Les lettres de pierres [Équipe du Désert]

Echos

Il fallait bien l'avouer, Echos avait une flemme infini de devoir aller se cloîtrer dans la bibliothèque pour étudier les runes ramenée de leur petite expédition désertique. Mais les autres avaient raison, il était préférable de connaître la signification de chacune avant de se précipiter, les golems devront attendre encore un petit peu.
Sa patte s'était bien remise durant ces quelques jours de repos, sa foulure n'avait été que superficielle malgré qu'elle ait forcé un peu dessus. La cheville était encore un peu douloureuse par moment mais si Echos ne recommençait pas à sauter dans tout les sens, la gêne partirait prochainement. Si la cornue traînait de la patte au milieu des rayonnages, c'était bien plus à cause de son impatience frustrée que de sa blessure.

Dysis s'intéressa à la géographie, Echos le supposa en l'entendant en parler. La tricolore, elle, avait une autre piste de recherche, du moins, une qui l'intéressait un peu plus pour l'objectif qu'elle avait.

« J'avais lu quelque chose une fois qui parlait d'un langage du sud. »

Et c'est un peu plus vers l'Histoire et l'évocation d'anciens peuples que Echos s'orienta. Elle s'intéressa à une couverture un peu brune avec des gravures dans le cuir qui lui faisait penser un peu au désert, restait à voir si les récits parlaient de choses qui les intéresseraient ou non.
Echos posa le livre une une petite table basse, n'eut le temps que de l'ouvrir avant qu'un hurlement ne lui fasse redresser les oreilles et la rende alerte sur le moment. Elle chercha à déterminer si c'était une de ses anomalies ou quelque chose dont ils devaient se préocuper.

Echos

[Désolée, je n'avais pas pu maj echos avant AF]

Parce qu'elle soupçonne ses anomalies, Echos ne rit pas à la remarque de Séléné. Elle espère simplement que personne n'est blessé et feuillettent quelques premières pages de l'ouvrage qui avait attiré son attention. La louve tricolore ne relève la tête que pour poser son regard gris sur Dysis qui lui dépose quelques livres à proximité, la remerciant d'un mouvement d'oreilles avant de reprendre sa lecture.
Des recherches sur un peuple ancien donc, qui aurait été là bien avant eux, qui aurait disparu également bien avant leur naissance pour ne laisser que des ruines ensevelies sur le sable, d'anciens objets et leur langage emprunt de magie.

[ING Recherche d'infos sur un éventuel ancien peuple vivant au désert ivoirien]

Elle cherche, Echos, tourne les pages juste que la dernière, ses yeux s'arrêtant sur chaque titre, chaque mot un peu étrange pouvant ressembler à un nom mais il n'y a rien qui ne l'intéresse précisément. L'ouvrage était sans doute trop récent, tout au plus sont évoqués les montres et les trésors du désert. Echos délaissa ce livre pour un suivant.

Echos

Ce qu'ils trouvent... est incroyable. Depuis quand est-ce qu'il reposait là ce livre ? Dans la bibliothèque ? Dans l'attente qu'un groupe de loup s'intéresse suffisamment au sujet pour finir par tomber dessus ? Les perspectives qu'il offrait ouvrait la porte aux Nakhus à un savoir que Echos avait presque du mal à s'imaginer. Et surtout, il facilitait la voie aux développement des golems. Si Echos parvenait à en fabriquer un déjà....
Dysis aussi devait avoir des projets importants qui trouvaient soudain résolution, elle se fait intrusive, poussant presque sa mère pour avoir un meilleur visuel. Pour voir le comportement, Echos se contint de ne pas faire la même chose, prenant son mal en patience. Le livre n'allait pas disparaître n'est-ce pas ? Et si effectivement ils faisaient le choix de le recopier, elle verrait suffisamment les runes jusqu'à ce qu'elles lui sortent des yeux.

« Je peux aider à recopier mais... »

Il y avait comme une idée sombre qui trottait dans sa tête. Un scénario qui venait gâcher les réjouissances de la découverte.

« Ce qu'on vient de trouver, ça ouvre vraiment beaucoup de portes. Je pense pas qu'on ait de mauvais projets mais... hm, même chez les Nakhus, tout le monde est pas forcement quelqu'un de bien. »

Il y avait une paire de loup que Echos n'appréciait pas, elle avait aussi son caractère, tout comme son instinct.

