des mortels. Dysis l'aborde d'un regard fixe. Ael avait changé. Ael était plus sûr.e que depuis la chute. C'était normal. Rassurant, aussi. Aiiro pose une question, et Dysis reste silencieuse. Prend le temps d'y réfléchir. Que voulait-elle, maintenant ? Que cherchait-elle, avec ses valeurs, sa colère ?

Elle s'assoit.


Simplement. Des réponses qu'elle avait voulu depuis qu'elle avait accompagné Priam à son chevet. Des réponses devenues plus importantes après avoir compris l'identité des enlevés. Ses yeux restent fixes.
Les âmes lui importaient.


Celles prises par l'entité. Celles volées à leurs enfants. Celles mortes, à présent. De retour dans le grand cycle. En équilibre. Un équilibre nécessaire.
Un équilibre que l'on ne pouvait violer.

C'était peut-être ça, qui la mettait aussi en colère.

Consommées.
Dysis a du mal à le concevoir. Supprimées, alors. Dysis écoute, alors qu'Aiiro lui parle de Miraj. La mère de Nour. Puis, d'Isrâ. Il lui semble avoir déjà entendu ce nom, sans plus. Elle ne dit rien. L'éclat des yeux de la divinité ne lui échappe pas.
Brouiller les frontières.

Elle pense à ces mentions. Fantômes, revenants, goules. Elle pense à ceux qu'elle avait croisé, dans le Désert ou ailleurs. Ces monstres qui peuplaient leurs terres. L'équilibre était flou. Les monstres pouvaient le déstabiliser. Ou bien, faisaient ils parti de cette équilibre ? C'était une affaire de croyance. La nécromancie n'était pas quelque chose de bien.
Bafouer la Nature non plus.


Elle en avait tué. Ou plutôt ... Tué une seconde fois. Des monstres qui ne prétendaient pas à l'immortalité. Une magie probablement nefaste qui les animaient. Qu'en savait-elle ? Pour le moment, rien.
Elle devait faire plus de recherches. Là n'était pas ses questions.


Le regard se fait plus acéré.

Aiiro l'interroge. Dysis reste silencieuse. La nature ? A vrai dire, elle ne l'avait jamais défini. Plutôt ressenti. Ce qui l'entourait lorsqu'elle allait dehors. Ce qui pulsait en elle lorsqu'elle chassait. Tout ce qui était autour. Les monstres en faisaient partie, eux aussi. Elle croit. Mais alors, les monstres morts aussi. Sa définition est illogique. Elle comprend, ce que veux dire Aiiro. Fronce légèrement les sourcils. Elle devait y réfléchir. Rechercher. Mais ...


Qu'avait-ael dit sur son amie ? Elle expire. La magie noire, était-ce naturel ? Les Dieux, l'étaient-ils aussi ? Obéissaient-ils aux lois ? Quelles étaient ces lois ? Elle fronce le museau.


Elle pressent une magie opposée à celles des Dieux. Un contre-pouvoir, alors. Quelque chose de sombre, jouant avec la vie et la mort. Quelle différence, avec l'absorption des âmes de l'entité ? Elle plisse les yeux.


Tout était trop flou dans son esprit. Elle devait faire plus de recherches. Acceptait sans honte son ignorance.

Alors, Echos aussi était d'une naissance magique. Un pli de réflexion barre le front de la verte. Qu'est-ce qui différenciait la naissance d'Echos de la sienne ? Dysis savait qu'il fallait un brin de magie pour naître de deux mamans. Peut-être que ce n'était qu'une question de proportions. Elle sent le sol sous ses pattes devenir plus présents. Ses sens s'éclairent, alors que son esprit s'embrume. Il y aurait beaucoup de ces magies différentes.
Certaines seraient mauvaises.

Pourquoi ? Par corruption des âmes ? Alors l'effet sur les âmes seraient bon, ou mauvais, de manière absolu ? Cela les consommait, Aiiro avait dit.
Les consommées.
Dysis commence à comprendre. Dans ce cycle auquel elle croyait, certaines choses consommaient pour toujours les âmes. Ou bien, en faisait naître. Nour en était un exemple, peut-être. Elle n'aurait jamais du naître. Une grimace passe fugacement sur son visage. Son coeur se révoltait. Son esprit, lui, observait. Ses émotions étaient plus puissantes que ce qu'elle avait estimé. Aiiro avait raison : le Dieu vert pourrait s'en soucier. Déchirement dans sa poitrine. Dilemne, c'était le mot.
Plus Nour et son sang perdurait, plus la déchirure se ferait grande.


Sans la faire disparaître. Un compromis, en somme.