Les châteaux de sable - Priam

Nour aime son Atoll.
Elle a beau sentir les pirates de plus en plus présents, et oppressants, la louve rouge ne peut s’empêcher de décaler le moment ou elle et son frère devront faire quelque chose d’autre que rester discrets. Par ce qu’il faudra bien agir, un jour : Elle aime son Atoll et l’année qu’elle a passée loin de lui lui a tant couté, mais elle aime Sajda plus encore et ne peut courir le risque que son précieux petit frère soit blessé.
Pourquoi faut-il toujours qu’elle lutte pour simplement survivre ? Le bonheur lui semble désormais interdit : Est-ce par ce qu’un sang noir coule dans ses veines ? Est-ce que ce sont les Dieux ou l’Océan qui ont guidé les Pirates sur cette terre ?
Doivent-ils, Sajda et elle, payer pour ce que fut leur mère ?

Miraj est celle qui s’en est le mieux tirée, finalement : Elle a eu la terre qu’elle souhaitait, s’est mariée avec celui qu’elle souhaitait, vécut dans un palais et vécut même le plaisir d’un ventre rond à deux reprises…
Absolument tout ce qu’elle voulait, même dans la mort.
N’a t-elle pas déjà eu ce genre de pensées ? Oh, sans doute, c’est quelque chose qu’elle ressasse encore et encore et qui pourrit dans son coeur. Nour s’enveloppe de cette colère, et essaye, de ses charmes d’obtenir attention et protection de la part de ceux qui gravitent plus ou moins longtemps autour d’elle.

Mais elle doit avoir, Nour, qu’elle est, derrière tout ça, terriblement triste.
Triste d’avoir perdu sa famille de cette façon, par ce qu’elle a aimé, et aime encore un peu ses défunts parents malgré tout. Par ce qu’elle aurait aimé être le quelque chose d’un tout, et pas vivre comme une paria par ce que son sang n’est pas rouge…
Elle aurait aimé ne pas détester le divin et tous ces êtres qui les manipulent comme des marionnettes.

Elle réfléchit trop, sur son Atoll. Même lorsqu’elle est encore libre, même lorsqu’il fait beau et que la sensation de l’eau contre sa fourrure dense lui fait du bien.
Il y a toujours un coeur meurtri, en elle.

Les mois étaient passés, depuis son retour auprès des Nakhus. La Licorne avait vu son pelage devenir encore plus blanc de par le vitiligo et ses cornes avaient poussé. Progressivement, il avait repris son petit rythme tranquille. L’histoire du dragon, les morts auxquelles il avait du faire face, lui avait permis de gagner un peu d’assurance.
Maintenant, il voulait profiter des vivants, entretenir les quelques liens qu’il avait pu construire.
Entre ses cornes, Mistigri est installé, tenant contre lui un petit baluchon contenant quelques fruits. Il n’avait pas oublié Nour qui avait partagé ses ressources avec lui lors de sa visite. C’était à lui de renvoyer l’ascenseur à présent.

« — Dame Nour. »

Il baisse la tête pour laissé Mistigri glisser sur le sol et déposer le petit paquet de fruits devant la louve.
Quelques baies et figues, mais ces fruits du continent la changerait sûrement des divers fruits exotiques de son île.
Le Nakhus s’assit, un sourire étire ses babines tandis qu’il vient se gratter la joue du bout d’une griffe. Vieux tic qui n’avait jamais réellement disparu.

« — Vous n’avez pas changé. »

C’était rassurant d’un côté, de voir que certaines choses ne changeaient pas.