« Est-ce que c'est pas des connaissances qu'on devrait protéger ? Et si oui, comment du coup ? »

Lorsque tout le monde se rejoint pour faire suite à leur expédition commune dans le Désert, Grimalk suit en silence pour pénétrer dans la Bibliothèque dont il a déjà parcouru les ouvrages à de nombreuses reprises, et pour différents sujets.
Mais quand tous restent à peu près regroupés pour faire un travail à plusieurs, se passant des ouvrages et commentant leurs découvertes, lui continue sa route et préfère glisser dans les ombres de rayons adjacents, un peu plus éloignés, ne gardant qu'un contact sensoriel distant avec le groupe - de quoi percevoir le chuintement étouffée de voix et de leur activité pour s'assurer de leur présence. Il y a plusieurs raisons à son choix.
La première est la connaissance qu'il a de lui-même, et la certitude qui vient avec de savoir qu'il ne saurait pas se concentrer efficacement avec plusieurs individus dans ses parages. Leurs souffles, leurs odeurs, le son de leurs éclats de voix, le simple bruit des pages tournées qui ne correspondraient aux siennes - autant de stimulis qui viendraient ricocher contre les murs de sa conscience et de sa perception aigüe de son environnement. Autant de distractions qui, au bout de quelques minutes seulement, seraient capables de faire gronder en lui une frustration difficilement contrôlable, il le sait.
Il y a en a deux autres, toutes aussi égocentriques. La seconde est un objectif qu'il n'a pas encore oublié - celui de nommer la lame faite à partir des restes du Dragon Bleu, la plus neuve de ses sept - non, maintenant huit - lames, seule à provenir de ces terres, contrastant parmi la panoplie originelle qu'il amena de loin.
La troisième, et peut-être la plus forte de toutes... Qui se rapporte elle aussi aux lames qu'il porte déjà, et aux discrets ornements sur ses harnachements.
Chacun de ses couteaux possède un nom, qu'il ne choisit pas de lui-même mais qui fut passé de générations en générations, sans que leur origine ne soit tout à fait certaine. Tout ce qu'il sait, tout ce qu'il eut le temps d'apprendre lors de ses quelques premiers mois de vie, est que ce langage était ancien. Qu'il s'exprimait lui aussi en runes, issue d'une autre culture encore antérieure à celle dont il fut issu, et qui provenait d'une zone géographique encore différente. Toute culture était héritage d'autres passées et plus ou moins diluées.

Au fond de lui veut mûrir une certitude, alors que s'est installée l'idée obnubilante de pouvoir peut-être faire d'une pierre deux coups. A la fois débloquer la signification de ces symboles oubliés dans le Désert... Et retrouver la source de celles qui furent tracées sur ses possessions et tant d'autres à Arabahos.
Grimalk aurait pu l'expliquer au reste du groupe. Mais quelque chose en lui ne le veut pas - pas encore, du moins. Peut-être est-ce de l’orgueil, ou une forme de possessivité. Toujours est-il qu'il n'a aucune envie de devoir prendre la parole pour mettre des mots sur ses souvenirs et ses bribes de savoir, ni d'en révéler trop sur l'héritage qu'il porte toujours aujourd'hui. Pas tant qu'il n'aura pas trouvé de quoi consolider cette piste.
Alors arrivé devant des rayons aux couvertures tannées par les années, son regard perçant se canalise désormais sur son objectif, rétrécissant sa vision dans un tunnel pour mieux focaliser ses sens sur la tâche lourde qui l'attend.

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[Premier jet de recherche effectué en Bac à sable - Réussite]

Pas à pas, le loup sombre progresse lentement le long des rangées, posant ses pupilles sur chaque titre, chaque dessin qu'il peut percevoir, à la recherche avide de la moindre similitude pouvant éveiller un déclic. Plus qu'en sa simple acuité visuelle, c'est à tous ses sens que Grimalk fait appel - le mâle se fait confiance pour savoir ressusciter toute impression, plus ou moins lointaine, le liant à ce passé laissé loin derrière. Un fragment d'odeur, même effacée ; une émotion qui se dégagerait d'une couleur ou d'un tracé, peut-être.
Il avait toujours été hautement sensoriel, après tout.
Petit à petit, au fur et à mesure qu'il avance, il prélève avec délicatesse quelques livres dont l'alphabet ou l'apparence évoquent une possible ressemblance. Lorsqu'il commence à en avoir rassemblés plusieurs, il s'éloigne un temps pour aller les consulter, un à un, attentivement. De temps en temps, lorsque se clôt un chapitre et qu'il exclut un livre de la pile en le jugeant inadapté, le Mage relève la tête et s'autorise à laisser une plus grande place à ses ressentis extérieurs, juste le temps de s'assurer que le reste du groupe, plus loin dans la Bibliothèque, est toujours présent.

Puis il se replonge dans ses trouvailles, inlassablement.

Les quelques ouvrages trouvés qui ont le plus fait battre son cœur d'un possible rapprochement finissent par être écartés, également ; bien qu'il en garde un ou deux sous le coude, à d'autres usages. Il lui semble avoir rencontré des mentions pouvant possiblement être reliées à son ancien peuple, qu'il décide de revenir consulter plus tard. Pour le moment, il s'applique à ne pas trop s'égarer de son but primaire.
Gardant en tête ses premières conclusions suite à ce premier axe de recherche, Grimalk essaye de l'affiner davantage lorsqu'il s'aventure encore plus loin dans la pénombre de ces rayons vastement délaissés.

[Second jet de recherche effectué en Bac à sable - Réussite]

D'une griffe dorée, le Mage sélectionne un autre type d'ouvrages. Plus que des alphabets complexes et des langages à part entières, il tente d'extraire des ouvrages se rapportant davantage à de plus simples glyphes en tous genres, s'autorisant même à fouiller plus large que les symboles qu'il déjà en tête. Il sait bien que sur les siècles et les millénaires, de telles traces de civilisation peuvent évoluer, voire disparaître et réapparaître - sous d'autres formes, mais avec des bases communes.
Même les plus primitifs des signes de communication, issues des plus anciennes observations, sauraient peut-être résonner avec lui.
D'imposantes encyclopédies comme des recueils discrets et presque indéchiffrables en passant par des carnets de voyage lui passent entre les pattes. Grimalk inspire avec un plaisir certain l'odeur des pages qui s'ouvrent pour la première fois depuis longtemps, se mêlant à celle des essences différentes utilisées pour créer des carnets d'origines si diverses - certaines semblant encore porter des traces de leur vie d'ailleurs. C'était comme tenter de capturer un visuel sur un monde entier dans un grain de poussière.

Le Mage cligne des yeux. A force d'absorption, il ressent quelques premiers effets d'une fatigue qui ne dit pas son nom, et s'exprime chez lui en de courtes absences qui le transportent ailleurs qu'au moment présent.
De nouveau, il inspire et se plonge dans ses trouvailles. Il s'intéresse particulièrement aux symboles rapportés par des explorateurs, tels que certains se nomment, de ceux qui, comme lui, ont parcouru de grandes distances et sont héritiers autant qu'observateurs d'autres pratiques. Certains ont, comme eux, retrouvé des signes de civilisations précédant les leurs. Jusqu'à pouvoir rassembler et emmagasiner de simples fragments jusqu'à en bâtir une connaissance plus pointue, comme les pièces d'un puzzle disparate que l'on assemble.
Suspendu aux lignes qu'il parcourt, Grimalk se plonge dans les découvertes d'inscriptions sur des monuments ou de petits objets.

[Troisième jet de recherche effectué en Bac à sable - Réussite]

Sans savoir s'il s'agit d'un instinct ou d'autre chose, il persiste dans la lecture de deux livres qui semblent se répondre, probablement issus d'un même auteur s'il en croit la similitude de l'écriture parfois effacée ou rendue illisible par le temps passé.
Et, au détour d'une page, son cœur bondit pour de bon.
Son visage s'approche des symboles rapportés sur les pages d'une encre devenue jaune. Ils sont parfois raturés, souvent hésitants, presque toujours repris et déclinés en différentes variations. Mais il en est sûr. Et pour s'en assurer davantage, le mâle tire de son fourreau la plus importante de ses lames, celle qui ne le quitte jamais même quand il se défait de son harnais de couteaux de lancer. Tÿr, et sa rune gravée sur la surface.
Dans ce livre, le symbole est le même, mais son nom est différent.

Parfaitement immobile et silencieux pendant plusieurs minutes, l'or de ses yeux ne se détachant plus du livre ouvert et précieusement gardé par ses pattes, le mâle reste ainsi figé dans un temps qui s'est arrêté. Jusqu'à ce qu'un son qui parait lointain ne vienne faire tiquer son oreille, brisant la bulle de sa conscience isolée. Il relève le nez, se rend plus attentif aux sons qui proviennent de l'autre groupe.
Comme un frisson d'excitation qui parcourt l'atmosphère, dans ces voix distantes qui se sont démultipliées et se chevauchent en rapproché.
Eux aussi, ils ont trouvé quelque chose.

Grimalk finit par se redresser, toujours quelque peu hébété et enveloppé d'une brume irréelle qui l'empêche de détourner tout à fait son attention de sa trouvaille. Il hésite, également - doit-il rapporter ces livres au reste du groupe, ou les garder pour lui, le temps de davantage les parcourir, s'y absorber, s'en enivrer ?
Ses crocs se serrent, son regard se durcit.
Mais après quelques secondes, il finit par ramasser l'un d'entre eux avant de se diriger vers l'attroupement qu'il abandonna plus tôt.

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Lorsqu'il surgit de nouveau parmi eux, Grimalk est presque agressé par le son de leurs existences rassemblées après les heures passées dans l'isolement de sa seule concentration. Il rabat un instant ses oreilles et fronce le museau, plisse des yeux eux aussi dérangés par une plus forte lumière - avant qu'il ne s'approche, d'abord en silence, mais attentif aux mots qui sont échangés.
D'abord, il veut voir.
Perché par-dessus une épaule, il examine ce qui se dévoile à ses yeux. Une autre découverte d'ampleur. Dans son isolement et sa poursuite d'un but solitaire, il en avait presque oublié la raison première de leur sortie au Désert, et de leur présence dans ce bâtiment ensuite. Les pierres gravées trouvées en ces terres n'étaient pas les mêmes que celles que lui s'était éreinté à traquer.
Ces runes sont d'un alphabet... Différent, c'est évident. Mais il avait également eu raison dans son intuition, notamment en constatant cette structure qui porte des similitudes dans cette façon qu'avaient ces quelques lettres mises ensemble à exprimer des notions, des concepts synthétisés d'une manière courte et puissante, plutôt qu'en assemblant de longues phrases à la grammaire complexe.
Non pas un langage parlé entre les mortels, mais quelque chose de plus profond.

Un long frisson descend le long de son échine et en hérisse le poil dense.

Sa gueule est pâteuse quand il veut l'entrouvrir, avant de réaliser qu'il ne sait que dire dans le brouillard dense qui grésille dans son esprit et le crible d'informations et de sensations parasites.
Tout ce qu'il ressent, c'est une farouche et sauvage résistance à la simple mention que ce savoir puisse lui échapper, et son regard intense vole en direction de Echos, dur et perçant. Mais il s'apaise quelques secondes plus tard alors qu'il laisse la discussion se dérouler.
Peu lui importe, la façon dont sera transmise cette magie et dans quels termes, tant que lui a accès aux pistes dont il a besoin. Il les laissera en décider tant que rien ne se met en travers de son objectif.
En revanche, il estime le moment venu d'expliquer son absence, et sans rien dire pour introduire le sujet, il rouvre le vieux carnet à la double page de l'alphabet raturé mais in fine constitué de vingt-quatre symboles.

— D'autres runes. Différentes de celles-ci, mais très proches de celles utilisées de là où je viens. Et pas seulement, apparemment.

Puisque les mentions faites de ces symboles dans ce carnet n'avaient pas grand chose à voir avec le reste de la culture, pas même en ce qui concernait la géographie. Mais le socle commun était là, la source même, peut-être. Celle qu'il avait voulu retrouver.
Sa voix est toujours rauque et quelque peu hachée quand il reprend la parole.

— Je ne sais pas si elles sont magiques, peut-être pas de la même manière. Mais ils leur prêtaient un certain pouvoir à travers l'inscription de ces symboles.

Comme pour leur prouver, devant eux à nouveau il sort sa lame de corps du brassard de sa patte avant jusqu'à en laisser apercevoir la discrète rune.

— Tÿr. L'honneur, l'autorité,la victoire. C'est le pouvoir qu'ils auront voulu lui transmettre par ce symbole, du moins. La signification est peut-être différente à son origine. Il y a peut-être des liens à faire. D'autres mots, d'autres phrases à former, une autre magie pour renforcer l'alphabet du Désert.

Le ton de sa voix est un peu monté alors que se sont enchaînés les mots d'une manière un peu plus erratique qu'à son accoutumée. Ses yeux, de nouveau, parcourent sans relâche les deux alphabets différents, comme s'il pouvait déjà en percer tous les secrets et en sentir le pouvoir simplement en les imprimant sur ses rétines.



[ Pour donner un peu plus de contexte sur le second alphabet trouvé et apporté par Grimalk, il s'agit simplement d'une version du vieux futhark dont je me suis librement inspirée pour une partie de la culture originelle de Grimalk, très éloignée dans son ensemble des influences proto-germaniques ou de ce qui est lié au vieux norrois ; sauf en ce qui concerne une transmission de ces runes considérées comme étant "de pouvoir" dans ce qu'il en est ressorti de ce grand mélange de traditions et de cultures.
Libre au MJ d'en faire ce qu'il veut ofc, que ce soit rien du tout ou d'autres pistes à explorer : D ]